(SANITIZED)UNCLASSIFIED FOREIGN-LANGUAGE PUBLICATION ON POLAND(SANITIZED)

Document Type: 
Collection: 
Document Number (FOIA) /ESDN (CREST): 
CIA-RDP80-00926A005000030014-0
Release Decision: 
RIPPUB
Original Classification: 
C
Document Page Count: 
304
Document Creation Date: 
December 22, 2016
Document Release Date: 
October 26, 2012
Sequence Number: 
14
Case Number: 
Publication Date: 
June 11, 1952
Content Type: 
REPORT
File: 
AttachmentSize
PDF icon CIA-RDP80-00926A005000030014-0.pdf13.71 MB
Body: 
Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 R 50X1 -HUM Next 2 Page(s) In Document Denied Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Editions Sociales Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 STAT # eb i 0 0 4 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 DEMOCRATIES POPULAIRES ThijA PARU : L'Albanie, par Pierre COURTADE. Tchecoslovaquie, carve/our de l'Europe, par Madeleine BRAUN et Robert CRAMBEIRON: Naissance crane Allemagne d?cratique, par Jacques NicoLLE (preface de J. Bructioz). Roumanie, un des chan tiers de la vie no-uvelle, par Joseph DUCROUX (preface de G. COGNIOT). Ging sentaines chez les horntnes libres, par Helene PARMELIN. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 JEAN NOARO LA POLOGNE E DITIONS SOCIALES 64, boulevard Auguste-Blanqui PARIS (XIII?) Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ft a eh; tire de cet ouvrage frenle-cinq exemplaires sur papier alfa mousse 1114MerOieS de i35. Tous droitb de reproduction, d'adaptation et de traduc ion r6ser4, pour tons les pars. Copyright 1951 by Editions Sociales, Paris. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ( A laMdmoire de mon pre, Pierre lioAR0, qui jut un ouvrier. A ma mere, Angele NOARO. nee RENUCCI-BILI. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 PREMIERE PARTIE L'EF'OPEE VARSOVIENNE Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE PREMIER LA VILLE ASSASSINEE Pologne d'hier et d'aujourd'hui. L/ANION est au-dessus d'une mer de nuages toute blanche, blanche comrne la neige ne peut pas l'etre. Le del uniment bleu est naturellement sans nuage puisque les nuages sont au-dessous; et puis il y a le soleil qui s'en paye a brill& de tous ses rayons, dans un espace illimite et immobile; et il y a cet avion, cc batiment sans roulis ni tangage, que je ne vois avan- cer avec regularite que par la projection de son ombre sur les &endues blanches et douces d'en dessous et que je ne sens vivant que par le bruit egal de ses moteurs. On se mettrait l?a joue contre la vitro du hublot, a ne penser a rien, a vivre comme tournent les moteurs de l'avion. Ce serait, d'ailleurs, du repos. Mais il n'est pas possible de ne penser h rien lorsqu'on se rend en Pologne, meme pour la septieme lois, et surtout lors- qu'entre la sixieme et la septieme il s'est ecoule vingt mois. j'arrivai pour la premiere fois en Pologne en avril 1946. Que savais-je de la Pologne la veille encore ? Des histoires h la Marie Leczinska et a la Stanislas Leczinski. Mais je connaissais Mickiewicz, l'ami de Michelet et d'Edgar Quinet. Des Polon ais avaient pris part h la Re- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 12 LA POLOGNE volution de 1848 et d'autres avaient ete des combattants de la Commune. Pologne partagee trois fois. Pologne tou- jouts vivante au coeur de ses enfants. Pologne retablie dans son rang et ses privileges de nation. Mai% aussitat Pologne trahie par la clique des socialistes nationalistes qui eurent nom Pilsudski et Beck. En 1831, en 1848, en 1863, ii y avait en les emigrations politiques. Apres 1919, alors que la Pologne etait resti- tuee a ses enfants, il y cut cette honte, pour les gouver- nants polonais d'alors, de l'emigration de la faim. Car la Pologne demeurait livree aux capitaux &rangers et aux grands proprietaires terriens qui etaient aussi bien Prussiens que Polonais. Le paysan demeura_it sans terre ; ii ne pouvait etancher sa soif de terre dans la patrie retrouvee et qu'on faisait crude a la majorite de ses enfants Il ne pouvait satisfaire sa faim. Soil de terre et faim de pain, faim de pain et soil de terre, cela se tient. De son pays transforme en un immense marche de main-d'ceuvre, le paysan partait ; ii vendait sa force de travail aux maquignons etrangers. II allait man- ger le pain amer de l'exil, souvent saupoudre de l'injure xenophobe. Mais c'etait d? du pain blanc gagne au milieu de ses freres de travail et d'exploitation, des Fran- cais, des Nord-Africains, des Italiens, des Espagnols. Les classes gouvernantes polonaises eurent tous les torts qui depuis 1934 flirterent avec Hitler et qui en 1938 refuserent par anti-communisme de permettre a l'Armee Rouge de traverser, le cas echeant, le territoire polonais afin d'aller prendre ses positions face aux troupes nazies, et ce pour tine defense commune. Nos diplomates et nos gouvemants abandonnerent l'Est europeen a la rapacite hitlerienne; us userent de tous les moyens pour favoriser l'agression contre l'U.R.S.S. ; Daladier signait Munich; Bonnet signait avec son compere Ribbentrop la decla- ration du 8 decembre 1938 ; tous ces coquins, de concert avec leurs complices anglais, faisaient echouer les conver- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILLE ASSASSINiEE sations de Moscou. Quant a la. Pologne, elle ouvrait pratiquement ses frontieres a un ennemi qui avait decide de la rayer une bonne fois pour toutes de la carte ?du monde. Tout cela cofita fort cher au peuple frangais et plus cher encore au peuple polonais. je ne park pas des sacrifices que les peuples de l'U.R.S.S. eurent h consentir pour sauver ensuite le monde de l'hitlerisme. ,Pologne colonisee. LA Pologne d'avant-guerre etait, elle est encore, un pays de forte densite demographique. L'accroisse- rnent de sa population se faisait a un rythme considerable. En France, h l'arrivee des immigres polonais, la reaction des braves gens etait chauvine. ? Es viennent nous enlever le pain de la boucle parce que, chez eux, II n'y en a pas assez pour tous : us sont trop. Qu'ils fassent done moms d'enfants et qu'ils restent chez eux. ? La Write etait que les immigres polonais, comme les autres, seraient volontiers restes chez eux mais qu'fis n'y pouvaient rien : c'etait la structure economique capi- taliste de Pologne et d'ailleurs qui les forgait h l'exil. Les campagnes &talent surpeuplees et le revenu de l'agriculture par habitant derisoire. Cette agriculture ignorait l'engrais chimique et les machines. L'ecoulement des produits se faisait mal dans un pays oa le pouvoir (Vachat des masses etait bible. Les gros producteurs et les intermediaires se rabattaient sur l'exportation. L? ii fallait compter sur la concurrence etrangere ; autant dire que cette exportation payait mal. Cela ne faisait qu'ajouter h. la misere du peuple. L'element urbain comptait assez peu dans la vie polo- naise d'entre les deux guerres. L'industrialisation de la Pologne ne se faisait qu'a un rythme fort lent. Encore ne voyait-on se developper quelque peu que les industries Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE du secteur primaire : mines extractions diverse% matie- res premieres. Tres pen (1 industries de transformation et de repartition on de distribution. Pourquoi cela ? Parce que le capital etranger exploitait la Pologne comme tine colonie. La Pologne appartenait fres pen aux Polonais, fres pen memo & ceux des Polonais de l'aristocratie et de la bourgeoisie bancaire qui la vendaient aux affai- ristes araericains, francais. A partir de 1924, ces affairistes consentirent ? a la Pologne les emprunts que ron connait emprunt de la voievodie de Silesie, 12 millions de dollars ? consent' ? par la Chase Bank, emprunt de Varsovie de ro mil- lions de dollars ? consenti ? par la Stone Bank de New- York, emprunt de i milliard de francs ? consenti aux chemins de for polonais par Schneider du Creusot, em- grunt de six millions de dollars ? consenti ? an monopole polonais des allumettes par les trusts suedois et amen- cams, emprunt emprunt de 1,9 millions de livres ? consenti ? par l'English Electric Co., emprunt du telephone polonais, second emprunt des chemins de for, credit francais ? Rambouille 3 de 100 millions. Ces capitaux n'etalent engages qu'a court terrne : cela permettait aux trusts etrangers et a leurs Etats res- pectifs de pratiquer sun les gouvemements polonais d'alors on perpetuel chanta.ge economique et politique ainsi que de faire de fres confortables benefices sur le dos du peuple polonais : le rendement du capital aux alentours de 1929-1930 atteignait parfois 68 et meme 74 % de la somme investie. C.es capitaux etaient partout : clans le petrole, dans l'electricite, dans les mines, dans l'industrie chimique, dans les transports, dans le papier, dans le batiment, clans les hotels, dans l'agriculture, dans l'alimentation, dans le textile, dans la confection, clans la metallurgie. Les usuriers de l'Occident etaient sur le corps de la Pologne a mi sucer le meilleur de sa mode. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILLE ASSASSINEE T5 Etonnez-vous qu'ils crient a present contre la demo- cratic, populaire et gulls la calomnient : elle les a chasses de Pologne, elle les prive d'une partie de leurs profits, elle a rendu la Pologne aux Polonais. ? gererent ? la Pologne pour leur plus grand profit. us n'y autoriserent que la production des matieres pre- mieres qui leur faisaient besoin. Ils freinerent l'essor de l'industrie de transformation afin que la Pologne demeu- rat pour eux un marche oii ecouler leur camelote. Cette periode de 1919-1939 qui voit la Pologne livree au capital &ranger, comme la France est aujourd'hui livree au capital americain, n'a ete qu'une longue serie d'empietements sur la democratie suivis d'un passage rapide a la dictature du clan reactionnaire. En 1934. on le sait, le fascisme s'installait officiellement dans la vie polonaise... Comme ii essaie de s'installer auiourd'hui dans la vie francaise. La consequence de tout cela ? Dans la Pologne d'entre les deux guerres, le chomage et la misere sevirent de maniere constante, les conditions de travail pour qui avait le bonheur de trava filer &talent inhumaines : ainsi le dimanche ne comptait pas comme jour de repos et les Polmais s'expatriaient. Cette emigration aussi etait pre- meclitee par les tenants du capital exploiteur. Ainsi aux capitalistes &rangers. la Pologne de 1919-1939 devait servir des dividendes ; elle devait acheter les produits manufactures qu'elle n'avait pas le droit de produire elle-meme ; elle devait livrer ses matieres premieres ; elle devait livrer son ? materiel humain ?. Elle n'etait, de par la volonte de ses dirigeants aveugles par ranti- communisme et l'antisovietisme, qu'un vaste foirail ou les capitalistes etrangers maquignonnaient en toute liberte. Et par la faute des memes, et parce que tout se tient, elle allait devenir un vaste camp de deportation et d'extermination. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE Afais ii n'y a plus en Pologne de gouvemement des Colonels. En Pologne, il y a un gouvernement de demo- crates qui gouvernent par le peuple et pour le peuple, un gouvernement et un people qui ne font qu'un dans la reconstruction du pays. tine revue que je lis m'apprend : e Le jury charge de designer les candidatures au Prix de la Paix, deceme par le Comite polonais des Parti- sans de la Paix, et constitue de personnalites du monde culturel et artistique, s'est reuni le 5 juillet. II a retenu en premier lieu la candidature de la Ville de Varsovie, en la personne du Syndicat des ouvriers du Batirnent, du Syndicat des Ingenieurs et techniciens du Batiment, et de l'Association des Architectes polonais. ? Les constructeurs de la, Pologne popularre &client leurs maisons, lours hopitaux, !curs &otos, leurs maisons de repos, leurs ponts et leurs eglises et leurs musees a la Paix. Remarquez bien que dans l'enonce de la nouvelle que je viens de transcrire, sant retenus comme candidats au Prix de la Paix les ouvriers, les ingenieurs et techniciens, les architectes. Ensemble et du memo cceur, avec le menu, entlaomiasme, us out travail* a la me= ceuvre de vie. Ensemble on les propose a la reconnaissance des braves gens de Pologne et du monde entier. Arrives a Varsovis (avril 1946) EN 1946, j'avais atterri a Varsovie stir un aerodrome a peine nivele. Les batirnents ? deux baraques. Un caution a bache m'avait emporte en compagnie d'ou- vriers travaillant a la refection du terrain. Des banes de bois, des cahots, des sauts a droite, en avant, des sauts dans tous les setts. Une veritable navigation par mer tres dure, heurtee de vagues courtes et obstinees. je regardais par la large ouverture arrondie de la bacl2e : Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILLE ASSASSINEE 17 ruines, ruines, ruines encore et toujours, ca n'arretait pas. Et ce fut ma premiere surprise : ces ouvriers, jeunes et vieux. causaient entre eux, leur ton de voix etait nor- mal et parfois, tous, us eclataient de rire. Alors, je regar- dais leur figure jaune et creuse, herissee de barbe vieille, je regardais leurs miserables vetements, un accoutrement moitie civil, moitie militaire lies uns avaient des bottes hitleriennes eculees, d'autres des sandales faites de chif- fons et de ficelles, d'autres des especes de sabots a sernelle de planche et a dessus de dra.p. Quant aux chaus- settes, cela se voyait a travers les trous, ii n'y en avait pas. Ton de voix caIme et uni. Le camion s'arretait, une roue sur un tas de briques et les autres je ne sais trop dans quelle ravine. Un type on deux sautaient, ? Dowizenia ! ? ? Au revoir ! ? Une plaisanterie. Un ?at de rire general. Je me demandais de ceux qui etaient descendus parmi les ruines : Mais o? vont-ils ? Oil est leur maison ? ? Leur maison? II n'y avait pas de maison a des centaines de de metres, a des kilometres a la ronde On vont us ren- trer, manger, se coucher ? Eclats de rire et ton egal des ' voix, et ce camion, et ces habits, et ces cahots et cette disparition des ouvriers ! Je compris que Varsovie n'etait pas morte, que Varsovie revivrait. Et ce fut avec man coeur gonfle d'une joie etrange, inexprimable, qu'arrive au terminus je sautai a mon tour sur une place en partie degagee. ? Dowizenia I ?Ii faisait nuit, une nuit sans lumiere, mais lourde d'engagements. Je no connaissais personne dans la vile et je ne me sentais pas soul. Mon coeur battait de joie. La ville assassinee. I L y avait des pans de murs noircis de feu qui erigeaient dans le ciel assombri leurs moignons; ii y avait d'autres pans de murs amincis, n'en finissant pas de se 2 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 18 LA POLOGNE profiler au-dessus de La ruasse informe des chases ecrou- lees, amoncelees a lour base et sous laquelle s'imaginalent des cadavres. 11 y avait des facades restees seules comme pour un decor hallucinant de cinema et qui avaient non plus des fenetres mais des trous, 11 y avait au bout de je ne sais quelle armature prodigieusement tordue de tiges de fer d'immenses blocs de cinaent aeriens. II y avait des reverberes a. la tige zigzaguante et aux lanternes mor- tes. Ii y avait sur des places informes de plus grandes accumulations de gravats, non plus de briques, mais de pierres et d'oil sortait une colonne au bout de laquelle tenait encore un morceau de corniche ou le triangle alionge d'un fronton. La, c'etaient deux pilastres qui supportaient les legeres et harmonieuses volutes d'une grille en fer forge. Mais sur quoi s'ouvrait cette grille? Ruines en deci, ruines au dela ! II n'y avait plus de les parois que des arbres fracasses. II n'y avait plus de trottoir, n'y avait plus de rue, il n'y avait que des sen- tiers qui passaient parfois, pour slier plus vite a leur tin, stir le corps des maisons et des edifices reduits a rien. Ca passait a. travers colorants et cariatides, socks et balus- trades, arriere-cours et hangars, c'etaient les mines qui comrnandaient a lcur cheminement. Et l'on voyait des clochers encore debout, des rondeurs d'absides even- trees, des vierges miraculeusernent suspendues et comme encore tenues en Fair par le geste de louts bras ecartes. 11 restait des couleurs de vitraux dans le trou Want des rosaces ; II restait, sortis a moitie des decombres, que les pluies avaient d? comrne arrondis, des rnorceaux de candelabres a trois. a sept branches, des cloches que la piete des gens avait desenfouies et posees sur un bati de poutres a moitie rongees par le feu. Il n'y avait plus d'eglises cathedrales ou paroissiales. Ii n'y avait que fabriques crucifiees. Ii n'y avait plus de nefs, ni de tra- yeas, d'arcades et de tabernacles, de mattres-autels et de chapelles, de chceurs et de jubes. II n'y avait que la Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILLE ASSASSINEE 19 marque de la mort, de la devastation systematique. Car il se voyait parmi cet amoncellernent d'apocalypse des imrnetibles restes intacts, des hotels restes intacts, des bAtirnents publics restes intacts. La bete s'etait tenue l? jusqu'au dernier moment. Tres methodiquement, tres rationnellemmt, selon un plan longuement mOri et etabli a l'avance, ii y avait eu la dynamite et il y avait eu le tank et l'avion ; et pour aider au feu a clevorer plus vite les maisons des homrnes, et leurs temples, et leurs ceuvres d'art, il y avait eu les lance-flammes. Et l'on abattait h bout portant les pompiers de Varsovie qui s'essayaient a sauver, dans 1' immense brasier, des mor- ceaux de pierre de leur ville. Le !lyre de toutes les pertes. IN IRE ce que cela faisait comme total toutes ces devasta- tions ne scrait possible que par le moyen des chiffres. Ii y a eu tant de maisons detruites, et tant d'ecoles, et tant d'hOpitaux, et tant de ponts et tant d'eglises. je le sais, il a ete etabli un grand livre de toutes les pertes subies je connais ce repertoire de la malediction, cette compta.bilite de la fureur et des epouvantes. Des chiffres 1 Mais que veut dire un million de ceci ou un million de cela ? Ti y a trop de chiffres dont on use. On s'accoutume aux chiffres comme l'organisme un vaccin. Cela finit par ne plus nen dire, ou nen fake. Et puis a tous les chiffres auxquels je pense, II manque la chose qui ne peut se payer, le coefficient des souffran- ces endurees, le coefficient des douleurs, ce qui s'est passe dans le cceur des meres, ce qui a tordu les entrailles, les angoisses et les dechirements de trente-deux millions d'etres humains, cette defresse universelle dont certains qui vivent encore n'arriveront jamais a se Make. us Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 20 LA POLOGNE la portent dans la vie retrouvee sur les lignes de leur visage et dans l'eclat de leurs yeux. Et il n'y a pas dans ces etats des pertes htunaines et materielles, les sursa.uts d'indignation, les courages et les enthousiasraes, la volonte de sauver le pays et d'assurer son independance. Mais comme les chiffrts sont cependant eloquents I La Pologne a perdu six millions et demi de ses enfants. L'U.R.S.S. a perdu dix-sept millions des siens. Les U.S.A. nen oat perdu quo deux cent cinquante mile. Camps de concentration. Camps d'extermination, Ce n'etait pas la memo chose Les camps de concentration (Konzentrationsloger) ser- valent au III? Reich comme instruments de terreur poli- tique. Les camps d'exterrnination (Vernichtungslager) ser- valent au 111? Reich pour l'aneantissement complet des elements sans valeta (ii s'agissait avant tout des Juifs). Nuances. II y avait aussi des camps de travail (Arbeitsktger) : les prisonniers travaillaient douze et quatorze heures par sour avec un repos d'une heure pour diner. Condi- lions d'hygiene epouvantables. Pas de soins medicaux. Nourriture insuffisante. Les chiens. Le cachot. On tuait et on pendait pour lien. On pouvait y rester plus ou moms longtenips. Plutfit plus que moms. Camps de travail. Camps de concentration. Camps d'extermination. Ce n'etait pas la meme chose I Nuances atroces des mots. blacabres distinguo. Sinistre ironic des hadustriels de la mort. En Pologne, ii y eut Auschwitz. 11 y eut encore Chehnno, Belzec, Sobidor. Treblinka. n y eut encore Birkenau, Majdanek... 11 y eut toute la Pologne. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILE ASSASSINEE 21 Les tragiques moments de Varsovie. EN 1939, Varsovie ne fut defendue que par son heroi- que population. D? s'organisait ainsi la resistance populaire. Des cette date, Varsovie ne fut qu'un abattoir, comme Ia. Pologne entiere ne fut qu'un abattoir. On abattait les Varsoviens au coin des rues, sur le pas de leur porte, dans leurs maisons, dans leurs ecoles, dans leurs hopi- taux, dans les rues et sur les places. On faisait des prole- vements de population. On embarquait hommes, fern- mes, enfants, sur un train qui ne revenait toujours qu'a vide, a moms qu'il ne revint charg?e ce savon ou de cet engrais que les hitleriens tirerent des cadavres encore chaud des enfants, des femmes, des hommes. Le train partait de Varsovie, comme d'autres trains partaient de Paris, d'Amsterdarn, de Prague, de Bruxelles. ter- minait son voyage sous le sinistre porche de Birkenau on de Treblinka : les terminus. Que sont devenus les 300.000 habitants du Ghetto ? Grande partie d'entre eux demeure dans leur vine, sous leur yule, sous la masse rnaternelle et chaude de toutes ces,cboses qui ont ete des murs, des meubles, des livres, des etoffes, des planchers, des ceuvres d'art ou des usten- siIes de menage, des bercea.ux et des poupees, des tables de jeu ou des objets du culte, des bijoux et des habits. Grande partie d'entre eux Wont pas eu l'avantage de cet ensevelissement. Ils ont eu a connaitre les horreurs des trains de la mort, le stationnement ?il y avait tant de inonge ! clevant les portes des chambres a gaz. En avril 1943, ils etaient encore 5o.000 en vie. Les 50.000 se revolterent. Mourir en combattant et non agenouilles, frapper le bourreau et non tendre le cou son coutea,u. Ils n'avaient que des armes derisoires, et qu'ils avaient forgees parfois eux-mornes. Les partisans Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 22 LA POLOGNE de l'Armee populaire et la population tout entiere de Varsovie leur en avaient fait parvenir par les egofits, tontine tout au long de quatre annees us avaient es.saye, cur attunes, de donner A manger A ceux-la que les htit- leriens avaient enfermes dans quatre immenses murs, les coupant de tout, leur coupant les vivres et l'eau, et l'electricite et le gaz. us s'insurgerent. Du 18 avril au 16 inal, vieillards et enfants unis, jeunes fines et femmes, juifs et non juifs. Les egottts connurent des choses epouvantables et adtni- rabies. us connurent les volontes obstinees des estafettes et des porteurs de munitions. Sur leurs eaux epaisses ftotterent les chevelures blondes et brunes des ieunes files mortes an combat, tuees par les gaz asphyxiants. Des 300.000 etres bumains dc x9y9, il n'en rests que quelques centaines en mai 1943. Des choses, ii no rests qu'une ruine tout unie, tante plate, ob rien, sauf lute egle detneuree inta.cte, n'arre- tait la vue. Les stukas, les tanks, les lance-flammes, les grosses pieces diartillerie, avaient fait le travail comme on await Pu le faire avec les mains. jamais des ruines n'avaient cu cet aspect de terrain plat, de plaine de gra.vais. Ce travail d'arasement porta stir deux kilo- metres cants. Imaginons un carre de 1.500 metres de cote et elevons sur cc terrain des maisorts a plusieurs etages ; y ait des magasins, des cafes, des eglises, des ecoles, des hopitaux et tine population de 300.000 Ames : en France, la vile de Bordeaux, par exemple. En 1950, sur les decombres montent les immeubles clairs d'une vile ot II n'y aura plus de Ghetto. Plus de Ghetto, plus de ruines du Ghetto, rnais des fa?es blanches, aux fenetres egayees de tout es leurs fleurs. Apres le Ghetto, les hitleriens continuerent a faire de Varsovie un abattoir ; us fusillaient toujours et en serie sur la place et le long des rues, dans les pares et les bois. us fusillaient plus que jamais. Ds se sentaient Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILLE ASSASSINEE 23 perdus et ils se sentaient traques. Ii y avait a l'Est l'Armee rouge. A l'Est, ii y avait eu Stalingrad. Et a l'interieur, II y avait eu, des le premier jour, la resis- tance des patriotes, celle du Comite d'initiative nationale du Parti ouvrier polonais, des Bataillons paysans. des Syndicats ouvriers, de la Garde populaire, des militants socialistes, des representants de la presse illegale demo- cratique, des organisations de medecins, de la Jeunesse et des travailleurs juifs. Ii y avait eu aussi celle des representants des Colonels et du faux Gouvemement de Londres. L'antisovietisme animait seul cette seconde resistance. En juillet 1944, l'Armee rouge arrivait a Saska-Kempa, un faubourg de la rive droite de la Vistule, et elle voyait son offensive stoppee par un raidissement de la defense nazie. fl y avait aussi pour les Sovietiques necessite de se regrouper avant le passage du fleuve et de reduire la longueur de leurs lignes de communication avec des arrieres trop eloignes. Les hitleriens etaient dans la pleine ville, sur la rive gauche du fleuve. C'etait l'epo- que oa, en Pologne meme, un Conseil national de libe- ration nationale exigeait une lutte a mort contre les nazis, lutte a mener en liaison etroite avec l'Armee rouge. C'etait l'epoque oa le faux gouvemement polonais de Londres faisait ecrire dans ses joumaux que les Allemands avaient cesse d'?e l'ennemi n? que la lutte contre le communisme etait la seule Cache et la plus important de l'heure et qu'il fallait cooperer a une coalition antirusse. s'agissait pour les reactionnaires polonais de ne pas abandonner l'administration du pays libere au seul Conseil national et de mettre la, main sur Varsovie avant l'arrivee de l'Armee rouge. Aveugle par ces considera- tions politiques, sans prendre l'avis ni le contact des responsables des mouvements de resistance, sans s'oc- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 24 LA POLOGNE cuper de l'aspect militaire de l'operation, sans s'en- tendre avec le commandement sovietique qui se trouvait retain de l'autre cote de la Vistale par des soucis tacti- ques, sans jamais vouloir etablir avec ce commandement des liaisons necessaires, le general Itor-Komorowski declencbait l'insurrection. Dun seul elan, la population tout entire repoudit a l'appel miserable. Ce Jut la troi- sieme bataille de Varsovie. La premiere avait eu lieu en septetnbre 1939. La seconde s'etait deroulee en avril- mai 1943. En 1944, la Pologne subissait l'epreuve capi- tale. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE II 1946. - LA VILLE RENAIT DE SES CENDRES Le retour dans la ville. DEJA lors de mon premier voyage, Varsovie avait ses marchandes de fleurs. Deja. Varsovie jetait un deli a. la mort. 20.000 habitants au lendemain de la lib& 'ration de la \dile, 474.000 habitants le ler janvier 1946, 615.000 en juillet 1949. Dans la ville liberee, en ruines, les Varsoviens accoururent des les prerriiers jours. Es venaient de loin. La oa us &talent, us avaient un abri, us avaient a manger, ils avaient de l'eau a boire, us avaient du bois pour se chauffer. us abandonnerent toutes ces certitudes. Es vinrent de Podolie, de la Mazovie proche, de la Kujavie. Tous voulurent retrouver leur ville au plus vite et Iii redonner d'abord la chaleur de leur propre existence. Es se mirent sur les routes labourees par la guerre, oa passaient les convois liberateurs, oa passaient les files interminables et affaissees des Allemands pri- sonniers Es allaient a pied car ii n'y avait plus de chernins de fer et plus de chevaux. Es allaient lourds de leur barda arrondi sur l'epaule, us allaient tous ainsi, femmes, vieillards, enfants. Les jeunes gens et les hommes valides, beaucoup de femmes aussi, se battaient toujours, decides qu'ils &talent, eux, d'arriver a Berlin. Es arriverent en face de leur ville. Avec quels regards ils darent la voir. [is entrerent et us chercherent une Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 26 LA POLOGNE rue. Ils ne trouverent rien chercherent encore. Ils fmirent par trouver. A la place de Ia maison, c'etait la carcasse d'un lit de fer ernergeant des ruines et de la neige. Alors its pleurerent et l'on m'a dit que leurs larmes etaient des larmes de joie. Its occuperent des beaux demobs, sans ferketres, sans can, sans lumiere, souvent sans toit, sans portes et sans feu. us commen- cerent d'eux-rnernes, brique apres brique, a deblayer. Ils mi rent les briques par tas. Les vieilles briques allaient servir a faire les maisons nouvelles. Avec leurs mains, its deblayerent. us n'eurent comme premiers outils que leurs mains. Its ne perdirent den. Ils savaient que tout servirait a reconstruire la ville. Aux heures de repos, en cc temps-la. Varsoviens et Varsoviennes s'en allaient a travers la vale lentement. us regardaient chaque mine en silence. us semblaient evaluer les richesses perdues et la somme de travail qu'il faudrait pour tout remettre debout. Sur les levres, a.fiteuraient les noms des quartiers, Marienzstadt, Nowy- Swiat, Wola, Mokotow, Czeriakow, Marymont, Stare Miasto, le Ghetto, at les nom des pares, des grandes arteres, des pants, Lazienki, Marsealkowska, Ponia- towski. Its allaient ainsi, les Varsoviens et les Varso- viennes, aux heures de leur repos. Puis, dans la nuit qui venait, lbs rentraient dans leur cave, dans leurs chain- bras aeriennes, dans lour rez-de-ehaussee sans porte at sans fenetre, o ii n'y avait pas d'eau, pas de gaz, pas d'electricite, pas de meubits, ou seulement des morceaux de meubles. Aucun disespoir n'etait dans leur cur. Transports 1946. PRAGA et Saska-Kempa avaient done conserve a peu pres leurs pavilions at lours villas, aux murs constel- les d'eraflures de balks. En 1946, vivait la une grande partie des 250.000 Varsoviens rentres. Cela faisait, entre Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 1946. - LA-VILLE RENAIT DE SES CENDRES 27 la rive droite et la rive gauche, un va-et-vient qui n'en finissait pas. Tous les ponts avaient saut?endant la guerre, les derniers en 1944. Un seul pont de bateaux monte par l'Armee rouge assurait, an temps je panic, le passage d'une rive a l'autre des pietons et des vehi- cules. Pas assez large, ce pont de fortune etait neces- saireinent a sens unique, ce qui voulait dire qu'une colonne de pietons, de camions, de voitures legeres, de caleches, de ? wozy ? (ces charrettes polonaises au profil triangulaire montees sur des troncs d'arbre a peine equarris, trainees toujours par un seul animal) atten- claient sur la rive droite de longs quarts d'heure qu'une file heteroclite venue de la rive gauche ait fini de passer. Le pont demeurait un instant degage, puis le, mouvement se faisait alors dans l'autre sens. Ce n'etait pas beau, car ni les camions Iii les voitures n'etaient neufs, les wozy etaient antiques et leurs pieces ajustees parfois avec des cordes. Les chevaux qui les trainaient n'Otaient que carries demesurement etiques et poilues. Quant aux gens, leur mine etait terreuse et les habits et les chaussures indefinissables. je vois encore de ces femmes emergeant des ridelles pleines des wozys, la tete et la taille recouvertes on d'un ciale ou d'une couverture, ou d'une capote "de soldat. Je voulais voir sur les visages de la tristesse. Ii ne s'y trouvait que patience. Il etait evident qu'au cows de cinq annees de domination hitlerienne, et de lutte on en avait vu d'autres. On avait le temps. On pouvait, sans s'enerver, mettre une heure et plus pour se rendre des faubourgs de la rive droite a ce qui representait le centre de la ville. Ce probleme des transports avait ete un grand pro- bleme pour la capitale et la Pologne entiere. Une armee d' invasion qu'essaie de contenin une armee nationale impuissa,nte, une armee de liberation qui refoule une armee folle de sa (Waite. Ce flux et ce reflux avaient Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 28 LA POLOGNE Laboure champs et villes et villages, avaient fait sauter tout l'appareil routier et fenoviaire. Et comment recons- truire n'est pas facile d'apporter materiaux et ou- vriers a. pied d'eeuvre ? 11 fallait voir la place de la Gare en ces soirs d'avril 1946. C'etait un pare a. vehieules de toutes les tallies, de toutes les marques, de tous les gabarits, de toutes les forces, hippomobile ou a. moteur. Tout cela au repos, cochers et chauffeurs sommeillant dans des manteaux de prehistoire. Mais a la srrtie des magasins, des fabri- ques, des bureaux, des chantiers, la place etait envahie. Hommes et femmes grimpaient sur n'irriporte quoi, s'ac- crochaient a. n'importe qui. Le vehicule demarrait avec peine. On rentrait chez soi, ce chez soi qui m'intriguait, dont je n'arrivais pas a cornprendre o?i pouvait se trouver. 11 y avait des trams dans deux ou trois directions, des vieux, des temps anciens, sans vitres ou avec des car- rea.ux de Ivis, des boites metalliques eraillees, decolorees, grincantes et auxquelles, avec ma manie des symboles, il moplaisait de trouver un air triornphant. Ii y avait des autobus neufs, cornme je n'en avais jamais vus en France. II y avait des trolley-bus neuis comme je n'en avait jamais vus en France. C'etaient des cadeaux faits par VU.R.S.S. an lendemain meme de la li1:4ration. S'il se decouvrait, dans les rues qui se pretaient la circulation, des voitures automobiles convenables, ctetaient celles du Corps Diplomatique. Encore. ne fal- lait-il pas etre difficile. L'ambassadeur de France dis- posait &tine espece de grande limousine noire qui faisait vraiment corbillard do campagne. Pen de rues degagees. Un soul pont. Un nombre consi- derable de pietons. Et ces vehieules dont je pariais plus haut. Pourtant, tres peu d'agents pour diriger la cu- Declassified in in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 1946. - LA VILLE RENAlT DE SES CENDRES 29 ciliation. En vingt jours, j'ai fini par les connaitre tous et toutes. Car il y avait des miliciennes qui veillaient aux carrefours, des jeunes femmes qui avaient commence par servir dans l' Armee populaire et qui etaient restees sous les drapeaux. j'en vois toujours une, droite sur son socle, bien prise dans sa capote, sanglee comme pas 44, un visage jeune et rose, des cheveux blonds et drus s'eyadant coquettement d'une casquette carree, posee sur le cote gauche. Le geste classique des bras qui disent la direction, des gants blancs, un sourire. Et aussi, en bandouliere ou tombani le long du corps, la mitrail- lette. Car rien n'etait idyllique dans la Pologne de 1946. Merchandises et marches. EN fait de boisson a table, il ne se consommait que de l'eau bouillie. La vodka etait assez chere (Mj?t il s'en vendait de la mauvaise a la sauvette. Pain blanc, pain noir, mais non toils les jours de la semaine. Viande rare : le cheptel avait ete decime. N'allez pas croire a la complete rarefaction des deli- rees. Nous &dons, au temps dont je vous parle, en 1946. La liberation de la ville datait de janvier 1945. Que ne ferait-on pas en quinze mois dans la Pologne d'aujour- ? d'hui ? yetais donc emermille de voir dans les vitrines de la Marszalkowska des masses immenses et colorees de ? viande crue ou fumee, de poisson sale ou frais, des mon- tagnes de beurre et d'invraisemblables etalages de ga- teaux, Rare etait la semaine oft les sacs de la valise de notre ambassade ne contenaient pas deux ou trois jam- bons ou quelques saumons roses, car en France, n'est-ce pas, a cette ?que, ce n'etait pas l'abondance. Nous en &ions encore aux tickets de toutes sortes, que nous Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 30 . LA POLOGNE devious conserver plus longtemps que la Pologne o? les services du rationnement disparurent des janvier 1949. Toute marchandise avait deux prix, un prix impose, et dont beneficiaient, pour tine certaine quantite de mar- chandises, taus les travailleurs, et un prix libre. Autant dire que ceux qui avaicnt de l'argent. que ceux qui arri- vaient pax un moyen ou par un autre a gagner beaucoup d'argent, pouvaient bien vivre. Les victuailles dont je parlais a l'instant n'etaient pas pour tout le monde. Ce marche noir officiel ne profitait qu'a quelques-uns, et d'abord a ces marchands qui, aujourd'hui, acccrent si mal, et pour cause, la concurrence du commerce d'Etat. Alors, us etaient rayonnants dans leurs habits et robes de bonne coupe. En 1950, je les retrouve dans leurs memes habits, dans leurs metrics rez-de-chaussee, sommairement arnenages, au-dessus desquels sont encore les ruirtes des 4-Lazes et des toits. Leur mine est affiigee aujourd'hui, les etageres, sont degamies. Fort pea de chalands. Des quo vous ouvrez la parte de la boutique, vos yeux tombent sur un crucifix ou tine image pieuse. Vous dcmandez des pantoufles de Zakopane au un corsage cracovien. On vous repond avec peu de grace que la rnarchandise manque et l'on ajoute, en montrant lc Christ : t Lui, nous protege, l'Etat nous assassine ?. L'Eta,t, oui, qui ose vendre dans ses magasins toutes sortes de chases utiles a la vie, mais a des prix defiant et aneantissant toute concurrence. Varsovie de 1946 n'etait qu'un vaste enarcbe. oil la plus grande partie des operations se faisaient en plein air. j'ai vu parrni les mines degagees quelque chose qui faisait penser a no autre age. A naeme le sal parfois boueux, sous lc del, cc n'etait que baraques, loges foraines, echoppes, etals, deballages. Toutes ces instal- lations, souvent derisoires, s'ordonnaient par quartiers le long de ruelles etroites. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 1946. - LA VILLE RENAIT DE SES CENDRES 31 Je me souviendrai toujours de ces &ranges marches. Mais deja se clegageait d'eux la volonte de vivre. C'etait mime, colore, bruyant. C'etait plein d'odeurs de plan- tes, de viande, de friture, de charcuterie, d'odeurs de cuir aussi : toutes les baraques, et des plus cossues, (1 une alike etaient consacrees aux cuirs qu'on vous presentait dans leur forme animale, en bleu outremer, en jaune, en rouge, en vert. Dans une autre ?Mee, ii n'y avait que poissons, bro- chets, saumons, anguilles, grenouilles. Autour de tout cela., ii y avait les ruines. C'etait le temps, il faut le dire, oa chacun avait quel- que chose a vendre et acheter. On vendait des mon- tres et des alliances, des coffrets et des timbales, des cameos et des cristaux, pour acheter aussitot apres de quoi manger ou de quoi s'habiller. En temps ordinaire, et tout au long des joumees, a meme les trottoirs de la Marszalkowska, &talent &ales de ces objets familiers en argent; en or, en vermeil. Cela etait encore marque de terre, de chaux, de platre. Cela sortait des ruines. Ii y avait des gens qui ecumaient les ruines, a la recher- che de l' ceuvre d'art, de la fourchette en fer-blanc ou de recrin precieux. Les diplomates cousus d'or achetaient tout cela a vii prix. Es s'occupaient, par le pouvoir de leurs devises, faire subir a la Pologne et aux foyers polonais une ' houvelle razzia. Parfois, a l'angle d'une rue, a la porte d'un restau- rant ou d'un cafe, vous donniez sur une personne immo- bile, raidie, aux vetements miserables, les mains dans les poches des pantalons, les bras cones au corps, la visiere de la crisquette baissee sur un visage de pain a catheter. Souls bougcaient les yeux caches pour epier a droite, a gauche, devant. Et bougeaient seules les levres juste pour que vous entendiez ? Papierossi, papie- rossi, dollars, dollars, papierossi, vodka ?. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 32 LA POLOGNE Colonies d'enfants, ecoles. LES xnendiants no manquaient pas. Es etaient sur les places et sur les trottoirs. us no cachaient ni leur misere, ni leur menclicite. Quo faire contre eux ? C'etaient parfois des femmes, jennes encore, assises contre un mur de maison, et qui n'avaient a la place des jambes que de grossiers pions. Cetaient des enfants couches a tame le trottoir et a qui il manquait parfois bras et jambes. C'etaient d'autres enfants qui s'en allaient par gronpe ott pat troupe et dont on pouvait comprendre gulls etaient constitues en colonies. Fillettes et garcons, its n'avaient plus de parents, it n'avaient plus de maison. Es vivaient au creux des mines ou dans les bois de la peripherie. Its se partageaient les taches et les expe- ditions. ? Et l'ecole ? clirez-vous. E n'y avait plus une seule ecole debout dans la Varso- vie liberee de 1945 et il y avait si peu de metres I. rai vu l'ecole de la rue Grochowska, a Praga. Toit qui menacait, portes et fenetres tenant par miracle, murs lepreux, salles exigues. L'etablissernent n'a.vait pas bretle et c'etait la une grande chance pour les gens du quartier. Sur les marches du perron, c'etait un grouillement d'en- fants de tons ages, qui etaient la a attendre patiemnaent je ne devinais quoi. ? Et la clas.se ? demanda mon guide. ? justernent. on attend notre tour. La ra.rete des locaux et des maitres obligeait a pra- iiquer un syste.rne d'equipe. Dans telle ecole, deux tour- nees etaient necessaires. Dans telle autre, passaient dans la Tn4nie journee trois, quatre et memo cinq tournees. II y avait ainsi des malt res qui faisaient x6 heures de classe par jour sans prendre aucun repit. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 446. - LA VILLE RENAIT DE SES CENDRES 33 J'avais vu aussi recole de la rue Torgowa : un appar- . tement de trois pieces pour 500 &yes. Ce qui m'avait frappe, soit dit en passant, c'est que ni maitres ni eleves n'attendaient pour travailler qu'on leur fit des &Iles tehve?. On faisait tout de suite classe et, avec r aide de la population, on procedalt a des amenagements de fortune pour rendre les loeaux provisoires habitables. Je me souviens aussi de cette ecole de la banlieue de Varsovie o?.5w enfants devaient tenir dans une batisse vetuste et exigue. Tout cela en Pologne n'est plus que souvenir. Dans la Varsovie nouvelle, par centaines, sont edifiees les cre- ches, les matemelles, les ecoles primaires, profession- nelles, superieures. Comme dans les autres democraties 'populaires, comrne en U.R.S.S., en Pologne, l'enfant est - rot, Diplomates. MAIS des immeubles, nous l'avons dit, etaient restes intacts :1s derniers repaires des hitleriens. Tel etait rhOtel Polonia. C'est dans cet hotel que gitaient certains ambassadeurs avec leurs ambassades. us etaient, certes, retroit, mais ii y avait la du confort, un bar, une immense sane a manger, une salle de danse Ii y avait de belles, dames, de beaux officiers, des hommes aux vetements impeccables. Du monde qui sentait bon, du monde qui riait, qui s'esdaffait, qui badinait, qui Rail bien nourri, bien coiffe, bi(m. chausse. Du monde qui parlait suriout americain et qui fumait des cigarettes americaines. On etait pa.rmi les mines. On passait le tambour de la porte d'entree. On se trouvait un moment ebloui par les lumieres et les dorures, les bijoux et les belles toilettes. On recevait comrne un choc. On se sentait dans un autre monde, comme en pays hostile. La Polo- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 34 LA POL,OGNE gne martyre avait encore des ennemis. La Pologne reconstruite et pacifique a encore des ennemis. Te pense a ceux-la qui n'ont pas su s'emouvoir et 'iodigner devant les mines chaudes encore, A ceux-l? qui n'ont pas su s'enthonsiasmer devant rindicible heroisme et la volonte d'exister d'un peuple &cane. Diplomates et correspondants de presse ? occidentaux ? B0 turent. Pais us calomnierent. Au lieu de dire A, leurs gauvernements et a leurs agences le besoin de paix de la Pologne, us fricoterent crinfames rapports et d'innom- mables articles. Puis us s'essayerent a installer dans le pays des equipes de sabotage. Es eurent partie Hee avec les pires bandits. Ds devinrent des espions. us furent aussi des gangs- ters. Forts de leurs dollars, de leurs cigarettes, de leurs provisions de lard, de leurs boites de conserve, de leur gin ou de leur cognac, us ramasserent ceuvres d'art et bijoux, livres et gravures rares, tapis d'origine et vieu.x cristaux, tout ce que les hitleriens n'avaie.nt pu emporter an temps de leur domination. Ce fut le second pillage de la Pologne. L'on faisait aussi de bones affaires avec Berlin oil Von pouvait tout avoir avec une cartouche de cigarettes ou quelques kilogrammes de lard. Le diplo- mate devenait mercanti. Ca achetait des postes de T.S.F. et des montres, des tableaux de mattes, des services en portelaine de Saxe, des bagues, des broches et meme des yachts I L'une de ces embarcatious ? fit ainsi le voyage de Berlin a Varsovie en camion. Lorsque cer- taints ambassades eurent leurs locaux propres et les ambassadeurs leurs u residences ?, celles-ci eurent pin- t& l'air de ces musees oa les ceuvres de toutes les eon- ques et de tous les genres s'entassent cans qu'aucun ordre sit preside a leur exposition. Ellen eurent plutot l'air de ces hotels ?a des caids du marche noir out entrepose pele-mele meubles de taus les styles et pieces de tous les goats, la brocante des nouveaux riches. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 046. - LA VILLE RENAIT DE SES CENDRES 35 Ce que les ambassades ? occidentales ? faisaient en grand a Varsovie, leurs consulats le faisaient en plus petit, mais avec le mime cynisme, a Cracovie, Wroclaw, a 6dansk et a Szeczecin. Hommes nouveaux. ANs repo* varsovienne que l'on ecrira, ii faudra 4yoquer ces personnages principaux qui ont pris les estnes de Ia Pologne dans leurs mains de metallo ou de e paysan on de pecheur. Hommes qui out toujours vu clair dans les affaires de leur pays, que l'on dinpeisonnes parce qu'ils voyaient clair et qu'ils disaieut cc qu'ils voyaien1. Hommes forces a l'exil et qui ConStituerent a.pres 1925 la plus noble, la plus agissante, la plus studieuse, la plus sensee, des emigrations politi- qties que km pays alt connues. Sauf en U.R.S.S., ii y ayait des prisons partoui pour les antifascistes d'alors. Ces hornmes firent de patients apprentissages. Forts et tiers de leur doctrine de liberte, ils se battirent en Espa- grie, puis partout, en France, en U.R.S.S., dans l'armee polonaise, sur le sol de leur patrie, en Afrique. Es connu- rent les camps de la mort. Combien leur experience est grande 1 La faim leur a mordu la fibre et ils n'oublient Hen de leur passe et de leurs devoirs. Es portent dans leur cceur le souvenir constant de la misere des hommes et la haine de cenx qui la provoquent et qui en vivent. Il n'oublient lien de leur pass?t de leurs devoirs. Cela -se volt a leur visage grave et dans leurs yeux. pa.rfols sj lointains, parfois si durs aussi. Leurs yeux et leur visage ne s'eclairent pleinement que devant les enfants et les jeunes gens. Aujourcl'hui ils sourient aux maisons, aux palais, aux ponts, aux musees, aux laboratoires. aux hopitaux, aux creches, aux ports, aux usines, aux silos, aux 6coles, aux stades, par eux d? reconstruits. Ils Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 36 LA POLOGNE sounent surtout a cot homme nouveau, sorti d'eux. et solide, et stir de sa volonte, et qui de toute la force de sa jeunesse. finira, de faire apres eux de la notion de bon- heur une realite. Et us pensent a ceux qui les ont precedes dans la lutte et qui sont tombes croyant a l'aube mais sans en pouvoir voir parfois les premieres lueurs. je trouve tres emou- vantes cos paroles du president Boleslaw Bierut En realisant le plan de six ans et en constrtii- sant les fondernents de la Pologne socialiste, nous executons le testament et donnons corps aux rives de generations entieres de Polonais revolutionnaires, combattants pour la liberte et la justice sociale, aux reves des meilleurs ills de notre peuple qui tornberent sur les glacis de la Citadelle, Sur les barricades des vines polonaises, dans lour lutte contre le fascisme, contre l'envahisseur hitlerien, amtre le maquis fasciste et les agences imperialistes. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE III LA VILLE RECONSTRUITE Warszawa !... t. n y a que Varsovie au monde... Nous &ions parmi Iles ruines de Stare Miasto, car il y a tout de memo en- core des wines a Varsovie. Nous etions dans un trou de ruind,s, je veux dire comrne au fond d'une cave a ciel ouvert et autour de nous, dans le ciel bleu de juillet, moutonie de blanc, mortaient noirs des morceaux de mUrs deehiquetes, vieux comme les siecles. Rien n'ac- crochait rceil qui aurait Pu faire penser a la continuation de la vie. Les herbes qui venaient rares sur ce sol petri de sang, de misere et d'herohme, et leurs fleurs minus- cules rouges, roses, no pouvaient que faire penser a l'abandon. ? D? rherbe qui croit sur fes dalles anti- queS ?, disait le poete. Mais id la maison n'a pas ete abandonnee. ?Ii n'y a que Varsovie an monde... C'etait Mme W. qui parlait 'ainsi, one dame jeune, elegante, decidee, qui corrigeait cc qu'elle se savait de masculin dans Fai- lure par ces fleurs na,turelles chaque jour renouvelees qu'elle mettait au revers de sa veste tailleur. Mais le feutre aux larges bords, le foulard de sole noue autour du cou, de grandes lunettes sombres, cette demarche d'amazone, l'emportaient finalement dans votre impres- sion. je pense maintenant a elle et je pense aux femmes , Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 38 LA POLOGNE de Pologne. je me (Ills que celles que je connais, du moms, ont peu ou prou de ces manieres et de ces aspects masculins. Elles ont ete pendant cinq ans, cornice les homrnes, des conabattants et aujourd'hui, cotnrne les hoinmes, elles construisent avec leurs mains et avec leur ccetir la Pologne. Lents mains sont rudes, leur cceur n'a pas change. Mine W... connalt le francais, Fanglais, Elialien, Valle- mancl, le russe. Elle a beaucoup voyage. Elle me dit : ? Varsovie, avant d?, c'est stir, elle tenait a notre fibre. Nous avons assiste a sa destruction, a ses destructions. Chaque pierre sous nos yeux arrachee, c'etait un mor- ceau de notre chair que la bombe emportait ou que le feu bedsit. Une cave, un egoat, c'etait encore la vile, notre vine. Lorsque nous nous battions, nous etion.s sars que deraeurerait au moms la terre de Varsovie et qu'elle serait, elle, plus precieuse, vous comprenez, avec tout le sang, noise sang qui l'aurait imprignee. Varsovie I Nous rayons aimee, alms, cornice un etre que Ion dis- pute A la mort, que l'on vent sauver de raneantissement. ? Et maintenant, nous l'avons reconstruite taus en- semble. Plus qu'hier, elle est Eceuvre de toes. Avant, vous savez COMMe on dit, elle etait l'ceuvre des siecles. Qu'est-ce que c'est que Eceuvre des siecles ? On ne voit pas bien. C'est use forn3ule. Mais quand nous disons aujourd'hui ? Varsovie; c'est nous qui l'avons faite, et plus belle, et plus juste cc n'est plus une formule. E n'y a qu'une mere qui pout sentir pleinement ce que cela signifie. Nous avons voulu souffrir pour la sauver, nous avons voulu souffrir pour la recreer. Cornice le fruit de nos entrailles. Nos fils, no parlors pas de nos arriere- neveux, no pourront jantais eprouver cc que nous eprouvons. It leur sera tris difficile de connaltre notre passion et notre joie. Mine W... me regards longuement. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILLE RECONSTRUITE 39 Je connais Paris, Pise, Florence. Rome, votre COte d'Azur. Ii m'arrive meme, en certains soirs de fati- gue, et, je peux le dire, de decoura.gement, de regretter la vie passee. C'etait facile, c'etait plein de beaux moments. La Pologne alors pour moi, c'etait les voya- ges etch-antes a l'etranger. Ii m'arrive d'avoir la nostal- gie du monde ancien. J'imagine que je pars, mais tout , erun coup le ravissement des departs s'evanouit en moi, Pair me manque comme dans un cauchemar, je veux res- ter a Varsovie; pour moi et pour nous tous, il n'y a que Varsovie au monde... Je pensms a Hahna Konic, l'hOtesse de l'air. Au depart du Bourget, elle m'avait pane de Paris, des Boulevards des Chanaps-Elysees, du Jardin des Tui- leries, . des vitnnes de la rue Royale et du Faubourg Saint- Honore avec un ravissement d'enfant en face d'un jouet si beau Tell n'ose y toucher. Elle m'avait parle. Halina Konic, des robes de Paris, des chaussures, des chapeaux. Ses yeux brillaient. Mais nous avions passe au-dessus de l'pdra, au-dessus de Poznan. Nous approchions du but. Hahna Konic sortit de la cabine des pilotes. Elle s'ar- reta, prit un temps et, le visage transforme, comme si elle disait une parole magique, detachant les syllables, elle dit ; Warszawa Paris, quitte le matin meme, etait oubhe, ses boulevards, ses magasins, ses enseignes lumi- neusels. Pour Halina, Konic, ii n'y a que Varsovie au monde, soir de juillet 1950, je sortais du Theatre national de Varsovie. Je venais d'assister a la representation de l'opera Cracoviens et Montagnards. Le Theatre natio- nal de Varsovie n'etait que ruines en 1946. Une repre- sentation comme celle a laqu elle je venais d'assister sup Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 40 LA POLOGNE pose qu'un degre majeur a Ate afteint dans la recons- truction. Nous eames, mes amis et moi, quelque peine retrouver la voiture qui nous attendait sur la place allongee et eclairee a glom?, II y avait l?eaucoup de vultures, mais surtout des cars Chausson. bus les soirs, ces cars vont chercher dans les lointains faubourgs, dans les villages environnant Varsovie, ouvriers et paysans, hornmes, femmes et jeunes gens, les amenent au theatre et les rarnenent ensuite chez eux. Ce soir-la, la voiture nous conduisit, ainsi que j'en avais exprime le desir, stir le pont Slasko-Dambrowski. Sur la rive droite, ii y a tout de suite en face Praga et la plaine basse, etalee perte de vue. Vers l'Est, sur la rive gauche, a l'oree du pont, s'accrochant k tine terrasse qui domine de 25 a 30 metres le fleuve et l'espace Ins et etroit qui porte ce dernier, c'est Marienzstadt, avec ses maisons neuves, reconstruites exterieurement dans le style polonais du xvnie si?e et dont l'interieur possede ramenagement le plus modeme. Mme W... m'avait montre Marienzstadt quelques jours auparavant. Loge que j'etais dans un hotel voisin, je prenais parfois sur mes matinees pour revenir dans ce miracle de cite. Comment dire les choses ? Nous avons tons vu des villages en miniature, fabriques dans le bois et le carton, peints de frais, tout reluisant de grace, des villages de poupees. Avec les portes qui toutes oat leurs tenures et leur marteau, avec ces statues de saints dans les niches taillees a l'angle des murs, avec des arcades sous lesquelles s'abritent des commences, avec les fene- tres fleuries de geraniums et, juste sur le cote des por- tails, ces lanternes en fer forge, au verre bleu, oil se lisent les numeros des maisons. La nuit, la lanteme s'eclaire, le numero apparalt sur deux faces. C'est fort pra.tique et cela possede une histoire, tine histoire d'abso- lutisme tsariste et de conspiration que je conterat une autre fois. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILLE RECONSTRUITE 41 Cette cite abrite 2.500 travailleurs d'elite et leurs J'ai vu sur la petite place &Hee et surelevee fillettes et garcons, propres et nets, cheveux blonds, yeux bleus et tabliers multicolores, jouer, rire et chanter. Sur tin petit mur de bordure, des jeunes gens lisaient. Ti y a des arbres dej a grandets, avec beaucoup de branches et de feuilles. Un qua rtier comme ii n'en a jamais ete fait que dans les contes de Noel ! Non loin de la, coule la Vistule somptueuse et sillonnee des voiles blanches de Pete. Non loin de la passe maintenant la c?bre vole Est-Ouest, la Trasa, longue de 6 kilometres, avec ses trolley-bus, ses camions, ses voitures. Non loin de la, II y a ? le tunnel de pres de 200 metres de long et le premier escalier mecanique que la Pologne ait jamais posse& (elle en connattra sArement d'autres), cet esca- Her que tout Polonais desire voir et monter avant de mouth., comme ce paysan de chez nous qui tant bralait de voir Carcassonne. Notre paysan i nous est mort sans avoir vu la wile de ses re'ves. Vous vous souvenez des vers de Gustave Nadaud ? je me fais vieux, j'ai soixante ans, j'ai travadle toute ma vie Sans avoir durant tout ce temPs Pu satis faire mon envie. Deja des millions de Polonais ont pu, des provinces les plus lointaines, se rendre a Varsovie et emprunter l'es- calier mecanique. Personne, en Pologne, ne mourra plus sans avoir vu la capitale. Du pont Dambrowski, nous avions sous le regard, aval et amont, pres de 7 km. de Vistule et de rives eclairees. La brume nocturne enveloppait faiblement les mule et mule lumieres qui font cortege au fleuve. Celles qui &talent dans la ville &talent moms laiteuses et cornme plus triomphantes Ii n'y avait plus le profil hallucinant Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 42 LA POLOGNE des ruines, Les grandes taches blanches, et dessinees avec amour, des immeubles, sernblaient egayer l'ombre, faisaient chaud an cur et auraient donne confiance a. qui en await, par hasard, marque.. Le president Bierut a dit : ? Un des plus grands mal- heurs qui puisse atteincire un homme est de manquer de travail et d'habitation Le voyageur que retais pensait a. ses visions de 1946. Ii pensait aux legendes funestes SQUS lesquelles on a essaye pendant des siecies d'ensevelir un, peuple. Ce peuple, en cinq annees, a non seulement repare les mines de la guerre la plus totale, mats construit du neuf. II a aussi rattrape les retards accumules par un si?e et demi d'oppression. On no songe pas assez a. cela lors- qu'on traite de la Pologne nouvelle; ce nest que si l'on songe a. cola qu'on peut enfin cornprendre que, place dans des conditions politiques et sociales justes, le Polo- nais se fait remarquer par sa faculte d'organisation, son intelligence reflechie et son enthousiasme pour le travail pacifique. Les a rastes du caf?ajewski. serait certes fastidieux pour le lecteur que j'enumere I les grands immeubles d'Etat qui s'elevent a present dans Varsovie et que je disc aussi combien de centairms de milliers de logements out ete constniits dans ces ensembles qui constituent de maniere fort raisonnee la cite et le quartier. Je voudrais dire que cc qui frappe, urte fois recu le premier choc du monde neuf oi Von penetre. c'est l'arripleur et la multiplicite des chantiers de construction. C'est aussi la rapidite d'execution des tra- vaux, Le 24 juillet, je me rendais avec un ami polonais dans un caf?e la Marszalkowska, le cafe Gajewski. Ce Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILLE EEcON,STRUITE 43 cafe etait frequente par ces Polonais et ces Polonaises des temps anciens qui ont decide jusqu'ici de ne pas accepter le nouveau regime. Peu leur importe si le regime nouveau fait de la Pologne une grande nation, riche de toutes les richesses de son sol, de eon sous-sol, de ses fleuves et de ses cotes, lourde du bonheur qu'elle dispense a tous ses enfants. Eux (en Pologne, on les ap- pelleni en souriant ? les restes ?) ne pensent qui& leur vie passee, a leur luxe passe, leurs somptueuses de- meures perdues, a leurs loisirs raffines, a leurs voyages -vers les vales d'art, d'eaux et de jeux de l'Europe entiere. Eux no pensent qu'a leurs privileges evanouis. Tis sont antisovietiques comme dans leur famille on n'a jarnais ete antitsaristes. us n'ont jamais travaille, ou tres peu. Ii fa.ut maintenant qu'ils tra,vaillent. us ne peuvent vivre lien, et us le savent, que dans la mesure o?s travail- lent comme tout le monde. La Pologne est, en effet, un pays, et il en est heureusement quelques autres sur notre globe, oil nul ne pent plus vivre du travail des autres, aids o cha.cun doit vivre de son travail et peut ainsi beneficier du travail de tous. Les ? reste,s ? ont espere dans un providentiel changement de regime. Leur espoir dirninue de jour en jour. La Write de l'histoire oblige dire que de ces restes-la, ii n'en reste plus beaucoup. Il est des Polonais et des Polonaises, et en grand nom- bre, qui, hier, etaient de grands seigneurs et de grands poseedants on d'insignes intellectuels bourgeois, et qui, par patriotisme, et parce gulls se rendent compte que le gouvernement populaire fait les interets de la patrie, se scot rills au travail et se rendent utiles. us sont em- ployes au nueux de leurs facultes et pay& comme le sont tons ceux qui, en Pologne, travaillent. Au cafe 6ajewski, oii je goutai a de delicieuses patis- series, je vis une &range societe. La salle, pas trop grande, etait pleine de clients assis par petites tables carrees. Pas une seule figure jeune ou de jeune. Qua- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 44 LA POLOGNE ques veternents convenables. L'ensemble etait de natures disparates et miteuses oi l'on distinguait cependant un besoin de faire a la mode, a la vieille mode. Ce souei de recherche dans l'habillement, qui n'atteignait pas son but, s'alliait a un certain detachement meprisant dans la mine, a one volonte de porter digne et noble, de trop bien se tenir, de trop bien manier la petite cuiller a gateaux, de trop bien se pencher pour boire petites gorgees le cafe on le the. On avait presque envie de s'attendrir, mais alors sur- gisiaient peremptoires a l'esprit les images de la Polo- gne artcienne, les paysans affames et nus, les ouvriers persecutes, les hommes de progres emprisonnes, les colonels you& a Hitler et les martyrs de la Pologne livree aux hitleriens. Apparaissaient aussi les exiles indompta- bles et les millions de Polonais quo la misere chassait de leur pays. Et tout autour, dans Varsovie et la Pologne actuelle, ii y avait les constnicteurs. Alms, cc caf?ajewski, on no voulait memo plus dire gull faisait penser a line boutique d'antiquaire car il est de vieux objets qui seront toujours chers an cceur et a l'esprit des hommes Non, on ne s'attendrissait pas devant cet egoisme endurci, intraitable, quo n'orit pu ebranler ni le souffle des catastrophes qui auraient Pu etre definitivcs pour la patrie polonaise, ni l'enthousiasme qui, tous muscles raidis, a tire la Pologne du chaos et l'a mise stir le chemin de la justice et du bien-etre pour tous, ni l'aide fratemelle de l'Union Sovietique. C'etait le 24 juillet 1950. i.e lendemain, je partais pour on voyage de deux semaines a travers le pays. Au retour, je dis a mon Wisniewski : -- Et si on allait boire un verre de the au cafe Gajewski ? Wisniewski se mit it rire : ? Le cafe Gajewski n'existe plus ! ? Hein ? Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP-80-00926A005000030014-0 LA VILLE RECONSTRUITE 45 Mais oui, l'immeuble oa il se trouvait, les immeu- bles qui bordaient, dans ce coin, la Marszalkowska, et il y eli avait quelques-uns, n'existent plus. Tout est rase, debla,ye. L' architecte Sygalin est entre en action. La voie Est-Ouest terminee, il a entrepris ces jours-ci les tra- vaux de la voie Nord Sudqui mesurera io km. Sur pres d'un kilometre, entre l'avenue Sikorski et les jardins de Saxe, cette vole sera large de 120 metres. C'est dans ce coin a elargir que se trouvait le cafe Gajewski Ii ne eontumera d'etre que dans le souvenir des ? restes ? et peut-etre dans le votre. Voila comment les Varsoviens savent faire de l'esprit. Es vont vile, tres vite en besogne. Sauf dans les res- taprants lorsqu'il s'agit de servir, diront certains. C'est Vrai. Nous trouvons (et les Polonais aussi d'ail- leurs), que le service dans les restaurants est lent. A un Francais de mes bons ami3 qui s'en plaignait, qui esti- malt qu'on perdait trop de temps a se debarrasser de la corvee,d'un repas, alors qifil y a si peu de temps a per- dre loisqu'on a le bonheur de vivre quelques seinaines en Pologne, un autre ami Francais repondait. ils servent lentement, mais ii faut dire aussi que C' est en cinq ans qu'i/s en auront fini avec le plan de six ans. line instituirice frangaise, un gars du bitiment de Paris. J g laisse parler Simone Duval qui est revenue de Polo, gne fin septembre 1950. -, -- Nous avons visite dans Varsovie le quartier Mura- now qui va s'etaler sur 52 ha. line cite de cc quartier conimene6e en mai 1949 comprenait en septembre 1950 trente-trois immeubles de 200 logements chacun. et tous habites. Si, au Havre, nous avions thus ces logements, Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 46 LA POLOGNE g nous avions travaille aussi utilement, aussi rapide- ment, nous n'aurions pas 15.w? Havrais encore refugies dans l'Eure-et-Loir et 36.000 ouvriers qui prennent le train tous les matins pour venir travallier sur les chan- tiers urbains. je laisse parler Labb?ouvrier du httiment rentre de Pologne an debut d'ixtobre 1950. --- Un jour, des camarades polonais me disaient : nous avons fait aujourd'hui 66.000 briques en huit heures de temps a dix ouvriers et ouvrieres, car II faut dire que non seulement les horarnes, mais aussi les females tra- valllent dans le batiment. Quand on m'a cite ce chiffre de 66.000 briques dans la journee, je vous avoue que j'ai ete fres surpris et fai voulu me rendre compte par moi- meme comment us $'y prenaient. En France, lorsqu'un briqueteur pose 1.60o briques dans la joumee, chest tin bon compagnon. ai vu la facon de travailler des Polonais II y a d'abord une emulation extraordinaire et aussi une con- ception du travail que nous n'avons pas en France, on par ailleurs nos salaires ne sont pas decents. Le gouver- nernent ne fait pas le necessaire non plus pour que la reconstruction soit active. ? Voila comment procedent nos amis polonais pour la pose des briques : un jeune homme etend le ciment sur j 10 on 15 metres, une eune fille prend les briques et les pose rapidement a la file, le chef d'equipe, un jeune de 22 on 23 ans, une fois qu'll a tendu son cordeau, tape avec sa maaloche sur les briques et ainsi de suite Ds sant arrives, a 10 personnes, a monter 66.000 briques a. Nowa-Huta je vous assure que j' en ai ete ahuri. Moi, qui suis du batiment, il a fallu que je me rende compte sur place et raj meme dit : je n'oserai jamais le dire a Faris parce que mes camarades de chantier me dimient que ce n'est pas possible. Pourtant, je Isai vu I Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILLE RECONSTRUITE Labbe poursuit : ce qui conceme les salaires, un compagnon se fait en moyenne 45.000 ou 50.000 zlotys par mois. En France, cornme compagnon, on arrive tout juste a faire 24.000 francs et quand on compare avec le edit de la vie en Pologne, et tous les autres avantages qu'ils ont la-bas en plus du salaire ? Et puis, dit encore Labbe, 11 y a la coordination gulls etablissent entre les differentes branches de la reconstruction. Tout marche ensemble. A Muranow, par exemple, tout le materiel necessaire a la construction est sur place, la fabrique de poutrelles fait venir ca par camion, cela arrive de province, ca passe entre plusieurs mains. Ii y a les concasseurs, les malaxeurs, tout ce qu'il faut et on fait les poutrelles sur place. De meme, on timene le cinaent. II y a les vibrateurs electriques, tout est la, ce qui augmente la rapidite d'execution d'une facon considerable. Car ce qui se produit chez nous et ea je suis actuellernent, par exemple, c'est qu'il faut attendre le ciment trois jours, la ferraille une semaine et pendant ce temps-la, on bricole, on ne fait rien de bien. Nos amis Duval et Labbe n'ont pas Pu tout me dire, Mais je sais que la rapidite de realisation provient aussi du fait que toutes les operations de construction sont centralisees et que cette construction demeurera, jus- qu'?ouvel ordre, une fonction d'Etat. Architectes polonais. ETpourquoi n'evoquerai-je pas aussi pour expliquer la reconstruction de Varsovie et de la Pologne la part qui revient aux architectes ? Xis ne sont que 7oo pour toute la. Pologne; en France, ils sont 7.000, et c'est bien eA Pol?gne que l'on reconstruit et que l'on construit le plus vite. Pourquoi ? Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 48 LA POLOGNE Ces 700 architectes ont fait, eux aussi, rnentir la le- gende antipolonaise. A voir leur ceuvre, il faut bien par- ler de realisrne. Etant donne l'ampleur des constructions, Hs out calcule que s'ils avaient da deblayer les parties qui oat ete entierernent rasets, ii leur aurait fallu huit annees, A. raison de milk wagons par jour 1. Its sont sortis des chemins battus, us ont construit sur les mines, aux endroits ou its edifient les batiments, ils font des excavations pour trouver le bon sol, et c'est toute eco- nomie de main-d'oeuvre et de temps. Et iLs ne sont pas ales chercher tres loin leurs mate- riau,x. Varsovie etait en briques, it reste des briques intactes, Ils oat done organise, tout un systeme de recu- peration de briques entieres ; pour les briques cassees, qu'on no pouvait pas reemployer telles quelles, us ont monte une immense usine de pre-fabrication d'elements de construction dans laquelle its ont broye les briques. Ce broyage est utilise a divers usages. T. Le seul deblaiement de uines du Ghetto auralt exigf? le travail de Immo() honanies c,t tie sept trains pendant tiois ann6es, Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE IV IMMEUBLES, CITES, QUARTIERS, DES MOTS QUI ONT CHANGE DE SENS , Le sens des mots. jr At visite bien des quartiers neuf a Mokotow, Ochota, a Kolo, a Muranow, a Zoliborz, a Praga. j'ai penetre dans des logements. Il me sera difficile de me faire comprendre. Les moth, en Pologne, ont plus le meme sens qu'en France. Que voit-on, en France, lors- qu'on dit un imineuble et un immeuble comme des affai- ristes cupides en ont &eve sur l'emplacement des an- ciennes fortifications de Paris? on voit la boite a loyer. Que voit-on, en France, lorsque l'on dit cite ? cite ou- vriere ? cite d'usine ? cite miniere ? Les trois-quarts du temps ce sont des abris de misere, sans confort, sans tout- a-l'egofit, souvent sans gaz ni eau courante. Ne parlons pas de salle de baja 1 En France, la salle de baja est encore et uniquement le symbole de la richesse, et comme une marque distinctive. Si l'on s en va dans les bassins mmiers ii ne s'agit meme plus de cites, mais bien de camps dans les baraquements desquels les.honnetes gens ne mettraient pas leurs lapins. Belle enquete a faire, et comme a portee de la main, pour un M. David Rousset qui serait anirne de sentiments desinteresses Immeubles, cites, quartiers, la Pologne donne nn eentenu nouveau aux mots. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 50 LA POLOGNE Jai vu moi-merne le logement-type dont pane la revue fra.ncaise Population, dans son numero d'octobre- decembre 1949 : Le logement-type pour un jeune m?ge avec un enfant est le logement de deux pieces et cuisine, avec cabinet et salle de barn, couvrant 40 a 50 in2, mais ii existe Un tres grand nom- bre de variantes dans la disposition des pieces et dans lair nombre, aftn de repondre a la diversite des besoins, suivant la composition des families. (Pierre George.) Que.] est pour ce logement-type le taux du loyer ? Siraone Duval me dit (elle est du Havre et eest pour. quoi je prefere lui passer la parole) : ? Au Havre, il n'y a pas un seul logement reconstruit ? car on a tout de meme un peu reconstruit ? dont le toyer 1950 soit in- ferieur a5.000 francs par mois, charges non comprises. Un logement equivalent que j'ai visite dans la region de Zoliborz est a 2.000 zlotys par mois, c'est-i-dire pas tout a fait 2.000 francs et la les charges d'electricite, de chauffage et meme de blanchissage, sont comprises. De plus, quand je pane de 5.000 francs par mois an Havre, ce sont les logements les plus modestes, rnais les loge- meats des fameux Isale auront un loyer de 8o a 90 000 francs par an, toujours sans les charges, ce qui suppose naturellement qu'un ouvrier ne pourra jamais disposer d'une telle sornme pour se loger. S'il ne faut pas dans ce genre de relation que j'ai entrepris de rediger abuser des chiffres et du langage technique, point trop ne taut, toutefois, exagerer dans ce sena et l'on me permettra de citer assez longuement la revue Population a laquelle je me reportais a l'instant. La cite elementaire forme un groupernent autonome pourvu des installations soaales et culturelles repondant aux besoins fondamentaux d'un groupe hurnain. Elle comporte tin certain Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 IMMEUBLES, CITES, QUARTIERS 51 norribre de corps de batiments qui peuvent etre eux-memes munis de quelques services indis- pensables. Une creche et un jardin d'enfants apparaissent necessaires pour un groupe d'une cehtaine de logements, tandis qu'on peut envi- sager une ecole elementaire pour 50 logements et un centre scolaire complexe (scolarite com- plete du premier degre et premiere armee de l'ecole moyenne) pour 2.000 a 2.500 logements. 1.4 cite elementaire, avec son centre economi- que, social et culture! (groupe scolaire, salle de rhunions et de spectacles, cinema, club, dispen- (Ore, rnagasins, cooperatives et magasins yes), semble devoir etre limitee a un groupe pOuvant loger environ io.000 personnes dans Un rayon de 500 metres autour du centre geo- 6tnque du groupe bati. Avec son centre col- lectif (? agora ?, de H. et S. Syrkus), elle cons- titue une petite vile dans la grande. Elle pos- sOle les installations necessaires pour satisfaire les besoins imrnediats et quotidiens, mais elle vit de la vie de la vine et elle doit tourner ses re- gards vers le centre social et culturel (? agora ?) de Ia. ca,pitale, Cette idee a suggere a Mme et M. Syrkus ride? quo le foyer social et culturel de chaque cite devait etre excentrique pint& qu'interieur, de maniere a etre relie aisement au centre urbain principal par les voies de commu- nication rayonna nt autour de la \Tulle. Les diffe- rents centres sociaux des cites riveraines de ces voles de communication constituent un semis discontinu ou semi-confirm d'installations d'in- ter& collectif, et donnent aux voles de commu- nication dites radiales un caractere original par rapport aux petites rues desservant l'interieur des cites. us contribuent a constituer l'arma- ture sociale du cluartier qui est organiquement un groupe de cites pouvant depasser 100.000 habitants. L'importance numerique du quartier appelle, par ailleurs, la presence d'un centre Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE social d'echelon supricur pouvant comporter Un groupe scolaire dlff?nci?assurant l'exerciee de la seolarite complete de second degM, dans toutes les orientations prevues, un centre poly- clinique, un stade, des services administratifs et de securite. Mais cette maniere de faire ne va-t-elle pas presenter ? le danger de favoriser uric multiplication d'immeubles en serie marquant les quartiers residentiels d'une uni- formite rebartative i ? Void cc quo repond justement M. Pierre George : Les architectes s'ingenient done faire naitre la variete des paysages urbains de la modifi- cation des agencernents, des elements normalises de la construction. 11 est possible de multiplier ainsi le nombre des types d'immeubles, equiva- lents intrinsequement par leur contenu en unites materielles de base. Les urbanistes utilisent les formes du terrain pour repartir differemment les corps de batiment, varier l'agenceme.nt des de- penclances sociales, des jardins et des terrains de jeu. Tel quartier affecte la forme d'une ro- tonde (une partie de Zoliborz), tel autre repartit ses unites en un jeu savant de plans octogonaux qui fait songer & un probleme de mots croises okotow). Mais on evite les grandes parades d immeubles en serie, rectiligmes (certains es- sais de cet ordre avaient ete faits avant la guerre). lei, les facades sont droites, allegees par e grandes bales vitrees ; ailleurs, dies sont creusees de niches et ourlees de balcons et de terrasses expostes an midi. Le Caf?e lecture. J E pourrais dire ot1 se trouve ce Cafe de lecture, je n'ar- rive pas a l'appeler autrement, mais que saurez-vous de plus longue je vous aural dit gull est situe a ran& Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 IMAIEUBLES, CITES, QUARTIERS 53 et au rez-de-chaussee d' un immeuble et sur ce carrefour qui s'appelle place de l'Union de Lublin, et o? abou- tissent, ou partent, comme on voudra, sept gran- des voies dont la Marszalkowska, l3agatela et l'avenue de la, Premiere-Armee ? C'ttait la, hier, le quartier des mi- nisters et des ambassades. Aujourd'hui, toute la capi- tale est ouverte a l'habitat proletarien. Dehors, c'est l'animai ion revenue de la grande vine. Trolley-bus, cars, taxis, camions, velos, motos parti- cipent a l'utile et quotidien carrousel, mais des que vous ehtrez dans mon Cafe de lecture, la porte aussitot refer- Tee, votis votis sentez saisi de silence. Etrange impres- sion ! Le local est pourtant plein de monde, toujours plein de monde, femmes, hommes, jeunes gens, jeunes filles. Les professions, on ne pout plus tout a fait dire les situations sociales, se voient sur les mains et les visages. Tous les veternents, confortables,, propres, se valent. Les mains et les visages disent : ouvrier, technicien, employe, etudiant. Au vrai, ii n'y a la que des etudiants. En Polo- gne, 11 n'y a que des hommes et des femmes avides d'etude et qui peuvent satisfaire facilement a ce grand besoin humain qu'est le besoin de savoir, de comprendre. Tout ce monde se tait, Ii va le long du comptoir qui borde deux murs se coupant a angle droit. Sur le comp- toir, il y a des journa.ux et des livres ecrits dans toutes les langues et dans tons les caracteres. Des bannieres fixees sur des supports en T disent la nationalite, polo- naise, sovietique, franeaise, anglaise, espagnole, ita- lienne, bulgare, roumaine. Les hauts fonctionnaires qui president aux destinees de nos relations culturclles s'en emouvront-ils et les ? tenants de r Alliance francaise, et nos ministres, s'ils ont seulementie temps et le souci de penser a la presence de notre culture de par le vaste monde ? L'espace reserve a la France, et occupe par elle, est important sur le comp- toir de ellen? clair de ce caf?'un nouveau genre. Les Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 54 LA POLOGNE clients lecteurs vont lentement le long de cet italage qui sent bon le papier imprirne et qui dit le visage typo- gaphique de thus les pays. us feuilletent et examinent. us achetent. On achete beaucoup dans le rayon francais. Ma's dans mon Cafe, ii n'y a pas quo des journaux, des revues, des livres, des gravures a acheter. Tout le long d'un mur pendent, a portee de la main, et prig dans un systeme metallique a poignee, des journaux en toutes langues et classes par pays d'origine. Si vous voulez employer vos loisirs a In lecture de journaux frau- cais, russes, anglais, americains, italiens ou suisses, vous le pouvez. Qui quo vous soyiez, allez-vous-en dans mon Caf?e la place de Lublin. Vous decrochez la feuille qui vous tente, vous vous ablmez dans l'un des fauteuils de cuir profonkls et bas qui sent la, le long de la longue vitrine aux rideaux cla.irs. vous ailumez votre cigarette et, une jambe sur l'autre, vous entreprenez votre lecture dans un silence de bibliotheque ou de cathedrale. Car clans cc caf?ont je reve si souvent le silence est de rigueur. ce silence qui s'empare de vous, des l'entree. En octobre 1948, j'y penetrais pour la premiere fois, avec deux amis. II etait 9 heures du matin. Au bout de la plus longue des deux salles, ii y a une cloiSon vitree et, passee la cloison, on se trouve dans l'une des deux pieces qui donnent une partie de son nom a cc cafe de lecture. De petites tables vernies, brunes, rondes et basses. Des sieges aux tubulures de nickel et au cuir emeraude. Aux mum, quelques tableaux et des photo- graphics d'ouvriers de choc. Li, vous pouvez lire et &glister, en memo temps. un excellent caf?ue l'on vous sert dans une bsse minuscule ou grande, a votre goat. Si vous avez a parler, vous le faites a. voix ba.sse. II me souvient de tette matinee d'octobre oa, avec mes deux amis, j'avais a parler asses longternps. Au bout de la piece, je voyais deux jeunes gens, fine et garcon. us Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 IMMEUBLES, CITES, QUARTIERS 55 &talent l?ors de notre arrivee. Es &talent encore la au moment de note depart, mettons une heure apres. ns observaient sans defaillir la consigne de silence. Assis run a cote de l'autre; us ne faisaient que se regarder et se smite. Deux amoureux timides qui avaient trouve le coin qu'il leur fallait et aussi l'heure propice, car l'apres-midi, le m nde afflite et surtout a. la fin de la journee de travail, c'est-h-dire vers 15 ou 16 heures. J'ai vu de grandes choses en Pologne, d'imposantes, d'emouvantes realisatiens. Nowa Huta et le port de Gdynia &gage et reconstruit, la Maison du Marin, le pont Poniatowski, Nowy-Swiat reconstitue dans son ali- gnement et sa grace ancienne et cette immense Maison de la parole qui sera l'honneur d'une nation. Je sais quelle part il faut faire a la reforme agraire, aux natio- nalisations, aux ecoles innombrables, aux innombrables ma4sons de repos. J'ai vu Zakopane et Sopot, la monta.- gne et la mer, egayees de leur population nouvelle ou- vriere et paysanne. J'ai vu la Maison de la culture de Katowice qui rendrait jalouse quelques-unes de nos uni- versites de province. J'ai vu dans le royal et sompteux atelier du Wawel le retable de Wit-Stwosz aux 2.000 pieces sculptees dans le bois de tilleul, reconstituees dans leur unite ei dans la fraicheur premiere de leur polychro- mie, apres cinq annees de rainutieux et patients travaux. Je pense a tout cela, surtout lorsque j'entends parler de la guerre. Mats je pense aussi, et plus souvent, moms exceptionnellement, comme on pense a tine chose fami- Here, a ce Cafe de lecture que j'ai d'ailleurs retrouve Cracovie, a Katowice et: a Gdansk, a Wroclaw et a Lo4z, et comme il en existe all moms un dans toutes les yilles, grandes et petites, de Pologne. Car la recons- truction en Pologne est chose generale et universelle. La Potogne est un immense chantier. Et si l'on a recons- truit, et sj l'on y construit, c'est en fonction de l'homme et pour l'homme. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE H rests besucoup I fairs. QUELLE existence ! Ces gens vivaient, y a encore cinq ans, dans des egouts, des caves, des ruines. Aujour- d'hui, us sont les habitants d'une capitale qui, sous pen, sera tine des plus belles du monde. C-ette capitale, us l'au- ront faite de leuts mains. Lorsqu'elle sera terminee, us seront plus vieux qu'elles us l'a.uront faite de leurs mains et avec ietir foi dans les destinees de la patrie, avec Ieur enthousiasme. Tous vivent au rythrne des bri- ques qui se posent et qui finissent par etre une nou- velle fots ljEglise Sainte-Croix, l'Eglise Sainte-Barbe, la Ca.thedrale Saint-jean, le Theatre national, la Poste centrale, ou qui deviennent la Banque d'economie coo- perative. le Ministere de la Defense nationale, la Cite de Vflynow. le Ministere de 'Industrie et du Commerce. la M.aisou du Parti unifte, le nouveau Parlement 11 n'est pas possible de parler un moment avec un Polonais sans qu'il vous entretienne de ce qui se fait, de ce qui se fera. La grande distraction, c'est le dimanche de partir en tamale, un peu a l'aventure, a travers la vale et sur sea abords et de constater ce qui a change, je veux dire ce qui est neuf, ce qui est tennine et ce qui est deja occupe, plein de vie. On part et on decouvre male choses nouvelles. On en parlera en famine et tout au long de la semaine. Tout au long de la?semaine, on en parlera au bureau ou dans les salles de jeu, ou sur les chantiers au moment des pauses horaires de dix minutes. Le temps aidant, et l'bornme s'accoutumant a tout, memo au miracle qu'il a rialise lui-rneme a force de sueur, d'ingeniosite, de tenacite, ces Varsoviens dont je pane trouveront tout normal ; us ne eetonneront que de l'etonnement admi- ratif de l'etranger revenu les voir, apres quelques rnois d'absence, L'etranger dim a tout bout de champ, Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 IMMEUBLES, CITES, QUA RTIERS 57 au fur et a mesure de ses decouvertes : ? C'est invrai- semblable ?. Et eux ne comprendront pas, on us prendront cette exclamation pour de la politesse. Es diront toujours : C' est grace a l'Union sovietique que vous avons pu faire cela, ou us vous parleront de tout ce qui reste faire. ?-r Nous nous rendons bien compte de ce qui est deja fait, m'affirmait un ami, mais nous le voyons moms bien que vous. A toujours vivre pres d'un enfant, on ne le voit pas grandir, on s'accoutume a sa croissance, si rapide qu'elle soit. Mais nous savons par contre ce qui reste a faire ; tout le monde le sait, chez nous. Et vous savez Clue rien ne se fait tout soul, que rien n'est facile. Ii y a des difficultes, nous les regardons en fa9e, nous n'en avons pas peur et nous les surmontons. Notre sys- teme planifie est la et le plan, c'est la chose de tous. II y a plan et plan. LEplan est la chose de tous, l'affaire de tous, dans ses grandes lignes et dans ses plus petits details. Sur les places, dans les usines, aux carrefours des avenues, a la porte des ministeres, dans les ecoles, a la campagne et dans les mines, partout, s'etalent d'immenses pan- neaux en bois oa avec des moyens tres simples, il est dit ce a quoi on a deja abouti, cc a quoi il taut aboutir. D'autres panneaux, une image, quelques chiffres en long et en travel's d'une courbe, disent la meme chose pour les secteurs determines de l'economie ou de la cons- truction : nombre d'ecoles maternelies, tracteurs, Ca- mions, maisons de repos, tonnes de charbon, litres de lait, douzaines d'ceufs, kilometres de tissu. Toujours, ii y a la photographic dix fois grandeur nature de l'homme ou de la femme qui ont atteint les meilleures norrnes. Les Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 58 LA POLOGNE panneaux de production et de construction sont constam- ment talus a jour. C'est to peuple tout entier dans le pays, la Ville, le quartier, la cite, qui est temoin et juge des resultats obtenus dans la grande bataille de l'emu- lation socialiste. Etonnez-vous qu'un jour, et durant tout un mois, le peuple tout entier descende stir les c,hantiers et en mette un bon coup a deblayer, ?mpiler les briques, a creuser, C'est bien cola qui Sc produit taus les ans en septernbre. 11 y a en Pologne un Mois de Is reconstruction. Comme si les autres mois on se tournait les pouces C'est beauooup de eela qu'est faite la vraie democm- tie : si Von pense quo le plan a ete discute par tous, souvent amende, ameliore et gull est ainsi devenu une premiere fois, a un premier degre, la chose de tous, on comprendra la volonte qui se saisit de tots a vouloir le realiser et meme avant les &lads prevus. Cela constitue un diet du second degre. 11 est dit dans la definition de la planification : Pia- nifier, eest vouloir faeonner la realite ; le plan est un acte de savoir et une volonte ; il a pour but le develop- pement general des forces productives, le bien-eia-e de toute la societe et non celui des classes possedantes ;11 est effectivemcnt obligatoire, qu'il est exe- cute ; des rapports sont rediges systematiquernent et per- mettent la comparaison reguliere entre l'execution et le plan lui-merne, car l'econornie planifiee c'est non seu- lement l'elaboration du plan mais aussi la lutte pour l'execution du plan, une confrontation continue entre le plan et son execution. 11 ressort de cette derniere propo- sition qu'il arrive qu'on alt a revoir les donnees du plan pour en tmeliorer l'execution et alors pour tous s'impose un nouveau travail critique, de nouvelles decisions, de nouveaux engagements. Le plan entre ainsi une troi- sieme tots dans la fibre des realisateurs :21 devient une chose vivante. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 IMMEUBLES, CITES, QUARTIERS 59 Ii n'a rien de commun avec ces plans de nos pays occi- dentaux qui ne sont faits que pour le benefice des classes possedantes, pour assurer la preeminence des classes possedantes d'un pays donne sur les classes possedan- tes d'autres pays, pour imposer l'hegemonie d'un Etat capitaliste donne sur son propre pays et d'autres pays, ces plans qui, en fin de compte, ne sont faits que pour la guerre et qui, si les peuples laissaient faire, condui- raient infailliblement a la guerre. Ces plans l?ont gene- rateurs de chomage ; us portent des coups models dans certains secteurs des productions nationales, ainsi que cela se voit si nettement, si dairement, en France et en Italie. Il est dans la nature meme de Feconomie planifiee socia- listh d'a,ssurer une exploitation harmonieuse de toutes les ressources materielles et humaines de la nation pour le rneilleur etre de tous. Elle garantit l'independance eco- nomique et politique d'un pays. Elle est en definitive un element de paix interieure et exterieure, un element de bonheur. La gaiete ? C'est pour aujourd'hui. EST-CE vraiment trop dire que c'est aux effets de cette econornie planifiee que les Polonais doivent cet air de gens heureux que l'on reconnait a l'ouvrier, a l'employe, a la mere de famille, aux enfants, aux etudiants, aux jeunes constructeurs de Nowa-Huta? Chacun en Polo- gne est At- des lendemains. Le niveau de vie s'eleve progressivernent, constamment et rapidement. Les nsques de chO- mage et de misere sont elimines, les perspec- tives d'amelioration sont infinies et le rythme du progres depasse les pronostics les plus opti- mistes. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 6o LA POLOGNE C'est Pierre Cot qui remarquait cela lorsqu'en mai X950, il demontrait a la salle Pleyel que les rapports entre l'Est et l'Ouest sont possibles. Ces impressions d'un voyageur averti meritent d'etre reproduites. Les voici : Ce qui frappe ceux qui visitent cc nouveau monde et s'efTorcent de le comprendre, c'est l'impression de joie, de confiance dans l'avenir, de sante physique et morale que donne la popu- lation consideree dans son ensemble. Cette im- pression contraste avec celle que &gage la oule des grandes vines occidentales oil I on voit tant de visages preaccupes et de regards in- quiets. II est facile de decouvrir les causes de cette difference et de cc contraste. Le travailleur Iran- cgs constate que sa part dans le revenu natio- nal est moins elevee que jadis, son niveau de vie est plus bas qu'avant-guerre. II y a moms de places dans les hopitaux. La reconstruction marche mal. Le chemage sevit en Europe occi- dentale, peu encore chez nous, mais en Alle- magne, en Italic, en Belgique, c'est-a-dire dans les pays auxquels certains projets gouvememen- tatix entendent souder notre economic. Et quand le travailleur francais park avec son patron, il salt que le carnet de commandos de son usine est moms bien rernplique l'annee den- there. Il a done toutes les raisons d'?e peu satisfait du present et inquiet de l'avenir. Dans les dernocraties populaires, le travail- leur fait des constatations differentes. Bien que ces pays aient beaucoup plus souffert de la guerre que le notre, le revenu national par tete d'habitant et la _production ne cessent de s'ac- crottre. Les profits capitalistes etant reduits leur plus simple expression, cc sant les travail- buns manuels ou intellectuels qui beneficient de cet accroissement confirm. us vivent mieux qu'avant la guerre. Chaque annee, le nombre Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 IMMEUBLES, CITES, QUARTIERS 61 des ecoles, des hopitaux, des creches, des cen- tres de repos et de vacances pour les travail- leurs augmente. La condition humaine s'amo- liore et Ie souci de l'homme, de son bien-etre materiel et surtout de sa dignite, a.pparait dans toutes Ps initiatives du pouvoir populaire. L'Ocart qui separait et souvent opposait la vile et la campagne commence a se combler. L'eco- nomie planifiee supprime jusqu'aux risques de chOmage. Ne nous etonnons pas des lors que la productivito du travail s'accroisse plus vite de l'autre cete du fameux rideau de fer qui sem- ble surtout le rideau de la calomnie et que sur les visages, a la vile et a. la campagne, la gaite et l'espoir remplacent l'angoisse et l'abattement. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE V GORNOSLASKA 45 OU LE BUREAU D'UIRBANISME DE VARSOVIE L'atelier du Pere Neal. Jtm voulu voir les bureaux oil s'elaborent les plans de reconstruction et de construction de Varsovie. Mon ami Wisniewski et moi nous avons, un apres-midi de la fin juillet, penetre dans un parc en pleine vile. En bordure des largos allees se trouvait dans le ttmps d'avant-guerre un hopital fait de pavilions distincts. La vegetation demeure desordonnee, comme abandon- n?elle-merne, 11 y a des arbres intacts. fl y en a de mutiles. Les herbts et les plantes grimpantes, an milieu desquelles les allees et venues oat trace des die- ruins, poussent en toute liberte. Les batiments bas, quelque peu en retrait, portent encore les traces des batailles d'hier. Mais l'essentiel de l'appareil a ete repare, hativement d'ailleurs biessures pansees, sur les MUM gris, avec des briques rouges laissees a nu et entre lesquelles la truelle a neglige d'enlever la bavure tin mortier. Neuves et sans peinture, les portes et l'armature en bois des doubles fenetres plus larges que hautes. Natu- rat:meat, sur c,haque appui de fenetre, ii y a des caisses de flews. Nous cherchons l'ancien pavilion de chirurgie. Y a-t-ii en 'me intention ? C'est la. qu'a ete installe, des fevrier 1945, ce Bureau de l'Urbanisme qui aura recu la grande Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 GORNOSLASKA 45 63 mission de reparer le corps supplicie de la capitale et de le refaire neuf, plus fort et plus beau. Nous penetrons dans un couloir aux doisons de briques et de bois. Ce n'est pas riche. C'est pourtant qu'on decide du destin d'une grande ville socialiste. C'est pourtant la, comme on me le dira tout a l'heure, qiie le president Bierut vient lui-meme se rendre compte de l'etat des travaux et discuter avec les techniciens et les employes. Certes, ii y a par ailleurs un ministere de la. Construction, un Bureau central des projets. Id toutes les decisions arrivent et prennent lignes et formes sur d'immenses cartes ; c'est la quo l'on peut voir les images parlantes de l'ancienne Varsovie, de Varsovie detruite, de la Varsovie reconstruite, de la Varsovie de demain. Ii y a des vues cl'ensemble ; ii y a des vues de detail. Les cartes sont doublees de maquettes blan- ches, vertes et bleues. J'ai vu le merveilleux atelier des fabriquants de maquettes avec ses minuscules outils, ses pots de colle et de peinture, ses lamelles de contre- plaque, ses feuilles de gros carton, ses menus pinceaux, ses regles graduees, ses planches a dessin. Un atelier de Pere Noel oa l'on imagine la joie qu'eprouveraient les enfants a y vivre, a mesurer, a tallier, a coller, a peindre. La Varsovie de demain est la, avec ses avenues, ses pares, ses ponts, ses stades, ses monuments, ses hopitaux, ses ecoles, ses usines, ses eglises, son port, ses voles fer- roes, son metro. J'ai l'impression d'etre arrive au pays du merveilleux, l?a se fabriquaient les belles et gra- tuites histoires de nos miffs de Noel. Mais je pense, en un-rapide retour de pensee, a tout ce quo cela signifie, la realite qu'il y a la, aux efforts de l'esprit et des mus- cles, aux sacrifices consentis pour que cela devienne vie. Je pense a ces macons qui, a raison de 6o.000 briques par Jour, vont faire de ces liliputiennes constructions les grandes, belles et chaudes maisons des hommes. Tout un peuple de batisseurs va intervenir. Ici, dans des Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 64 LA POLOGNE bureaux derisoires, travaillent seuletnent 120 personnes, sous la direction competente de Zygmunt Skibniewski, 120 personnes qui savent quel grand ceuvre est le leur et dont je devine gulls sentent qu'ils sont des privilegies. us ont vecu, au jour le jour, la reconstruction de leur ville. us en voient la construction jour apres jour, ligne apres ligne, volume apres volume. Ds sont dej& les habi- tants heureux de la Varsovie de demain dont us connais- sent reteridue, l'amenagement et les details. us vous en parlent, en effet, comme Si tout etait chose faite. us savent quo tout sera chose faite. Vtie cavatiere de la Varsovie d'avant-guerre. M ous voici dans la salle des cartes. tine adjointe de 111 Zygmunt Skibniewski, jeune, elegante, attend nos questions. Tout naturellement, Halina Wisniecowska park un francais Ire& put et tres aise. Ittontrez-moi, voulez-vous, la Varsovie d'avant la guerre. Sur une grande table, Halina Wisniecowska deroule lute carte de pres de neuf metres carres, toilee, en couleur. Varsovie, avant la guerre, s'etendait sur 121 kilo- metres carres II y a le fleuve, puis sur la rive gauche une frange de terre basse et etroite, puis une haute terrasse, puis la ville allongee d'apres un axe nord-sud. (i Au Nord, et pres de la Vistule, c'etait la vieille ville, Stare-lliasto, gothique et baroque, avec, sur son coin sud-est, le Palais royal, et, sur son coin est, le ghetto, quartier aux rues pressees, etroites, peuplees d'artisans, de petits commercants, d'ouvriers. cc Au lux et au xx? si?e, la vile s'est continuee an Sud, le long de deux axes paralleles a la Vistule, Nowy- Swiat et la Marszalkowska, axes coupes transversalement Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CORNOSLASKA 45 63 par deux voies commandees par les ponts de la. Vistule, l'actuelle artere Est-Ouest qui part du pont Dambrowski, et les allees de Jerusalem qui prennent leur origine au pont Poniatowski. a ?scond ensemble comprenait le guarder des af- faires, des palais et des pares; c'etait le guarder de luxe. Ici, le pare Lazienki, la, celui du Belvedere. ? E y avait aus.si les ministeres et les ambassades. Voila oa Sc trouvait l'ambassade de France. vieille vine et la ville bourgeoise etaient nette- ment separes par ce qu'on appelle l'Axe saxon, ici. a II y avait des usines et des quartiers ouvriers, des banlieues desesperement disgraciees et monotones. D'abord, sur la plaine basse, entre la Vistule et son coteau : c'est un coin humid, toujours convert de brouillard ; les fabriques et les immeubles de rapport ajoutaient leur laideur a sa tristesse. Ensuite sur la rive droite, a Praga, surtout. Apres 1919, 'Industrie occupa en ordre disperse toute la peripherie de la vile. au Sud, Mokotow, a ? l'Ouest, Ochota, Kolo, au Nord, Marymont et Zoliborz, l'industrie et ses inevitables boites a loyer, ses inevi- tables taudis. Des quartiers sans canalisations ni eau courante ni electricite, ni communications entre eux et le centre de la vine. Aucune verdure. Pas un seul ter- rain de repos. Nulle installation culturelle. Les immeubles n'etaient que casernes plongees dans la boue et la salete. a Tout cela etait fait au hasard des improvisations et des speculations. C'etait desordonne parce que 'lyre a l'initiative du capital prive. Ii y avait une repartition de la population par classes sociales. Dans son ensemble Varsovie etait une ville laide, peu confortable pour la majorite de ses habi- tants; dure a sa population laborieuse. Qu'il suffise 4:11ndiquer que dans les quartiers ouvriers une seule piece d'habitation devait stare a quatre personnes 1 Ii n'en 5 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 66 LA POLOGla &sit pas de meme, faut-il le preciser, dans le quartier residennel, oh tine seule personae disposait, en moyenne, de sept pieces. Evidemment, le cubage moyen d'une place etait dans les grands a.ppartements bourgeois incomparablement phis eleve que celui d'une piece dans les logetnents ouvrims ; celui qui habitait un apparte- ment luxueux, se cotnposant de plusieurs pieces, bend- ficiait d'au moms dix fob plus d'air et de huniere que le loca.taire d'Im logement compOse cruse seule piece. ? Avant la guerre, tons les efforts tendaient a ame- Borer les conditions d'habitat de la bourgeoisie et des haub fonctionnaires, cependant .que les conditions d'ha- bitat de la classe ouvriere ne cessaient de s'aggraver. ? Comme l'a dit le president tierut, nous avons trouve les 'debris d'une vale bitie sans auctin plan, avec des quartiers ouvriera fantastiquement surpeuples et negliges, et des quartiers aristocratiques abondamment pour- vas et Nen amenag,.... Nous avons trouve une ville oh les droits naturels de l'homme a l'es- pace, la huniere et It la verdure avaient ite Ates a la classe ouvriere. Didie I M. Claudius Petit. Jvais vous demander de me faire le compte de la reconstruction au point oh elle en est a present. -- A present, et depuis un an, coups Halina, nous ne parlous plus de reconstruction. La periode de la reconstruction est pasiee. Nous discos construction, et nous avons en Pologne tm ministere de la Construction. Excusez-moi, Mademoiselle, je suis Francais, et chez nous, Miss !flys encore un ministere de la Reconstruction. Je voulais dire, ow, que cc que je Youths* apprendre et voir sur vos cartes, c'est ce que aera devenue la Varsovie du plan de six ans. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ? GORNOSLASK A 45 67 II est necessaire que je vous donne quelques chif- fres stir ce ,qui a et6 r6alisd au cours du plan de trois ans, c'est-kdke jusqu'a la fin de 1949. q?Avarit,,10? guerre, pour une population de 1.300.000 babitazts le ,cubage des batiments de Varsovie 4)3 millions de m3 ; la destruction laissa 26 lions dem3 debout, mais en fort mauvais ?t et a peu pies inbabjtabl. Vers la fin de 1949, le cubage nette- 'meat jlaktike atteignait 44 millions de m3 pour une P?Pula49n,,e??99...90Q habitants. 0 Cos mules montrent qu'il nous reste beaucoup faire, %ix plan de six ans est l?our y penser. Com,14en les 18 millions de m3 reconstruits pen- dant les, tmis. ans representent-ils de pieces d'habita- tion ? ? ue prevoit le plan de six ans ? De quoi loger fres confortablement pres de 900.000 habitants, En fait, Varsovie, en 1955, ne comptera que ecso.000 habitants. C'est dire que tout le monde sera eenictrtablernent loge. Nous aurons cependant abattu pas mai d'irnmeubles. ? ?Vous aurez abattu des ?immeubles ? /vIais oui, de vieux immeubles retapes ou des im- rneubles neufs qu'il aura fallu construire, id i ou , pour parer au plus press& Vous comprenez, ii faut que Varsovie possede de larges avenues. Alors, ce qui pour- raft gather la perspective, nous le demolirons. Les habi- tants de ces maisons condamnees savent, des maintenant, gulls auront a &tanager. us savent gulls seront relo- Os et oil us seront reloges. Ils savent aussi qu'ils ne perdront pas au change, loin de l?Chez nous, il n'y a jamais d'expulsion sans relogement immediat. Mais ces chiffres que je vous donne ne vous disent peut-etre pas grand'chose ; iLs ne valent que si l'on a vu, avec ses yeux, ce qu'ils representent dans la vile Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOCNE elle-rnAme; sortez, promenez-vous et regardez. Nos pro- jets ne restent pas dorsi* dans des cartons. u je voudrais encore lotus dire qu'avant la guerre, 6o pour cent seulement de la population itaient bran- ch& sur les canalisations d'eau de la yule. Le plan de six ans assurers l'usage de l'eau courante a go pour cent do. la population de la capitate I Une capitale socialist.. DOINEZ-VOUS me dire quels principes mspirent les constructeurs de Varsovie, car, n'est-ce pas, vous ne batisez pas au haserd et n'importe comment? C'est sr, l'anarchie West pas notre fait. Un sent ptincipe nous inspire et nous du'ige VELTS0Vie sera tine ville socialiste. Qu'est-ce gee cela vent dire? je vais essayer de vans le demontrer. 13 .faudra d'abord de l'espace pour tons, de l'air pour tots, de la verdure pour tous. La Varsovie d'hier, avec 1.300.000 habitants, se serrait stir 120 kM2. La Varsovie gue nous construisons reetalera sur 1.800 km2; tile aura 2 millions et demi d'habitants. Paris a une auperficie de 86 kratz. Sur ces 86 km2, s'entassent on InventIt leur aise, scion lent condition sociale, 2.800.000 habitants. --- OW, je vois. 2 millions de Varsoviens seront ins- hats sur 1.800 lanz pendant gue 2.800.000 Parisiens se contenteront de 86 kmz. 1.3n Parisien disposera d'un u espace vital o de 30 M2, un Varsovien d'un ? espace vital e de 720 1fl2. -- VOUS comprenez qu'avec sine tette superficie, les pares, les jardins abonderont, et les larges avenues les stades et les imnsenses places. Au pied de l'escarpentent de la. Vistule gue l'humidith rend inhabitable, ii y aura Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CORNqs.L4wA 45 69 1111 pare de culture et de repos. La vieille cite, avec se; bureaux et sea ?habitations, sera encerclee d'arbres. Les 800.000 habitants de 1955 disposeront de 3.500 hectares de terrain boise. ? Deux stadgs sont pr6vus, l'un au Nord, l'autre au Sud ; us pourront recevoir chacun 40.000 spectateurs. Votre stade de Colombes a une capacite de 6o.000 15ia.ces. De plus, chaque quartier, au sens que nous donnons id a ce mot, aura son stade particulier. cc Aq. dela du _plan de six ans, nous prevoyons, dans Ia. :4Aion such construction d'un stade qui pourra conteng, o os? yiFteurs. ps places seront peut-etre les plus vastes et les plus monumentales du monde. Qu'il s'agisse de la place de la Banque, de la place de Saint-Thomas, de la place de l'Iatel-de-Ville, de la place Grzybowski, de la place de la Gare on de la place des Trois-Croix. ? Vous ,sav,ez ce que sera la nouvelle Marszalkowska, la vole Nord-Sud, longue de io kilometres (la voie Est- Ouest n'en,compte que 6) dans son milieu, cette artere 'elargira ; II y aura la une immense place, la place du Yeuple, la place de toute la Pologne, vous comprenez, la place oti, aux jours solennels, viendra defiler le peuple do Pologne. C'est sur cette place que se concentrera la Vie sodale et sulturelle de la capitale et de la nation Excusez-moi dans mes explications je mele un pen tons l 61ements, mais, n'est-ce pas ? tout se tient et qtatid on parle de vile aeree, ii faut bien parlor aussi de culture, de democratie... ? De socialiszne. ,une capitale socialiste appartient a tout le pays, a tops les habitants du pays et non pas seulement ceux qui Filabitent. Il ley aura aucune opposition entre la vile et le reste du pays. La capitale rendra au Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 70 144 POLOGNE pays plus qu'elle n'en aura jamais mu. Elle Ile sera par wie cite tentaculaire. Nous sommes pour les beareux equllibres Los beaux quartlers ? Pour taus. n &endue, et malgre ou a cause de son eten- due, la vine sera une; elle ne possidera pas de faubourgs. Tous les quartiers seront, 1111011 les memes, du moms en possession du merne confort, des memes facllite..s de communications, de la menu hygiene, des mettles ittributs cuiturels et sporfifs. La repartition de la ,population ne tiendra nullement compte des conditions 'ales, et pour cause. Notre president Bierut l'a dit let 1949 les terrains qui, autrefois, etaient'llabites uni- quernent par la population aisee serunt affec- t& aux cites ouvrieres. Les habitations ouvfieres eitendront, entre autres. le long des deux plus grandes et des deux plus belles arteres; Alla volr qui est loge a Marienstadt et a Nowy- Ssriat I 11 faut roinpre avec les traditions qui consis- talent a refouler la classe ouvriere dans les faubourgs. 11 n'y aura meme plus de cc que, entre gens du metier, non; appelons la ? segregation professionnelle ?. On tassemblera, autant que faire se pouna, ouvriers, em- ployes, intellectuels, commercants. 11 vi de soi qu'au centre de la ville oh des droits anciens ont ete respectes, ce systemic ne pourra etre applique qu'avec beaucoup de sou lesse 'est-a-dire ? h bien, voila, ii y a des commerronts qui doi- vent, tout de merne, etre loges Fes de letus magssins ; il y a des employes de banque, des fonctionnaires, y a interet a loger Fes du lieu de leur travail, les Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 GORNOSLASKA 45 71 servtees publics devront etre necessairement concentres pour des raisons qui se devinent. II en sera autrement dans les cites d'habitation construites en pleine ville ou en bordure L?eront loges indistinctement des habi- tants de toutes professions. Mak vous a.urez des quartiers specialises, si je puis dire, par exemple un guarder diplomatique, un guarder universits.ire Ow ce ne seront l?ue des exceptions, encore faut-il preciser que l'interet que nous accordons a notre Universitk, a nos instituts, a nos grandes Ecoles, no cites universitaires, nous obligera a ¢er nos constructions Ii y en aura, comme ii y en a toujours eu, sur la crete qui domine la Vistule ;ii y en aura aussi dans la partie sud-ouest, au milieu d'un grand part que nous amenagerons dans le quartier de Mokotow ; cet ecIatement interessera surtout la Faculte des sciences et la raculte de 1116F1e4#e, , o A oes etablissements d'enseignernent superieur le plan de six ans accorcle 830.000 m2 de constructions nouvelles, Nous Fonstruirons en plus de celles qui exis- tent deja, 66 ecoles primaires, 22 ecoles secondaires, 50 ecoles professionnelles. Nous construirons surtout 130 ecoles maternelles ; eela reduira la distance de la maison ti. l'ecole. ceia permettra aux femmes de s'inte- grer dans la production ; elle.s auront ainsi, non seule- merit en theorie mais en prectique, des possibilites egales celles des hommes. Ville n14011419, propre, silencieuse. LYsqu'elle evoque un aspect nouveau de la construc- tion de sa ville, cette jeune technicienne qu'est Ha- lina Wisniecowska, assise a recuyere sur un bord de table memontre le quarticr, la cite dont il s'agit, le Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 72 LA POLOGNE point oil se trouve ce dont elle park. Les cartes changent, Pune rernplace l'autre : cartes au 1/50.000, cartes au iiro.000, cartes au 1/2.500 : on passe de l'enSemble au detail. A present, je vois mieux la vile. Varsovie n'a pas de secret pour vous, Mademoi- selle? -- En effet. Voyez ce plan, II est tout piquete de points noirs, de points rouges, de points verts. Cmieux, en effet, ce plan avec sa belle et onduleuse Vistule bleue, ses fonds acre ou jaune clair. Et tous eft points I Mais ce n'est point la ceuvre de peintre poin- tfiliste. Les points n'ont pas le charrne des coups de pinecau approximativement portes sur la toile. Ds sont en rangs et comme a l'alignement. je regarde mieux : ii ne s'en trouve que dans les limit rectilignes des immeubles ou des pates de maisons et de quartiers. je regarcfe Mlle Halina. C'est le plan des mouvernents des habitants de Varsovie :les points noirs, ce sont les habitants loges de maniere qu'on peut considerer Comme definitive; les points rouges, ce sont les habitants provisoirement loges, par etemple dans ces imrneubles dont je vous parlais tout b. l'heure et qui sont des immeubles destines a dis- parattre en vertu de nos regles d'urbanisme ; les points verts indiquent oti sera install& cette population non defuntivement !ogee et wile qui constituera cet apport dont nous avons besoin a Car II nous faudra recevoir encore beaucoup de monde, une capitale a besoin de monde, surtout lorsque, pour etre pleinement socialiste, ii lui est necessaire d'etre une vile industrielle encore plus qu'elle ne l'etait avant la guerre. En 1955, ii y aura a Varsovie 200.000 ouvriers dans l'industrie (cuir, vetements, livres, bati- ment, alimentation, industries & precision , electro -tech: rape, produits chimiques, metaturgie) Nous possede- rons, en outre, une immense mine &automobiles. Nous Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 GOPNO,SEASkA. 45 73 auris leve 5.-6Oo.000 m3 d'usines nouvelles, mais nos industnes ne seront plus itriplantees au hasard a ii y aura trois secteurs principaux : deux, au sud et S. l'ouest de la yule, rassemblcront des industries dites legeres : electrotechnique, automobiles, appareils de T.S.F., instruments medicaux, ampoules olectriques. La troisieme au nord de la vine, sur la rive droite. non loin de Praga, a Zeran, 'poectera les industries lourdes et ,tes industries desagreables par leur odeur ou leur funiee, -les industries chirniques par exethple. mats 9uel est le facteur qui a decide que les indus- tries fegeres seront a Wola, les industries lourdes et clesa- 'grea.bles a Zeran? -- trite wile socialiste doit etre une vile same et une ville ,propre. Coinbien"de vines industrielles construites an rtmleu des, usmes On no sait plus si c'est la vine qui Ita 4. ? estclans ou l'usine clans la vile ! Vous savez, les rS, logis noirs, cette ?deur oti ces odeuts qui se meient' clans les veternents, et jusque, dirait-on dans la ' pea.ii des habitants. A V arsovie, le vent souffle d'Ouest en, ,st. Installer nos industries desagreables a l'ouest 4, la vile c'etait couvrir celle-ci de firm& et rabattre sur Ale thntes les pitanteuts ; Zeran, les odeurs et les ? futpees sen vont, dies se perdent sur la campagne. est ,aussi pour une raison &hygiene physique et augr, comment dirai-je, une raison psychique, que nous n'au,rons plus de trains au charbon a l'interieur de la vale- Sur tout le territoire de la grande Varsovie les trairta seront electrifies, les locomotives a vapeur res- terent loin* nos portes. ourquoi dites-vous une raison psychique ? fait proteger les habitants d'une vile contre le plus de bruit possible, contre tous les bruits si possible. La, population citadine a besoin de silence, elle a droit au silence; cc silence, nous le donnons a nos immeu- bles, & nos cites, a nos guar-tiers et, par voie de conse- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 74 14 POLOW trance, a is vile entiere. Les bruits interieurs ou et- neurs reempecheront personae de bien dormir, ; les gros vdticules, les W.-hist:1e5 al bruit ;le pourront pas pent- ter k rinterieur de la, cit, ils passeront sur les bords et an large. Transports. A Varsovie de x.tioo km2 de superficie, que vous de- ? uottpez l'Ensecable municipal, aura besoin de se- de= .moyens de transport a cause de son etendue et d'antant que si vous logez vos ouvriers jusque dans le centre fkla vale il sera necessaire de les vehiculer jos- quilt huts usines qui se trouveront, elles, en bordure ? Vstre question sem,ble vouloir dire que la segre- gation sociale l?a elle est une regle, a Paris par e.xem- pie, place le travailleur pas de son lieu de travail, bureau, wine, &Wier, er-ole. Vous savez qu'fi n'en est nuliement ainsi et que tous les ouvriets et techniciens des usines de Boulogne-Billancourt n'habitent pas. et loin de l?Boulogne-13illancourt. 11 en est qui habitent 20 et 30 km. de Boulogne-Billancourt et qui passent ainsi just: 3 et 4 heures par jour dans vote metro, vos auto bus, vos trains de petite et gra.nde banlieue. Cela dolt etre trt$ mauvais pour Ic rendement, mai,s east certainement mauvats' pour l'homme et la femme eu.x-ratmes qui. le soir, se trouvent etre fatigues, sur- meats, et aussi pour leur fatale. A ces ennuis s'ajoute le hit title vous coupez Ia journie en deux. Vous finis- sez a duc-huit, a dix-neuf heures, sinon plus tard. i.e temps de faire une toilette sommaire, de regagner le lointain omi?e, II ne reste plus que la force de manger et (le se coucher. Chez nous la journee est terminte a seize heures : ii n'y a eu a midi qu'un Leger arrtt pour absorber une legere collation. Le soir, nous avons le Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 GORNOSLASKA 43 75 teMps de faire nos courses, dialler, a clix-neuf heures an theatre, au concert ou au cinema j'ai cionnu la vie de Paris. Ele est hallucin ante pour la femme qui doit etre ouvriere ou employee, mere de famille, menagere, euisirdere. 'rake une ville sans quartiers d'habitation specia- lises, cela vent dire d'aberd que les conditions d'habi- teflon seront les memes pour tous, que tout le monde sera contortablement et sainement loge. Ceux qui tra- vellierOxit dans le groupe industriel sud habiteront Moltqtow, Wierzbrno, Miaow, Okecie. Ceux qui tra- vailleront dans le groupe ouest habiteront Rol?, Wola, no*,-Sre miescie, Ochota, Rakowiec. Ceux qui tm- Wont dans le groupe nord (rive droite surtout de la ristule) habiteront Maryrnont, Mlociny, Brodno, Praga, TargoWek tin travailleur ne devra pas employer plus d'une demi-heure pour se rendre a son travail Cu en reventr. Mais ces dispositions ne nous empecheront pas d'avoir un systerne de communications ties &ye- 1?P,P? o dui, ii y aura d'abord ces avenues de longueur jus- quici , inconnues comme la vale Est-Ouest, comme la Marszalkowska. prolongee. Dans le cadre du plan de six arts, nous comptons construire en plus 50 km de rues importantes ; nous multiplierons les lignes de trolleybus, de tramways , d'autobus ; nous creuserons une premiere ligne de metro qui partira du centre pour aboutir a la limite nord. C'est vers le Nord que la vine se develop- peta et c'est dans cette direction que se trouvera le centre inclustriel de Zeran et le port. D'ailleurs, des /956, d'autreilignes de metro partiront du Centre pour se rendre dans les diverses directions, en etoile ; cela fera en tout 26 km de metropolitain II faut dire que nous ?irons, ou , un port T..Tn port? Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE le plan de six ans prevoit l'amilioration du do la Vistule,en mord et en aval de Cracovie, Mat ridruS dattlihilicons des maintenant la construction dn port de Varsovie, un tres grand port. La vile possede deux pants; en 1955, elle en possedera trais, rnais nous pensOns 4 al construire quatre autres par la suite. Notre patique de construction, vans le voyez, est lain d'?e une.politique a la petite semaine. Nous sommes tene- ment salts de notre Avenir Aurez-volls 49; liars COW= Wes de Pols ? Pinsez-vous I 11... est difficile d'imminer que les Fraricala tolere.nt encore le systeme des Italles, taus ces ttalagea en plein air, au ?mar de Paris, dans des rues plus on mains larges. ?n'a rien de bien hygie- nique- tout cela la circulation de votre rive eraite se trouye considerablemept genee pendant une grande partie de la journee. Certains trouveront c.cla pitto- rogue ; ici nous ne vo*ns plus de cc pittoresque-la I II y aura a. Varsovie des centres cornnierclaux de quartlers, tout un ensemble de cooperatives, d'entre- pots, de frigidaires, tout un reseau special de distri- bution 4es produits laitiers et de la viande ;ii y aura de grinds rnagasins d'Etat. De gmnds hopitaux. de nouvalei centrates eectriques, une nouvelle usine a gaz sont d? en construction. lirou?s me deniandiez quels etaient nos principes? P 'sire u4e yftic social*, la faire avec la volonte, l'en- tbousiasme de' taus -les rolonais, faire tine vile belle et' heurelise. Et rola le Parti warier usifi Tom eels est plus facile a. dire qu'a faire. Et nous sa- MIS fort bien n'y ,a pas de miracles. II n'est surtout pas possible que les chases 4trint crites au dessi- nees, bien ecrites et bien dessinees, dies se realisent Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 GORNOSLASKA 45 d'elles7mernes on meme sous la direction d' une adminis- tration si bien organisee, si devouee soit-elle. L'aide et l'experience de l'Union sovietique n'interviendraient ?pas pleinement, avec le maximum de puissance, s'il n'y ,-avlit pas en Pologne des hommes et des femmes (lament organises et decides a se faire, au prix de tous les sacri- fices, les conducteurs de travaux du peuple entier et dans tous les secteurs de l'activite. sous les yeux la traduction de l'expose fait en ufllet -?.940 par le camarade Wich devant la Fed& ?ration varsovienne du Parti ouvrier unifie de Pologne, Federation dont Wich est le secretaire general. Cet expose &a rien d'un travail confidentiel. Ii a.-ete publie -extenso par le_quotidien du Parti ouvrier unifie, Try- udu. Ily a la une analyse critique qui va pro- of de Ciractere irnpitoya.ble. Rien n'est passe sous 'tes rnethodes de travail en equipes sont insuffisam- nicht alvliguees...' La preparation? 'du terrain a batir est astOujours bonne... Sur les chantiers se cons- Iateitde_nombreuses Courses a vide, de longues periodes 9,,,sfationnernent.. Ii y a des postes- surCharges de fraVai e a41.1tres qui n'en ont pas suffisamment... -Dans un chantier, on a creuse une galerie souterraine pour evacuer les gravats vers un emplacement eloigne cin4 kilOmetres alors qu'a quelques dizaines de metres' de ce &antler une autre entreprise faisait venir d'un lieu distant de deux kilometres les gravats dont elle avait besoin... Bien que nous souffrions d'un manque cons- ant' 'de specialistes, le plan de formation de nouveaux cadre tea, p?ete realise 'dans sa totalite... Le systeme cjePartition'des 'cadres 'techniques aceuSe de grossieres eng::Surui ndinbre _total de 650 ingenieurs en acti- Xit6, ,243 trakaillent sur-les auntie's et 298 dans les divers rpuseils et associations centrales... Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE Cs ;a rt de With fut suivi d'une discussion, ainsi quo lee autres rapports presentee au cours de la =thence p. Mine, delegue du CA:mite central du Parti ottvlier unit* et ministre de la Coustniction, fit le pottit des discussions et tira, comme on dit, les conclu- skins. Le !engage fut toujours realiste et vrai. VIII a &lime americain a des allies chez ? els sont ces allies? Ce scot les clos- et; disloquees? les capitalistes et les rinds proprietaires tertian que nous avons ftaa? Is an. cows (les aaaes x944 et i945 et Ue none bannissons tons les jours. Allies de isnie tout as gene qui, avant la dant de longues alludes, furent les les agents de la bourgeoisie... Alliee de l'imperialisme est la fraction du clerge ainsi clue cc qui reste du mouvement terronste. Al- lies de l'impenaliame ou pinta set agents di- rects, les espions qui out ete envoy& chez nous? Et toys US combattent coutre nous. us tent notre economie. Ils s'efforcent de =der, de alarment la popula- ils speculent, lit stockent, ils tentent d'or- la panique... On a peu parte de tout I la presente conference... Nous scowls les commis inconciliebles du mal; nous lintons pour extirper le mal. au cours de la presente conference, il a ete fort peu question de la lutte acharnee qui doit etre menee mitre tout ce qui est mauvais. II Sigubleralt que tout Varsovie soit bien. Cepen- dant 11 y a encore beaucoup de racaille et de Crapulerle. Nombreuses sant les personnes qui se ent du fonctionnement des institutions, deJa bureaucratic qui y regne et qui les renvoie Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for, Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 GORNOSLASKA 45 79 d'un guichet a l'autre. II y a encore beaucoup de desordre dans le commerce et en c-e qui conceme la refection de l'habitat. Au cows de la, conference, OD n'a pas senti de passion dans la lutte a mener contre ce mal... Ii faut mettre fin a cette ambiance de dimanche... Trop soirvent encore, chez nous, on dirige la construction du socialisme depuis la table autour de laquelle on est assis... ... Nous disons que Varsovie est un chantier de construction: nous avons construit tant de batirnents, ta.nt de pieces d'habitation, l'artere Est-Ouest ; nous conitruisons actuellement la Marszalkowska. Tout cela est vrai. Mais ii serait utile de se rappeler egalement que l'on peut voir dans certams quartiers, a Zoliborz nota.rnment, des facades ecalees, des traces de banes qui prouvent que personne ne pense les fake disparattre et a les revetir. II y a en- core des rumes, de la salete et de la =sere a cote desquelles on &lift la Marszalkowska et on &eve des maisons. Peut-on tolerer un pareil ?t de choses Waxy Minc ten-nina sa critique des &bats et de l'acti9a pass& de la Federation varsovienne en souli- ant, entre autres, que cc voter la meilleure des reso- uti. ons est inutile si l'on ne controle pas sa mise eieCution et son execution... ? Dans la definition de Ia. Planification socialiste, la question du controle constant est pour ainsi dire la chose essentielle. II n'y a pas de miracles. 11 y a l'intelligence et la volonte de l'homme tendues vers une fin. Ces explications apportees par les textes que j'ai Cites valent pour Varsov re et la Pologne entiere. Elles font a preuve que, sous la conduite du Parti ouvrier unifie, ? Ic Para des masses et de la vie ?, la classe ouvriere joue son role dirigearit avec clairvoyance, cou- rage et autorite. Elle est devenue le moteur de l'histoire. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LE MAN1FESTE DE JUILLET Nationale NOVsBristol, jai assez peu dormi. Toute la mit, Var- Sommes le 22 juillet. La, dans ma chambre 40:vie 4'a tte que bals, chansons et musique. On a cAalAt6 e dans6 sur toutes les places, sur les bords de la Vistule, clans toutei les salles de restaurants et de cafes. On a dame dans les salons di rez-de-chauSsec do Bristol j'ai ma c.hambre an premier etage ; je n'ai rien perdu de ces rejoalssances nationales. Le 2; julllet est, en effet, la f? nationale de la Retiaissoncepolonalse. Vraiment a ceux qui se fi,gurent, dans certains pays d'Occident, quo la Pologne nou- velle est tnecontente, triste et desespette et qu'elle sou - hake 1:explosion d'une troisibme guerre mondiale pour se sortir de l'esclavage totalitaire oh elle serait tenue, je cot:defile de fake un tour par ici en ces jours fastes. Jo pense an 14 julllet que?P ? al vecti a Paris, ii y a seulemmt, huit jotus ?manquait bien d'entrain et de conviction chez nous ! Les bals furent pea fournis et sans joie, et pour cause! La vie est dure, les spuds sot uombreux, llindependance nationale est compro- mise, la volante de guerre de nos gouvemants n'est plus ignoree de personne, les grands principes de 1789 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 $14NIFESTE DE JUILLET 8i aont violes tous les jours. Le 14 juillet, chez nous, notre gouvernement accomplit sa corvee rituelle a cote des Champs-Elys?; il se debarrasse de la ceremonie offi- p4ement, sans y croire, et sans que le peuple y soit. Le peuple, lui, il est du cote de la Bastille et de la Nation, du cote de la Republique, a donner son vrai sens ?ne 4ya.nde date, a revendiquei pour de meil- lepres conditions d'existence et pour une politique de alX. L'entrain, l joie que j'ai constates ici sont presque renants. Cela durera- tout aujourd'hui, samedi, et lusqu'a lundi matin sans desemparer. Je suis passe d'une place h une salle de bal. J'y ai constate combien fi se consommait peu de vodka. J'aurai juste rencontre tui ivrogne en regapant l'hotel. Jeunes et vieux con- sorntrient de la biere, de l'eau minerale et beaucoup de gIaces. joie of entrain reont rien d'artificiel. rad 4p.ssi ete frappe par la sante de tout ce monde, par la fraicheur des toilettes ferninines, par la decence de masculin. Beaucoup de militaires, soIdats, officiers, meles au peuple, tous bien decouples dans leur ;towel uniforme, visages sculptes sous la nouvelle cas- quette rondo et plate h courte.visiere, car c' en est fini de la quadra.ngulaire schapska. Les chants que l'on entend sont ceux de la vieille Pologne. Ce sont ceux de la Pologne d'aujourd'hui. Ce sont souvent les chants de la Resistance. Ii en est un qui dit la nostalgic des Polonais pour la Varsovie qu'ils ? quittee? il en est un autre qui dit leur joie d'avoir r,ctrouve Varsovie reconstmite; il en est qui celebrent I.Wfart et la paix. Je sais que dans tous les ministeres, par exemple, lcsfonctionnaires ont dispose des vastes salles officielles ?lir 5se reunir, danser, chanter, eux et leur famille. es liauts responsables, les ministres eux-memes etaient l?e pense a M. Robert Scriuman entralnant dans 0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 82 LA POL.OGNE tine valse encliablee la femme de son hai.ssier, on celle du concierge du Quai d'Orsay S les minis' tres descendent sur les places publiques et dansent parmi lent peuple. Les generaux en font autant. Personne ne s'etonne ni ne s'exclame. Tout cela est tres naturel. Chacun se sent en famine. Ma promenade a travers Varsovie, cette nuit, m'a menage d'autres surprises. j'ai vu des hommes et des femme travailler la lumiere des projecteurs aux abords de la Maison de la Parole et du cinema Moscou. Ces ouvriers avaient decide que la Yfaison de la Parole, et le cinema Moscou seraient prets le 22 juillet. us te- intent lent engagement. La celebration d'une fete, en Pologne, c'est d'abord un proves dans la cons- truction du pays, une realisation nouvelle dans le clomaine culturel on social. Les banderoles qui s'etalent sur les facades des edi- fices publics, qui decorent les bals en plein air qui traversent les rues dans lent largeur, portent toutes un Mot. que tout etranger est oblige de connattre. de Savor lire et prononcer, tant il est sur tons les murs et sur toutes les levres : Pokoj.! ? ? Paix ?. y a de la joie ifeNi matin du 22 itlinet, Jo suis done dans le ball du Bristol, abime dans un fauteuil. Non, je no dors pas. II y a eu les flons-flons de la 4 joie populaire de cette nut. Ii y a en ce soleil qui, en Pologne, se 'eve si tot: b. 3 h. du matin il fait (Ai clair vers l'Est ; tres Ate le del devient d'un blanc a petite teinte de bleu et ii ne s'agit plus de dormir. Alors, on saute du lit, on prend un bain, on s'habille a la va-vite, et ron s'en va an basard, et on regarde et on &mite. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LE MANIFESTE DE JUILLET 83 Aux premieres heures du matin, dans la rue Karowa, qui descend vers la Vistule, et au-dessus de laquelle j'ai ma chambre, ca a ete un va-et-vient continuel e groupes de jeunes gens qui, bras-dessus, bras-des- SOUS, pa.ssaient en chantant. Apres une nuit de danse, ils salualent le jour. Je n'ai vraiment pas dormi et ,Jo t?a.i aucunei envie de dormir. Mon fauteuil fait face l'entict les gens vont et viennent, entrent, sortent, gaghent ,eur -cbarribre ou la salle du restaurant. Jo les diselyR et. Iressaie de sa.voir qui us sont, cc qu'ils font : la mine est toujours conforta.ble, cc sont les visa- ges et ,res mains qui m'apprennent qu'il s'agit la de travailleqrs ceux qu'en France, clans note pays petit-bourgeois, certains appelleraient avec tine petite rootie des petites gens. Los ellipses en sont l?les hOtels de Pologne, et les plus renommes, sont remplis d'ouvriers, d'enaployes, de paysans. J'en eprouve une impression de securite, (le delassement. je sors. vale, il est dix beures,, est pleine de la musique dispense par des haut-parleurs, de la musique de danse, des valses, c'est stir, et c'est stir encore, des polkas et des mazurkas, mais aussi des tangos, des boogie-boogie et des sambas. Et l'on danse encore et toujours. De la musique aussi de varietes comme disent les programmes de la Radiodiffusion franeaise, avec des chanteurs dont les voix no manquent pas de charme. Quant moi, en me dirigeant vers Marienzstadt, je fredonne : m Y'a de la joie 1 Y'a de la joie 1 ? La Vistule s'etale sous mes yeux portee de la main, jaune-vert, rid& par moment par une brise vivace qui fait se pencher plus fort les voiles blanches. Au dela, ii y a Praga et la plaine infinie, mais qui n'est qu'une ligne verte bordant le ciel a peine azure avec, par-ci, par-la, des dentelures de fabriques ou de bou- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 84 LA POLOGNE quets d'arbres. II tie fait pas chaud et j'ai rimpression d'?e an printemps. A Marienzstadt, surprise la place, entouree de ses facades aux lignes anciennes, mais crepies de jaune ou de ruse ou de bleu ardoise, est a recart et comrne stir- elevee un peu, puisque sur run de ses cotes on y accede par quelques marches, la place, aux arbres jannes et ntairs, est peuplee d'enfants, d'enfants qui dansent. Sur tine estrade des musiciens tres serieux ne s'arretent de jouer des rondes que pour pemiettre a un jeune bonimenteur de raconter des histoires qui attendrissent les =mans et font partir de grinds Mats de rire clairs la foule enfantine. Pub, raccordeon fait un rrean imperatif, brutal et rigolard; chiscun s'arrete, rorchestre sur I estrade, les enfants stir la piste, et Ia musique repart, repartent les rondes, repartent les chan- sons. Et je me surprends a. dire a haute voix, sur le ton des parades de foire tt Et en avant la musique I ? Je tie suis pas soul a etre gagne par tonte cefte jeune insouciance; des couples de grandes personnes se met- tent en piste, et ca danse, ca danse, ca tourne tant quo ca pent. Tout autour de cette joie des. grands et des petits, sou' les galeries de modele ancien des maisons chement construites, sont installees des etageres mobi- les,legerement inclinees d'avant en arriere, peintes en bleu, en vert tendre, en rose. Sur les rayons, des jouets on des byres pour les enfants et la jeunesse. Je tie connais malheureusement pas Ie polonais, mais je sais apprecier un livre dans sa forme materielle, son papier, le brochage, le caractere d'imprimerie, Je feuillette des volumes pleins de merveilles pour les yeux. thielles belles histoires il dolt y avoir blI Les prix? Quelques dizaines de zlotys. En France, il s'agirait de quelques centaines de francs I Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LE MAIO*TE DE JUILLET 85 - Du ctit6 des jouets, on ne peut parler de sembla.bles perfections. II s'agit de jouets en bois, animaux, trac- tem, de jouefs en gros drap de couleur montes sur fil de ler, Ti y a aussi de jolies poupees avec les costumes du folklore. Mutes les provinces de Pologne sont repre- setitees, je ne sais nen de plus beau. je voudrais sa*Ir le nom de toutes Ies parties de ces costumes si oOlores, si brillants de boutons et de perles, si seyants et si lourd.s et ott, parfois, un collier d'ambre sa.uva.ge rilbt sa note bar are. Maison de la Parole A promenade se poursuit. Me voici au pied de la colonne Qjoi Sigismond. Le Palais royal est toil- jltirg r,etat deruine. II sera releve clans son aspect de toujoith. L'tdlise Sainte-Anne dont je vous ai dit Phis- tire miractileuse, le Faubourg de Cracovie. L'ami Wis- Triewski treattend. Nous allons nous rendre a l'inaugu- ration de la Maison de la Parole polonaise. J'ai long- temps hesite a me decider pour cette inauguration-l? jci le 22 juillet, on inaugure de tous cotes et dans tous les coins. Les ininistres sont sur les dents, l'un est a rinauguration de telle cite du cote de Muranow ou de gola,Iautre l'inauguration d'un batirnent admi- nistra?tif 4u oyer cuIturei, ou d'une cr?e, ou . . cr`Jin?sSad,,chrematigure pas qu'a Varsovie. On mau- gure dans toutela tOlogne. Les titres des journaux que j'arriVe a'il6clisiffre.r me parlent de Wroclaw, de S%ezecin, di-etE.covie, de Lodz. Cha,que vine a ses traya,ux Xpieienter a la Republique. De eette 1Vlais2R de la Parole, polonaise, j'ai d? vu la maquette, ntn dans le secret du cabinet de je no sais quel transcendant architecte ou haut fonctionnaire Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 86 LA POLOGNE la Reconstruction, mais bien dans la rue. Tout ici se passe a. del ouvert. La reconstruction on la cons- truction d'une vile, d'un monument, d'un stade, d'une ecole ou d'un hdpital, je l'ai d? dit, toute la popu- lation en est &aisle. Les plans, les maquettes sont exposes stir les places publiques, aux grands carre- fours, ou sous des galeries ou promenades couvertes. Les gens s'arretent, regardent, itudient, discutent. Sou- vent- ils transmettent leurs observations au service inte- resse. C'est ce qui se passe dans les usines oa tine boite aux lettres recoit toutes les propositions et sugges- tions pour l'amelioration des methodes de travail. Au- cime remarque West negligee, ni classee les yeux fennes, mais examine avec soin et, si elle est juste, on en tient compte. j'ai done d? vu la maquette de la Maison de la Parole polonaise. II s'agit la de la plus grande que l'Europe aura jamais possedee. Cela fait un corps de bettiment presque carte, de faible hauteur, quiencadrent, stir le devant, deux edifices transversaux legerement plus eleves completes chacun stir leur extre- mite laterale arriere par deux tours carries arrondies aux angles et a cinq etages de largeur et de hauteur degressives. Le halt principal al-niters un nombre impressionnant de rotatives geantes et de linotypes. Tout autour s'ali- gneront les bureaux et tous les services appropries. En dessous courront les tunnels par lesquels passeront les conduitou de transmission de chaleur et d'electricite, et oa seront menages les garages, les magasins de matie- res premieres. Le chauffage viendra du plafond. Toute tine installation de caractere social a Ate privue : can- tine, foyer recreatif, bibliotheque. Les entourages, comme diseut les architectes, seront c.onstitues de bandes sazortn6es et d'a116es plantt.es d'arbres. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LE MANIFESTE DE JUILLET 87 La Maison s'etale sur l'ancienne Place Casimir-le- Grand, sur l'emplacement des maisons environnantes et, entre autres, des Hanes de l'ancienne Varsovie. -En 1948, sur une superficie de 12 hectares et demi, ii ne restait debout que 66 immeubles fort endommages et fallut abattre ; cela a fait pres de 650.000 m3 de gravats a enlever. Les travaux commencerent le 28 juin 1948. Des sec- tions de travailleurs de tous corps de metiers rivaliserent d'ardeur pour &passer les nornaes, Prirent des enga- gements et les tinrent. Le grog de l'ceuvre etait pratiquement acheve en juillet 1950 et, en novembre 1950, les 2.500 delegues du 2e congres mondial des Partisans de la paix et lent important appareil technique, tenaient leurs assises dans I'immense fabrique et s'y trouverent fres a l'aise. Avec Wisniewski, nous arrivons sur les lieux. Les persormalites soni sur le hall d'acces. Le president Bierut est la, en costume Plain je reconnais entre autres le ministre Minc, le marechal Rokossowski. Le president du Cons ii Cyrankiewicz, parle. 11 dit la signification d'une telle r?isation Ii dit 1' impor- tance de l'imprimerie, du journal, du livre, dans une libre democratie. La Pplogne populaire ne fait pas que mettre briques sur briques. Elle dispense la culture a tous ; cue multiplie les livres et les journaux et les revues ; elle en fait des instruments d'emancipation ; elle sert la verite parce que la verite est l'arme par excel- lence de la culture et de la paix. Les membres des delegations qui font face aux offi- ciels ecoutent avec attention et comme avec recueille- ment, je me suis mis parmi eux et j'aime a reg4rder les visages des gens qui m'entourent, visages d'ouvriers pour la plupart et dont les plus emouvants sont certai- nement ceux de ces vieillards moustachus en qui je me plais a reconnaitre des representants du vieux mouve- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-0092eA005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 A POLOGNE Ment tevolutionnaire de Varsovie. Ce sant surtout ceux- a qui ant sauve l'hon.neur de la Pologne an temps memo tfi l'aristocratie et la bourgeoisie, fonctionnarisees dans leur grande masse, etaient passees au service du Isar, cies 'Hohenzollern, des Habsbourg. fideles aux pfus belles traditions polonaises, ont toujours lutte pour la liberte, l'independanee du peuple, de taus les petipIes. Ds ont ete les compagnons de Rosa Luxem- bourg, de Felix Dzerjinski, de Julien Marchlewski. us ant connu la repression tsariste, la repression de la haute bourgeoisie et des proprietaires terriens qui, en 2919. Sauterius par les gouvernements franca's. anglais dt arnericains, s'emparerent intftiment du pouvoir et transformerent la Pologne en une prison pour ses ouvriers et ses paysans, afin de pouvoir mieux la livrer en pature aux affairistes internationaux. Ces ouvriers evrohnes dc Varsavie ant caftan lioccupation et la Maslen hitlerienne. Ils n'ont jamais desarme ; ils leant jamais faibli. Ps ont fini par l'emporter. Unis aux Enouvements ouvriers de taus les pays, unis au man- vement revolutionnaire de Russie, ant su saluer la Revolution de 1917 comme le presage de leur propre Aeration. L'Armee rouge a delivre leur pays. L'U.R,S.S. tout entiere aide puissamment et fi-aternel- lement sa voisine dans sa reconstruction. Ces ouvriers ant en raison. Par la suite, a Varsovie, a Cracovie, a Gdansk, a Katowice, dans les carnpagnes comme dans les mines et les usines et sur les ports, leurs conlpagrions me diront : a II taut lutter encore; ii faut sauver la paix ?. Le President du Conseil Cyrankiewicz parte. Il fait l'examen de la situation dans ,le monde, il pane de la guerre de Coree, ii parte do la guerre du Viet-Nam. Non, il ne suffit pas que la Pologne soit independante et prospere pour qu'elle soit heureuse. Un peuple Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LE MA.NIFESTE DE JUILLET 89 aura le droit d'etre hpureux que lorsque tous les mitres peuples le seront. Le president Cyrankiewicz pule. Sur le toit du hall d'entree fiottent les oriflammes trottge t blanc sur le del -fres bleu. je suis la, an milieu es, meilleurs repr4sentants de la courageuse population de Varsovie, hommes et femmes, jeunes gens, jeunes filles. Voici que les yeux se font plus clairs, que les traits figes par 1' attention se detendent : on lit des citations a l'Ordre du travail. euri Krzyczkowski, l'un des plus anciens mecaniciens de rotatives de Pologne... Adam 'Slusarski, macon, 4.0 a,ns de metier, a fait phis d'e,i8o pour cent de la norme... Ambroise Fran- , charpenfier, a fait 29? pour cent de la nohne... Pierre Guzek, de 'equipe de beton- , nVe, a eta.bli le record polonais de la profession par equipe en realisa,nt 749 pour cent de la =Me, et en faisant a titre individuel 319 pour cent de la norme. Dos females sont citees cornrne Zofia Dlubinska, des inOnieurs - architectes comme Casimir Marzenski, Etienne Putowski, Sigismond Skibniewski auteurs du projet. 'La Radiodiffusion porte ces noms de travailleurs tons les Polonais de Pologne, a tons les Polonais vivant de par le vaste monde. inauguration se poursuit a l'inte'rieur de ce quion 611e le hall de production. Le moteur d'une rotative agrit 1a longueur ne finit pas a ete branche ; les rouleaux tournent ; le long ruban de papier se deroule ; des exem- plaires de trybuna Ludu viennent an jour. Sur leur ptenare page, us portent, en lettres rouges, qu'il s'agit la du premier numero sorti le 22 juillet 1950 des presses de la Maison de la Parole polonaise. - , - Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 90 L4 POLOGNE La joule des invites se repand dans l'immense passe par les promenoirs ou passages vitres aeriens, s'arrete devant les linotypes. lei, je voudrais dire fres simplement tine chose tres hnportante : des ouvriers sovietiques sont venus pour munter les liuotypes fournies par l'U.R.S.S. allez-vous penser, eest ordinaire : l'aide de l'U.R.SS., c'est connu ; sans cette aide, la Pologne n'en serait pas oh elle en est avec sa reconstruction et sa cons- truction ?. D'accord, mais je n'ai pas fini. Nous swanks Nen dans le hall di la Maison de la Parole polonaise, sur l'emplacement (Pune place detruite par les hitleriens. Des fandes bares vitrees qui ecLairent le hall, je vois les runes environnantes, les pans de murs billies. 11 y a dug ens, les stuluts, les tanks, les mortiers, fais' alma pleuvoir star Varsovie un deluge de feu. Tout flambait. Lee SS, draient is mitraillette star les pompiers var- soviens qui, contre toute esperance, s'essayaient a itein- dre quand mem le dantesque incendie. II fallait detruire la capitale et jusqu'aux pierres de ses vieilles murailles. Les hitleriens s'acharnaient comme us s'etaient acharnes durant cinr q ans a fusilier, a massacrer, a &timer je regarde les mines et je regarde ce bel animal d'acier multiplie, cet agregat de rotatives qui, a lui set!, pour- raft enorgneillir une capitale, et Pon me dit y aura dix ou quinze, ou vingt, je ne sais plus, de cevensembles- la dans ce hall. Et Von me dit que toutes oes machines qui aideront It la culture d'un peuple eta, faire un hornme nouveau, c'eat la Republique democratique allemande qui les a offertes la Pologne I Les ouvriers qui out month de maniere impeccable et a la date voulue l'agre- gat de rotatives, ce sont des Allemands. Non pas des prisonniers de guerre. Man des hommes fibres qui, dans le cadre de devastations que laissent voir les verrieres, travaillent au Oak des ouvriers polonais et sovietiques, Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LE MANIFESTE DE JUILLET 91 avec la Tame volonte de faire bien et vite, a nue ceuvre de paix. Je suis tout entier aux reconfortantes reflexions qu'on imagine lorsque je m'entends appeler. Noaro, comment allcz-vous ? Joseph... Et je me trouve dans un groupe joyeux de Polonais que j'ai connus en France. us etaient mineurs et metal- los depuis des 15 et des 2o ans chez nous. L'un a l'accent du Nord, l'autre du Gard, l'autre du Tarn. Je les con- flats blen. us se "S'ont battus dans les -'ings des F.T.P. et des F.F.I. Es S011t decor& de la croix de guerre de la Medaille de la Resistance. 'Au mois de novembre dernier, notre gouvemement les expulsait. Motif law: que : ma.uvais renseignements, complot contre la sttrete extetieure et interieure de l'Eta.t I Men que ca I Eux, us savent que le peuple de' France nest pour rien dans ces mesures qui les frapperent, dans les maiivais traite- ments qu'ils subirent au cours de leur expulsion. Jo sins ass, de questions. Comment ca va, l?as? y avait du monde au defile -du 14 juillet ? ,Je sors awn paquet de gauloises Wiles. Nous fumons avec delice. Carvin, Henin-Lietard, Lens, Escaudain, La.Moarnalie, Arras, Montcea.u-les-Mines, La Machine, asiille, Le Martinet, FirminY, Gannat : les norns de France partent de toutes les 'bouches. Que devient Jacques? Jean? Paul? Francois? 13allester ? cone ? Garot ? Courtois ? Briou ? Helene Chartier ? Hugonnot ? Barthelemy ? rAmitie franco- polonaise, ca tient toujours ? A mon tour de poser des questions: Que faites-vous ? ? On travaille, tout le monde travaille ici. Loges ? Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 92 LA POLOGNE -- Bien lovis et, vous le voyez, bien nourris, bien chanties, lien vetus et frais cornme des gardons I En diet, us ant des mine; superbes, mes amis polo - nes. Ils out aussi de bons metiers. Lorsque le moment est venu de se quitter, run d'entre eux me dit : ? Nous avons beaucoup appris de la classe ouvriere franiaise ; ses enseignements nous sant aujour- null de grande utilite. ? Ls Manifosts as juinet EN France, le 14 inflict, cola vent dire la prise de 1st Bastille. Quo vent dire en Pologne le 22 juillet ? 3'1)1 d? dit comment pendant la guerre derniere, les Poionais furent presents sur taus les champs de hataille d'Etilope et d'Afrique, partout oa la liberte Oak en ou. En Prance, s'etait constituee une armee polonaise que optnmandait le general Sikorski. Au moment des com- bats de 194o, cette armee fit preuve d'une valiance exemplaire. A Dietme, a Baccarat, a Saint The sur l'Aisne et sur l'Oise, a Reims, a Champaubert, a Mont- i:era, aa.ns la region de lielfort, le sang polonais conk. 11 coula a Narwick, a Tobrouk ; ii coula abondarnrnent a Cassino, a. Caen, a Bayeux, jusqu'aux frontieres, et an dela, de la Belgique, de la liollande, de l'Alle- =tete 11 avait coule tout an long des quatre annees de notre risistance ; dans beaucoup de nos cimetieres, Dienze comme a Thouats, c:omme a Falaise, comme La Ricarnarie, ii y a des tombes de combattants polo- nais. Nos monuments aux marts, parfois, comptent autant de noms polonais que de noms francais ; dans certaines regions comme cellos du Nord et du Pas-de-Calais, des Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 4.6 M4NIFE,STE DE JUILLET 93 Polouais corn_me Pawlowski et Ciurlik furent la tete ch,Lcorpha.t cle nos Francs-Tireurs et Partisans. , Les Polonais se battirent sur le sol de leur patrie, on le salt, Le ter janvier 1944, les organisations de resis- tances constituerent le Conseil national polonais qui lana l'appel a la lutte Contre l'occupant et fusionna tons les groupernents de cornbattants dans l'Armee popu- laire, En Union sovietique, s'etait constituee en septembre 941, tine armee polonaise que comnaanda le general ciers. Celui-ci, a.nitne par son anticommunisrne et tra- vaille par Londres, retira ses troupes &Union sovietique au, moment theme oir le sort du monde se jouait a. Sta- lingrad. Chest afOrs qu'un Comae de patriotes polo- nais decida d'organiser une nouvelle armee qui se corn- posa vite de trois divisions, se battit vaillamment et qui, en 1944, entra en Pologne aux cotes de l'Armee rouge. Entre temps, s'etait constitue un Comite polonais de ? liberation na.tionale. Lorsque, le 22 juillet 1944, la pre- miere ville polonaise, Chelrn, fut lib?e _par l'Armee rouge, ce Comite, agissant au nom du Conseil national ? polonais, publia un rnanifeste, le Manifeste de Juliet, qUi posait les fondements de la democratie populaire polonaise. Cela avait ete rend-a possible par la lutte des masses populaires, dasse ouvriere en tete, pour. la liberte et I mdeflendance nationales et par la victorre remportee . . par l' mon sowetique sur les forces fascrstes allemandes. ?- Le manifeste de Chelm &late d'abord comme l'appel aux arms de tous les Polonais pour la liberation du ?pos. 11 a, a cet egard, le souffle des manifestes revolu- tionnaim qui l'ont precede, ceux de 1792 et de 1793 que, notis Francais, nous n'oublions pas. On y retrouve la merne haine de l'oppression, Un arriour aussi ardent ? de la terre natale, Un elan aussi vigoureux vers la ? liberte. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 94 LA POLOCNE 11 appdle tous les Polonais a se lever en mane. ii leur demande de porter une aide efficace a l'Armee rouge: ... La plus large participation des Polonais aux combats dimMuera les souffrances de la nation at accelerera la fin de la guerre... Saiaissez-vous d' tine arum, combattez les Niemand.% partout oi vous les rencontrerez, atta- (Inez les transports, aidez les soldats polonais et sotrietiques... Les frontier% du nouvel Etat sont definies Polianais, participez d'abard It la lutte pour la liberatio9 de la Pialbgne, _pour le retour de ia Pomerame polonaise et de la Silesie a la mere patrie, pour c?i de la Prusse orientale, pour un large acces It la mer Baltique, pour la fron- tiere polonaise sur l'Oder. Quant aux frontieres de l'Est, le Conseil national polonais et le Comite polonais de libe- ration nationale reconnaissent que cette ques- tion dolt etre reglee par consentement mutuel... 11 taut prendre toutes mesuxes contre le danger tou- jours renaissant du militarisrne prussien. 11 faut en tmir, l'interet vital du pays l'exig.e, avec les conflits_perp.et.uels separment les Po- lanais et les likramiens, les Polonais et les Bielorussiens, les Polonais at les Russes. L'ami- tie scellee par la fraternite d'armes de l'arrnee polonaise avec l'Annee rouge devrait trouver sa pleine expression dans une alliance durable avec une collaboration fraternelle apres la guerre... Alliance durable aussi avec la Tthecoslovaquie, ren- forcemeat des alliances avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, fidelite a l'arnitie traditionnelle et It Val- Hance avec la France. Le raanifeste traite de l'organis' ation du nouvel Etat. La Constitution fasciste de 1935 est condamnee. On Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 6 LE MANIFE.STE DE JUILLET 95 reviendra au, principe democratique de la Constitution de 1921, en attendant qu'une nouvelle Constitution soit elaborte par une Assemblee legislative issue d'eledions generales au scrutin direct, secret, egal et proportionnel. C'est le Comite polonais de liberation nationale qui prend Ie nouvoir ; joue le role d'un pouvoir executif, wx- le Conseg national constitua.nt un veritable Parlement provisoire. Le Comite polonais de liberation na.tionale se propose de refaire un Etat polonais, declare la restitution de toutes les libertes dernocrati- l'egalite de tous les citoyens sans distinc- tion de race, de religion, de nationalite, la liberte des organisations politiques, profession- nelles, la liberte de la presse, la liberte de cons- cience, Les libertes dernooratiques ne sauraient en aucun cas servir les ennernis de la dernocratie. Les organisations fascistes, en ta.nt qu'antina- tionales, seront poursuivies impitoyablement, avec toute la sev6rite de la justice... Auclin crirninel allernand, aucun traitre a la patrie n'echappera a la punition... Ii faut ref aire le pays, pour cela ii faut realiser l'union de la nation ? Nous avops devant nous des taches gigaritesques, nous somme3 decides a les r?ser ? La dem,Qcra.tie ne sera pas que politique, elle sera atssi sociale ; l'arnelioration des conditions d'existpnce des grandes masses sera assuree ; deux oeuvre* surtout seront accomplies de toute urgence : la reforme agraire, la. reforme scolaire. La tem a ceux qui la travaillent, l'enseignement gratuit a tous. Et, pour bien marquer quel esprit animait les auteurs du manifeste, je detache ce paragraphe : Polonais, luttez pour que la Pologne ne soit jamais plus menacee par l'invasion teutonne, Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE lutteg pour une Pologne a. qui une paix durable et un effort eonstructif garantiront le redres- sement et la prosperite. Voila done l'origine de cette fete nationale du 22 juil- let a laquelle j'ai la grande chance d'assister. je regagne le Bristol. Mon pays aussi a: en son mani- feste a peu pres semblable qui demandait aux Francais de se battre jusqu'a la liberation du territoire. jusqu'a l'etrasement de l'ennetni hitlerien, qui promettait que les traltres seraient chaties, quo seraient chaties les MiMizels de guerre, les bourreaux d'Ascq et d'Oradour- -Gime, qui pmmettait qu'une democratic nouvelle ferait oublier la honte de Vichy et que cette democratie trerait sociaie autant que politique. Notre manifeste a nous, Francais, s'est appele le Pro- me du Conseil national de la Resistance. 11 n'a jamais ete appliqu? En Fologne, le manifesto de Chehn a ete applique dans le moindre de ses articles, il l'a ete au dela meme de sa lettre. 11 a cree un Etat democratique populaire qui a rnis le pouvoir entre les mains du peuple et surtout entre 14 mains de la classe ouvriere, un Etat dont la earaetetistique &est point de faire machine en arriere ou de s'iMMobili,ser, de se fossiliser, mats bien d'aller de l'avant, de pousser toujours plus en avant sur le chemin qui mene au socialisrne. Cot Etat n'oublie xien de l'aide quill a regue et gull recoit des peuples de l'U.R.S.S. dont l'amitie lull est precieuse. 11 vent la paix, chacun de ses actes est un acte de paix. Tout cela, les Polonais le savent, de tout cela les Ptolemais sont sa.tisfaits, pour eux tous tine nouvelle vie a commence a Chelrn. Le 22 juillet est la date de leur renaissance. Chaque armee ils celebrent leur fete avec une conviction et une joie accrues. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE VII' SUR LE CHEMIN DU SOCIALISME OU LE LANGAGE DES PLANS C UR la table de ma charnbre d'h?tel, j'ai pris ces docu- a merits qui ne me quittent pas et qui ne sont que des rapports. Je reviens constamment a eux. Grace a eux, j'arrive a mettre de l'ordre dans l'infinie richesse de 'Ines observations, de mes impressions. Sans eux, tout ne wait que chaos dans mon esprit. Sans eux peut- 6tre, serais-je tente de parler de miracle. Sans eux je courrais bien des risques de ne faire que mechante lit- terature. Dans ces rapports tout est explique, tout a ete pense, ordonne, Methodiquement. Calmement. On sent, en des- sous, un grand travail minutieux, une somme de tra- vaux de detail; on sent les nuits de veille d'un homme et de milliers d'autres hornmes qui ont apporte leurs obser- vations et leurs chiffres et leurs suggestions ; on sent uric eXperience qui vient de loin, qui a d? fait ses preuves, et qui est Are de ses principes, qui ne laisse nen au hasard, qui veut faire le decompte de toutes les choses possibles et qui y arrive, qui tient compte des choses eXistantes pour en creer de nouvelles. E y a des chiffres. 13o1eslaw Bierut, president de la Republique popu- lake et secretaire general du Parti ouvrier unifie de Pologne, fait, le 15 juillet 1949, son rapport devant le Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 98 LA POLOGNE Comite central du Parti et il ne traite que de la recons- truction et de la construction de Varsovie Ii faut voir avec quelle precision, il faut volt avec quelle simplicite. L'emotion existe, qui en douterait ? mats elle est conte nue ; elle est sous les mots. Une eloquence meridionale et petite-bourgeoise habituee aux tremolos et aux effets de manches, s'en serait paye, elle. Avec Boleslaw Bierut, nous avons affair? a un communiste. Nous sonunes loin de ces blablablas presidentiels quo personne n'ecoute chez nous. Hilary Mine, ministre de la Construction, a fait en 1948, un rapport sur les resultats du plan de trois ans. II a fait un autre rapport en juillet 1950 sur les buts et les rnoyens du plan de six ans. Ces rapports ont ete present& au Comte central du Parti ouvrier unifie de Pologne, et discutes. Avec le Manifeste de jwllet ii y aura la les bases th?uques Si je puis dire, de la Pologne socialiste. Si nos rninistres actuels patient, non en public, mais l'Asserriblee nationale ou derriere le micro de la Radiodiffusion date nationale, us n'ont a. la bouche et dans l'esprit quo les mots qui disent la guerre et la haine. Notre monde lumineux de demain aura vite fait de les oublier La Pologne et de ant le peuple polonais, on pane de paix et de liberation de l'homme, mais aussi dependance nationale. Ecoutez Hilary Mine : Le projet de loi sur le plan de six ans qui vous est soumis prevoit l'elevation du niveau de vie de la population de 50 a 6o pour cent par rapport a Vann& 1949: C'est l'accroisse- meat numerique de la main-d'oeuvre prevue sur le plan qui constitue no des principaux elements de cette rnontee du niveau de vie de la population. L'ernploi de la main-d'eeuvre sans le secteur specialise, l'agriculture non comprise, passera en cbiffres roads d'environ Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 SUR LE CHEMIN DU SOCIALISME 99 3.6o0.000 personnes en 1949, a environ 5.700.000 personnes en 1955... Il est evident que cet accroissement important de la main- d'ceuvre et, en patticulier, de la main-d'ceuvre feminine, qui signifie que le nombre de per- sOn.nes actives dans une meme farnille devien- dra?plus grand, fern augmenter sensiblement le en-etre de Ia population. autte element de relevation du bien-etre eneral sera constitue par l'augmentation du ajre reel des ouvriers et des employes qui, ans, suivant les previsions, doit etre de dre 40 pour cent. Cette augmentation .,realisee par deux moyens : la hausse des s aims d'une part, et la baisse progressive des pfli des articles de consommation courante cl'autre part... Ecoutez Boleslaw Bierut : Le niveau de notre economic nationale est ? relativement bas ; notre economic est serieu- sement arrieree tant materiellement que tech- niquement, en comparaison avec les pays pos- sedant une inclustrie developpee. Le rendement du travail de notre ouvrier industriel est encore rejativernent bas, C'est r economic rurale disseminee et souvent rabougrie qui, dans notre agriculture, predomine encore. Nous avons fait un pas en avant considerable par rapport a cc dont nous avons herite du regime bourgeois de la Pologne d'avant-guerre... Le pas en avant, un pas en avant ne suffit pas. La dernocratie populaire esi: faite pour aller de l'avant, pour jeter les fondements du socialisme qui signifie rorganisation d'une vie aisee et cultivee pour les mernbres de-la societe 1 ?. i. J. STALINE. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ?LA POLOGNE Aussi, dit Boleslaw Bierut : Notre plan de six ans postule une elevation extraordinaire du niveau des forces produc- trices, jusqu'ici inconnue dans l'histoire du developpement economique de notre pays, et basee sur la technique la plus moderne et la plus avancee. C'est aussi bien pour l'industrie et l'agriculture que pour tous les domaines de notre economic nationale. Ii resultera du plan de six ans une Pologne transformee en l'un des pays les plus industrialises d'Europc... Plan economique mais aussi et fatalement plan poli- tique. Un instrument de renovation econornique et humaine, lin instrument dc justice sociale et de paix : Les masses laborieuses de Pologne qui reali- sent le plan grace a des efforts pleins d'abne- gation doivent tire conseientes de participer amsi a? la lutte de classes, a la lutte sans merci entre les forces decadentes du capitalisme et les forces nouvelles sans cesse aseendantes, reveil- lees par le proletariat et inspirees par ridee grandiose et invincible du socialisme... Mais 1' intelligence lucide qui a preside a l'elabo- ration du plan n'a rien du praticisme etroit qui ne ver- rait le monde qu'a, travels chiffres et indices quanti- tatifs, Parce qu'elle vent se rendre vraiment maltressc des forces de la nature afin de mieux servir l'homme, elle est audacieuse et revolutionnaire, et eela d? est source d'enthousiasme. Et aussi die denombre les ruhies, les mistres, les douleurs. Et aussi elle se donne comme objectif supreme le bonheur des hommes. Et elle compte sur les hommes pour atteindre cet objectif. Elle leur demande beaucoup. Elle vent en effet leur donner tout. Elle park une languc comprise de tons et non de quelques inities seulernent, comprise de cheque ouvrier. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 SUR LE CHEMIN DU SOCIALISME lox de chaque paysan, de chaque ingenieur, des hommes, des femmes, des enfants. faut, dit Boleslaw Bierut, pour assurer la victoire, que chaque travailleur devienne un createur conscient du plan de six ans. Il faut que, depuis ecole, chacun connaisse le plan et le programme de redification du socialisme, ? que chaque travailleur lai soit devoue et de- vienne un combattant et un realisateur du plan de six ans. Sans la connaissance precise de ces rapports, nul ne Pourra ecrire d'epopee. On ne retourne pas h. la Chan- son. de Roland. On dolt faire mieux. Ces rapports sont . ? les prehmmaires necessaires. Es sont d? de l'action. us sont dej?e l'epopee. Aussi exaltants qu'une epopee. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 DEUXIEME PARTIE DE KATOWICE A ZAKOF'ANE Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE PREMIER MINEURS DE KATOWICE Katowice, ville noire. E suis arrive a Katowice, la capitale du charbon, par une fin de journee ensoleillee encore. Les rues grouil- lent de monde. Les ponts de fer semblent eventrer maisons et quartier. Sur vote tete passent les roulements grondants des trains dont les locomotives semblent lAcher de la film& et de la vapour de toutes les jointures de leur cuirasse. Qui s'en etonnera ? Katowice est une ville noire. On a l'impression qu'ici les usines et la ville ne font qu'un, et les puits de mines. Si on ne voit pas ceux-ci, du moms vous previent-on que les fosses sont sous vos pieds et quo cola empeche certains travaux d'edilite qui embelliraient la cite et rendraient ses rues plus larges. Le capitalisme sans patrie, cupide et des- tructeur. a fore avidement n'importe oil et n'importe comment sans se preoccuper de cc qu'il adviendrait la surface. Gagner de l'argent, beaucoup et vite : tout le reste importe peu. Cette formule n'a plus cours en Pologne oa la terre est exploit& mais au mieux des interets de t01.1S. Katowice n'est pas une vile seule mais ce sont six vilks d'un seul tenant. C'est Chorzow, Bedzin, Sosno- wiec, Mystowice, Krol-Huta; c'est aussi, du cote des Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 106 LA POLOGNE territoires recouvres, Zabrze, Butom, Tarnowskie-Gory, Gliwice. On no salt jamais quand on sort de l'une pour entrer dans l'atttre. La, les lignes de c.hemins de fer sont c,omme un filet aux mailles serrees. En dehors du cceur des agglomerations, ce no sont quo boulevards intenninables, durement paves, bordes Tune suite inin- terrompue de lAtiments d'usines ou, par moments, de terrains vagues couverts de masures ou d'inextricables antes de dechets mecaniques. Les tramways fluent avec leur long bruit sifflant de glissement. La nuit, les hauts- fourneaux jettent leurs flammes et Fon voit alors toutes ces superstructures compliquees et geometriquement or- clonnees se profiler noir sur rouge panni des echappe- meats monstrueux de futnee. Katowice et son ensemble de cites est Fun de ces 'centres cta la condition ouvriere a tine grande histoire quo Von voudrait connattre, mais connattre en vivant ici-metne et en ecoutant parlor les militants certes, mats aussi tout simplement les ouvriers, les vieux les jeunes, les femmes. On voudrait rester la a vivre la vie des mineurs, la vie des met,al.los, parmi eux, chez eux. Pour savoir comment s'operent les changements intimes dans la pratique de la democratie populaire, ce qu'a ete bier, ce qu'est aujourd'hui, ce quo sera demain. Le syndicat des mineurs et le mouvement d'emulation. IS AI rendu visite a la direction du syndicat des Mi- neurs, 'Utica Koseiuski, 38, a Katowice. Le secre- taire general Czerwinski &sit la entoure de ses prim- cipaux collalx)rateurs. Its tenaient une s?ce de tra- vail longue je suis arrive m'a aussitot recu et nous ' avons cause. j'ai ete frappe de la simplicite fraternelle de cette reception, du ton calme et serieux avec lequel Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 MINEURS DE KATOWICE 107 ces responsables syndicaux de l'industrie-cle de la Pologne m'ont parle, m'ont demande des nouvelles de France, et m'ont dit comme les choses allaient chez eux. Ces hommes simples, aux visages parsemes des shies et des points bleus provoques par les eclats de charbon, aux mains parfois amputees d'un ou de plu- sieurs doigts, ont une grande responsabilite I Ici la Mine appartient aux mineurs, et rien dans la mine, dans l'organisation du travail, dans l'exploitation, ne se fait sans eux. Le directeur du charbonnage n'est que le delegue des ouvriers a ce poste. Et cela se passe ainsi l'echelle du puits. ? Chaque mois, dans chaque fosse, une reunion groupe le directeur, les ingenieurs, les porions, les delegues, les responsables syndicaux et les representants des ouvriers de chaque quartier de la mine. Tous les problemes sont debattus en commun. Le plan du travail pour le mois est elabore et chacun, quelque poste qu'il se trouve, s'efforce ensuite d'en realiser au mieux l'applicai ion... Les courbes de la production figurent sur les jour- na.ux muraux. Des graphiques montrent de fawn claire ce que sera l'augmentation des salaires si la production augmente. Les problemes de requipement, du renouvellernent de l'outillage, sont portes a la connaissance des mineurs. Ceux-ci sont tenus au courant des commandos revues, de la date des livraisons. Chaque ouvrier, qui pout ainsi controler la gestion et la production, se sent veritablement le co-associe de la mine. Cest ainsi que la production a suivi depuis 1945 une montee exceptionnelle. En 1945, elle etait de 27 mil- lions de tonnes; en 1946, elle passe a 47 millions ; en 1947, elle est a 5o millions, en 1948, a 7o millions. Elle a Ettteint 78 millions en 1949. Elle atteindra ioo millions de tonnes en 1955. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 08 LA POLOGNE ? A quoi attribuez-vous cette poussee de la pro- duction ? qui se retrouve d'ailleurs, il est vrai, dans tons les autres domaines de l'activite ouvriere ? -- Au mouvement d'emulation qui dolt sa force d'expansion a deux faits. Nous avons liquide chez nous le regime capitaliste. Notre industrie est devenue une industrie socialiste qui ignore l'exploitation de l'homme par l'honune. L'ouvrier, ainsi que le disait Hilary Mine dans son rapport sur le plan de trois ans, travaille maintenant, non plus pour un exploiteur, mais pour lui-meme, pour sa classe, pour la societe. Cest le pre- mier fait. Le deuxieme fait est celui-ci si le mouvement d'emulation a Pu prendre naissance et connaltre une grande extension, c'est quo la condition primordiale de cette evolution, a savoir l'amelioration des conditions de vie de la classe ouvriere, s'est trouvee remplie; II y a en chez nous augmentation du salaire reel et chacun comprend un pea mieux chaque jour le rapport qui existe entre un meilleur effort dans la travail, le rende- ment et le salaire. Nous arriverons vite avoir en face du travail ce qu'on pourrait appeler uric attitude socialiste. Le mouvement en Pologne a ete lance par le mineur Pstrowsld. On me montre l'appel qu'a son tour, entre beaucoup d'autres, le mineur Markiewka lancait le 16 janvier 1950: Moi, Viktor Markiewka, l'un des neuf fils du mineur Paul, travaillant dans l'industrie mi- niere, participant au mouvement d'emulation depuis 1947, ouvrier de choc, comprenant l'importance des aches que nous impose le plan de dix ans dans le secteur de l'industrie miniere, comprenant l'aspiration au socialisme, an bien-ttre et au relevement culturel des mas- ses laborieuses de Pologne, je prends avec mon chargeur l'engagement survant : en l'es- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 MINEURS DE KATOWICE 109 =ME R=a A ntel Slallsk ;:9:54)d-ei'3:te.,...' Gdans, opatag e1 Kosfalln . '.c1:141'.?.: It.. .... . fileibork i KOSZALIN '...iiA,Puraciterillw.n..., o,,,i..1' um 0 LS Z Ty N S i s., 4 Szczecin ?,;.....e., ?Olsztyn 4.....,..' , "4 Grudziadz' ,..e.. !...., SzczEciN 1.' C. ..i....?-e..1 BY DEl"' I A LY ST 0 K ..' ''''' ......? .. 1 g8.0SZ& Torun 1..t .1 ."''.. ...1.1 C14 4 9 1... VARSOV ZIELONA t, Sepocki GORA ,e '-- Poznan -:,?"*:;-??....;:. 1;*efakia? , i ..? odz \ :-.) le', i o riz U 111 Zielona?G Legnica WR 0 C'LAW Swidnice ? Wai r e t iq p o ((OW' o VARSOIE L Wrocl "W 0" E P trkawo r ! . cv,, ienno t \ KIELCE ) Cz wa ,i, P.'11'./IcAre ?Kielce ? \"..,,,.. nv. MysH IV4 l'ttSo4i0WE't ..tale c'btiKairovoce o Thrzov& Cr vie! Nowa a oTe' rnow 0 Myslewic:e> / CRACOVIE ?., . ? No wy Tars; g' Poromn , mos Liailteactuelle de la Pelogne ...Limite de /939 ..... limite de yelevedie ioq BM!, Km CARTE PoLITIQUE DE LA POLoGNE? pace de trois mois, c'est-h-clire pendant les mois de fevrier, mars et avril, je creuserai '220 Di. 50 de galerie au lieu de 78 m. 50 pre- 'us par la norme, et m' engage durant ces trois mois a extmire r.62o tonnes de charbon au lieu de 540 tonnes prevues par la norme. J'ap- pelle tous les mineurs de notre mine et tous les Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ITO LA POLOGNE mineurs de l'industrie miniere a me suivre pour , clue nous puissions realiser avant terme le plan de six ams et batir 4insi plus rapidement les bases du socialisme. La charte du mineur. A VEC Czerwinski et ses carnarades, nous parlons de la charte du tnineur. Avant-guerre, la condition du mineur polonais n'etait guere enviable. A ne se reporter qu'a l'immediate apres-guerre, en 1945, le mineur de fond touchait un salaire de 9.800 zlotys, le travailleur de surface un salaire de 6.800 zlotys. Au debut de 195o, les deux salaires etaient passes a 27.300 et a 19.30o zlotys. Il s'agit seulement des salaircs de base non compris les primes de rendement. ? Au temps des colonels, 93.10o ouvriers etaient inunatrioules dans les mines. En 1932, on comptait 26.00Q chameurs. En moyenne, dans beaucoup de mines on ne travaillait a cette epoque que deux a trois jours par sernaine. L'ouvrier qui, dans le mois, avait realise 13 on r5 journees de travail pouvait s'estimer heureux. C'etair la triste ?que du ch6rnage et aussi, naturelle- Went, de l'emigration. De 1927 a 1928, 30.000 mineurs s'expa.triaient. Rien qu'en 1938, 14.000 mineurs furent licencies. ? Aujourd'hui, me dit-on, cette situation est ren- verge. 14.000 mineurs sont renrres depuis 1946. Le terrible fleau du ch6mage n'odste plus chez nous. Avant guerre n'y avait pas tine politique du logement; Si quelques millers de logements out ete cons- fruits, us le furent de maniere primitive. En 1949, la Pologne populaire avait d?. construit 12.000 logements. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 MiNEURS I)E KATOWICE !TT Le plan de six ans prevoit la construction de 140.000 pieces. Ont ete construits aussi des centres de protection de la mere et de l'enfant, des ecoles matemelles, des colonies de vacances, des creches, des jardins, des foyers culture's, des terrains de sport. Autres avantages : le transfert integral aux mines de la charge des cotisations d'assurances sociales pres de 8 milliards de zlotys que les mineurs n'ont plus en a payer ; le taux des allo- cations familiales, a ete eleve de telle maniere que les revenns des mineurs se sont eleves pour l'annee 1950 d' environ 9 milliards de zlotys ; enfin un systeme de conges payes a ete mis en application qui permet au mineur et a sa famille de se rendre a la montagne ou a la mer, dans des maisons de repos munies de tout le confort, avec gratuite du voyage aller et retour, le prix de pension &ant calcule d'apres le salaire. Pour 14 jours, ceux qui gagnent de m.000 a 18.000 zlotys, payent 1.96o zlotys. Ceux qui gagnent de 18,000 a 25.0oo zlotys payent 2.800 zlotys, ceux qui gagnent de 25.00o a 30.000 zlotys payent 3.500 zlotys, ceux qui gagnent plus de 36 000 zlotys paient 4.200 zlotys. Pour le sojour des enfants en colonies de vacan- ces, les prix sont a l'avenant. Pour un enfant, le sejour de deux mois en colonie cote a la lamille t.800 zlotys, soit 30 zlotys par jour, Un peu moms de trente francs. Le 30 novembre 1949, un decret a etabli la charte du rnineur, ce qu'en France on appellerait le statut des minenrs. Cette charte apporte aux mineurs une prime tri- inestrielle qui est de 5 a 20 pour cent selon les categories. EIieaugmente les prestations accordees par les mines pour "'instruction des enfants des mineurs : 1.50o zlotys sont verses aux familles a, la rentree des classes. Elle augmente les prestations servies pour les institutions de l'assurance sociale an titre de maladies ou au titre Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 112 LA POLOGNE d'incapacite temporaire de travail causee par un acci- dent au fond. Elle assure une retraite apres 25 annees de travail et a partir de 55 ans, retraite equivalent, a 6o pour cent du salaire moyeri ; au cas ou le retraite continue son travail, il =flute sa retraite et son salaire. Elle accorde 21 jours de cong? chaque mineur. Elle prevoit enfin toute une serie de distinctions honorifiques, entre autres l'Ordre du Mineur emerite de la Pologne populaire. Elle permet sur tout a qui s'en montre digne d'avancer dans la hierarchic du travail et d'en atteindre le plus haut sommet. Modernisation du bassin EN France, nous avons parte de la charte du mineur polonais. Nous n'avons pas assez dit toutefois, si nous rayons jamais dit, qu'un autre decret pris le meme jour quo le decret de la charte decidait la transformation fondamentale du bassin minier du point de vue tech- nique, le plan de six ans prevoyant 250 milliards de zlotys pour les investissements dans les mines. Nous disons, a dit Hilary Mine, et il me sernble clue nous le disons avec raison, que Jo charbon c'est notre richesse nationale, quo "Industrie houillere est notre industrie natio- nale, quo le devoir de sa reconstruction techni- que est notre devoir national. C'est pourquoi la condition premiere des grandes taches clue nous impose le plan sexennal, l'aide complete l'industne charbonniere, cette condition sera remplie. Ce qui m'a Ate dit A Katowice sur ce sujet, je l'ai retrouve dans be discours prononce par Hilary Mine a Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 MINEURS DE KATOWICE "3 Sosnowiec, le 4 decembre 1949, jour de la fete des mineurs. La-bas, en Pologne, le discours d'un homme d'Etat est plein de substance : il est sorti de l'experience oUvriere, de l'experience des ingenieurs, des techni- dens, des ouvriers et il devient comme une regle pour tous; sorti de l'action de tous, ii dirige l'action de tous. On np pane pas pour parler en Pologne, ou pour endor- ' mir, ou pour mentir : les trois manieres se valent. . 250 milliards de zlotys consacres aux mvestissements dans les mines Oui. Et qui serviront a ouvrir de nou- veaux puits, a exploiter de nouvelles couches, a ame- Rorer les vieilles mines. En quoi consiste cette amelioration des vieilles mines ? Ecoutez Mine : Elle consistera en trois facteurs fondamen- taux : premierement, la mecanisation; deuxie- moment, l'electrification ; troisiemement, la ventilation. Et Minc ajoute : Cola ne signifie rien d'autre quo la recons- truction fondamentale, technique, de l'indus- trie charbonniere polonaise. C'est une tache lourde et difficile. En viendrons-nous a bout? Pour cela, ii faudra d'abord mobiliser l'in- dustrie polonaise tout entiere. Et voila tout le pays interesse au probleme ; voila la respon- sabilite de toute la classe ouvriere engagee. 11 faudra ensuite orienter justement notre technique. Nous n'avons pas a prendre pour modele ces pays de ? stagnation technique ? prononcee comme l'Angleterre, par exemple, qui depense pour les investissements une somme quatre fois inferieure par tonne de char- bon extrait a celle que nous depensons, nous, pauvre pays detruit et naguere encore arriere. 8 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE En Angleterre, un sixierne a peine des devan- tures est pourvu de ces transporteurs a etrille qui facilitent tant la mecanisation. Notre plan prevoit de pourvoir presque toutes les devan- tures de transporteurs a etrille. L'Angleterre n'a aucun programme de gene- ralisation de machines charbonnieres combinees, c'est-i-dire de machines effectuant a la fois le travail d'extraction et le travail de chargement. Nous vouions, a a fin du plan, pourvoir 40 pour cent de nos tallies de machines combi- nees,.. Dans la lutte pour la mecanisation, et l'aug- mentation du rendement, nous prenons modele sur l'industrie inini? sovietique... Nous avons l'ambition, avec rindustrie nuniere de l'Union sovietique, de devenir la premiere industrie miniere de l'Europe, et meme du monde... Les mineurs, Joliot-Curie et la litterature. J s dit que la direction du Syndicat des mineurs de Katowice avait bien voulu pour me recevoir inter- rompre une seance de travail, yavais done a no pas abu- ser d'instants precieux. j'avais marque combien les Fran- cais ? et pas settlement les mineurs ? s'interessaient au grand travail qui s'accomplissait dans le bassin minier polonais. j'avais apporte les salutations des membres de l'Amiti6 Franco -Polonaise et plus Particulierement celie du president de cette association, Frederic Joliot- Curie. Quand j'eus prononce ce nom, je vis les visages s'eclairer d'un sourire. Czerwinsky fit un geste. Un secretaire partit et revint quelques minutes apres por- tant an lourd paquet do livres. 11 y avait lit les ceuvres de Mickiewicz et entre autres cette grande edition de Pan Tadeusz, si bien presentee, si Men imprirnee, si Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ? MIN.EURS DE KATOWICE 113 richement illustree... et qui s'est tiree a 230.000 exem- plaires I En Pologne, le beau livre n'est pas le pri- vilege de quelques-uns : on le fait pour tous et il est accessible a tous. Ce s livres, les mineurs me demandaient de les remettre a Joliot-Curie en temoignage de leur admiration. Faut-il dire que sur les levres de ces mili- tants vinrent souvent les noms connus de leurs cama- rades francais, ceux de Maurice Thorez, de Lecceur, de IVIartel, de Duguet ? De mon passage a. Katowice, j'ai ramene un autre hvre Ii s'intitule : Zyciorisy Gornikow, Biographies de anneum Un concoms a et o institue un jour. On demanda aux tnineurs polonais d'ecrire leur vie. Vingt biographies ont ete retenues et editees. Cela fait un ouvrage de 346 pages de grand format. Il m'arrive souvent de prendre ce volume dans mes mains, de le feuilleter. C'est alors que je regrette infiniment de ne pas con- haitre la langue polonaise. J'imagine quelles richesses ii y a dans ces vies de travailleurs, celle de Thomas Rybok, ne en 1879, celle de Pierre Gajewski Pawel, no en t875, celle de Wenceslas Swiatkowski, ne en 1903, celle de Jean Nowak, no en 1891, celle de Joseph Poch- ciol, ne en 1898'. celle de Stanislas Polak, ne en 1886, pour no citer que quelques noms I Si je ne peux puiser dans le texte de cette riche rnatiere, du moms puis-je m'attarder 4 regarder les photogra.phies des ? auteurs ? visages familiers, reflechis et graves, marques par les longues annees de travail et de lutte, visages de Pologne certes, rnais visages aussi de mon pays, visages d'on- vriers. J'attache un grand prix a ce recueil. Ii dit beau- coup de ce qu'est la classe ouvriere polonaise en demo- cratie populaire ; il dit beaucoup sur la culture de la classe ouvriere, culture qui tient compte des grandes ceuvres du passe et qui assure la continuation de l'heri- tage en allant chercher les richesses nouvelles la on elles se trouvent. L'avenir est maintenant ouvert a tous. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 xx6 LA POLOGNE Sone-t-on assez a. thus ces tresors qui se sont perdus parce que le regime capitalistc n'a pas mis les travail- leurs dans les conditions de s'exprimer ? parcc que cc regime a voulu faire de la chose litteraire et artistique sa chasse garde et qu'elle l'a entouree de toutes ses defenses grammaticales et rhetoriques ? Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAP! TEE H FRONTIERES Nons sommes partis en voiture visiter le preventorium des enfants des mineurs de Paczkow, petite ville qui se situe a environ 16o km a l'ouest de Katowice, a. 7o km. 'au sud de Wroclaw, tout pres de la frontiere polond-tchecoslovaque. Nous sommes, avec le chauf- feur, quatre passagers. Mes compagnons d'excursion sont : la secr4taire de la section des ceuvres sociales du syndicat des rnineurs et dont je regrette d'avoir perdu le nom, Thad& Wisniewsli i et Julien Szwed, de la section ' culturelle ciela voievodie de Katowice. En quelques tours de roues, nous atteignons l'ancienne frontiere polono-allemande. Nous traversons Zabrze, villemini? de plus de roo.000 habitants. II fait une belle journee de soleil. La route file droit. On commenc?distinguer sur la gauche, au Sud, la ligne bleue des Sudetes I a voiture, de carrosserie basse et assez peu eonfortable, ne permet pas de voir le pay- sage. 11 faut courber l'echine et redresser le cou pour arriver distinguer quelques details. Il est de fait que nous son:tines ,ici dans une region qui n'est plus tout a fait de Vaine. Nous sommes au pied des montagnes, sur de riches terres de loess. Nous suivons la meilleure route Est-Ouest que la Pologne ait jarnais cue au cours de son histnire et la plus vieille ? celle qui va des Portes de Mora.yie aux Portes de Lusace. Les rnaisons de $ villages traverses, Ryskowice, Toszek, sont en pierre, Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 XIS LA POLOGNE n y a, l?ncore, des fleurs aux fenetres, mais aussi des plantes grimpantes, des tonnelles, plus de couleurs wives que je n'en ai vu dans le nord et le centre de la Polo- gne. La chaleur est aussi dune autre qualite, de meme que l'atrnosphere. Le ciel est tres haut. La voiture va. On somnole. Nous sommes stir les territoires recouvres. Aujourd'hui et depuis 1945, la terre est justement rode- venue polonaise. Il y a encore six ans, c'etait la tine terre sous exploitation allemande. 11 y a eu repolonisation, ainsi que se sont exprimes journalistes et hornmes politiques. Les chases s'etaient conclues a Postdam, le 2 aot)t 1945. A Yalta, Churchill, et Roosevelt, Staline, quelque temps plus tard. deterrninaient la frontiere polonaise de l'Est. Cette frontiere suit la ligne Curzon. Ainsi la Pologne retrouvait-elle en 1945 le domaine national bien individualise que tui a menage la nature. Ces iron- tieres ant ete librement acceptees par la Pologne, l'U.R.S.S. et la Republique democratique allemande. Elles sant contestees par cc que l'Allernagne dite de l'Ouest compte de militaristes et de revanchards. Elles no sant pas reconnues par les actuels gouvemements des Etats-Unis, d'Angleterre et de France. La Pologne de 1920? Une vaste masse continentate enfoncee dans l'Est }, avec tine etroite fenetre de 140 km. sur la Baltique a laquelle menait tin couloir (le fameux coulair de Dantzig), etrangle entre la Prusse orientate et la Pomeranie occidentate. Cette Pologne ne pouvait pretendre a devenir une puissance industrielle et mari- time. Elle no pouvait demeurer qu'un pays agricole et pa.uvrement agricole. Elle n'avait pratiquement rien de ce qu'il est convenu d'appeler des frontieres naturelles. Du cete sovietique, la frontiere mesurait 1.400 km. : elle tranchait, a travers les regions naturelles sans aucun souci de la geographic ni de l'ethnographie. Du cote allernand, Ia frontierc Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 FRONTIERES ng trade a meme la plaine mesurait 1.900 km. de lon- gueur. Ces 1.900 km. n'ont nullement empeche Varsovie de se trouver a roo km des aerodromes hitleriens. us ont permis au contraire a Hitler de prendre le coeur du pays en tenaille entre la Silesie et la Prusse orientale. Dans cette meme Pologne de 1920, 30 pour cent des habitants ne parlaient ni ne pensaient polonais. 4.800.000 Ukrainiens, 1.000.000 de Bielorussiens, 780.000 Alle- mands, 2.900.000 juifs, 93 300 Lithuaniens constituaient des minorites nationales et qui no cesserent jamais, de 1919 & 1939, d'?e des minorites revendicatrices. Elles te cesserent jamais d'?e opprimees : la vie interieure de la Pologne ne pouvait qu'en etre empoisonnee. Et sa politique exterieure aussi. Les Anglo-Saxons ne voulurent pas, en 1919, que la Pologne retrouvat un large acces a la mer et ses anciens terntoires de l'Ouest. Ils voulurent aussi empecher la trance ? d'obtenir le desarmement effectif de son enne- rnie (l'Allemagne) et les justes reparations qui lui reve- paient ?. Ils mirent tout en imuvre pour maintenir la puis- sance allemande a l'Est : ii y a la un chapitre a evoquer de Is. grande conspira.tion contre la Russie. Le gouvernement fra.ncais ne put qu'obtemperer aux volontes anglo-saxonnes : antisovietisme d'abord, interet national apres. L'attitude du nouvel Etat sovietique en face du pro- bleme polonais avait ete definie le 27 avril 1917 par L?ne: Nous savons quel crime inoui constituait le partage de la Polore entre le capital alle- mand, russe et autnchien... Nous ne voulons pas de guerre pour des frontieres territoriales, nous voulons detruire le passe maudit... En a,vril 1917, le Conseil des deleg-ues ouvriers et soldats de Petrograd lanca un appel aux Polonais, appel que signa, entre autres, Staline Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 120 LA POLOGNE le conseil declare que la democratie russe reconnatt le droit des peuples a l'autodetermi- nation et fait saveir que la Pologne a le droit l'independance complete du point de vue de l'Etat et des relations intemationales. Nous envoyons au peuple polonais nos salutations fraternelles et nous lui souhaitons du succes dans la lutte pour l'installation dans la Pologne independante du regime democratique et par- lementaire... A ces declarations d'amitie, le general Pilsudski, aban- donnant a l'Ouest les patriotes polonais de Silesie et de Potneranie aux prises avec les Allemands qui preparaient leur maniere les plebiscites au sujet de la frontiere polono-allemande, repondait en essayant de marcher sur Kiev. Il s'agissait de realiser le reve des grands hobe- reaux qui, loin de vouloir perdre leurs immenses domaines d'Ultraine et de Bielorussie, voulaient encore les agrandir par le moyen d'tine guerre contre le jeune Etat sovie- tique. Ces messieurs avaient les yeux plus gros que le ventre. L'expedition sur Kiev, encouragee par tous ceux qui en voulaient naissante tourna au desas- tre et la situation ne fut retablie pour les reactionnai- res polonais qu'avec l'intervention des troupes du gene- ral Weygand. La paix fat dictee a la Republique des Soviets a Riga (le 12 mars 1921) : une partie de l'Ultraine et de la Bielorussie constituait le butin de la Pologne de Pilsudski. Tout cela etait encore marque du sceau de l'anticornmunisme. 11 s'etait pourtant trouve des Polonais pour corn- prendre qu'une tette politique d'expansion a. l'Est, une telle politique de brigandage, etait d'un autre age et qu'elle ne pouvait faire, comme elle n'avait jamais fait, l'interet de la Polqgne. Ceux-ci, sans reclamer une politique d'amitie avec la Russie, souhaitaient qu'on en fmisse avec une politique anti-russe catastrophique a. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 FRONTIERES 121 tous egards. us auraient voulu que ft ac,ceptee la deli- mitation adopt& le 8 decembre 1919 par la Conference des ambassadeurs et connue sous le nom de ligne Curzon. Ces patriotes clairvoyants ne furent pas ecoutes. M. Leon Noel, ambassa deur de France a Varsovie de 1934 a 1939, a ecrit au sujet des ? annexions ? operees par Pilsudski : La possession de ces regions par la Pologne etait un anachronisme... En s'etendant ainsi l'Est, la Pologne de Pilsudski s'etait affaiblie au lieu de se renforcer. M. Jean Guille a Pu ecrire : Des 1919, la Pologne rompit des lances avec toutes les nations slaves voisines. Avec la Lithuanie, l'Union de Lublin paraissait refor- gee, mais sous le signe de la force, non pas sous l' tide de la magnifique declaration des chevaleries lithuanienne et polonaise a Horo- dlo en 1413. Pendant vingt ans, une ? Iron- tiere morte ? separa les deux nations, souli- gnee par une zone neutre et des barbeles. La situation n'etait guere meilleure avec la Tche- coslovaquie et l'U.R.S.S. La Sanacja 1, pen- dant vingt ans, par ses complaisances avec f' Al- lemagne, l'ennemi hereditaire, par son anti- ? sovietisme forcene, a isole la Pologne dans un cercle de haines et de malentendus. Ces der- ? niers tenants de Ja Szlachta 2, apres avoir cree ? une Polope provisoire ? dont ? les fron- tieres donnaient une facheuse impression d'ins- tabilite ?, ont voile ce rnonstre politique au suicide 3. r. Groupe politique de Pilsudski, qui protendait tra- vailler ii? l'assainissement >) du pays. 2. alasse de la noblesse terrienne. 3. Peuples arnis, noy. 2949. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 122 LA POLOGNE Lorsqu'en 1939, l'U.R.S.S. recouvrait les terres qui lui avaient et6 asraohees par la force en 1920, il en fut qui voulurent crier a un quatrieme partage de la Polo- gne. Ce qu'une calomnie de plus. Car isur la Ras-sic des Soviets, recouvrer les co. Is n'etait pas settlement une juste repa- ration ; c'etait aussi et surtout repousser l'Ouest la base de depart de 'Inevitable agres- sion allemande et, par la Merfle, accomplir le premier acte de guerre contre Hitler et la pro- messe de liberation faite a la Pologne, que l'Annee rouge a si brillamment tenue cinq ans plus tard 1. Les confiris ? cela veut dire que la Pologne a rendu l'U.R.S.S. tine bande nord-sud,. un territoire de 188.000 kilometres carres, com- pose- de ses anciens departements de Wilno, Novogrodek, Polesie, Wolhynie, Lwow, Stanis- lavov et Tarnapol. Mais II faut se souvenir qu'elle s'etait annexe la plupart de ces pro- vinces par les armes et surtout aux depens de l'Union sovietique qu'elle avait attaquee, en avril 1920, alors quo s'y dechainait la contre- revolution appuyee sur !Intervention etran- gere. L'Union sovietique rentre dans son bien, et II est remaninable que la nouvelle frontiere jalonnee par Grodno, Brest-Litovsk, Rawa- Ruska, cote nisse, Przernyl, cete polonais, coin- cide a pen pres exacternent avec la ? line Curzon tracee an lendemain de la premiere guerre mondiale par tine commission d'arbi- tra.ge qu'on no pout pas soupconner d'avoir voulu favoriser les Soviets. Saul deux a trois millions de Polonais a qui on a laisse la faculte d'opter et dont le rapatriement devait etre of- i. Jean G ILLE, Peuples antis, nor, 194g. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 FRONTIERES 123 fectue en juin 1946, la population est tout en- tiere lithuanienne ou ru ene, et elle ne se pri- vait pas de manifester contre la domination polonaise, qui maintenait une forme feodale dans les immenses domaines que les magnats polonais faisaient exploiter au moindre prix par la main-d'oeuvre indigene. Ce sont surtout des regions pauvres et peu evoluees, oil le marecage et la foret tiennent la plus grande place. La civilisation est encore a l'Age du bois, dans cette Polesie oil le paysan se chausse encore d'ecorce et constmit son isba sans que parfois ii y fasse entrer un clou ! Ii n'en est pas de meme, cependant, en bor- dure des Carpathes, au Sud, ou la terre est fer- tile et le sous-sol bien pourvu : la Pologne y perd la grande ville de Lwow, et les pmts de Boryslaw, qui lui donnaient annuellement 500.000 a 600.000 tonnes de petrole 1. Mais, continue le meme auteur, la Pologne recoit d'ailleurs en dedommagement plus de 100.000 kilometres canes enleves a l'Al- lemagne. Au Nord, elle s'approprie les deux- tiers de la Prusse orientale, au-dessous d'une ligne tendue entre Braunsberg et Goldap, et qui laisse Koenigsberg aux Soviets, et elle s'etend en bordure de la Baltique jusqu'aux boucles de l'Oder, dont elle garde le controle. A l'Ouest, sa frontiere suit le cours de l'Oder, puis de son affluent, la Nissa, qui passe par Gcerlitz et Guben, et elle englobe la Silesie ainsi qu'une partie du Brandebourg et de la Pomeranie. La seule carte des chemins de fer permettrait d'apprecier la valeur de l'acquisition : a la rarete des lignes de la Pologne centrale et orientale s'oppose la densite du reseau dont , Maurice Twiner Pologne nouvelle. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 124 LA POLOGNE tits Allemands avaient dote ces regions fron- titres, a des fins A la fois economiques et stra- tegiques. C'en est fini de la double menace que constituaient stir lc fla.nc de la Polobone la Site- sie et la Prusse orientale, d'oa Hitler a lance les offensives fouclroyantes de septembre 1939 ; fini, l'etranglement de la Pologne par le ? cor- ridor ? de Dantzig ! Certes, ces pays mouilles et froids de Prusse orientale et de Pomeranie, ces tristes plaines relevees de collines moral- niques, troueis d'etangs o6 se reflete le ciel tourmente, piquees de bosquets de pins aux ffits minus ckui alternent avec les landes et les tour- bieres, n offrent souvent que des sols mediocres, mais la technique allemande a su en tirer le meilleur parti. La plupart de ces terres appar- tmaient I quelques junkers qui les faisaient travailler par des manouvriers polonais... Sur la c6te, les Polonais resolvent, en compensation des destructions operees a Gdynia, los ports de Dantzig, Kolberg et Stettin, avec son avant- port Swmemiinde, au debouche du systeme navigable de l'Oder, qui dessert jusqu'a la Haute-Silesie. C'est la Silesie qui est lc morceau de choix. La aussi regnait la grande propriete, mais sur des sols plus feconds qui en faisaient l'un des pottrvoyeurs de la capitale allemande, et oil s'est depuis longtemps etablie l'industrie. C'est la Haute-Silesie, toutefois, qui retient le plus l'attention. L'ancienne fronhere la coupait en deux. Elle passe maintenant tout entiere a la Pologne qui y trouve a peu pres intacts les eta- blissernents miniers et inclustnels dont on con- natt la capacite industrielle, et sa reconstruction en sera facilitee. T.,'abandon de ses territoires de l'Est se trouve plus quo compense par ses acquisitions a l'Ouest ; dans tous les domaines, les provinces occidentales plus evoluees l'em- portent en richesse sur les enciennes provinces Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 FRONTIERES 125 orientales o? l'on no comptait par exemple quo 59.471 etablissements industriels, contre 234.959 dans les tetritoires redlines 1. La Pologne nouvelle apparait territorialement mieux conformee que l'ancienne. Plus petite, ramenee a 310.000 kilo- metres carres, elle est, par contre, mieux ramas- see, plus compacte. Elle a resorbe les deux tentacules entre lesquelles elle se trouyait pine& par l'Allemagne, au Nord et au Sud, et la reduction de ses hernies, la rectification de ses contours, raccourcit la frontiere germano-polo- naise de 1.900 a 400 km. environ, assurant de meilleures possibilites de defense. Autre fait capital, l'installation de la Pologne en bordure de la Baltigue sur une longueur de plus de 500 km. qui lui donne le large acces a la mer dont a besoin une grande puissance modeme. Enfin, et c'est peut-etre l'impression la plus saisissante qui se degage d'une comparaison entre la carte de 1939 et cello de 1945, la Polo- e se trouye notablement deplacee vets 'Ouest, o?lle est portee jusqu'a l'Oder, tandis qu'elle effectue h l'Est un repli de 150 h 200 km. Aux avantages presentes par Maurice Thiedot, ii fa,ut ajouter ou preciser ceux-ci. Les Allemands des ter- ritoires recouyres ayant ete eyacues a l'ouest de l'Oder, la Pologne n'est plus peuplee aujourd'hui quo de Polo- nais : cela est une garantie de paix interieure et exte- rieure. En Silesie, en Prusse orientale, en Pomeranie, et Brandebourg. de par la reforme agraire et la natio- nalisation des mines, la base terrienne et industrielle. du prussianisrne a ete demolie : cela constitue un motif de prosperite pour le peuple polonais et une garantie de i. Maurice TinAmy, Pologne nouvelle. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 x26 LA POLOGNE pais pour l'Europe et le monde. Et il se trouve que la Pologne teUe qu'elle est faite entretient avec ses voi- sins les rapports les plus fraternels. Dans cette partie de l'Europe, l'amitie des peuples l'a emporte sur les cupides discitsions nationalistes. Les actuelles frontie- res de la Pologne possedent aux yeux du monde une immense valeur de demonstration. Elles signifient que les questions frontalieres peuvent etre reglees par la voie pacifique ainsi que cela s est produit critic la Pologne et l'U.R.S.S. pour les frontieres de l'Est, entre la Polo- gne et la Tchecoslovaquie pour le district de Teschen, entre la Pologne et la Republique democratique alle- mande pour la frontiere Oder-Nissa. Elles signifient que e'en est fini de l'inimitie entre le peuple de Rus- sie et le peuple de Pologne, entre le peuple de Pologne et k peuple allemand. Bismarck ordonnait a ses ministres de tout faire pour ne ? jamais permettre la reconciliation entre la Pologne et la Russie Cela voulait lien dire que l'Allemagne prussianisee devait etre l'eternelle ennemie de la Pologne et de la Russie. Bismarck a ete vaincu. Ii l'a ete par celui qui. a 'tau- rore de la Revolution de 1917, ecrivait : Nous ne voulons pas de guerre pour des fron- tieres territoriales ; nous voulons detruire le pass?audit. Les disciples de Lenine, Staline en tete, ont ete fideles cette parole. En Pologne ? le passe maudit ? est detruit au meme rythme que se construisent les maisons et les vines et que s'extraient des mines de Silesie les millions de tonnes de charbon. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE: III LE PREVENTORIUM DE PACZKOW A la table de la Mere Superieure. Ncos laissons Opole sur notre droite et nous abordons un paysage de collines, tres pourvu de cours d'eau, d'axbres fruiticrs. Les mots des Sudetes se rappro- chent de nulls. Nous traversons Nysa, ville peuplee de feuillages et arrosee par une belle riviere. Void un lac artificiel, Les cOtes se font plus severes. Le paysage devient de plus en plus vane. C'est l'arrivee a Paczkow. Le preventorium se ,presente a nous avec sa longue facade blanche dominant un paysage vert et doucement ondule. Nous moutons les marches du perron et nous somrnes accueillis par une religieuse a l'immense coiffe blanche, au visage rond, tres color& plein de componc- tion, eclaire d'un sourire. Elle et la secretaire des ceu- vres sociales du syndicat s'embrassent avec beaucoup de cordia,lite. Les presentations se font tres protocolaire- ment. La religieuse nous souhaite la bienvenue en polo- nais et nous invite a enter. , ? Vous avez fait un long voyage, vous avez besoin de faire un peu de toilette et vous devez surtout avoir faim. Ne vous inquietez pas : la scour cuisiniere aura vite fait de preparer a dejeuner. Vous prendrez votre repas dans notre salle a manger. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 128 LA POLOGNE . La maison brine de proprete. !.es parquets sont cires. De grandes fenetres l'emplissent de lumiere. II y a des flours partout, des plantes vertes. Les murs sont peints a. l'huile et clans des teintcs claires. je n'ai jamais vu autant de confort dans urn, raison de cette destination. je dois avouer pie mon etonnement est grand d'avoir trouve la, cette religieuse digne, hriposante, pleine d'ur- banite, mon etonnement de voir alter dans les vastes couloirs bras-dessus bras-dessous cornme deux grandes antics, la religieuse et la militante du Syndicat des mineurs et dont j'ai su, to matin, a. travers des mor- ceaux de conversation du voyage, qu'elle est membre du Parti ouvrier L'ami Szwed devine que j'ai besoin de quelques explications. ? Ii y a ici un personnel laique, me dit-il, qui s'oc- cape des enfants, de leur instruction, de leur education, de leur sante : instituteurs, institutrices, medecins, infir- mien. L'administration de l'etablissement est entiere- ment a.ssuree par six religieuses qui ont eu, pendant l'occupation, tine attitude patriotique exemplaire. C'est la sceur Maria Glowska qui est, si l'on petit dire. la mere superieure... celle justement qui nous a accueillis. La piece du rez-de-chaussee oa nous penetrons, aux mars blancs, decor& de tableaux de saintete, recoit tin aveuglant eclairage d'une fenetre ouverte sur laquelle tombe un brise-bise de tulle. Un buffet, une desserte en bois noir. La table, a. la nappe immaculee, est belle avec ses services d'assiettes, de verres, de carafes frap- pees, de carafons oh scintillent deux ou trois sortes de vodkas colorees. Au-clessus de la porte, un crucifix. Nous prenons place. Nous sornmes six convives, chauffeur compris. La mere superieure s'assied sur an c8te de table. Elle assistera ainsi a tout notre repas, causant, posant des questions, racontant des histoires Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LB ,PREVENTORIUM DE PACZKOW 129 Nous avons d'abord bu le verre de vodka rituel la Pologne populaire. Pus on a servi le menu que voici : Bouillon a la irangaise avec flocons d'oeufs flottants, Riz, Tranche de veau. Entre ces plats s'intercalaient des gateaux, des p'atis- series, des compotes de fruits. Nous &ions servis par une sceur qui, chaque fois qu'elle apportait un plat, nous faisait demander de la part de la sceur cuisiniere Si nous &ions satisfaits, si c'etait bon. Je fis dire a la sceur superieure qu'il y avait des gens en France qui s'en alla lent repetant qu'en Pologne l'Eglise etait opprimee, lc clerge persecute. Je precisai que c'etaient dans des journaux se pretendant catho- liques que se lisaient surtout ces affirmations. La mere superieure me repondit que cela 1 etonnait beaucoup, qu'elle avait peine a me croire, qu'il lui etait difficile d'imaginer que des catholiques dignes de ce nom puissent prendre tant de liberte avec la Write, que je n'aurals, a mon retour, qu'a dire ce que j'aurai vu Pa.czkow, par exemple l'administration d' un grand preventorium, propriete du Syndicat des mineurs et rece- vant des enfants de mineurs, entierement confies a des religieuses. me sera difficile, dis-je encore, de faire croire certains que j'ai dejeune dans cette salle, regu par Vous, dans cette salle ott se volt au-dessus de la porte ce crucifix. Dites la verite, dit la scour Maria Glowska, repe- tez la verite, ne vous lassez pas de repeter la verite. Nous, id, dans cette maison, nous demeurons des reli- gieuses, nous servons le Christ et notre pays. Nous Sorrunes Catholiques. Nous sommes Polonaises. Nous sou- 9 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 201,2/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 X30 LA POLOGNE haitons a notre pays la prosperite et la paix. Ceux qui se servent du mensonge ne servent ni leur pays, ni la pix. preventorium de Paczkow. A fin du repas arrivee, la sur superieure nous pre- vint quo les enfants, leur sieste etant terrninee, allaient partir en excursion et gull etait temps de les voir. Nous sorfirnes dans le hall du preventorium. Gar- cons et fillettes etaient l?debout sur les marches du large escalier. Et nous fames accueillis par une Mar- seillaise assez hesitante, mais une Marseittaise quand memo. L'hyrnne polonais suivit. Nous questionnames les enfants. Cela fut facile il y avait l?es gamins et des gamines rentres de France avec leur famille, les nns en 1946, d'autres en 1947, d'autres a l'epoque des expulsions, c'est-a-dire de 1948 a 195o. Gamins et gamines qui connaissaient surtout le francais, qui me prierent de dormer de leurs nouvelles A leurs maitres on A leurs mattresses du Nord on du Pas-de-Calais. Et lorsque je parlai en francais, ne pouvant faire mieux, aux cent-trente pensiormaires de Paczkow, des enfants de France, cc fut une fillette de douze ans qui servit d'interprete. II y eut encore des chants. Le dernier, cc fut l'Internationale. J'avais pres de moi la scour supe- rieure. Elle ecoutait les enfants chanter le chant revo- lutionnaire sans aucun etonnement, sans aucune cris- pation dans ses traits cahnes et reposes, sans run de ces moindres riens qui peuvent dire la gene sur un visage. Les enfants partis, la scour Maria Glowska nous invita visiter d'abord le jardin : cela nous perrnettrait de faire une promenade fort utile I notre digestion, nous fut-il dit. Nous contournimes le grand edifice stir son Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LE PREVENTORIUM DE PACZKOW 131 certe droit pour tornber sur un chantier. Ii y a des chan- tiers partout en Pologne ! ? Nous nous agrandissons, dit la mere superieure. La maison ne manquait pas de confort, mais un certain nombre d'installations modemes lui faisaient defaut, surtout en ce qui regarde les choses de la medecine, de la chirurgie, de l'hygiene generale. Vous le voyez, dans peu de temps, nous aurons tout ce qu'il nous faut. Ii faut dire que des a present une maison comme celle- la est cleja une chose unique. Le jardin est la. Tous les legumes : choux, carottes, rads, poireaux, oignons, poinmes de terre. Et 3.000 pieds de tomates ce chiffre donnera une idee de liken- due du jardin. Les arbres fruitiers, des pommiers surtout, ne man- . quent pas. Ni les fraisiers. Ni les fleurs, ceillets, roses, giroflees. petunias. Voici de la luzerne..., et les hautes tiges de mais, et des chassis..., et une serre. Ce sont les six sceurs qui cultivent la propriete, aidees aux grands moments par trois ouvrieres saisonnieres, des files de paysans des environs. Nous visitons maintenant l'interieur du preventorium. Des chambres a deux lits. Un lavabo dans chaque cham- bre. Parquet eke, murs peints a l'huile. Rideaux. Meu- bles peints. Salles de bains. Des fleurs sur les appuis de fenetre. A chaque aile du preventorium est affec- tee une jeune flue pour l'entretien. Chaque ale possede aussi une chambre d'institutrice, fauteuils, bibliotheque, fleurs, lampe de chevet un confort d'excellent gait, plein d'intimite. La maison est faite pour le service des enfants. Tout est adapte a leurs petites personnes. Les families peuvent rendre visite a leurs gosses une fos par mois, mais us ne les voient qu'au rez-de- chaussee, Le prix de pension? 250 zlotys par mois. Les enfants prennent 12 a 13 kg. en trois mois. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 132 LA POLOGNE La SCOW' cuisiniere et son enfer bourre de provisions. Nous regagnons le rez-de-chaussee, puis le sous-sol. Nous allons visiter le dornaine de l'Achninistration, celui oti regnent les six religieuses. La cuisine est de dimensions inusitees. Nous y sommes accueillies par tine sour cuisiniere monurnentale dans sa robe blanche, to teint tres fleuri, joviale et qui, ries qu'elle nous voit, saute au cou de la responsable sociale du Syndic.at des mineurs. Embrassade. Des que je lui suis presente, la sceur maitre-coq passe son bras sous to mien et elle mtentraine pour me montrer les richesses de son dornaine. y a dans tin angle du mur une grille de haut-parleur qui retient mon attention, La sceur me fait expliquer (Welk etait seule dans la maison a ne pas avoir de musique. Elle a exige et obtenu cette installation radio- phonique. ? Comrne ca, dit-elle, je ne suis plus seule dans mon enfer. ? Et elle eclate de rire. Elle nous conduit, une grande ecumoire a la main, une ecumoire assorruner les lxeufs et qu'elle brandit a tout propos. je pense a hire Jehan des Entomeures. Voici la cui- shaiere au charbon qui trOne, au milieu de ce saint des saints, venerable, longue, noire, brillante de tous ses cuivres de bordure et de ses robinets. Mais ii y a aussi une cuisiniere a gaz et un moteur electrique pour animer des tas dinstensiles mecaniques : machines a eplucher, machines a layer la vaisselle, que sais-je encore ! La, c'est le frigidaire. Nous allons de salle en piece et de piece en reduit : les dependances de la cui- sine toujouni. Void la reserve aux configures, aux com- potes, les grands bocaux on se conservent dans l'akool terises, prunes, abricots, poires. Void la reserve des sirops, des haricots verts, des oeufs. Void i le magasin Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LE PREVENTORIUM DE PACZKOW 133 des legumes secs : sacs, barils, caisses o? se voient le riz, les lentilles, les farines, les semoules, le sel, le sucre, la kasza ou orge perle. La, c'est la piece de la charcu- terie, saucissons de toutes tailles, ficeles fins, jambons, grandes plaques de lard ou de petit sale. La, c'est la piece du chocolat et des biscuits. La soeur cuisiniere nous montre toutes ces richesses comme si elles etaient les siennes et elle commente : ? De quoi soutenir un siege. On ne mourra jamais de faim. Et la grande ecumoire trace a travers l'espace sombre et frais des cercles eblouissants. Puis ce sont les douches, la buanderie electrique, le repassage electrique avec son rouleau et dont on m'ex- plique le fonctionnement en repassant sous mes yeux un immense drap de lit. Nous avons termine noire visite au preventorium de Paczkow dans les bureaux. On m'a montre les fiches des pensionnaires, des graphiques de sante, un livre d'or oi j'ai d crire mes impressions. Aux murs, un cru- cifix, et les portraits de Staline, de Bierut, de Cyran- kiewicz. Le Syndica.t des mineurs possede huit de ces maisonsl. - Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAP1TRE 1V LA MAISON DE LA CULTURE DE KATOWICE Tout cela est fait pour l'homme. CREST le directeur Kowalik qui nous a fait les hon- neurs de la. Maison de la Culture de Katowice. Il y a en Pologne pres de quatre-vingts de ces maisons. Cellos de Katowice et de Cracovie sont consi- &trees comme des modeles. L'immenble oil est installee cello de Katowice est im- mense. Ti flit tout a, fait detruit par la guerre. On nous montre sur un album de photos en quel ?t il se trouvait en 1943, tres exactement le riT fevrier, jour oil les syndicats prirent possession des ruines. Quinze jours apres la Maison fonctionnait. Le premier cours etait destine aux chefs des salles de jeux qui se mon- talent dans toutes les entreprises de la region. Il n'y avait alors qu'une sale de cours, la piece oii est ins- talle aujourd'hui le bureau directorial. Les autres salles quson avait rendues habitables etaient prises par un service d'intemat. Au debut de 1946 tout avait ete rends en ?t. La Maison de la Culture fonctionnait. Le Directeur Kowalik in'expliqua que la Commission centrale des syridicats polonais possede tout un ensemble de salles de jeux, de clubs d'usine, de maisons de la culture, clans to but de relever le niveau des masses laborieuses et d'assurer tour formation ideologique. 11 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA MAISON DE LA CULTURE DE KATOWICE 135 s'agit d'une organisation des loisirs de fin de journee, des dimanches et jours feries. La salle de jeu est l'organisation primaire reservee aux toutes petites entreprises industrielles ou aux coopera- tives de production agricoles. - Le club ouvrier est plus important. 11 comprend une sale specialement amenagee ainsi que d'autres beaux oa on peut se reposer apres le travail, lire les joumaux, jouer aux echecs, emprunter un livre. Ii possede un piano et une salle de spectacles. Il comprend plusieurs cercles de travail : cercle autodidaxie, cercie de musi- que, de danses, de theatre. C'est au club qu'ont lieu les conferences educatives, les projections de films. C'est le club qui organise les excursions qui permettent aux ouvriers et aux paysans de connaitre leur pays. Les families des travailleurs ont acces au club. Les clubs ouvriers font la gloire des usines ; leurs activites sont suivies avec passion par tout le personnel, les families et la population elle-meme. D'autant plus que la Commission centrale des syndicats organise entre bus les cercles des concours de danses, de chants, de theatre. Le directeur Kowalik me foumit cette definition : la 1Vlaison de la Culture est be centre culturel et educatif de la contree, de la voievodie ou de plusieurs voievodies. Son activite sert de modMe aux clubs ouvriers. Elle conseille et instruit les militants des clubs ouvriers. Elle forme des militants du mouvement cuiturel syndical. Elle fournit les programmes artistiques des Centres de repos du Fonds des loisirs ouvriers. Elle est subven- tionnee par la Commission centrale des syndicats. En 1950, la Maison de la Culture de Katowice a inn quarante millions de subvention. Ii y a la une veritable universite et qui dispense tons les enseignements. L'enseignement general tient une ties grande place. Void aussi des cours de danse, de pein- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 136 LA POLOGNE ture, de sculpture, de musique, de theatre, de photo- graphic.. Taus ces cours sant gratuits. Les professeurs ? Les rneilleurs specialistes de la vile et du pays lui-merne : peintres, sculpteurs, chefs d'or- chestre, metteurs en scene, clioregraphes, ecrivains, poetes, journalistes. La maison possede un ballet d'adultes et wi ballet d'enfants, un chceur de 120 personnes, un orchestre de So accordeonistes. Les instruments sont fournis par la maison ole-memo. Si des ? eleves ? ont de belles voix, ils recoivent un enseignement individuel. Le directeur Kowalik me dit avec satisfaction ; ? Trois de nos eleves chantent deja. a l'Opera. Si quelqu'un habite hors de Katowice, et s'il croit avoir des dons, il ecrit A la Maison de la Culture qui l'invite aussitot a venir se faire examiner. Tous les frais de voyage sont rembourses. Aussi tous les talents sont detectes. bus les talents peuvent s'epanouir. Ii n'est pas un coin de terre de Pologne qui doive rester en friche. Ii n'est pas uric intelligence qui doive croupir. fl n'est pas uric faculte humaine qui doive rester inem- ployee. A ceux qui osent affirrner, en notre Occident, qu'efl Pologne l'hornrne no serait plus qu'un matricule, je souhaite, s'ils sont honnetes, qu'ils reflechis' sent A cet aspect de la reconstruction polonaise quo je leur montrais tout a l'heure en visitant le preventoriurn de Paszkow, quo je leur montre a present en visitant la Maison de la Culture de Katowice. Chaque semaine, cette Maison publie le programme de ses spectacles. j'ai sous les-yeux uric grande affiche. Jo copie : Lundi. Cinema; films documenta res. Mardi. ? Musique, danse, theatre. Mercredi. ? Recitation. jeudi. ? Soiree litteraire. Vendredi. ? Conferences politiques et scientifiques. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA MAISON DE LA CULTURE DE KATOWICE 137 Samedi. ? Th?re de marionnettes (pour les enfants et les grandes personnes). Dimanche. ? Concerts, On peut, pour beneficier de tout cela, prendre un abonnement ipensuel dont le cat est de roo zlotys : 3 zlotys par soiree : le "Fix d'une cigarette 1 Nous rnontons les &ages. Les murs sont converts de journaux muraux des differentes sections. Je vois une salle de spectacle qui est un veritable theatre de 1.200 places. Je vois une exposition de dessins d'enfants, une autre de dessins d'ouvriers. Voici l'atelier des maquettes de costumes folkloriques; tout un &age, le dernier, est consacre a cette resplen- dissante fabrication. En ai-je vu des broderies, des ors, des argents, des perles, des galons ! tons les costumes de la Pologne, les marins et les montagnards, les ou- vriers pt les paysans, les bourgeois et les aristocrates ! Voici le ? laboratoire ou l'on fournit tous les ren- seignements utiles a la creation et a la bonne marche d'une salle de jeux... Voila la salle de concerts, le theatre de marionnettes dont on me dit qu'il lui arrive de partir en toumee t la campagne. On ajoute cette precision : la Pologne possede 66 theatres de marionnettes. Une bibliotheque vivante. M ous arriyons 'dans le domaine des livres. 111 Cette salle est cello de la lutte contre l'a,nalpha- betisme. Sur les ?g?s triangulaires, legerement pen- chees en arriere, sont places les livres speciaux. L'eta- lage est progressif. Des abecedaires en images on passe graduellement aux !lyres de lecture courante. Tout cc materiel est a la disposition des responsables de salles de jeux ou de clubs d'usines. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 138 LA POLOGNE La bibliotheque ordinaire est riche de 20.000 volumes. Fin 1945, elle nen possedait que 510. Void la progres- sion quo je lis sur un graphique de la sane reservee au public. En 1945 ? ? ? ? 510 volumes En 1946 1.070 volumes En 1947 3.050 volumes En 1948 7.o00 volumes En 1949 15.000 volumes En 1950 20.000 volumes A present la bibliotheque s'enrichit chaque mois de 1.000 volumes. je vois d'autres graphiques. Celui du nombre de visites resues par la bibliotheque : En 1945 3.159 En 1946 14-807 En 1947 25.929 En 1948 59.652 En 1949 78./17 Celui des prets : En 1945 2.430 En 1946 11.390 En 1947 20.716 ED 1948 4088 En 1949 62.155 Tons les prets sant gratuits. On pout cependant prendre un abonnement qui, contre tine somme derisoire, permet de lire tout de suite les nouveautes. Voici le graphique des abonnements : En 1945 220 En 1946 245 En 1947 339 En 1948 802 En 1949 1-840 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA MAISON DE LA CULTURE DE KATOWICE 139 Les nouveautes sont presentees dans des vitrines. Elles ne seront mises en lecture qu'une fois les volumes relies. On peut cependant sortir un livre broche. Ii suffit de s'engager a faire l'analyse et la critique de l'ouvrage. , L'une des parties de cetie bibliotheque qui m'a vive- ment interesse est celle ou se font les expeditions de livres a la campagne. Chaque mois. i.000 volumes quit- tent la Maison de la Culture de Katowice et 1.000 autres y reviennent. Les envois vers les salles de jeux des villages ou des cooperatives de production se font par le moyen de ce que j'appellemi une caisse-armoire-h-livres. Ii s'agit bien d' une armoire de bois epais de un metre de hauteur, a trois ou quatre etageres, qui se ferme cornme une caisse par le moyen de grosses vis. Line caisse n est pas encore revenue qu'une autre part. Dans chaque centre recepteur on dispose d'un registre general de la bibliotheque ; les demandes sont etablies d'apres ce registre. Mais pas au hasard : on a discute, a la salle de jeux, des livres qu'il convenait de recevoir. Je dis au directeur Kowalik : - Mais qui vous fournit vos livres? -- La section culturelle de la Commission centrale des syndicats second& par une commission speciale qui juge des livres du point de vue de leur valeur litteraire et sociale, et qui tient compte aussi de la vogue dont us jouissent. ? Comment se fait la repartition par bibliotheque ? ? Les bibliotheques qui ont le plus de lecteurs recoivent le plus grand nombre de volumes. Cela a Fair normal pent-etre. La verite est qu'une emulation singuliere s'etablit entre les differentes bibliotheques. Chacune d' entre elles fait le maximum pour developper le goat de la lecture dans les milieux ouvriers et paysans. ? Combien votre bibliotheque occupe-t-elle de per- sonnes ? ? Dix en tout. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 140 LA POLOG N E Avez-vous calcule combien votre Maison de la Culture recoit de visiteurs par jour? Une moyenne de 2.500 et de tons les Ages. Variations sur le genie, la musique et le peuple. EN novembre 1948, j'avais entendu tine discussion dans la salle de restaurant de l'Hatel Bristol, a Varsovie. fl y avait du dote francais les cornpositeurs et autres specialisks de la musique venus en Pologne pour pren- dre contact au nom du Comite francais avec le Comite polonais du Centenaire de la mart de Chopin, Ii y avait du cote polonais Elsa Belder, l'une de ces fames qui n'ont jamais cesse de se battre pour la liberte. Apres avoir mene son combat sur none sol, et durant tout le temps de l'occupation, Elsa Bekier s'est souvenue qu'elle etait partie dans la vie pour no faire que do Ia. musique. Elle avait sacrifie son art a la lutte imme- diate. Retournee en Pologne, die a retrouve son art et die le met au service de on pays. Elle a des responsabi- hies dans le domaine de la musique. Elle dirige, elle organise, die compose. Les Francais, au Bristol, ee jour de novembre 1948 que revoquais en visitant en 1950 la Maison de la Culture de Katowice, soutenaient d'etranges theories. Le genie est un don du ciel, disaient-ils. La musique se situe au-dessus de toute chose. Elle West faite que pour quelques-uns ; le peuple no comprend Hen A la musique. Un grand musiden, s'il a ete un traitre A son pays, on doit l'absoudre parce qu'il est un grand musicien. Elsa Bekier repondait de sa voix calme et posee. Un artiste, si grand salt-il, a des devoirs envers son pays et son peuple, a commencer par lc devoir de fidelite ; sa responsabilite est A la mesure de son ceuvre Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA MAISON DE LA CULTURE DE KATOWICE x4i et de sa gloire ; s'il trahit, il est mule fois plus coupable qu'un autre, il. devrait payer plus cher. Il y a plus a dire encore : s'il trahit, c'est que sa reputation de grand artiste est usurpee, ou exageree, et que si l'on regarde bien, ii manque a son ceuvre l'un des elements qui font au long de notre ?que les grandes ceuvres, l'element national. Il faut faire passer un artiste, un ecrivain aussi, a cc que le grand poete Aragon a appele le trebu- chet national... et ne pas le juger avant cette epreuve. Elsa disait encore dalmement : ? Pourquoi mettre la musique au-dessus de toute chose ? Viendrait-elle du ciel ? ainsi vous croiriez aux miracles alors que vous vivez, au nom de la musique et parce que vous l'aimez, dans un amas inextricable de difficultes materielles ! Si vous arrivez a. surmonter ces difficultes, ou quelques-unes d'entre elles, alors vous pouvez faire de la musique, la composer, la jouer. La musique, c'est d'abord la consequence, comme la litterature et la philosophic, d'un certain nombre de conditions materielles, sociales, politiques, qui president plus ou moms bien a l'eclosion ou a l'etouffement de l'ceuvre. On petit dire quo chaque societe a la musique qu'elle merite. y a des musiciens de genie ? Oui, et j'espere que plus nous avancerons dans le temps, plus nous chan- gerons les conditions materielles, sociales, politiques, plus il y aura de musiciens de genie. Mais le genie suffit-il a. tout ? Ne cloit-il pas compter sur l'existence d'un instrument, d'une pedagogic, d'un public? sur les necessites de l' etude ? Si ces conditions dont je parle ne sont pas realisees, si le genie ne les rencontre pas, il ne pourra pas s'exprimer ou mal. Je fais a. l'humanite Thonneur d'affirmer qu'elle a possede, en puissance, plus de genies qu'il n'a pu s'en manifester. Je repro- the aux societes, aux civilisations, de ne pas avoir .perms a thus les genies d'eclore et de s'epanouir. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 142 LA POLOGNE jusqu'ici, c'est le hasard qui a decide de tout, je ne dis pas la selection, et les societes ont tort de laisser le soin de choisir an hasard, c'est-a-dire en fin de compte a l'injustice sociale. Vous dites, vous, que c'est le malheur, la souffrance, la faim, la misere, qui font les grands musicierts. De memo que certains pretendent que si Chopin a ete Chopin, c'est parce qu'il etait d'abord poitrinake. AlIons done I Le malheur, la souf- trance, la faim, la misere. la maladie, cela pout dieter de grandes ceuvres a. quelques '5.rtistes. Cela interdit a. beaucoup d'autres de s'exprirner ? et de s'exprimer comme Us le voudraient. Et je pretends que les ceuvres issues de la serenite, du bien-etre, de la sante, de la joie, seront toujours plus belles et plus nombreuses. Nous ne voulons plus de la douleur comme maitre. Nous no you- Ions plus non plus que la musique, et les musiciens, se manifestent sous le signe restrictif de l'argent, du profit. ? Car, continuait, impitoyable et souriantc, Elsa Bekier, vous mettez la musique au-dessus de toutc chose et, en definitive, vous en faites purement et sim- plement une affaire commercial. Vous la vender. comme d'autres vendent du taffetas, des sardines a l'huile ou du coca-cola. La chose la plus belle, vous la faites rare pour la vendre plus c.here et gagner plus en la vendant. Comment vivent vos compositeum ? Et vos virtuosos? Ceux-ci, des entrepreneurs de spectacles s'en enaparent, se les disputent, se les arrachent. Pour quelques-uns qui deviennent riches, combien vegetent et disparaissent des affiches ? Grace a certaines protec- tions, a. la presse, a la radio, a. un savoir-faire que je ne veux pas qualifier, vous fabriquez des renommees comrne on lance une marque de savon. Aussi vos artistes, vos compositeurs, vos interpretes, no sont pas libres. Ils dependent de qui pourra les joucr et leur production s'en ressent. us dependent de qui pourra les loner an sens vii du mot. Et parce que la musique, ce sont Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 , LA MAISON DE LA CULTURE DE KATOWICE 143 d'abord des compositeurs et des interpretes, ceux-ci n'etant pas libres, chez vous, la musique ne pent l'etre. Comment serait-elle au-dessus de toute chose, ainsi que vous le pretendez ? ? Voila, j'imagine chez vous, a Paris, aujourd'hui, un jeune compositeur peu connu. Ii vient d'ecrire une syrnphonie, tine ceuvre notable.I1 est cependant demuni d'argent et d'appui. Arrivera-t-il a presenter son ceuvre au public ? Ii lui faut un orchestre, un chef, une salle, de la publicite, un entrepreneur de spectacle, et qui songe a bien gagner so vie, aux &pens de l'artiste, c'est stir. A Paris, le jeune compositeur aura pent- etre, puisqu'il est sans argent et sans appui, deux chances sur cent de voir interpreter son ceuvre pourtant interessante. A yarsovie, 11 aurait cent chances sur cent. A Paris, n' existent pas les conditions pour une musique libre et qui fassent toutes leurs chances a tous. A Var- sovie, ces conditions existent. -- Notre but? Enlever la musique du rayon des' choses qui se vendent. La donner a tous. Pour cela., faire l' education musicale de tous, du plus grand nombre possible de nos jeunes gens et de nos adultes, paysans, manus, ouvriers, employes, iritellectuels, de tous nos enfants surtout. S'il exist e, dans notre peuple, un enfant capable de devenir un Beethoven, nous tenons a lui donner toutes ses chances. Nous ne voulons plus laisser le hasard faire ses miserables choix. Nous creons toutes les conditions favorables a l'eclosion, non d'un genie, mais de tous les genies possibles et pas seulement sur le plan de la musique, vous vous en doutez, mais sur tops les plans. Ainsi la musique, ce bien precieux, deviendra, le bien de tous et non plus de quelques-uns, Jo bien du peuple qui la comprendra parce qu'elle sera sierme et qui l'enrichira parce que c'est dans le peuple que sont toutes les richesses vraies et les seules possi- bilit6s de renouvellement. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE V ZAKOPANE; LE SOUVENIR DE LENINE ET LES SYNDICATS POLONAIS De Cracovie a Zakopane au le souvenir de Lenine. IE cornprenais mieux, a penser aux paroles d'Elsa Beker a. quoi doivent servir les maisons de la culture. je conapris mieux encore combien la liberation de l'homme etait le but supreme de la democratie populaire en marche vers le socialisrne lorsque j' ens visite Zako- pane et quo j'eus entendu les explications de la camarade Cieslikowska, secretaire de la section culturolle de l'Union des syndicats polonais. Mats je voudrais dire d'a.bord deux mots sur le che- min quo j'ai suivi pour me rendre de Cracovie a. Zakopane. Nous 6tions partis de Varsovie par la route. Par palters successifs, celle-ci ne cesse de s'elever. Cost une route de montagne avec ses tournants et sos surprises continuelles. Mais une route bien tracee, bien goudronnee et large Les eaux sont abondantes et vives. Les vil- lages sant pittoresques avec leurs maisons de bois gull est convenu en tous pays d'appeler des chalets. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ZAKOPANE /45 Plus pittoresques encore sont les montagnards avec leur chapeau plat, leurs courtes vestes blanches, brodees, leurs pantalons collants et brodes aussi sur le devant et les cotes. A jeter un coup d'ceil sur les croupes arron- dies en dos de hangar et comme camouflees d'un nombre considerable de taches de couleurs differentes, on corn- prend vite que la terre est la tres morcelee. Ce sont les montagnes de Tatras, sur le territoire de la Galicie qui fat, apres les partages, propriete autrichienne. Le regime ici, avant la resurrection de la Pologne etait plus libe- ral que dans les tares sous domination prussienne et tsariste. Aussi ces montagnes devinrent-elles comme le pays d'election des revolutionnaires polonais et russes. Nous avons ,traverse Myslenice avant d'aborder les hauteurs. C'est de la qu'un nomme Dobyszynski tenta en 1935 de faire partir un pustch antisemite. L'homme fut pris. mais la condamnation fut benigne : 5 ans de prison. Les colonels alignaient leur politique sur celle de Hitler et, a cc titre, ils avaient commence a opprimer les juifs. C'etait comme un prelude aux exterminations massives qui ailment s'accomplir au moyen des cham- bres a gaz et des fours crematoires. Le denomme Dobys- zynski s' en tira donc a bon compte. Durant les annees noires de l'occupation, ii s'embaucha dans la Gestapo. A la liberation, ii s'enfuit a l'etranger ou ii devint l'agent de certains services secrets. Il revenait en Pologne en 1946 pour y faire de ragitation, constituer des bandes terroristes, promouvoir des sabotages et des assassinats. E fut pris, condamne mort et execute. La justice de la democratie populaire a a preserver la paix interieure et les biens du peuple. C'est dans le village de Naprawa que vecut ecrivain jalu Kurek qui. dans ses ceuvres, s'est employe a (Maim la misere des paysans. C'est cc qu'il a surtout fait dans un roman bien connu en Pologne et qu'il a intitule La Grippe sevit a Naprawa. 10 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 146 LA POLOGNE A Nowytarg, et nous sommes d? dans la bonne et franche montagne, a veeu le grand potte polonais Orkan. Et c'est & Poronin qu'a vecu 1.enine. Le grand reva- lutionnaire avait quitte Paris pour Cracovie ou ii arri- vait le 19 juin 1912. De Pads, il devenait de plus en plus difficile de clinger la Pravda &ant donne quo le travail du Patti prenait de l'extension, et que le mouvement ouvrier allait croissant. Il fallait se rapprocher de la frontiere russe. Le choi.x tornba sur Cracovie. Vous me clemandez pourquoi je sins en Autri- che, repondait 'Arline a une question de Gorki; le Comite central a organise ici un bureau (entre nous). La frontiere est proche, nous l'utilisons ; nous sommes plus .pres de Peters- bourg, nous recevons de la les 3ournaux le sur- lendemain. 11 est devenu beaucoup plus facile d'ecrire dans les journaux de la-bas ; la colla- boration s'organise mieux. La compagne de Lenine, Kroupskala, ayant ete fati- guee, its vont se fixer, Fete, dans le hameau de Poronin. 1Lenine ecrivait aux siens : 11 y a quelques jours, nous nous sommes ins- talles, pour Pete, dans la montagne an village de Poronino, a7 kilometres de Zakopane. C'est pres des rnonts Tatre, a 6 ou 8 kilo- metres du chemin de for de Cracovie, au Sud, la communication avec la Russie comme avec l'Europe se fait .par Cracovie. C'est plus loin de la Russie, ma'sil n'y a rien a faire. En septembre 1913 se tint a Poronin une importante conference organisee par It. Comite central du Parti bolchevik, conference dont Lenine avait assure la direc- tion et oa il presenta un con-ipte rendu d'activite du Comite central ainsi qu'un rapport sur la question natio- nab. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ZAKOPANE 147 Le 26 juillet 1914, Lenine fut arrete par les gen- darmes autrichiens a la suite d'une fausse denonciation. Ii fut remis en liberte le 6 aofi.t. Le motif de l'arrestation etait absurde. Ii n'etait plus possible a Lenine de demeu- rer en Autriche, ce pays etait en guerre avec la Russie. Au reste, cela cut cree des difficultes inoules pour l'action revolutionnaire. Lenine passa alors en Suisse. La maison ou Lenine a vecu, ou Staline venait le voir, est toujours la. C'est le chalet fait avec des troncs d'axbres equarris, sa galerie ouverte, un rez-de-chaussee, un &age. Tout est en lads, plancher, doisons, plafond. La maison de Lenine est la. Elle est maintenant un inusee'que viennent visiter les democrates de toutes les regions du monde. Des tableaux, des photographies comme on en faisait il y a trente et quarante ans, des tracts, des journaux qu'animait la grande flamme revolutionnaire, que dirigeait la lucide pensee, les paroles qui jalonnent si lumineusement la vie du penseur et de l'homme d'action, chaque parole menant l'action, devenant action. La deportation, Fillegalite, l'exil, la grande revolution. Parmi ces souvenirs de Lenine, ii y a aussi ceux de Staline. Dans des vitrines, des editions en toutes les langues des ceuvres de Fun et de l'autre. Les visiteurs, nombreux, silencieux. graves, passent lentement, regardent, reviennent sur leurs pas ; a la sortie, ils attendent en silence, recueillis, que leur tour soit venu de signer le livre d'or du musee. Sur ?ce livre, il y a des ecritures deliees et de grands noms ; ii y a des ecritures qui ne trompent personne, des ecritures de travailleurs, si peu cursives, mais si appli- quees, et dans les caracteres de toutes les langues, l'hommage sincere, senti, reflechi, a celui qui a tant fait pour la liberation des hommes; il y a la reconnais- sance infinie des exploites, des opprimes qui savent que par Lenine toutes les chaines tomberont. Il en est gni, au moment d'ecrire, ne trouvent plus les mots Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 48 LA POLOGNE qu'ils avaient en eux... ou qui, peut-etre. sentent ou pensent que les mots ne peuvent dire que fort mal les choses. Arretes devant la grande feuille blanche, inte- rieurement troubles, Hs ecrivent leur prenom et leur nom sans autre indication, cornme on signe un engagement, cet engagement qui nous Vera toute la vie a tine grande cause, cet engagement d'etre fidele a la grande memoire. Les chevaliers sent vanes. ZAXOPANE etale ses hotels, ses maisons de repos, ses sanatoria stir un va.ste bassin, au pied des massifs du Tatras. Sur l'horizon les montagnes aux masses lourdes disparaissent souvent dans les nuees. Longue he cid a'edaircit, il est tine de ces rnontagnes qui frappe la vue at etonne, le Giezvont : on dirait le profit d'un homme couch& gisant, drape dans un linceul de roches, la figure degagee, nettement sculptee et regardant le del. Ces montagnes de Tatras, a la fin du si?e dernier et au debut du notre, out eu lours poetes patriotes, revolution- naires, et qui donnerent dans la deviation mystique. lls vivaient de symboles us reprirent au passe la legende de l'homme endormi, la legende du Giewont. Le genie de la Pologne etait enferme dans la montagne. La Polo- gne ne renattrait que lorsque des chevaliers auraient tire l'homme des Tatras de son sornmeil de pierre. II n'y avait done qu'a attendre la venue des chevaliers I je songe a cola en sortant de la maison de Lenine. Les chevaliers sont tout de memo venus. La Pologne est liberee. Si le Giewont n'a pas bone, et c'est tant uneux, sil offre toujours an visiteur son masque im- muable de cOmbattant petrifie, il est vrai que dans cette Pologne completement liberee, beaucoup de choses out change, que les forces de l'homme sont reveillees, qu'un homme nouveau se cree chaque jour un peu Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ZAKOPANE 149 mieux. Ii reste que Zakopane n'est plus cette station d'e.te et d'hiver que frequentaient hier encore les riches oisifs de /Pologne et d'Europe. Zakopane est aujour- d'hui parmi vingt autres stations de montagne, avec Szklarska, Poreba, Bierutowice, Krynica, Rabka, Zdros, Swieradow, un centre de cones pay& frequente par les travailleurs de la Pologne et leurs familles. La clientele a change. Jo l'ai bien vu a la maison de repos des metallos o? j' ai eu l'honneur d'?e heberge deux jours. La maison ? Que Fon imagine un hotel de premiere ? categoric. La clientele? Cent vingt brigadiers de tra- vail, hommes et femmes. Le prix de la pension? En- viron quinze mule zlotys par mois dont les deux-tiers sont support& par l'entreprise et par l'Etat. Ii y a une bibliotheque, une salle de jeux aux boiseries claires. ii y a des portraits d'ouvriers et d'ouvrieres dans les couloirs, dans la sane a manger commune. Voici Tekla KoralewsIca, championne de l' emulation socialiste parmi les femmes de l'acierie Zygmunt ; Florian Wit, premier de la brigade des jeunes a l'acierie Bobrek ; Julia Sip, brigadiere a l'acierie Baildon, medaillee du travail de premiere classe ; Joseph Kachel, rationalisateur, qui a permis a son acierie de realiser 9 millions de zlotys d'econornies a.nnuelles ; Alojzy Jarek, initiateur a l'emu- lation a l'acierie Kosziusko. L'Union des syndicats polonais. Tous les syndicats ont des ? hotels ? de ce genre dans les montagnes aussi bien que sur la Baltique, me disait la camarade Cieslikowska que j'invitais a me parlor des syndicats polonais. J'ai admire cette femme au visage si etrangement seuli)te et bruni, exempte de toute coquetterie. solide, 'et dont j'ai su par la suite qu'elle avait fait la guerre Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 xso LA POLOGNE dans cette armee polonaise formee en U.R.S.S. et qui etait arrivee jusqu'iBerlin je l'ai admiree parce qu'il y avait infiniment d'intelligence dans son regard, tant d'assurance dans ses propos. taut de fermete dans sa pensee, tant de simplicite dans tout cc qu'elle me disait. Elle dirige la section culturelle de l'Union des syndicats polonais. 11 n'y a jamais d'hesitation dans ses explications. Il faut que je disc quo Cicslikowska, son marl et moi, nous nous sommes rend us hors de Zakopane, a l'oree de la fork. Nous sommes a present confortablernent installes sur la terrasse vitree d'unc auberge qui porte le nom de Roma : le proprietaire est un Rslien qui a fait souche ici. Nous mangeons des fraises a la creme et nous buvons du the. ?-- Avant la guerre, me raconte-t-on, ii y avait en Pologne neuf centrales syndicales appartenant a diver- ses obediences politiques. On comptait 332 syndicats : certains d'entre eux n'appartenaient a aucune centrale. Au total, cola ne faisait, sur quatre millions de salaries, quo 940.000 adherents. Les syndicats etaient constitues d'apres les professions : syndicat des charpentiers, des metallurgistes, des masons, des comptables. Ce qui veut dire quo les ouvriers d'une memo entreprise appar- tenaient a differents syndicats et n'avaient pas de repre- sentation unique. Les syndicats etaient, de plus, cons- tittles selon les nationalitS :ii y avait des syndicats polonais, juifs, allemands, etc., et us etaient aussi cons - tittles d'apres les opinions politiques : syndicats ? de classe ?, syndicats refonnistes, chretiens, fa.scistes II y avait une forte coupure entre les syndicats des travail- leurs intellectuels et les syndicats des travailleurs manuels; intervenaient aussi la religion ou les religions pour fmir d'emietter les 940.000 travallleurs 4( orga- nises Le gouvernement semi-fasciste des colonels montait, avec le concours des socialistes de droite. des syndicats de type corporatif et persecutait les syndicats Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ZAKOPANE 151 de dasse, les dissolvait, confisquait leurs biens, empri- sonnait leurs militants. Ces syndicats, qui se reconsti- tuaient sans cesse, prirent une part active a la lutte armee contre l'envahisseur hitlerien. A l'assemblee de Lublin (novembre i944) et au pre- mier congres (Varsovie, novembre 1945), la decision a ete prise de creer une organisation syndicale unique groupant tous les travailleurs sans distinction de natio- nalite, d'opinion politique ou religieuse. Autre decision : tous les travailleurs d'une meme branche d'industrie appartiennent a un seul syndicat sans qu'il soit tenu compte des fonctions exercees. II y avait, en 1945, /.08.4.000 adherents. En 1949 ii y en avait 3.600 000, soit go pour cent de l'ensernble des travailleurs. L'unite de la classe ouvriere est realisee. Ii y a la l'une des raisons qui expliquent le ? miracle ? de la reconstruction en Pologne, le meilleur-etre dont jouit le travailleur polonais et les progres considerables realises par le pays dans sa marche vers le socialisme. ' Pouvez-vous me dire si l'Union des syndicats est basee sur ce que nous appellerions une declaration des principes ? ? Om, cette declaration est sortie du congres de Varsovie et elle a ete adoptee par tous les delegues quelque parti ou confession qu'ils aient Pu appartenir. On y,trouve que notre mouvement syndical a pour base l'unite de la dasse ouvriere, que l'Union des syndicats defend les interets de la Pologne populaire, veille a sa liberte, a sa souverainete, a son independance. La decla- ration dit encore que l'Union a ete constituee dans le but d'ameliorer les condiiions economiques et sociales des travailleurs et de consolider les realisations demo- eratiques. Le paragraphe VI stipule tres nettement que la preservation de ces acquisitions ainsi que leur develop- pement sont garantis par 1' abolition de 1' exploitation de ,rhomme par l'homme, par l'institution dans le monde Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 152 LA POLOGNE dun ordre nouveau qui eliminerait les guerres, prote- gemit les acquisitions de la culture et de la civilisation et etablirait un nouveau regime social donnant au peu- pie, c'est-a-dire a l'ouvrier, au paysan et au travailleur intellectuel, le profit de ses richesses. II est aussi al-fume qu'une action systematique sera poursuivie pour per- fectionner les qualifications des travailleurs, que raug- mentation de la productivite est la condition premiere du relevement du niveau de la vie et de la reconstruction de reconomie nationale et que dolt contribuer a cette augmentation de la productivite l'avancement des ouvriers a des pastes directeurs dans rindustrie, les transports et l' administration publique. La declaration enfm decide de raffiliation de l'Union des syndicats polo- nais a. la Federation syndicate mondiale : nous somrnes, cela va de soi, pour le principe de la solidarite inter- nationale. -- Notre deuxieme congres s'cst tenu en Ig49 a Var- sovie. Y ont pris part 1.700 delegues elus apres une cam- pagne de discussions qui s'est etalee sur tous les lieux de travail. ? Comment se presente l'organisation d'un syndicat donne? A la base, ii y a le comite d'entreprise dont les pouvoirs soot fort etendus, dent les membres sent elus Par ks travailleurs au suffrage direct et secret. Un decret reconnalt a la representation des travailleurs les attri- butions de co-proprietaires de l'entreprise. Dans les entreprises employant plus de 30 salaries, en plus du comite d'entreprise, il y a des groupes syndicaux qui procedent a relection des hommes de confiance. Au-dessus des comites d'entreprise, ii y a les sections syndicates dans les vines et les districts, puis l'organisation regionale et nationale. Tans les membres des organismcs directeurs soot a tous les echelons elus au suffrage secret dans des assemblees plenieres ou conges. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ZAK.OPANE 53 Les 31 syndicats nationaux, cc que vous appelez en France des federations, constituent l'Union des syn- dicats polonais. Nous avons, naturellement, nos unions departernentales, nos unions d'arrondissement et nos unions locales... Je disais un jour a Boleslaw Karpinski qui a travaille quelque quinze ans en France comme metallo et qui, des 1946, est rentre en Pologne : ? ? En France, certains journaux pretendent que la Pologne est un pays totalitaire et que cela se volt, par exemple au fait qu'il n'y a plus de greves chez vous. Karpinski Math, de rire. Je suis sr que les copains francais ne se laissent pas preridre a. des arguments de cc calibre. Pourquoi y aurait-il des greves chez nous? Les mines appartiennent aux mineurs, les usines aux ouvriers, la terre a ceux qui la, eultivent, les ports et les navires aux dockers et aux marins. Nous elisons nos responsables syndicaux au suf- frage direct et secret. Ce sont tres souvent d'anciens ouvriers qui dirigent deja les entreprises. Notre unite syndicale est une chose vivante. La vie baisse depuis 1947. Les salaires augn-tentent. Les ceuvres sociales se developpent. L'instruction est donnee a tous. Nos loge- merits disposent de tout le contort. Pourquoi, dans ces conditions, nous mettrions-nous en greve ? pour faire plaisir a vos faux democrates, a vos exploiteurs ? Dans une democratic veritable comme la note, la greve serait une absurdite. Dans votre fausse democratic oa 11 n'y a de vrai que l'exploitation de l'homme par l'homme, la greve est une necessite pour la classe ouvriere et les classes moyennes de plus en plus durement exploitees. Et nous savons de quale maniere elle est combattue par vos gouvernants et entre autres par les socialistes de droite a la Jules Moch et a la Guy Mollet. Ces valets du capital n'hesitent pas a user contre les grevistes des gaz lacrymogenes, de la matraque, des chiens poli- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 X54 LA POLOGNE tiers et du mousqueton. us ont du sang ouvrier sur Los mains. Le totalitarisme, il est plutOt chez vous o? tine lot electorale infame s'est &ore& de priver des representants de leur choix plus de cinq millions d'electeurs. La section culturelie de runion des syndicats. J E demande Mme Cieslikowska : Pouvez-vous maintenant me parler de la Section culturelle de l'Union des syndicats ? ? Notre section culturelle comprend cinq sous-sec- tions la sous section de l'instruction de masse, la sous section de propagande, la sous section artistique, la sous section des bibliotheques, la sous section des clubs d'usine. je vous apprends tout de suite que l'Entr'aide paysanne et l'Union de la jeunesse ont leur section culturelle divisee comrne la notre en cinq sous sections ? Vous le savez pout -etre ? Dans la Pologne de 1939, star 32 millions d'habitants, on comptait pres de cinq millions d'analphabetes. Des la liberation, nous avons voulu en finir avec cette plaie. La. tithe etait difficile nos ecoles etaient dernolies, nous manquions de maltres. Un decret est intervenu en avril 1949 qui creait un com- missariat adjoint a la presidence du Conseil et qui rece- vait la charge de mener la lutte contre l'analphabetisrne et de le liquider. A la ttte du commissariat, fut place M. Matusz,ewski, un ancien prkre, qui, avec quelque deux cents collaborateurs, a dresse tin plan de bataille prevoyant 50.000 cours specia.ux. Les cows sont donnes par des instituteurs et aussi par des membres du Parti ouvzier, des syndicats, -de l'Entr'aide paysanne, de l'Union de la jeuncsse. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ZAKOP NE 155 L'armee joue un role efficace dans la lutte contre l'analphabetisme, et sa mission principale est de preparer dans l'immediat la main-d'ceuvre dont le plan sexennal a un urgent besoin. Elle vise a reeduquer le paysan, c'est-a-dire a trans- former l'ouvrier dos champs en ouvrier des vines. Ces deux t'aches essentielles, qui sont des Ca- ches de paix, temoignent d'une conception nou- velle assez surprenante pour une armee, mais on sera encore plus Monne d'apprendre qu'une pro- pagande intensive a ete faite dans les casernes en favour de la signature de l'Appel de Stock- holm... Ainsi, en depit de certaines affirmations re- pandues dans le monde occidental, les faits semblent demontrer rine l'armee polonaise n'en- tretient aucun esprit offensif et qu'elle ne pour- rait etre qu'un element d'intervention locale dans un conflit international... Charles FAVREL, Le Monde, 13 juin 1951. us ont lieu dans les ecoles, les usines. Un livre special a ete Mite et ;tire a 700.000 exemplaires. II y a des difficultes : lane certaine honte chez les gra,nds Cleves, les conditions de travail, l'eloignement de l'ecole, la contre-propagande aussi de certains pretres qui proclament que l'on peut sauver son Arne et proclamer sa fol sans savoir ni lire ni ecrire. La frequentation laisse donc a desirer ,parfois. C'est la que les organisations peuvent intervenir. Les comites &entre- prise et les directions d'usines permettent des chan- gements d'equipe : ainsi los analphabetes qui travaillent la nuit sont places dans les equipes de jour. On va chercher les Cleves en voiture et on les reconduit, La oi. ii n'y a pas encore de cr?e, on organise la garde des enfa,nts pour rendre libres los meres de famille. Des recom- penses diverses sont accordees aux meilleurs. Un examen de fin d'etudes a lieu au bout de six mois. Les recales Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 156 LA POLOGNE redoublesit. .Aucune sanction n'est prevue contre ceux qui manquent les cours ou qui se refusent a los suivre. Nous voulons convaincre. Et, ma foi, les resultats sont loin d'?e decevarits. Si, en 1949, ii y avait encore tin million et demi d'analphabetes (sur 24 millions d ha- bitants) ii n'en restait plus que 300.000 fin 1950. II n'y en aura plus tin soul a la fin de 1951. Cc qu ii importe de comprendre, c'est que tous les elements actifs du pays sont intervenus aux cotes du gouvemement dans eette grande bataille contre l'obscurantisme. Ce qui nous est propre, ce sont les efforts que nous faisons pour favoriser l'auto-didactisme. Nous consti- tuous des cercles cl'histoire, de geographie economique, de sciences diverses. Nous organisons des cours d'ins- truction acceleree. Les enseignants sont fournis et payes par les syndicats. Les ingenieurs, les employes, inter- viennent aussi. II arrive que nos cercles soient conduits par de simples ouvriers et que l'ingenieur ne figure qu'a titre d'eli.tve. Nous accordons une gra.nde impor- tance aux cercles de larigucs. Les cours out lieu dans les clubs d'usine. its durcnt trois MOiS ou une annee. its comportent deux degres. Les livres sont fournis par les syndicats : us no content rien aux eleves. En 1949, 35.000 personnes ont termine les cours. ? La sous-section des bibliotheques facilith ce tra- vail culture!. En janvier 1946, nous avions un millier de bibliotMques syndicales. Nous en comptons a. present 7.600 qui disposcnt de pres de deux millions de volumes. Ces bibliotheques sont montees dans les clubs d'usine. Vous savez ce qu'est un club d'usine ? cola m'a ete explique a la Maison de la Cul- ture de Katowice. --- Nous en controlons 9.000. Le club d'usinc ne se contente pas de mettre des livres a la disposition des traavilleurs. Il indique comment a faut lire. Scs conseils vont surtout ceax qui ont ternaine les cours d'anal- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ZAKOPANE 157 phabetes. Il organise des cercles de lecture a haute voix avec des commentaires simples et succincts sur le contcnu des livres presentes, leur valeur sociale et litteraire. ? D,ernierement, nous avons organise une propa- gande pour la lecture en liaison avec des cercles de l'Union de la jeunesse. Chacun des membres d'un cercle recoit dix livres doll porter a dix membres adhe- rents de la bibliotheque du club, A. de vieux ouvriers que le fait de se rendre A la bibliotheque fatiguerait, des menageres chargees de famille. Ces ? courriers ? discutent avec ceux qu'ils visitent et ils rapportent leurs impressions au club d'usine. Ces conversations sont tres importantes. Presque tous nos clubs d'usine, continue Mme Wies- likowska, ont des cercles artistiques : chant, danse, musique, theatre. peinture...- s'est ainsi constitue plus de 7.000 cercles d'amateurs qui rassemblent au total 2oo.000 membres. ? Le ler mai 1949, a eu lieu au Musee national de Var- sovie une exposition de peintres ouvriers. Une scconde exposition g.'est tenue en 1950. Les professeurs sont des artistes authentiques et connus pour leurs idees progressistes. 1.200 ouvriers frequentent leur cours, surtout des emineurs. Nous comptons 300 mineurs peintres ou scuplteurs. L'un d'entre eux est deja un peintre confirme, c'est Ociepka, de la mine de Wieczorek, en Silesie. ? Mais c'est surtout le Theatre qui passionne les ha- ' vailleurs Les cerci es de the'atre rassemblent 120.000 membres. Nous mettons a leur disposition une biblio- th?e dramatique o?voisinent les grandes oeuvres de thus les pays. Nous disposons de So titres. Chaque piece est accompagnee de commentaires pour son execution. ? gn quatre annees, Fes de Ioo.000 representations out e'te donnees auxquelles out assiste 23 millions de Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 158 LA POLOGNE spectateurs. Nous avons organise deux concours augur.' le pays a porte grand interet. II y a Cu des eliminatoires de districts, puis des eliminatoires de voievodies, puis des eliminatoires nationales. En 1947, on compta 47.000 competiteurs, en 1948, 100.000. 1949 a ete consacre un immense festival du theatre sovietique, joue, tou- jours, par nos cercles. Les troupes Sc sont rendues dans les coins les plus perdus de Pologne. Cela a dure deux mois. Io.000 representations ont ete donnees. Nous avons compte deux millions et demi de spectateurs. En 1949, cc sont les professionnels qui ont donne un fes- tival dans toutes les vines, petites et grandes, a la cam- pagne et dans les usines. Dans le festival du theatre sovietique, 2.213 troupes ont triomphe des eliminatoires de voievodies. Les eliminatoires nationales en out retenu zoo qui toutes ont rep un prix. Trois de ces troupes avaient joue des pieces de Tchekhov. Le premier prix etalt de 5oo 000 zlotys. Inutile de vous dire que cet argent va au club et non aux acteurs... Une autre lois, il West agi de presenter une adap- tation scenique de la Jeune Garde de Fadeev, compor- taut 90 personnages. Trois theatres de professionnels et des troupes d'amateur sant entres en competition. Ce sont les ouvriers du textile de Basse-Silesie qui ont enleve le premier prix, un prix d'Etat de 500.000 zlotys. cc On joue beauc,oup de pieces modemes ou adaptees de romans modernes : Fadeev est le plus connu des auteurs progressistes du monde entier. On joue des clas- siques. /dais ii y a des auteurs ouvriers Les themes de leurs produeions sont pris a leur vie, a la vie de leurs usines, ou a la Resistance ; le theme des paysans arrieres revient souvent. Beaucoup de talents peuvent ainsi s'af- firmer dans le domaine de la creation et de l'inter- pretation. ? Que je vous disc pour finir quo ma section dis- pose d'un budget annuel de trois milliards de zlotys. ? Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 TROISIEIVIE PARTIE ? DE ZAKOPANE A LA BALTIQUE Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE PREMIER LA VILLE AUX 76 EGLISES ET LA NOUVELLE FORGE La 011ie des Itois de Pologne. CRACOVIE est l'une de ces villes dont on est accou- tume a dire qu'elles sont de veritables musees. La guerre n'a pas touch?ette ancienne capitale de la Pologne. Une audacieuse manceuvre de l'Armee rouge l'a sauvee de la devastation, comme elle a permis d'epargner les grandes villes minieres et industrielles de Haute-Silesie. A Cracovie, tout est done demeure intact. Dans la verte ceinture de ses plantations tout est a voir de ses Murailles mordorees et des bulbes cuivres de ses c10 - Chem. C'est la vile de la lutniere, de la couleur, une irruption de l'Orient ? d' un tres romantique Orient ? stir cette plaine de Pologne a la glebe plate, grise et brune. 11 y a, a Cracovie, cette forteresse ronde de la fin du XV? si?e et qu'on appelle la Barbacane, construction de ,briques rouges flanquee de tourelles et garnie de galeries a machicoulis. Des restes d'anciens remparts s'ornent encore de quatre tourelles ? les seules qui demeurent des quarante-sept que l'on comptait a l on Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 162 LA POLOGNE gine : tour des Passementiers, des Pelletiers, des Menui- siers, des Charpentiers. En face de la Barbacane s'eleve tine attire tour avec tine porte du mu* si?e, la Porte Saint-Florian, par laquelle on a acces vers le centre de la ville. Par la rue Saint-Florian, en effet, on arrive A cette rnerveilleuse place du Rynek, d'une superficie de 40.000 metres carres. Les maisons qui entourent le Ry- nek sont d'une grande diversite architecturale. Elks ont toutes tine histoire, et souvent merne un nom :ii y a la Matson grise, la Matson italienne, la Matson du lezard, la Matson an tableau, la Matson de saint Christophe II y a surtout sur le elite est l'eglise Notre Dame construction gothique des mu? et xtv? siecles, aux inestimables tre- sors artistiques, A commencer par l'autel gothique orne d' un immense retable en bois de talent polychrome. Ce retable de Wit-Stwosz rnesure treize metres de hauteur et onze metres de largeur ; il se compose de deux pan- neaux mobiles; on voit la la Dormition de la Vierge au milieu des douze apotres, des scenes relatives aux ptincipales fetes de l'annee, des episodes de la vie de Marie et de la Passion. Au cours de la derniere guerre, les hideriens s'emparerent de cc chef-d'ceuvre unique et us le transporterent a Nuremberg. Il a ite retrouve et ramene 5. Cracovie quelque pen deteriore. On a pris loin de Iui patiemment. Depuis cinq a.ns, le professeur Stonecki, entoure de specialistes, a revu l'une apres l'autre les 2.000 pieces dont se compose le travail de Wit-Stwosz. C'est dans le chateau de Wawel, le Pan- theon de la Pologne, quo le gouvernernent a voulu ins- taller cet atelier qui allait rendre au pays et a la civili- sation rune des plus etonnantes productions du genie human. Longue je visite he Wawel en aofit 1950, les travaux de preservation et de rafraichissement sont terrnines. Conduit par he professeur Stonecki je me promene an milieu de ces immenses statues dont le main- tien, les mains et les visages sont si vrais. je m'arrete Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILLE AUX 76 EGLISES 163 longuement devant cette Vierge an visage parfait, rose et blond comme on en volt dans la Pologne entiere. Je trearrete devant une Marie l'Egyptienne emouvante. ? Dans quelques semaines, l'Eglise Notre-Dame aura retrouve son plus bel ornement, me dit le professeur Stonecki, qui ne me cache nullement qu'il a mis a, son patient labour toute sa sch:nce et toute sa foi. ' Sur le Rynek de Cracovie, ii y a deux autres eglises, tine un peu en retrait et derriere Notre-Dame : eest l'eglise Sainte-Barbe ; l'autre est a l'interieur meme de la place et comrne enfoncee car, depuis que cette cons- truction romane existe (xie si?e), le niveau de la place s'est elev6. Curieuse place qui est aussi omee d'une tour dite datant du xvie siecle, et qui pos- sede en son beau milieu cette Halle aux draps de style renaissance, longue de soixante-dix metres et dont la galerie interieure, d'un seul tenant, haute et vofltee, abrite une double rang& de bazars oit se vend ent des . . cuffs travailles, des objets en bois sculptes, des poupees, des pantoufles de Zakopane, des corsages et des vestes brocl6es, des jouets, des dentelles. Chaque boutique a mis toutes ses richesses vivement colottes a son etalage. On se croit perdu an fond des temps, quelque part dans um vine des Mille et une nuits. Des qu'on sort par l'une ou l'autre des deux portes tr-ansversales, on se trouve sous tine longue galerie aux arcades gothiques, an long de laquelle ne se voient que des vitrines modernes : un rnorcea.0 de rue de Rivoli en moins luxueux. Au-dessus de la Halle aux draps proprement dile. s'elevent deux etages, en retrait sur le corps du batiment de base, et qui abritent des collections du Musee national. Quelque rue que l'on prenne, on y trouve un monu- ment : ce sera, dans Ia. rue Sainte -Anne, la Bibliotheque des Jagellons, siege de l'ancienne Universite et dont la cour, e joyau d'art gothique ?, ainsi est convenu Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 164 4.4 POLOGNE de dire, s'ome en son milieu (rune statue de Copernic ; ce sera, dans la rue Sienna, la Banque Pie, fondee au xvt? si?e; dans la rue Szpitalna, la Maison des prelats ; dans la rue Pijarska, le Musee des princes Czartoryski dans la rue Grodzka, 1 Palais Wielopolski, dans la rue Slawkowska, l'Academie polonaise des sciences et des lettres. Des rues entieres semblent sortir du passe avec leurs anciennes maisons aux portails canes de sculptures et aux cours interieures a arcades. Telles sont, entre vingt autres, la rue Kanonicza, la rue Grodzka, la rue Sto- la.rska. Dans cette ville qui est a elle seule Un musee, les musees abondent : Musee des princes Czartoryski, Music national, Musee Czapeski, Musee de l'Indu.strie, Musee de la Societe des amis des beaux-arts. Maison du peintre Jean Matejko, Musee ethnographique. Mais cc qu'on trouve chaque croisement de rues, sur chaque place, cc soot les eglises. Elles sont de taus les ages et de tous les styles : eglise Saint-Marc, gothique; eglise et clottre des Franciscains reforms, eglise Notre- Dame, gothique ; eglise Sainte Bathe baroque ;?se des Bernardins du xv? si?e; eglise Sainte-Catherine, eglise des Peres de Saint Paul, eglise du Corpus Domini, de style ogival ; eglise Saint -Gilles, du )(iv? si?e ; eglise Saint-Andre, du xzt? si?e, de construction romane, Dias dont l'interieur est (al style baroque ; eglise de Saint- Pierre-et-Saint-Paul , baroque; eglise des Franciscains, du mu? si?e, eglise des Dominicaines du lairsi?e d'architecture cracovienne ; eglise de la Sainte-Croix, gothique. Toutes ces eglises, les unes plus, les autres mains, Pos- sedent leurs tresors artistiques, leurs tableaux, 'ems sta- tues, leurs tombeaux, leurs vitraux. Si vous cedez a la tentation de vouloir tout visiter et tout voir, vous vous cnioncez dans le passe, vous perdez la notion du temps. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILLE AUX 76 EGLISES '165 Vous sortez de la comme d'une immersion -en eau pro- fonde ; ii faut vous y prendre a deux lois pour vous y retrouver, pour retrouver l'air habituellement respire. Les choses agissent sur 1(3s hommes, les choses touj ours les mernes qu'on no change jamais de place parce qu'on les venere, les choses sur lesquelles s'ouvrent les yeux de Ia premiere enfance et se ferment les yeux des vieil- lards. La population de Cracovie regarde vers le passe. Elle subit le poids de son riche heritage ; elle en est la victime ; elle est conservatrice. BEAUCOUP plus quo les musees profanes, les eglises sont frequentees, continuellement frequentees. Si on les voit pleines a no plus savoir oil se mettre le dimanche, chaque jour, des matines et jusqu'aux heures vesperales les plus avancees, elles recoivent des suites ininterrcm- pues de fideles, hommes et femmes meles. Le dimanche 30 juillet j'avais employe mon apres- midi a grirnper par le moyen du funiculaire de Zakopane pres de 2.000 metres d'altitude. Sur la crete passe la frontiere polono-tchecoslovaque. Un sentier, des tomes de-ci, de-la, et, de-ci, de-l?un garde-frontiere. II y avait beaucoup de monde, des touristes, des ? conges payes ? : figures de travailleurs, chants, eclats de rire. Et parmi tout cc monde, des coiffes blanches, des robes bleues de religieuses. Des religieuses vieilles et jeunes, main toutes au pas decide et qui jouissaient librement de cette excursion sur les clmes. Le soir, vers les villages de la plaine, sur la route qui menait a Cracovie, j'avais vu des camions ramenant des bouquets chantants d'en- fants, de jeunes gens et de jeunes fines. Les montagnards rentraient leurs b?s. Ii y avait des motos, des velos, des Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 166 LA POLOGN E vultures Iegeres. 11 y avait meme des calec.hes et c'est de Pun de ces vehicules dont je veux me souvenir. Devant, le cheval, bien sin., et le cocher sur son hant siege, un cocher des Texas, avec son chapeau plat, sa veste courte, SCS pantalons collants, veste et pantalons brodes comme il est d'usage. Et dans la caleche decou- verte, on ne voyait que quatre immenses coiffes blanches qui se penchaient l'ime vers l'autre, se redressaient, slcartaient, se rapprochaient ; la conversation des quatre tonnes sceurs devait &re animee ; les quatre bonnes sceurs devaient avoir pass?n beau dima.nche. Et le cocher, hilare, agitait son fouet et cocotte trottait, et passaient les velos, les motos, les autos, Au sud, s'evanouissaient, violettes. les montagnes y avait dans Fair comme une grande satisfaction. Et je pensais aux bons apotres de chez nous qui voudraient faire croire aux braves gens que le peuple de Pologne est miserable et triste et que la religion, les religieux et les religieuses sent, en Pologne, persecutes Mais, le natme jour, retais arrive a l'Hotel de France Cracovie. it etait 21 heures. j'etais a table. Une musique tres solennelle arrivait jusque dans la salle manger, une musique d'orgues sur le fond de laquelle se detachait un ensemble de voix de femmes. je savais qu'une eglise se trouvait la, a quelques dizaines de metres de la porte de l'hbtel. Mais ii etait pass?1 heures et je ne pouvais croire que la musique et les chants qui arrivaient ainsi jusqu'a moi provinssent de l'eglise. je sortis. que je crois etre celle des Peres des Muvres Pies, etait pleine de monde et qui commencait a sortir pendant que continuait le jeu des grandes orgues et que s'elevaient encore les cantiques. Des pretres avec leur surplis etaient la qui tendaient des troncs d'une main et benissaient de l'au.tre. La foule s'ecoulait lentement. j'etais parmi elle. Personne ne parlait. Toutes les este- gories de figures : figures de femmes du peuple et figures Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 - LA WILE AUX 76 EGLISES 167 de patriciennes, figures d'ouvriers et figures ? distin- guees ? de vieillards. L'eglise sentait l'encens et l'air vicie. Je voulus attendre que tout le monde fut sorti. 1ytai ii y avait des fideles qui ne bougeaient pas, qui restaient la, assis, genou a tame les &Iles, les mains jointes. Le lendemain matin, j'etais tot leve : je voulais voir de ma fenotre se lever le jour. II etait pres de 4 heures. Grace A, une ouverture de rue, je voyais une aube blanche, peine grisee. Des pigeons se posaient sur le pave de la rue Saint-Jean. Un fiacre passa au bruit caracteristique des quatre sabots alternes. Ii etait 4 heures. Un monsieur traversa la rue ; des qu'il arriva a la hauteur de l'eglise des Peres des CEuvres Pies, il &a son chapeau et il le tint a la main tant qu'il passa devant la fa?e de l'egfise, le visage tourne vers elle. Un monsieur. une dame, un sac a provisions a la, main, une serviette sous le bras : us entrent dans reglise. Et puis, pendant une heure et plus, les uns entrent, les autres sortent. Je comprends : avant de se rendre au travail, on se rend a l'eglise. J'y vais moi aussi a l eglise. Elk n'est pas aussi pleine qu'hier, mais elle est tout de m'eme bien garnie. On celebre trois ou quatre messes a la fois, au maitre-autel, dans des chapelles laterales. Des cantiques. On communie. Je circule a pas lents et precautionneux. Il m'arrive malgre moi de heurter un homme, une femme en priere. Personne ne fait attention a moi, per- sonne re me voit. Je suis le bas -cote de droite. II se termine par une chapelle surelevee de la hauteur de deux naarc4es Sur les &lies, une femme est &endue, les bras en crdix, le visage contre terre. Tout autour, odeur d'en- cens, psalmodies des officiants, cantiques. La femme est l?les bras en croix, le visage contre terre, dans une immobilite absolue. Agee ? Jeune? Je voudrais savoir. J'attends. La robe est plutot claire. Non, ce n'est pas Line vieille baba, Agee? Jeune? Le corps ne bouge ? Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 268 LA POLOGNE pas je veux savoir. j'attends. Les fideles entrent, pas- sent, partent, rasant les dates, les cantiques continuent de $'elever : seules les voix changent. Psalmodies des offi- cia.nts. j'attends. La femme est la, etendue, les bras en croix, le visage contrc terre J'attends. le quitte Cracovie a 7 heures. je m'en vais sans avoir vu se lever la peni- tente, sans avoir Pu voir son visage. Etat et l'Eglise NON, il no faut pas croire ceux qui pretendent que l'Eglise et ses fideles sant persecutes en Pologne... on dans n'importe quelle autre democratic populaire ou en Union Sovietique. II est ne=tsaire de souligner, puisque nous voici dans la vitte des 76 eglises frequentees de l'aube a la rmit, que rEglise polonaise pratique librement son culte. Elle dispose dune presse abondante et libre : bulletins parois- siaux, quotidiens. hebdomadaires, revues de theologie. Le Gosc Niedczelny (L'I-lote du dimanche) tire a. io.000 exemplaires. Le quotidien Slotvo Poswszchne tire a 40.00o exemplaires. Un million d'exemplaires au total pour la presse quotidienne 600.000 exemplaires pour la presse hebdomadaire ; 600.000 pour la presse men- suelle. En matiere de foi, de morale et de juridiction ecde- siastique, le Pape demeure l'autorite supreme, et cela est reconnu en toutes lettres par l'article 5 de l'accord intervenu le 14 avril 1950 entre VEtat democratique populaire et l'Eglise polonaise. Ti est dit aussi dans cet accord que renseignement religieux continuera d'?e donne dans les ecoles, que les &Dies seront dotees des manuels necessaires, que les professems d'enseignement religieux seront traites sur un pied d'egalite avec les pro- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILLE AUX 76 EGLISES 169 fesseurs des autres disciplines. II est dit encore que les OcoJes de caractere ca.tholique seront maintenues; elles devront cependant appliquer loyalement les reglements et les programmes etablis par les autorites nationales. II est a,ussi specifie dans l'accord du Lei avril 1950 que l'Universite catholique de Lublin pourra poursuivte son activite dans ses limites actuelles, que les associations catholiques continueront a jouir de leurs droits et qu'il en sera de merne pour les ? Enfants de Marie ?, que l'Eglise pourra poursuivre son activite de bienfaisance et de bonnes ceuvres et l'enseignement du catechisme, que les pelerinages et les processions ne se heurteront aucune difficult?uil y aura des aumOniers dans l'ar- Mee, les hepitaux et les prisons, que les ordres et congre- gations jouiront, dans le cadre de leurs regles et des lois en vigueur, d' me entiere liberte d'action. L'Eglise, elle, exhortera le clerge a enseigner a,ux fideles le respect de la loi et de l'a utorite de l'Etat. Elle exhortera le clerge a encourager les fideles a accroitre leurs efforts pour reconstruire le pays et elever le bien-etre de la nation. Elle constate que les territoires recouvres font partie integrante de la Pologne. Elle s'opposera aux menees antipolonaises et revisionnistes d'une partie du clerge allemand. Si en matiere de foi, de morale et de juridiction ecclesiastique, elle conserve pour chef supreme le Pape, dans les autres questions, elle se guidera sur la raison d'Etat polonaise. Elle engagera le clerge ne pas s'opposer au developpement des cooperatives rurales etant donne que toute cooperative repose dans son essence sur le principe moral de la nature hurnaine qui tend h une solidarite sociale libre- rnent cOnsentie dont le but est le bien cornmun. Elle s'opposera a tout abus tendant a utiliser les sen- timents religieux a des fins hostiles a l'Etat. Elle condamnera, conformement a ses principes, tous les Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 X70 LA POLOGNE crimes; elle comba.ttra done ractivite criminelle des bandes clandestines? fletrira et punira des sanctions cauoniques les ecctesiastiques qui se seront rendus movables d'une quelconque activite clandestine et anti- natioaalc. Elle apportera, conformement a ses principes, on apptii a. tout effort tendant a la consolidation de la paix et s'opposera, dans la mesure de ses moyens. toute tentative visant au declenchement de la guerre 11 y avail bien des gens de par le monde qui voudraient faire de l'Eglise polonaise un instrument de guerre ejvile, ? un facteur de dissociation pour preparer la guerre d'agression ?. L'accord du .14 avril 1950 doit les avoir fortement de?l Its en ont peu ou pas parte. Its ont seulernerkt calonanie plus fort. Car tette est leur honne- tete, l'honnetete par exemple, des journalistes du Figaro, qu'ils ne soient pas, ou gulls soient academiciens. Le Wawel it... la salle de bain du baurreau. CRACOVIE a done des maisons couvertes et pleines Wks' toire, des musees, des eglises, et combien de convents I Mais Cracovie a surtout le Wawel, l'ancienne residence des rois, le Pantheon de la Pologne. Sur la colline avec laquelle il fait masse. le Wawel, c'est d'abord une cathedrale, gothique dans son ensemble, mais avec des parties de style roman, rcnaissance et baroque. La basilique a trois tours et aussi trois nefs : elle est entouree de dix-huit chapelles ouvertes abritant toutes de riches tombeaux. Dans les cryptes soot ensevelis les rots de Pologne, les heros et les grands poetes. C'est an Wawel que dewait reposer Frederic Chopin encore enseveli dans tine tombe derisoire du PereLa.chaise. Un jour le peuple de France remettra au peuple de Pologne la depouille sacree. Ce grand geste d'amifie et de paix, un gouvernement francais ne voulut Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA VILLE AUX 76 EGLISES 271 pas le fake en 1949 lors de la celebration du premier centenaire de la mort de l'insigne compositeur. Le Wawel, c'est aussi la Cour a arcades, l'une des plus belles cours Renaissance d'Europe. Et puis c'est le ch?au avec ses immenses salles riche- 'tient a.menagees, abritant des ceuvres d'art, des meubles de style; des tapisseries, des tapis immenses. C'est dans ce ch?au que vecut Frank. le bourreau de Cracovie. C'est l?u'il signait les longues listes de Cracoviens qu'il.condamnait a. mort. Frank ? Voici de ses paroles : Jamais plus no renaitra une Republique ou un Etat polonais quelconque... On pout donner de l'instruction aux Polonais, juste suffisam- ment pour gulls voient que la raison d'etre de la nation est sans espoir... Une fois la guerre gagnee, si cola 'depend de moi, on pourra faire un carnage de Polonais, d'Ukrainiens, et de tout ce qu'on fouette. Si j'allais vets le Fiihrer et lui disais : cc Mon Fiihrer, je viens vous rap- porter que j'ai de nouveau tue 150.000 Polo- nais ?, ii me repliquerait ? Admirable !... ? Frank avait au Wawel SEL chatnbre a. coucher, II s'etait fait aussi installer une salle de bain ultra-moderne et qui &tonne outrageusement dans ce cadre ancien et imposant. Les Polonais ont pendu Frank. us ont laisse sa salle de bain. Le peuple de Pologne qui visite en foule la grande demeure voit et verra la baignoire on s'ebrouait le criminel de guerre... le complice de ceux- l? qui on a laisse la vie en Allemagne occiden- tale, de ceux-la memes a qui on redonne des armees et des armes pour qu'ils puissent se precipiter une nouvelle lois sur la Pologne, pour qu'ils occupent le Wawel et y retrouvent la salle de bain du tueur. Et cola aux applaudissements et avec l'aide, le coup de main, de ces Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2912/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE traltres leur pays que sont le general Anders et l'ex- Mi. igtre Mikolajczyk. Beureusement pour la Pologne, pour Cracovie et le Wawel, heureusement pour nous tous, braves gens, beaucoup de choses oat change de par le vaste monde depuis 1939. Mais ii faut veiller sur tous les monuments de Cracovie, sur ses eglises et sur ses musees et sur son Ryaeli ;ii faut yeller sur le Wawel ;il faut veiller sur toutes les maisons des hommes sur lesquelles des fous font peser la menace de la bombe atomique. II faut yeller sur les vieilles pierres et sur les pierres fral- clement chnentees. 1:1 ne faut pas non plus que le retable de Wit Stwosz, qu'on a pa sauver de la demiere guerre, disparaisse un jour dans la rnonstrueuse atmosphere de la deflagration nucleaire. Ii faut veiller sur ce grand heritage. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CRACOVIE REVOLUTIONNAIRE A Cracovie, il y a l'ancien. Il s'y fait aussi du neuf. Il y a d'abord une histoire qu'on n'avait pas l'habitude d'entendrc conter et qui, aujourd'hui, affleure a la surface de nos temps et s'y epanouit. En juillet 1950 se tenait, a la Maison de la Culture, une exposition consacree a ? Cracovie revolutionnaire ?. je la visitai. La Maison de la Culture a Cracovie est peut-etre aussi renommee en Pologne que celle de Katowice. Elle occupe, sur le Rynek, Vanden palais de l'une des grandes families de l'ancienne Pologne, la famille Potocki. C'est dire dans quel cadre, intelligemment preserve, vivent, a leurs heures de loisir et d'etudes, les ouvriers et les employes cracoviens. L'exposition occupe tout le premier &age de la mai- son. Elle montre les differentes &apes du mouvement revolutiormaire cracovien depuis Kosciuszko jusqu'a 1950. C'est une exposition vivante qui peut etre com- prise par tous ; elle n'est pas une tranche morte d'his- toire ; elle va de l'avant, elle explique le present, elle ecIaire l'avenir. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 174 LA POLOGNE Void la Constitution de 1791 decidee dans l'enthou- slasme provoque en Pologne par la Revolution francaise. Elle no favorisait qu'une partie de la bourgeoisie polo- naise et laissait les paysans dans leur ancienne depen- dance. Elle marquait cependant to declin du feodalisme : elle proclamait quo tout pouvoir provient de la volonte peptdaire et dolt rester au service du peuple. L'exposition rappelle les belles paroles de Kosciuszko : ? La liberte ne pent etre defendue quo par la main d'hommes libres ?. Celles aussi de Kollataj, no pretre radical de repoque : ? Un peuple oa l'homme est escia.ve ne saurait etre libre ?. Cellos aussi de Jacob Ja.sinski : ? Nous claznons : quo perissent les rois et quo le monde soit libre Mais soot aussi montres les representants des diffe- rentes classes sociales dans lents costumes d'apparat et de tous les jours, dans leurs maisons on leurs chau- mieres, dans leur abondance ou leur misere. Le mouvernent revolutionnaire d'ou est partic la Cons- titution de 1791 est &rase par roo.000 soldats nisses appeles en Pologne par les aristocrates polonais dont le =gnat Felix Potocki dans la maison duquel l'expo- sit' ion a lieu en cet an de grace 1950. En janvier 1793 a lieu le second partage de la Polo- gne. Le Parti pa.triotique n'a pas perdu l'espoir. Kosciuszko en est I ante. It &est battu en Amerique, six annees durant, aux cotes de Lafayette. Notre Assernblee Legislative lui a decerne le titre de citoyen francais. Le 24 mars 1794, sur Ia place du marthe de Cracovie, Kosciuszko lance l'appel a l'insurrection : L'extetraination de toute tyrannic. aussi bien etrangere 9ue propre, errnissement de la liberte nabonale et de l'independance de la Republique, voila le but de notre soulevement. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CRACOVIE REVOLUTIONNAIRE 175 Le peuple repond a eel appel. Les paysans grossissent les rags de Farm& des insurges. us constitueront les bataillons de (c fa.ucheurs ?. A Raclawice, Kosciuszko remporte sur les Russes lane eclatante victoire. Toute la .Pologne se souleve alors, et c'est le general Dombrowski qui bat les Prussiens a Bydgoszcz. Le gouvemement revolutionnaire etablit des relations avec les pays &ran- gers et d'abord avec la Republique francaise. .Emile Bourgeois ecrit La France fut sauveepar un concours lieu- reux de circonsiances. Occupes en Orient a la cut& de la Republique polonaise, les puissances lui laisserent sans, negociations une treve ines- per& 1. Engels ecrit, au sujet des partages de 1793 et de 1795 : Le pillage de la Pologne avait fait porter ail- leurs les forces de la coalition de 1792-1794 et affaibli la puissance de sa pression sur la France. Il donna a cc dernier pays le temps de se renforcer un tel point qu'il put rem- porter la victoire a lui soul. La Pologne suc- cornba, mais sa resistance sauva la Revolution francaise et celle-ci commenca un mouvement contre lequel le tsarisme meme fut impuis- sant 2. Mais les chefs du gouvernement revolutionnaire polo- naisi s ont accorde aux paysans quelques droits, n'ont pas fait asset pour hberer la paysannerie de son servage. us ne peuvent obtenir une levee en masse d'au- tant que les nobles s'occupent a saboter les reformes 1. Manuel historiquc de politique etrangere. NIA.vor et ENGELS : OEUVIVS0 t. XVI, partie II, p: 16. (Cite par Vladimir POTEMKINE, Histoire de la diplomatie, t. I, p. 347.) Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 176 LA MOONS decidees. Les nobles freinent l'elan du peuple lcusqu'ils ne vont pas jusqu'a interdire aux paysans de s'enr6ler. En oclobre 1794, Varsovie est prise par les troupes tsa- sistes et l'insurrection est noyee clans le sang. Mais, grace 1Coscin47kof la Pologne, qui n'etait jusque la qu'une noblesse herolque, &sit devenue me nation, It une grande et indestructible nation ? (Michelet). De 1815 a 1846, les societes secretes, les cercles clan- destins abondent. On y trouve des bourgeois, des nobles, des professeurs, des etudiants, des prefres. Yai sous les yeux tots cm types de conspirateurs, les joumaux qurils ecfitent et qui repandent dans le peuple l'idee de l'independance nationale a reconquerir et l'ideal repu- blicain. En 1831, c'est la revolution : Paris s'est souleve un an auparavant, la Felgique aussi. Le tsar Nicolas 1.** aurait voulu marcher sur la France et l'annee polo- naise ',Talon lui aurait servi d'avant-garde. A Varsovie, 1a revolte &late : ? Au,jourd'hui, nous vaincrons on nous rnour- tons I Mort aux tyrans I Nous couvrirons les Francais de nos poitrines... Mais le gouvemement francais ne veut pas aider les insures. Le peuple de Paris, lui, ouvre des souscrip- lions, envoie de l'argent et des annes aux patriotm polo- nabi. Des Francais partent combattre a leurs Wes. Les Polonais luttent heroiquetnent us rernportent d'ecla- tantes victoires. Ils fmissent par etre ecrases. Casimir Delavigne ecrit alors les paroles de la Varsovienne. Les patriotes polonais prennent le chemin de l'exil : ils se dirigent vers Paris. Les organisations secretes contiiiiient leur travail de taupe. La repression sevit. La jeunesse ne s'arrete pas de conspirer. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CRACOVIE REVOLUTIONNAIRE In L'exposition me permet de decouvrir des lettres que des ouvriers parisiens ont &rites en 1841 a des ouvriers cracoviens. En 1846, se deploie le drapeau de la vrate revolution ? soctaliste. J'ai sous les 37eux des documents polonais irnpritnes a Paris par Maulde et Rendu. La paysan- ? netie du royaume se souleve a l'appel du pretre Pierre Sciegienny. Les montagnards de Zakopane s'insurgent leqr tour, Marx et Engels ecrivent : Parmi les Polonais, les communigtes appuient le paid qui considere la revolution agraire cornme &ant la condition de la liberation natio- pale, parti qui, justement, a provoque rection cracovienne de 1846. ? C'etait le parti d'Edouard Dembowski et de Julien Goslar dont le manife,ste decla,rait : Nous jouirons d'une liberte telle qu'il n'y en a pas encore cu sur la terre, nous nous for- gerons une organisation sociale oi chacun pcturra, selon ses services et ses aptitudes, jouir des biens de la terre et oil il n'y aura place pour aucune forme de privilege. On lance ainsi le mot Torch? de revolution sociale, de r4forme agraire, d'organisation des chantiers natio- naux ; on veut une Pologne independante et demo- cratique. Edouard Dembowski a cette parole : ? Ce qui n'est pas ne de l'amour du peuple ne vaut rien ?. Puis les annees passent. L'agitation continue. Le mou- vernent de 1863 echoue a son tour. La Commune de Paris, dans laquelle s'illustrent les Polonais Dombrowski et Wroblewski, &rank le monde. Comment sa nou- VeIIe pas a Cracovie ? En 1880, c'est Louis Warynski qui organise a Cra- covie des cercles revolutionnaires, qui publie le Prole- tariat, journal par lequel ii repand le socialisme scien- 12 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 178 LA POLOGNE tifique. Warynski est arrete, juge par un tribunal tsariste et condairine a 16 ans de travaux forces. Il mourra dans La forteresse de Schliisselbourg. Avec le developpeinent de l'industrie, l'opposition entre le capital et le travail augmente de jour en jour. Le proletariat polonais se constitue lentement en classe ; ii acquiert sa conscience de classe. C'est a. ce moment cpie se constitue le Parti social-democrate de Polope et de Lithuanie qui sortira a. Cracovie le theilleur de ses publications. Felix Dzerjinski, dont le nom de clanclestinite etait Joseph, edite a Cracovie le Drapeau rouge ; Leon Tyszka edite la Revue social-democrate. C'est colic que partent les brochures de propagande a. esti- nation du reste du pays. be 1905 I 1907, la vile sort de point d'appui aux revolutionnaires. Dzerjinski et Julien Marchlewski y font de frequentes sejours, ainsi que Felix Khon. PrOsence de Lenine. EN 1912, Lenine quitte Paris et s'installe a. Cracovie. On a vu dans un precedent chapitre les raisons quill donne a Gorki : Cracovie est proche de la frontiere russe, la collaboration avec le rnouvement ouvrier russe est plus facile. L'experience dernontre qu'a Cracovie la liaison est plus etroite, qu'on reagit plus vite a tout cc qui se passe au dela de la frontiere proche, qu'on realise plus systematiquement la direction quotidienne du Parti. La base de Cracovie s'est revelee utile. Notre transfert dans cette vale a ete parfaite- ment 44 cornpense ? (au point de vue du tra- vail), ecrivait Lenine a Gorki en janvier 1913. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CRACONT REVOLUT1ONNAIRE 179 ? Le sejour a Cracovie offre un inconvenient : l'absence de bonnes bibliotheques. fl y a moms de querelles ici, et c'est l?e bon cOte. Le mauvais cote, c'est qu'il n'y a pas de bonnes bibliotheques ; c'est dur de rester sans livres 1, La compagne de Lenine, Nadia Kroupskala, a dit, des deux annees cracoviennes, qu'elles furent ? la classe elementaire de construction socialiste ?. Le ma.u,vement ouvrier prenait de 1 ' essor ; le Parti bolchevik se developpait rapidement. Lenine commence rediger des textes comportant se s premieres idees sur la construction socialiste. 11 s'occupe plus attentive- ment, plus activement que jamais de la Pravda. n la clirige pour ainsi dire quotidiennement. Ii veut faire rnonter le tirage Ii s'assure la collaboration de Gorki. Il ?it lui-meme un grand nombre d'articles. 11 donne, en merne temps, une ample= plus vaste aux editions legales des bolcheviks. fl s'occupe des elections pour la quatrieme Douma. Ii dingo fin decembre 1912 les travaux d'une confe- rence du Comite central elargie aux militants du Parti. 11 fait determiner les taches immediates quo commande l'essor du mouvement ouvrier, elabore en commun avec les deputes bolcheviks la ligne de conduite qu'ils autont a tenir dans la Douma d'Etat. Lenine presente des rapports sur les questions essentielles l'essor revo- lutionnaire, les greyes et les filches du Parti, l'attitude eflv?T le courant de liquidation, le probleme de l'unite. Ii rediv et met au point des resolutions, ii convient avec Staling de la reorganisation de la direction de la Pravda. i. LANINE, ORuvres completes, t. XXIX, p. 26, edition russe, cite dans Unine Vladimir flitch, Edition de l'Ours, Qran, 1945. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 i8o LA POLOGNE 11 dirige la fraction social-democrate de la Douma, il recoit les deputes, il lour montre a quoi doit se ramener leur action : stigmatiser le regime tsariste, reveler tout ce qu'il y a d'horrible dans l'arbitraire gouvememental, parler de la servitude et de l'exploitation feroce qui pesent sur la classe ouvriere. C'est encore au cours de l'epoque cracovienne quo Lenine reserve une place particulierement importante la question nationale. II entreprend de resoudre avec Stabile cet important probleme du Parti qui consist battle le nationalisme dans toutes ses manifestations et elaborer un programme marxiste sur la question natio- rtale. En 1913 paralt sur le sujet, dans la. revue Prosvech- tchenie, un article de Staline. Lenine ajoute a ce grand travail de nombreux articles, des rapports. Ainsi se trouve formulee la plate forme pratique du Parti : ega- lite complete des droits pour toutes les nations et pour toutes les langues, large autonomie regionale, droits assures aux minorites nationales. La Victoire de Staline. E mouv&nent revolutionnaire croit de plus en plus en Russie. Le modeste logement de Lenine a Cracovie abrite un veritable ?t-major oa passent ceux qui vien- nent de Russie et ceux qui s'y rendent. Tout cela, je le trouve dans l'exposition de la Maison de la Culture de Cracovie; je he trouve, non point a travets des mots, trtais bien ?ravers toutes sorkes de materiaux photographies, brochures, joumaux. passe- ports, tracts, affiches. Et c'est la Revolution de 1917, avec le retentissernent qu'elle a a Cracovie et en Pologne. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CRACOVIE REVOLUTIONNAIRE 181 Puis cc sont les luttes des ouvriers polonais contre le systeme reactionnaire impose a la Pologne par les grands proprietaires et les capitalistes. En 1919, a Berlin, le revolutionnaire Julien Mar- chlewski meurt : ii etait le compagnon de Lenine et de Staline. Ses cendres ont ete ramenees en Pologne en 1950. 1923, 1936 : de grandes greves edatent a Varsovie et clans les eampagnes. Le 1?'' mai 1936, le Parti comrnu- niste polonais lance un appel au front uni. Nous unirons tout cc qui vit du travail de ses mains et de son cerveau, tout cc que la nation a de probe et de patriote, dans un front populaire democratique : le front du salut de la Pologne. 1939, c'est l'invasion. A Cracovie, en 1940, se constitue Fun des premiers groupements de resistance de l'organisation ? la Polo- gne populaire ?. Des documents sur la Resistance sont presentes aux visiteurs. Puis, c'est la liberation par l'Armee rouge, Farm& de Staline. C'est la reconstruction du pays, c'est la participation de Cracovie a cc grand travail. C'est, en 1948, le grand congres d'unification des Partis communiste et socia- Este. Ce sont les taches du plan de six ans. Cracovie no peut pas se couper de son pass?elle est &cid& a assurer toujours plus d'eclat a l'Acad6rnie polonaise des sciences et des lettres. Elle se donne pour but de dormer a son industrie un essor jusqu'ici inconnu en, Pologne. C'est en face d'elle, sur la rive droite de la Vistule, que s'eleve Nowa-l-iuta, la Nouvelle Forge. Cra.kvie, flex.? de son pass?here de ses monuments, de son fauve Rynek et de soil inestimable Wawel, reconnaissante l'Armee rouge de lui avoir permis d'atteindre intacte les Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 82 LA POLOGNE heures de la liberation, Cracovie, aujourd'hui, com- mence a regarder vers l'avenir. j'ai admire tout ce que cette exposition, si riche en materiaux, si ingenieuse, si facile et si passiormante, anive a. dire et qui n'avait jamais ete dit. La hour- geoisie capitaliste n'ecrit ses !lyres que pour elle ; elle mconte l'histaire a sa maniere et pour que dure toujours plus longtemps sa dictature ; elle nous impose ses pro- grammes scolaires ; elle ment tant qu'elle peut, d'abord par omission, pins elle use du mensonge proprement dit, puis elle calomnie. Ot1 etait la veritable histoire, sinon toute l'histoire ? Dans le cabinet du cacochyme Francois-Joseph, empe- reur d'Autriche-liongrie, ou dans le modeste logement de Cracovie o? Ulnae pensait, ecrivait, discutait avec ses camarades de combat? ou se faisait l'histoire ? Dans les salons oil regriait le moine Raspoutine. ou dans les logis ouvriers qui donnaient asile, dans Petersbourg ou dans Moscow. a Stehle ? Ainsi, dans la democratic populaire, le passe est sauve et les valeurs sont rnises a leur juste place. La place publique iiducatrice. LI EXPOSITION que je viens de voir n'est pas la seule a. Cracovie. Ii y en a une autre a. ciel ouvert, sur in ?Ott du Rynek (l'autre cote &ant occupe par in mar- chi en plein vent des plus pittoresques, fait de fleurs et de fruits), exposition de machines agricoles avec demons- tration du fonctiounement, panneaux concretisant les realisations du plan de trois ans et les perspectives du pl de six ens, portraits des travailleurs de choc avec leurs noms et leurs performances. Dins bites les villes de Pologne, it en est ainsi, C'est ce que l'on pourrait appeler la place publique educe- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CRACO VIE REVOLUTIONNAIRE 183 trice. Ce n'est nullement laid, bien au contraire, Et, comme les resltats obtenus dans tous les secteurs de la production locale et nationale sont constamment tenus jour, cela fait un journal vivant qui permet a chacun de suivre son pays dans sa marche vers le hien-etre et le bonlieur. ,On se sent soi-meme responsable de cette marche. Le sentiment de la solidarite nationale s'accroit. Les isolements individuels, locaux, provinciaux, s'effritent petit a petit et tombent. Faut-il ajouter quo ces efforts pour produire plus et mieux sont places sous le signe de la lutte pour la paix ? En Pologne toute l'activite des hornmes, des femmes, des enfants, est conditionnee par une profonde volonte de paix. Aussi, dans les expositions des places publiques entre autres, une large part des panneaux est-elle consacree aux succ?obtenus par telle usine, tel groupement de travailleurs ou d'etudiants ou de paysans, dans la campagne de signatures de l'appel de Stockholm. Le mot ? paix ?, est sur toutes les bouches, sous toutes les plumes, dans toutes les t?s et dans tous les cceurs. Et les Polonais, ii faut leur faire confiance en ce domaine plus qu'en tout autre: ils savent ce que le mot guerre veut dire, us sortent d'une guerre qui leur a fait connaitre les pires souffrances et qui, repetons-le, a detruit six millions et demi des leurs. Pokoj! Pokoj! yai assiste sur le Rynek a des demonstrations rep& tees d'une moissonneuse-lieuse de fabrication polonaise. j'ai vu presenter a des paysans par des ouvriers en salo- pette bleue le tracteur Ursus, lui aussi de fabrication polonaise. j'ai observe la mine des uns et des autres. Nous ne sommes pas ici sur un march& ni dans l'une de ces foires modernes oil le fabricant et le client s'epient l'un l'autre, se mefient l'un de l'autre. Ici, j'ai eu Vim- pression de gens qui regardaient ensemble des machines appartenant a tons, et dont il sent unanimement fiers. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 184 LA POLOGNE Cele, se passe entre la vieille Tour dell-Iota-de-Ville, quf date clu xvie si?e et la Halle aux draps qui a vu le jour an vire si?e, non loin de la dalle sur laquelle, ea 2794, Thad& T(osciuszko a genoux, preta serment (levant le peuple avant d'entreprendre la lutte pour l'independance de la Polope. Cette opposition appa- rente entre l'ancien et le nouveau prend un grand seas s'agit de Cracovie. A Munk Rouge Iiberatrice. A la fro de la joumee, je me suis rendu par la rue Saint- rt Florian jusqu'a la ronde et fauve Barbacane, j'ai penetre dans son jardin et je me suis arrete devant le monument eleve b. la gloire de ?Armee rouge hb? trite La nuit ce solide jet de pierre s'eclaire et s'eclai- rent les tombes sovidtiques qui entourent cette coIonne du souvenir et de la reconnaissance. J'ai vu in monu- ment &TM cc meme style, qui unit la sobriete a la puis- sance, a Katowice. A Varsovie, 11 y a un monument de la Reconnaissance et aussi un cimetiere sovietique que decore, en son milieu, auquel on accede par une longue et fres large allee, un motif architectural en gra- nit dont la pyramide effilee se couronne de la faucille et du marteau. Dans le cimetiere sovietique de Wroclaw, dorment 2.000 officiers tomb& au coils des violents combab pour la liberation de la vile Ce cirnetiere a une entr?monumentale dont les piliers sont surmontes de deux immenses chars de combat. B dit le culte que voue a ceux qui se sont sacrifies pour que la patrie demeure. que l'on aille en Pologne, ii y a cette presence des morts de l'Armee rouge, cette pre- sence des libemteurs. Que l'on s'etonne que le peuple polonais marque par des monuments la gratitude due a. wax qui ront delivre de la sinistre oppression hide- denim t Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CRACO VIE REVOLUTIONNAIRE 185 Les batisseurs de Nowa-Huta. INGENIEUR Edouard Zralek a le physique d'un Jean Ga.bin qui serait devenu pionnier. Tout est tranquille dans sa personne haute et trapue. Les cheveux au vent et coupes court sur la nuque et les cotes, la figure brunie de soleil et de grand air, la voix calme. les gestes rares, ii ne dit que ce faut. Un hornme jeune et qui a les pieds sur la terre. Il a recu mission de construire tine ville de 150.000 habitants : Nowa-Huta, la Nouvelle Forge. 11 ne recoit pas dans son bureau, mais sur son im- mense chantier. Parmi les champs de ble et les patures, les immeublac de deux et trois &ages s'elevent comme en desordre parmi les materiaux accumules, les trains de wagonnets qui vont et viennent, les camions qui n'arretent pas de sillonner cette immense implantation stir des routes a peine nivelees qui seront, dans quelques mois, des rues. Quel chantier ! Routes en beton, rails, tuyaux enormes. grues, ponts roulants, locomotives, voitures legeres. camions. Bruits, tintements. sifflets, 'chansons, fracas. ? Nous construisons ici une acierie, die se trouvera la, dit l'ingenieur Zralelc en tracant avec un bout de bois, un rectangle a memo le sol. Cette acierie emploiera 20.0o0 ouvriers, techniciens et ingenieurs. Avec leurs famines, le personnel des services communaux, des services d'Etat et tout ce monde qui est necessaire a la vie d'une grande cite, cela f era 150.000 habitants. C'est a moi qu'fi appartient de construire leurs rnaisons d'habitation, leur hotel de vine, leurs maisons de la culture, leurs foyers culturels, leurs hopitaux, leurs diniques, leurs &des, leurs cinemas, leur theatre, leurs pares, leurs eglises, leurs stades, tout ! Et la. oa ii y a encore quelques mois fi n'y avait quo des champs. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 x86 LA POLOGNE Et 11 y a encore des champs : voyez, on moissonne entre les chantiers II ne faut rien laisser perdre. o je construis '.me ville sans classes, une vine socia- Hate. L'acierie se trouvera vers l'Est : ii faut tenir compte qu'ici, comrne a Varsovie, le vent souffle d'Ouest. II y aura beaucoup de verdure. Les usines seront ceinturees d'epaisses plantations d'arbres. Nous ne fermis rien de geornetrique ; les immeubles seront groupes en cites parfaitement particularisees. Et jamais un inuneuble no ressemblera cent pour cent un autre. Naturellernent, du point de vue social et culturel, rien ne sera neglige : nous pensons a faire beaucoup d'acier et Nowa-Huta en produira autant quo toutes les autres for- ges de Pologne; mais pourquoi faire de I acier Si ce n'e,st pour alder rhortune a. mieux vivre' Nowa-Huta, en defi- nitive, c'est pour l'homme quo nous la faisons. Dans vos pays occidenteux, c'est bien l'inverse qui se produit. Vos cites ouvrieres ne sont qu'un complement sordide de l'usine ou de la mine, juste ce qu'il faut pour que rhornme et sa famine ne couchent pas cornpletement a la belle &dile. (II en est de meme de vos salaires : juste ce qu'il faut pour entretenir la force de travail de l'hoturne, et encore 1) Te,nez, nous avons discute entre ingenieurs et architeotes an long moment. Sur ce champ de hie nos plans prevoient un theatre. Nous avons commence par penser et dire : constniisons d'abord des maisons d'habi- tation, laissons la place pour le theatre quo nous cons- truirons apres. Notre raisonnement n'etait pas bon. Le Parti ouvrier unifie et les syndicats ont ete d'accord pour lulus le dire. Nous avons decide de construire le theatre en memo temps quo les maisons d'habitation, les creches, les ecoles et les hOpitaux. Le theatre est '.me chose necessaire a l'homme ; ii n'est pas un luxe au sens oi l'on entend ce mot d'ordinaire. Vous reviendrez en Pologne ? Revenez rannee prochaine. Si, Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CRACOVIE' REVOLUTIONNAIRE 187 la vine terminee, je ne suis pas parti pour en cons- truire tine autre, nous irons ensemble assister a tine representation. Je souhaite que Pon joue ce jour-la de vOtre grand Moliere le Misanthrope, ou le Manage de Figaro, de Beaumarchais. ? Nous construisons vite, mais nous construisons solide.. Vous comprenez, les deux choses sont possibles. Nous ne dernandons meme pas aux locataires d'essuyer les platres. Nous livrons la maison seche, et nous la sechons clans des temps record. ? Un cas precis de rafidite dans l'execution des tra- vaux ? Nous avions, ces temps derniers, a installer une ? pornpe pour eviter d'avoir a transporter de l'eau (run bout a l'autre du chantier. Vous voyez ce que cela signifie : creuser le sol, y trouver l'eau, installer la ? pornpe. Les calcuIs prevoyaient trois semaines de tra- vail normal. Or, le chantier ne pouvait pas attendre trois semaines. Les equipes des differents corps de metier auraient ete arretees, nous leur aurions inflige un ralen- tissement dans le travail. Nous avons discute, natu- rellement, de la chose avec les ouvriers qui avaient installer la pompe et avec les autres aussi. Ii a &Le decide de forcer les normes. Le travail qui aurait dii durer trois semaines a ete realise en seize heures. ? Inutile de vous dire, precise Vingenieur, que l'emulation socialiste anime ce grand chantier et qu'avec le concours de tons nous rationalisons le plus possiblie. faut laisser Iibre cour a l'intelligence et a Fesprit d'initiative Ii faut obtenir de l'outil et de la machine le maximum de renclement. Ici, Pingenieur n'est pas un dieu, tout ne vient pas que de Itn, l'ouvrier inter- vient dans la' creation de nouvelles metbodes. Je derriande a l'ingenieur chef de chantier: Avez-vous, vous-mome, trouve des procedes nou- veaux? Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE - Oui. je reserve a mon pays tine grande surprise. je veux construire les maisons les mains cheres de Polo- are. Avec le systeme que je vais bientet mettre en pra- trque, nous economiserons, A Nowa-Huta, un demi- milliard de zlotys. - Quelle est l'origine de votre main-d'eeuvre ? Vavez-vous recrutee dans la Pologne entiere ? ? Ce systame ne vaudmit nen pour nous. On cons- truit partout en Pologne, d'une part, et, d'antre part, nous manquons d'ouvners et encore plus de techniciens. Tout est afls en ceuvre pour former les uns et les autres. Pour Howa-Huta, ca a ete tres simple. Nous avons dis- pose, certes, d'un noyau d'ouvners qualifies, ainsi que de cadres techniques et d'ingenieurs prepares a ce grand travail, mais a So pour cent, nos constructeurs itaient encore lier des paysa.ns et souvent illettres. Nous avons vite gait de les initier a leur nouveau metier et ii n'y a plus, panni eux, un seul analphabete. 11 y a lit 75 pour cent de jeunes gens et de jeunes filles. Ce sont eux qui battent tous les records de Pologne pour la pose des briques : il y a les equipes de dix qui out mitre 56.00o briques par jour. Quand la vine sera construite, personne ne sera debauche : paysans hier, aujourcl'hui terrassiers, !flacons, electriciens, c.harpentiers, menui- siers, camionneurs, detnain metallurgistes. Il en est partni eux qui deviendront d'excellents techniciens, des iagenieurs tneme. Ba tmvaillent dur et ils suivent des cows. n faut leur permettre de tirer parti, au maximum, de leur intelligence. Nous avons un recrutement planifie de la main-d'ceuvre, et nous sroulons que la classe ouvritre alt sea propres intellectuels. Sur ce chantier bruis.sant de vie, les camions passent et repassent. 11 est une heure. C'est l'heure du dejeu- ner. Les gars du bgttiment, en Pologne, ne cassent pas la croitte sur Ic tas. Cola est dffendu. Ii y a toujours Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: dA-RDP80-00926A005000030014-0 CRACOVIE REVOLUTIONNAIRE 189 une cantine a proximite de tout chantier, et aussi une cooperative ott l'ouvrier pent acheter ce qui lui plait. Les carnions passent charges de jeunes travailleurs. Plus tarcl, ces batisseurs pourront dire: Nous avons construit Nowa-Huta. Cela sera plus glorieux que d'avoir ete a Austerlitz. Plus tard, us seront metallos, ingenieurs, ministres : l'horizon n'est phis bouche pour les travailleurs polonais. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 E II LES HOMMES, LA GEOGRAPHIE ET LE 1RAVAIL FORCE Formation des Cadres et de la main-diceuvre specie isee. ON me croira Si Pon veut, j'ai discute du probleme des cadres ouvriers avec tine file fort charmante et qui est la secretaire du directeur des services adminiqtratifs de Nowa-Huta, Mlle jadwiga Kunc. Mlle Kunc parle francais : elle etait en France quelque temps avant la guerre... et en attendant qu'arrive pour moi l'autorisation de visiter le chantier de Nowa-Huta, nous bavardons. je ne sais' si je l'ai d? dit, en Pologne on gagne a toute conversation, on a toujours a apprendre de n'importe qui sur les choses du pays. Cela pour la bonne raison quo les choses du pays, les choses natio- nales, sont l'affaire de tous. De merne qu'a Zakopane dans la salle a manger de la maison des brigadiers du travail dc la metallurgic, ravais pane avec, Teresa Pogorzelska et Hildegarda Czakanglra de la maniere dont une infirmiere d'h8pi- tal et tine employee du bureau des ventes d'une usine siderurgique pouvaient participer aux travaux d'emu- lation, avec Mlle Kunc j'appris beaucoup sur les moyens mis en ceuvre en Pologne pour dormer a rindustrie les ouvriers qualifies, les cadres techniques moyens, les cadres superieurs qui Jour font besoin. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LES HOMMES, LA GEOGRAPHIE 191 J'appris ainsi que le nombre des travailleurs em- ployes dans l'industrie etait de 913.000 en 1938 et de I.200.000 en 1946, de 1.700.000 en 1949 et qu'il sera. de 2.800.000 en 1955. Ii s'agira donc de former en six ans, un million de travailleurs industriels. prendrez-vous ce million de travailleurs? -- Nous puiserons dans la jeunesse urbaine et rurale, dans les petites villes sans industrie, dans les carnpagnes, parmi les femmes. C'est avec ces dernieres qu'il y a le plus de difficultes. Pour les employer comme tourneurs, ajusteurs ou comme contt6leurs des chemins de fer, ii faut vaincre, en elles pas mal de prejuges. Nous lib& rerons aussi au benefice de la production, un certain nornbre d'ernployes en liquidant la plethore de fonction- naires clans certaines branches de l'administration. -- La direction des entreprises, des ateliers, des chan- tiers, ainsi que les syndicats, se preoccupent, surtout dans l'industrie et le batiment, de donner un comple- ment d'instruction obligatoire a court terme aux nou- veaux ouvriers. A l'invitation des organisations du Parti, des comites d'entreprise et de l'administration, est aussi organisee l'aide des contremaitres et des ouvriers d'elite aux ouvriers en retard. Ici, il faut lutter serieu- sernent pour detruire, chez certains travailleurs quali- fies, le prejuge du ? secret professionnel ?. Les travail- leurs voudraient garder pour eux-mem es les connais- sances techniques, leur experience du metier. ? OM, dis-je, mais ce ne sont la que des moyens pour arriver au plus presse ? C'est stir, repond sans hesiter Mlle Kunc, et ces moyens ne sont que de fortune, cc no sont que des moyens de transition. Il y a chez nous un Office central des ecoles professionnelles qui administre et controle des ecoles professionnelles du premier et du second degre. -- Les ecoles du premier degre ont la charge de four- fir des ouvriers qualifies. On a constate cette armee Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 192 LA POLOGNE que tout n'allait pas pour to mieux dans ces etablisse- micas. Par exemple les ecoles pour l'industrie vesti- irtentaire etaient en surnombre, alors que nous n'en avons pas assez pour une industrie aussi primordiale que la siderurgie. La duree des etudes &sit de trois annees, c'est trop long ; deux annees auffiront desor- mais. Et puis le pourcentage des Lilies etait et est encore trop faible Ii reste qu'en l'?t actuel les ecoles du premier clegre ne peuvent pas satisfaire A tous nos besoins. II est necessaire que, par d'autres moyens, nous usurious aux 200.000 ouvriers d? occupe.s dans notre Industrie la pmsibilite d'acquerir les qualifications pro- feesionnelles convenables. Pour cola, des cours sont organises dans toutes les entreprises. Nous devons assu- rer surtout tine main-d'ceuvre planifiee pour des dizaines de nouvelles et puissa.ntes entreprises industrielles que nous construisons avec l'aide fraternelle de l'Union sovietique. Parlez-moi, si vous le pouvez, des ecoles profes- sionnelles du second degre. Pourquoi clites-vous : si vous le pouvez ? je suis la secritaire du directeur des services administratifs de Nowa-Huta, je dots, pour bien faire mon travail, me tenir an courant de toutes ces questions. Mais vous posez mal la question. Les ecoles professionnelles sont un moyen et un moyen entre quelques autres II est plus juste de dire ainsi : comment allez-vous procurer A votre Industrie le personnel pourvu d'une instruction serieuse et techniquernent qualifie, le personnel qui se slime entre l'ouvrier qualifie et l'ingenieur ? II nous faut, clans cette categoric, plus de 400.000 personnes. OA les prendre ? OA les instruire ? Mlle Kunc me regarde en sowiant. Elle prend une gauloise dans le paquet qu'elle a bien voulu que je mi offre. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LES HOMMES, LA GEOGRAPHIE 193 bte, dit-elle, je ne regrette nullement Paris, que j'aime beaucoup, mais ii m'arrive de regretter les gauloises. Si vous saviez avec quel plaisir je les fume ! ? Oa les prendre ? Oa les instruire ? continue-t-elle. Ce n'est pas facile. Rien n'est facile. Il faut se mefier des naffs qui croient que c'est facile. Une democratie populaire, cola en fait des problemes durs a resoudre. Le mot est juste : le socialisme, ca se construit avec beaucoup d'efforts, de sueur, de reflexion, de courage. jeter les bases du socialisme, c'est faire les fondations de la maison. Xl faut qu'elles soient posees sur du terrain solide et en fres dur. Ii faut surtout prendre garde aux Gomulka, aux socialistes de droite qui, pour que la maison ne tienne Ras, mettraient, Si on les laissait faire, plus de sable que de ciment dans le mortier. ? Nos cadres moyens nous seront foumis aux trois- quarts par nos ecoles professionnelles du second degre. Celles-ci, jusqu'a present, ont travaille de maniere assez desorclonnee. La nomenclalure des professions no con- cordait pas avec les taches posees par le plan de six aus, et telle profession d'importance secondaire ben& ficiait de plus d'etablissements' que telle autre d'impor- tance capitale. . Ces ecoles ne pourront, pour l'instant, suffire a tout. Nous devrons puiser dans le reservoir chaque jour plus grand des ouvriers d'elite, des ratio- nalisateurs, des novateurs, mernbres du Parti ou sans parti. Les ouvriers, l'experience le demontre, peuvent acceder, apres une formation professionnelle appro- priee, a des postes de direction. Pouvez-vous me citer un exemple precis ? Oui, celui de Miklasinski qui, sorb d'une ecole technique et parti comme ouvrier qualifie, occupait jus- qu'a ces derniers temps, le poste de chef de la section mecanique de l'acierie de Sosnowiec ii vient d'etre nornme directeur en chef de l'acierie Huta Bankowa. Ce West d'ailleurs pas un cas unique; nous avons le souci 13 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 194 LA POLOGNE d'am6liorer les methodes de formation. II y a, chez nous, tout un systeme d'avancement des cadres. Le plus dur c'est de vaincre la resistance a l'avancement des ou- vrieres : elle an veulent pas devenir contremaitres. Dans le bureau O. nous nous trouvons, vient d'arriver un jeune homrne bien decouple, brun, hale et quelque pea timide. Mlle Kunc nous presente run a l'autre. Le jeune homme que j'ai en face de moi, un jeune homme de 27 ans, c'est Henri Bazylewicz, rineepieur qui est charge, lui, de construire rimmense usine de Nowa-Huta je regarde Henri Bazylewicz avec une stu- pefection mal dissimulee, qui le gene beaucoup, mais qui fait &later de rire Mlle Kunc. Elle explique a Bazy- lewicz mon etonnement : ? En France, les taches importantes sont le mono- pole des vieillards, les jeunes marquent le pas. On ne leer fait pas confiance... et puis, ii y a une question d'arge.nt a gagner et cc sont Its vieux qui veulent gagner le plus. Le salaire n'cst pas fonction du merite et du devouement, tnais de l'age et des recornmandations dont on dispose. Henri Bazylewicz sourit, Mais une autre personne que Mlle Kunc m'a pada de cc jeune ingenieur, c'est Germain Grosjean, industriel francais, qui a eu rhonnetete de vouloir se rendre en Pologne. Grosjean, qui a ete conquis par ce qu'il a ? decouvert ? la-bas; parlait ainsi d'Henri Bazylewicz dans une conference de presse tenue a Paris le 5 octo- bre 1950 Ce gosse a la responsabilite de crier use entreprise dix lois comme le Creusot, dix lois comme Schneider! Cast vous dire la confiance qu'on met la-bas dans la jeunesse et ca, ca m'a absolument retourne. Quand je pease aux vieux bonzes qui, en France, se crampon- neat leer place pour ne pas se laisser deboulonner et pour que le cocotier ne soit pas secoue par les jeunes ! Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LES HOMMES, LA GEOGRAPHIE 195 Eh bien ! J'ai vu l?as quelque chose d'extraordinaire... Mlle Kune me dit : Vous n'allez pas partir tout de suite a Nowa-Huta avec M. I3azylewicz, alors je vais avoir le temps de vous parler des specialistes ayant une instruction superieure. -- Nous axons d'abord a utiliser, a repartir et a edu- quer les vieux cadres d'ingenieurs. II y a encore la une question politique importante. Elle n'est pas encore bien resolue. Nous combattons sans merci toutes les velleites de nuire dou qu'elles viennent, et elles peuvent venir d'un certain groupe de vieux specialistes reactionnaires. Si ces specialistes sont honnetes, nous les initions aux principes et aux taches du plan de six ans, nous leur faisons connaitre les conquetes de la technique, de la ? science et de P organisation sovietiques, nous les rappro-- chons de la classe ouvriere et de 4a paysannerie labo- rieuse. Nous obtenons chaque jour davantage d'eux qtfils participent activement au developpement du mou- vement d'emulation, de rationalisation, de novation. Mais le point important, c'est la formation de nouveaux specialistes, de nouveaux cadres. Nos besoins ? Enormes. Il nous faut 54.000 ingenieurs de toutes spe- cialites, 8.000 specialistes agricoles, 20.000 economistes financiers... Oil prendre tout ce monde ? 3.000 ouvriers sortis du rang, faisant fonction d'ingenieurs, recevront tine instruction superieure. L'organisation scientifique technique (N.O.T.) formera dans les ecoles d'ingenieurs du soir 3.000 autres specialistes. La formation par cor- respondance, developpee surtout dans les domaines qui n'exigent pas d'exercices pratiques systematiques dans des laboratoires (planificateurs, economistes, financiers) donnera 2.500 specialistes. C'est a nos ecoles superieures qu'incombera la responsabilite de la formation du plus grand nombre de spocialistes. La, il y a des problemes varies a resoudre : organisation interieure des ecoles, ? assiduite aux cours, niveau de l'enseignernent, recru- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 196 LA POLOGNE tement des proh?-iscurs (2.200 profiseurs pour 116.000 etildialltS, 20 pour cent des chaires ne sont pas pour- vues), rajeunissernent du cadre professoral, liaison etroite a etablir entre la science et les besoins de la construction socialiste, composition sociale des etudiants; actuellement 40 pour cent a peine sont d'origine ou- vriere et paysanne pour l'ensemble des annees ; en pre- miere a.nnee, la proportion monte a 58 pour cent. 11 faudrait qu'elle atteigne 70 pour cent du total. Nous avons aussi a vaincre, chez certains professeurs et assis- tants, l'attitude empreinte d'admiration devant la science bourgeoise... Et use fois que l'ingenieur existe, gull est forme, ii faut l'employer, it faut bien l'employer. - C'est-i-dire ? C'est-a-dire tenir compte des qualifications, des specialisations lorsqu'on attribue des postes Si on donne un electricien des ponts a construire, ?n'ira pas, c'est-I-dire aussi, et surtout, que les ingenieurs et les techniciens doivcnt etre diriges sur la production. Ainsi le ministere des Finances, et tout le pays le salt, em- ployait en 1950 aux travaux administratifs, 400 Inge- nieurs et techniciens. Ainsi le ministere des Mines et tout le pays to sait, employait, en 1950, 40 ingenieurs agri- coles et forestiers. ? Pourquoi dites-vous : tout be pays le sait ? ? Parce que chez nous, les affaires de tons c'est comme une maison do verre, rien n'est cache de nos erreurs, de nos fautes, de nos impuissances. Nous les expliquons et nous trouvons des remedes. C'est notre democratic. Chez nous, les choses sont surtout dites par le Parti ouvrier unifie. II faudrait que vous lisiez le rapport que to camarade Zenor Nowak, secretaire gene- ral du Parti, presentait le 15 juillet 1950 a. la V* session pleniere du Comite central. Le sujet qu'il developpa ? Le probleme des cadres a la lumiere des taches du plan de six ans... Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LES HOMMES, LA GEOGRAPHIE 197 Oui, pensais-je, en roulant sur la route neuve et large ,qui relie Cracovie a Nowa-Huta, ii y a heaucoup de choses qui changent en Pologne. La geographic elle-memo. DEAUCOUP de choses changent. A commencer par la geographic. Si l'on s'en tient aux donnees de la geographie clas- sique, les ressources rninerales de la Pologne &ant loca- lisees dans la partie sud et sud-ouest du pays oil l'on trouve de la houille, du far, du zinc, du plomb, du sel gemme, cette localisation des ressources minerales deVra entrainer une localisation de l'industrie dans les mernes regions, et surtout autour des gisements de houille de la Haute-Silesie. Et c'est ainsi qu'il en a tou- jours ete : en face d'une petite partie du territoire natio- nal assez fortement industrialisee, le centre, le nord et l'est du pays se trouvaient condamnes, a l'exception de quelques villes comme Varso vie, a n'etre quo des regions agricoles. Le desequilibre etait flagrant. Tile demeurait en 1949 ob. quatre voievodies (Katowice, Opole, Wro- claw et Lodz) conccntraient a elles seules 65 pour cent de la main-d'ceuvre industrielle. Ii fallait mieux repartir les forces productrices. Cela etait, d'ailleurs, la condition necessaire a l'edification du socialism eh Pologne. On l'a vu : en Pologne, les maisons, les edifices de toutes sortes surgissent du sol. On l'a compris : l'homme, en Pologne, se transforme. Voici qui est aussi seduisant, aussi rornantique, at aupres de quoi la breche que l'epee de Roland fit a Roncevaux ne semblera qu'un enfan- tillage la democratie populaire donne a la Pologne une figure geographique nouvelle. A qui aurait propose de construire, sur la rive droite de la Vistule, en face de Cracovie, parmi les patures Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 198 LA POLOGNE et les champs de ble, ane vile industrielle et qui semble- rait surgie tout equipee du cerveau des techniciens du socialisme, nos geographes classiques auraient crie a la folie, et, a coups de reties Bees, ils auraient condamne l'entreprise. Or, voici quo Nowa-Huta, sortie de l'experience sovie- tique. sortie des plans des constructeurs polonais, est une realite. C'est dans une region qu'aucune donnee naturelle no predisposait a cela que s'implante et s'eleve cette forge qui produira autant d'acier quo toutes les autres forges de Pologne. L'homme n'obeit plus aux imperatifs natu- rels du sol, du sous-sol et, devrais-je dire aussi, du climat. Il commando a. la nature et il lui impose sa volonte, il la modele scion sa volonte, II devient le createur au sons biblique du mot. Jo songe a. la nevete de cc mot d'un potte italien t( La terra simile a se abitator produce ? : la terre fait l'habitant semblable a. elle. Ii convient de dire : l'habitant fait la terre a l'image de ses besoins. En Pologne, on procede done a une deconcentration de l'industrie, cc qui permet en meme temps de &con- gestionner les regions agricoles surpeuplees. La voievodie de Ezeszow, qui no fournissait quo 2,2 pour cent de la production industrielle, possedera sous pea vingt-quatre usines qui tripleront cette production. La voievodie de Bialystok, dont la main-d'oeuvre industrielle &ail de 0,5 pour cent de la main-d'ceuvre nationale, veria sa production industrielle quintupler et sa main-d'teuvre augrnenter d'autant. A Kielce, a Lublin, il en sera de memo. Partout seront mieux prospectees les richesses du sous-sol, pattout seront montees de nouvelles filatures des centrales hydratilique; au therrniques, des usines de radiateuts, d'acide sulfurique, d'automobiles, de roulements a. billes. Partout seront installees des usines devant fountir au Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ,LES HOMMES, LA GEOGRAPHIE 199 pays les moyens de production, les outils, les machines. Parallelement a cette repartition plus uniforme des , forces productrices, seront constitues de grands centres inclustriels : Cracovie avec de grands etablissements metallurgiques et des usines de synthese chimique, Varsovie avec son industrie metallurgique et electro - technique, Czestochowa et Kielce avec leurs etablisse- rnents metallurgiques. Ii va de soi qu'automatiquement la campagne polonaise se trouvera decongestionnee. Nowa-Huta, ?et egard, .porte un grand temoignage. En un rien de temps le paysan sera devenu un construe- teur d'immeubles et d'usines. Ii deviendra incessamment un ouvrier metallurgiste. Le travail force, le rideau de fer et l'eglise de Mogila. ? I OBJECTION m'a ete presentee ? et par des ouvriers I de chez nous. ? Tout cela est beau... mais ne peut etre obtenu qu'au prix d'un travail force. ? Non, il y a encore la une calomnie dont, sans nous rendre compte, nous nous faisons les porteurs. Le travail de l'ouvrier en Pologne est regle et garanti par des conventions collectives. C'est fin 1948 qu'un ? projet type de convention a ete elabore et qui a decide l'augmentation generale des salaires en meme temps que certains decrets decidaient d'une baisse des prix pour les denrees et les objets de consommation courante. La direction embauche et licencie les travailleurs aim-es B'etre entendue par ecrit avec le comite d'entreprise. La duree normale du travail est de huit heures par jour pour les cinq premiers jours de la semaine et de six heures pour le samedi. Toutes les heures en plus de ces quarante- six sont payees cinnme des heures supplementaires, s-avoir 50 pour cent de majoration pour les deux pre- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 200 144 POLOGNE mieres heures de travail supplementaire, roo pour cent pour la troisieme et les suivantes, ainsi que pour le travail effectue de nuit. Pour les jeunes, le temps normal du travail comprend les dix-huit heures d'enseigne- ment professionnel et complementaire dans les &Wes destines aux jeunes travailleur s et aux apprentis. Les jeunes no peuvent faire d'heures supplemen- taires, ni les femmes enceintes entrees dans leur qua- trieme mois. Tout travailleur a droit a un conge paye et il est tenu de le prendre... Nous avons vu, par ailleurs, que ce conge ne lui collie pas cher... et aussi que les cotisations des assurances sociales sont entierement a la charge des employeurs. Tout cela n'a rien, me semble-t-il, d'inhumain. Et comme ii faut ajouter que le chomage, en Pologne, n'est plus qu'un mauvais souvenir, comme ii faut ajouter que dans une famine donnee le pere. la mere, les grands enfants, ont du travail, II faut conclure que la situation du travailleur polonais est desormais enviable. Toutes les histoires de travail force no sont que calomnies de politiciens aux abois et qui comptent beau- coup sur le rideau de for qu'ils ont dresse sur la Seine, sur la Tamise, sur l'Hudson, pour que no soit pas connuc dans nos pays oa l'hornme est encore exploite par l'homme, la vie libre et alsee des pays 'oil se fonde le socialisme. On n'a pas assm dit que le rideau de fer ca a eta. et cela demeure, une invention sortie du cer- ve,au de Gcebbels, adoptec par le Tres Honorable Wins- ton Churchill et devenue la tarte a la creme de tous les ? journalistes que le plan Marshall a ? fonction- narises La violence des campagnes de mensonges et de provocations est en raison directe des suc- ces obtenus dans le sons de l'amelioration des conditions dc vie des peuples liberes ; le nivea.0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LES HOMMES, LA GEOGRAPHIE 201 de vie s'eleve rapidement en Pologne, comme d'ailleurs dans les autres democrates populai- res, et comme en Union sovietique ; on peut compter une elevation de 20 I Yo par armee, d'apres les statistiques du Conseil Economique et Social de l'O.N.1J. Cet accroissement de l'or- dre de 2o % veut dire qu'en cinq ans le niveau de vie double. Et il n'y a pas de raison pour que cc regime ne continue pas encore a croltre, non seulement avec cette proportion, mais avec un accroissement de cette proportion, etant donne l'effet de boule de neige que provoque la construction des usines qui se developpent en progression quasi geometrique. L'exemple venu de Pologne est done dange- reux, et c'est la raison de toutes ces calomnies et de tous ces mensonges de la part de ceux qui savent que le regime capitaliste ne permet pas cet accroissement du bien-etre du peuple ? parce que, en regime capitaliste, une partie nnportante des fruits du travail est accumulee seulement dans quelques mains... us mentent, et ils essaient de s'arranger pour que les braves gens no puissent verifier qu'ils ont menti. Or, voici que le rideau est de plus en plus rouille et qu'il grince lamentablement. La verite le bat en breche, la Verite l'emportera. La verite qui dit, par exemple, que l'homme compte en Pologne. puisque, en Pologne, le budget de l'Education nationale intervient dans le bud- get general dans la proportion de 23 pour cent. Il , faut croire que c'est malheureusement en France que l'on meprise l'homme et la culture, puisque dans notre pays le budget de l'Education nationale n'est que les 7 pour cent du budget general. Ii faut croire que l'homme et la culture comptent fort pen aux Etats-Unis i. Extrait du discours prononce par Joliot-Curie le 27 mai x951, au Congres de ? Amitio Franco-Polonaise ?. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 202 LA POLOGNE d'Amerique puisque, dans cc pays de la menace ato- mique, l'Education nationale atteint 1 peine les 2 pour cent du budget general. En Polope, budget de paix, budget pour l'homme. En France et aux Etats-Unis. et dans les pays satellites des Etats-Unis, budget de guerre, budget contre l'homme. La verite ? Oui. La verite qui fait, par exemple, quo dans Nowa-Huta la Nouvelle Forge, la vile moderne construite par un gouvemement dernocratique popu- laire, non loin de la vieille et royale Cracovie, l'eglise cathedrale sera cette eglise de Mogila qu'au my? si?e vinrent construire sur la plaine cracovienne les moines francais de l'ordre de Citeaux. Cette eglise quo les regimes anciens avaient negligee, abandonnee et, qui plus est, qu'ils avaient mutilee et deformee, la democratic populaire en a pris soin. J'y ai ete recu par un frere abbe qui m'a tout fait visiter, aussi bien le local oh sont conserves et entretenus les lourds vetements sacerdotaux, ofi sont repares les objets du culte, quo la bibliotheque ofi l'on pent admirer les incu- , nables et les vieux manuscrits aux fralches enluminures. J'ai vu, dans cette eglise, la barbaric des fresques datant d'un autre temps, faisant a la nef centrale et aux bas-cotes tine couverttue de crotItes et j'ai vu aussi, heureusement, affleurer sous le marteau attentif et patient des ouvriers, la fratcheur et la finesse des peiri- tures renaissance originelle.4. J'ai vu les colonnettes gothiques sortir de la masse inform? du mortier oil on les avait, dans le temps, ensevelies. Le frere abbe' na'a dit ? Vous le voyez, cette eglise aussi est un chantier de rajeunissement, elle va retrouver sa beaute et sa grAce premieres. Elle sera l'eglise cathedrale parrni les cons- tructions modernes de Nowa-Huta. Nous devons beau- coup de reconnaissance a notre gouvernement. La verite est l? Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE IV GDANSK, GDYNIA, PORTS POLONAIS Gdansk, vieille ville polonaise. BRONISLAW MIESZKOWSKI est conservateur des monu- ments historiques pour la province de Gdansk. Et Gdansk, de aelation polonaise mais que conquirent et germaniserent les Chevaliers teutoniques h l'aube du xive siecle, Gdansk qui, sous le nom de Dantzig, fit collier tant d'encre et tant de sang, Gdansk legitimement redevenue polonaise en 1945, etait a cette date une ville parfaiternent en mine. Aujourd'hui, elle a retrouve la vie le long de ses avenues deblayees ; elle aussi est un vaste chantier. Il y avait h. Gdansk une Porte verte du xive, un Hotel de Ville c?bre dont la tour flechee mesurait quatre- vingts metres de haut. Il y avait dix-sept eglises dont celle de Notre-Dame, gothique, sanctuaire-forteresse aux mars creneles et qui a perdu neuf de ses dix tou- relies. Il y avait l'Arsenal, chef-er ceuvre de la Renais- sance flamande, dont il ne resta en 1945 que deux facades aveugles. Il y avait le Langer Markt, une place bordee de maisons a pignons et h attiques &coupes. Il y avait une vieille ville dont chaque demeure etait consi- deree cornme un monument historique. Tout cela etait de brique rouge. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/19/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 204 LA POLOGNE Bronislaw Mieszkowski, encore un homme jeune charge d'une considerable responsabilite, me dit en souriant Conservateur des monuments historiques ? Non, pour 'Instant, je suis un entrepreneur de construction : j'eleve des facades et je remaille des murs. Je ? conser- verai ? apres. A Gdansk comme a Varsovie dans Mariensztadt et Nowy-Swiat, comme partout oil, en Pologne, ii y a un chef-d'oeuvre A ressusciter, on redonne aux maisons leurs anciennes fa?es et on munit l'interieur du contort le plus modeme. Le malheur est que les Allemands avaient degarni les edifices publics de leurs meubles, de leurs boiseries, de leurs tableaux : rien n'a Pu etre recupere de toutes ces richesses dont on suppose qu'elles sont bien cachees quelque part en Allemagne occidentale. Vous le savez, Gdansk, me dit Mieszkowski, etait une vieille vile possedant un port qui, bien qu'impor- tant, n'etait pas des mieux appareilles. Gdynia, sortie en 1920 d'un village de pecheurs et qui compte aujour- d'hui 120.000 habitants, etait une vile toute neuve, no possedant aucun caractere art.istique, mais double? d'un port excessivement moderne. Alors voici cc qui se pro- duisit en 1945 : les Allemands firent sauter la vile de Gdansk et no toucherent pas a son port ; us firent sauter le port de Gdynia et no toucherent pas A la vine. II ne faudrait pas s'imagnier que reconstruire ici, et on l'a bien vu lorsqu'il s'est agi de Varsovie, consiste reproduire integralement l'ancien, a reproduire un plan impose par les siecles. L'ancien n'est respecte que dans la mesure ox ca en vaut la peine. On fait aussi sortir du nouveau des runes et, le cas &Mara, on abat certaines maisons sans caractere architectural et sans tradition, pour donner a la vide un amenagement plus Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 GDANSK, GDYNIA, PORTS POLONAIS 205 rationnel. A Gdansk auront ainsi vu le jour, si l'on peut dire, la place des Meetings et l'avenue du Marechal- Rokossowski. Dans les ports de Gdansk et de Gdynia. un seul cargo francais. J AI dejeune dans un restaurant comme s'en trouve partout. Mais en Pologne, dans chaque restaurant, il eXiste trois menus. On peut manger a la carte et s'offrir un _reps de cinq ou dix mule zlotys ; on peut opter pour un menu a 150 zlotys ou un menu a 8o zlotys, Je souligne que tous les restaurants sont tenus de servir n'importe qui ces trois sortes de repas. J'ai choisi le menu a 8o zlotys. J'ai eu une grande assiettee de vrai bouillon aux macaronis, un grand plat de bouilli aux pomrnes de terre et, comme nous disons en France, une canette de biere. Je ne suis nullement sorti aflame. Sur les murs du restaurant, il y avait des inscriptions. J'ai pu traduire celle-ci : ? Chaque tonne de charbon de plus, chaque metre de tissu de plus, chaque quintal de ble de plus, c'est un defi de plus aux fauteurs de guerre ?. Et puis, en compagnie de Casimir Laurysiewicz, res- ponsable des transports maritimes a la federation de Gdansk du Parti ouvrier unifie, nous nous sommes rendus vers le Nouveau Port. Je remarque qu'un theatre de la vine donne le Manage de Figaro. Je lis sur la fa?e d'une maison basse cette inscription a la peinture noire : Souvenirs ; des soldats francais ont fait leur captivite dans ce coin. Voici un canal. Des fumees, des elevateurs, des mats, des cheminees de bateaux et, sur notre gauche. dans une prairie tres verte, de belles vaches hollandaises. Ii y a du soleil et du vent. Il y a des mouettes blanches dans le ciel bleu. On voit passer Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 206 LA POLOGNE des douaniers vats et des gardcs frontalids. Je suis heureux de retrouver la men La rner ici s'appelle le Wester Platt : c'est un bras derive de la Vistule. Nous sommes sur la rive gauche, juste a l'endroit ofi cc bras se confond avec la Baltique. En face, la rive est boisee. En 1939, des combats acharnes eurent lieu : 250 soldats polonais resisterent pendant de longues semaines aux assauts de cinq batail- Ions allemands. A la capitainerie du port, nous prenons avec nous le capitaine, Georges Sierociriski, qui sera notre guide. Encore un homrne neut. Un homrne de trente-cinq ans, souple et &gage dans cette tenue bleue qui est celle de tous les officiers de marine du globe. En 1939, il est marin. 11 est fait prisonnier. Au cours de sa captivite, il a connti beaucoup de Francais. It a appris beaucoup de choses aupres d'eux et entre autres, cc qu'i1 appelle des chansons legeres : Parlez-mai d'amour, fattendrai la nuit et le jour. la Pipe a papa. 11 a surtout appris parlor assez correctement le francais. ? Je commis aussi, me dit le capitaine Sierocinski, l'italien, l'anglais, l'allernand, le russe et... le polonars. Mon capitaine aime a rire. 11 sait parler fort serieuscment aussi. 11 me dit: ? J'etais marin. Rentre dans mon pays. on m'a mis dans la possibilite de preparer Ines brevets. J'ai etudie dur. Me void officier depuis quatre ans. En Pologne, celui qui veut s'en dormer la peine pent devenir inge- nieur ou officier. Je plaisante : ? Vous etes un officier d'eau donee puisque vous voila rive a votre semaphore... ? Pas pour toujours. Je ne suis pas a la retraite et rai d? navigue. On in'a dit que j'etais necessaire a la capitainerie de Gdansk : j'ai accepte le poste. Mais notre Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 GDANSK, GDYNIA, PORTS POLONAIS 207 marine se developpe ; elle deviendra puissante. Un Jour viendra o?e reprendrai la mer. Pour l'instant, je suis satisfait d'?e utile ici. Nous avons pris place sur une vedette. La visite des ports a commence. Si vous voulez, nous allons la faire ensemble. On me dira : mais ii n'y a rien pour ressembler a un port comme un autre port. Non, jamais un port ne res- semble a un autre port. Et, id, ii s'agit de deux ports polonais de la Pologne de 1950. Gdansk, c'est huit kilometres de fongueur de quais, et, je l'ai dit, demeures a peu pres intacts. Seuls les entrepots paraissent avoir souffert : on travaille a leur reconstruction. Une eglise etait la ; elle brfila ; voici qu'elle erige a present dans le ciel, au-dessus de ses murs en briques rouges, la charpente neuve de son toit. Nous passons devant le port d'embarquement des cochons ; l'Angleterre est la grande cliente : navires anglais. Nous passons devant le port des yachts : les legers bati- ? ments aux mats immenses, aux coques legeres et laquees font penser a une marine qu'aurait dessinee Raoul Dufy. Voici le quai du charbon avec ses trois transporteurs de gabarits differents, mais qui font chacun 250 tonnes a Plieure. Voici le quai du mineral de fer : mineral de Nor- vege, rninerai suedois plus lourd que le norvegien. Voici ? des bateaux grecs, finlandais, hollandais, belges, sovie- tiques, tous alleges sur leur ligne de flottaison : le fret d'importation est decharge a Gdynia; le fret d'expor- tation est charg? Gdansk. -- Les Anglais, us sont marrants, me dit le capiiaine Sierocinski, en riant a gorge deployee. Lorsqu'ils arri- vent pour la premiere fois ici et que je monte a leur bord pour les formalites d' usage, us me disent : Ici, c'est les Russes ? Et les pauvres types us n'ont pas l'air tres rassures us n' en reviennent pas lorsqu'ils apprennent Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 208 LA POLOGNE qu'ils peuvent descendre librement a terre, comme tous les autrcs inarins etrangers d'ailleurs. ? Et us descendent? ? Et comment I Cepenciant us nc sont pas contents. us se plaignent. - Pourquoi done? - Voila : its ne trouvent plus de fines. c'est fini la prostitution en Pologne, et puis its trouvent que la vodka est trop there: us disent Cc n'est pourtant pas un produit de luxe, la vodka... us rue comprennent pas que nous, nous en faisons un produit de luxe afin de tuer l'alcoolisrae comme nous avons supprime la pros- titution. Nous passons devant le quai du bois. construit cette armee, devant le quai du ciment avec son appareillage special : le ciment passe directement du wagon dans le bateau ; il est exporte en Argentine, en Afrique. Voici du set, de la volaille et des (peas : la les bateaux sont peints dans des couleurs claires, des couleurs de cremerie. Nous croisons des bateaux blancs charges d'enfants en vacanccs auxquels on fait vsiter le port. Nous arrivons du cote des docks de construction navale. ? La Pologne n'avait jamais coastruit de bateaux, me dit Sierocinski. Elle en construit maintenant Autant de devises econornisees ; autant de travail donne aux ouvriers et a= ingenieurs polonais. Des chalutiers non encore arm& sont la en ligne de parade avec leurs copies rouillees d'embruns ou rougies an minium. Des carcasses de navires s'echafaudent dans des docks flottants de 20.000 tonnes et plus. Un navire tout neuf, vierge de tout voyage et qui porte le nom d'un mineur d'elite c'est le joseph-Wiec- zorek. Voici deux autres batiments de 3.5o0 tonneaux faits pour les lignes du Levant : le Warszawa, le Lodz. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 GDANSK, GDYNIA, PORTS POLONAIS 209 Quatre autres unites de memo importance sont en fin de construction, deux autres sont commences. Apres cinq ans seulement s'ecrie le capitaine du port. Les ouvriers et les ingenieurs polonais ont un grand merite : us on fait ca eux-memes. Tiens, voila encore quatre petits remorqueurs tout neufs... Nous avons quitte la vedette. En voiture, nous nous dirigeons sur Gdynia quise trouve h dix-huit kilometres au nord de Gdansk. La route que nous suivons a ete refaite par des etudiants venus de toutes les regions de la Pologne. Le paysage est fait de croupes boisees. Nous traversons Sopot 1 grande cite balneaire est pleine d'hOtels, d'arbres, de va-et-vient et de chansons. Voici les hauteurs de Gdynia o?en 1939, les matelots polonais se battirent contre les Allemands et oil, en 1944, furent contraints de se rendre a l'Armee rouge pres de I00.000 Allemands. La capitainerie du port a une salle de jeux avec ses joumaux muraux, ses tables de ping-pong, sa biblio- th?e. Y ont acces les of ficiers, les marins, les `employes. Nous embarquons sur le bateau-pilote n? 18. Siero- _ cinski explique : ? C'est piece a piece que le port de Gdynia a ete &tuft-, Nous passons devant des ruines de moles et de quais. tin elevateur. -- Es n'ont pas eu le temps de le faire sauter. C'est de la chance. L'entr?du port,' un etroit passage entre les extre- mites de deux digues, a.vait ete entierement bloquee par les Allemands qui coulerent dans le chenal un bateau de commerce bourre de munitions et le fameux cuirasse Gneisenciu. Dans le port memo et des endroits calcules furent coul?aussi deux autres bateaux de guerre. ? Et maintenant tout est degage, me dit mon guide. Ah I nous, Polonais, nous n'avions que nos mains. Mais 14 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 210 LA POLOGNE les Roses nous ont aide. retirer des eaux du port tout ce qui etait immerge. Nous avons recupere tout ce quo nous avons pu sur les 35 000 tonnes du Gneisenau, dont ii no reste plus que cette coque grise. Aujourd'hui Gdynia a retrouve toutes ses activites maritimes. Par dizairaes, des grues neuves el4vent 'curs superstructures sur le ciel les entrepots s'etalent en bor- dure des quais. De nornbreux navires sont a l'ancre, par- tent, arrivent. Voici, tout blanc, un bateau-ecole pour la marine de guerre; voici le Bienkowski, hier bateau pour les passagers, aujourd'hui bateau-ecole pour les matins de commerce; void des bateaux laollandais, nor- *ions, anglais, finlandais, danois, sovietiques. Un seul bateau francais, un cargo, le jumieges, du Havre. est venu prendre un pen de charbon, me dit-on. Un pen de charbon! Nous sonarries le pays qui com- merce le moles avec la Pologne, et cela se voit bien a Gdansk et a Gdynia. La Pologne nous demandait au debut de 1949 de l'huile d'olive et d'arachide, du vin et des spiritueux, du liege, du crin vegetal, toutes sortes de produits chimiques: les produits chimiques a usage pharrnaceutique, du Verne, du nitrate de potasse, du bioxyde de manganese, des phosphates. Elle nous de- mandait du papier, du for, des textiles, des metaux de toutes sortes, de la ceramique, du materiel de precision, des appareils medicaux et chirurgicaux, du materiel electrique, des vehicules automobiles (voitures legeres, carnion.s, cars), des tracteurs, des pieces detachees pour vehicules automobiles, des livres, des periodiques, des films impressionnes, des articles de Paris. Elle nous offrait des produits agricoles (semenccs fourrageres, avoine, orge, elites de graine de betterave a suCre, des porn- mes do terre de sunence, du mouton, du sucre, des ceufs, des soles de porc, de l'eau-de-vie, des ecrevis- ses), des produits chimiques (blanc de zinc, minium, alu.ri de chrome, huile a freins), de la verrerie et de Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 GDANSK, GDYNIA, PORTS POLONAIS 211 la ceramique, du bois, des produits textiles. Elle nous offrait surtout du charbon. Parce que les economies des deux pays sont complementaires, lorsque la Pologne nous donne son charbon elle donne en meme temps du travail a nos industriels et a nos ouvriers, puisque nous payons ce charbon non en dollars, ainsi que cela se passe avec Ies U.S.A., mais avec les produits de notre indus- trie. Dans ce commerce, tout est interet pour la France. Ii faut dire que nos actuels gouvernants comprennent etrangement rinteret de notre pays : parce que la Pologne est une democratie populaire, us se refusent cornMercer avec elle. Cela no gene nullement la Polo- gne ; cela ne gene que nous. Et il va de soi que les commandes que nous ne prenons pas en Pologne, les AngIais et les Beiges s'en emparent, ou meme les Italiens. En 1948, la Pologne nous demandait des dizaines de mil- hers de tracteurs : notre gouvernement a refuse la com- mando et a prefere fermer la Snecma. Fin 1947, la Polo- gne voulait nous acheter des licences Citroen : notre gouvernement a refuse... rnais l'Italie a vendu des licen- ces Fiat. La France sort toujours battue de par la volonte de ses actuels gouvernants. Vouloir l'interet de la France, c'est vouloir cormnercer avec la Pologne; c'est vouloir aussi changer de gouvernants. Ii reste que la Pologne entretient des relations econo- miques avec treize pays capitalistes d'Europe, avec le Canada. des pays de l'Amerique latine, de l'Afrique et de l'Asie et meme avec certains trusts des Etats-Unis I Ii reste que des lignes regulieres maritimes relient les grands ports du monde, sauf les notres, aux ports polo- nais. Et il reste que he gouvernement francais a pris pretexte de l'arrestation en Pologne de l'espion Robi- 'wan, en novembre 1949, pour ne pas renouveler les accords economiques signes en decembre 1948. Notre gouvernement execute les ordres venus d'Amerique. II fait meme du zele. II est plus royaliste que le roi. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 212 LA POLOGNE La Maison du mann ST-CE parce quo je, suis ne an bord de la mer? Est-ce parce quo mon enfance et ma prime jeunesse se sont deroulees sur les moles d'un port. parmi les pecheurs, regarder entrer dans be golfe les grands voiliers, les tartancs et les vapeurs ? Ou est-ce plutot parce que je sais quelle miserable hospitalite un port comme celui de Marseille reserve aux marins de passage, aux mantis sans ernbarquement ? Peu importe. L'un des emerveil- lecctents les plus durables que j'ai ramenes de Pologne sera bien celui que j'ai eprouve en visitant a Gdynia la Maison du mann (Dorn Marynarza). Elle est sur une esplanade ouverte sur la Baltique. Sous l'ancien regime, c'etait quelque chose comme un casino. Devant elle, une ancre couchke et un long rat portant a son sorntrket la flamme blanche et rouge. Le batiment est blanc ; il est fait d'un pavilion central de trois etages, de deux ailes de deux etages et d'une ter- rasse vitree. Des fenetres a multiples carreaux a rideaux de couleur, aux caisses de flours peintes en vert. Des l'entree, une pancarte porte cette injonction : 11 est defendu d'apporter de l'alcool. Des le vestibule, on est surpris : des tableaux de navires, des marines, d'immenses coquiliages. Un grand hall qu'envierait les plus riches hotels de notre ate d'azur : des fauteuils en cuir, des tables fleuries, des ta.pis epais, des tableaux, des bronzes. Et un silence qui vous forcerait a marcher sur la pointe des pieds. La salle de jeux possede un piano, tine scene, un toume-disques, un poste radio, une bibliotheque, des revues. On joue aux echecs, aux domi- nos, aux dames. On lit, on ecrit. J'ai de la peine a me convaincre que les personnages correctement mis qui sont l?ant des navigateurs. Un Anglais, un Espagno1, des Beiges, des Italiens, des Suedois, des Polonais : Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 , GDANSK, GDYNIA, PORTS POLONAIS 213 je les prends tous pour des hOtes privilegies. Les navi- gateurs, je ne les ai toujours vus quo dans les bars de la Joliette ou du Vieux-Port et ca me change. Aux murs, les portraits de Lenine et de Staline. Et cette inscription : a L'amitie avec l'Union sovietique est la garantie de la victoire du socialisme en Pologne. ? Dans les couloirs, on a l'impression de se trouver .bord dun long-courrier. Photographies encadrees luxueusement de tous Jes grands bateaux celebres, tableau de tons les pavilions du monde, neeuds marins au naturel,, ensemble des vingt-cinq epissures possibles. Voici la consornmation en combustible, charbon ou mazout, par bateau connu. Voici le diplome qu'on deli- vrait aux marins du commerce qui avaient passe la ligne. Un salon de coiffure. Une buanderie. Une lingerie. Un cabinet de dentist?. Une salle de cinema. Une disco- th?e. Aux &ages sont les chambres. 'routes indivi- duelles. Le parquet est cire ; une armoire ; une table ; un fauteuil ; une table de nuit avec sa lampe de chevet ; un grand tapis ; des fleurs sur l'appui de la fenetre et sur la table ; un lit bas en chene clair comme tout le reste du mobilier, un couvre-lit a fond vert clair pique de fleurettes rouges. Cette chambre, nous l'avons deja vue au pr4ventorium des enfants de mineurs de Paszkow. Nous la veryons dans le centre de perfectionnement de l'Entr'aide paysanne de Miedzeszyn. La Maison du mann possede dix salles de bains et dix cabines de don- Ches. je ne peux m'empecher de penser a nouveau aux infames h4itecls du port de Marseille. 04 est la civilisation? 04 est la jus'tice ? o4 est la raison? Il est vrai qu'a Mar- seille et dans tous nos autres ports s'elevent aussi les buildings cies 'compagnies dominatrices et les hotels parti- culiers des grands armateurs, des exploiteurs de la mer. En Pologne, ii n'en est plus ainsi. jai 'fait ma visite sans prononcer un mot. Je n'en revenais pas, comme on dit chez nous, et je voulais tout Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release '2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 314 LA POLOGNE voir. Apres, nous nous sommes rendus dans la grande salle a. manger. Assis a lune des petites tables couvertes de lours nappes et toutes flettries, nous avons cause en buvant de la biere. Du grand comptoir du fond venait la musique d'un poste de T.S.F. De la musique de qua- lite et comrne assourdie. On eprouvait une grande impression de calme, de repos. Nous parlimes sans &ever la voix. Casimir Laurysiewicz en polonais, Georges Sierocinski en francais, m'expliquerent les chases. ? la Maison est propriete de l'Etat. Elle est geree par le Syndicat des marins. Elle pent recevoir go hotes ; il y en a 4 present une cinquantaine. Elle accueille des marins de toute nationalite : marins sortant de l'hopital et dont les navires sant partis, marins faisant escale et qui n'ont pas de famine par id, marins attendant un embarquement. Si la?famille du mann habite l'interieur, Varsovie, par exernple, la femme et les enfants peuvent venir ici retrouver le chef de female et passer quelques jonrs avec mi : Its frais de voyage sant rembourses. ? Nous sommes nos propres amateurs, continue Sierocinski. Aussi pouvons-nous offrir id i une hospitalite gratuite 4 tous nos hetes de quelque nationalite soient. Le mann qui vient chez nous recoit memo de l'argent de poetic. ? La duree du sejour ? Elle pent etre d'un jour ou de plusieurs semaines. II n'y a jamais Tabus. Un mann no demande qu'a navigner. Des gull le pent, il fait son sac et il embarque. Nous l'aidons d'ailleurs a trou- ver un embarquement. Ici, cc n'est jamais difficile. ? Nous avons aussi ane maison pour les pecheurs. Le pecheur vient s'y reposer lorsqu'il no sort pas :ii est an repos ou le temps est mauvais. Cette maison vend aux pecheurs tout cc dont us peuvent avoir besoin pour vivres et travailler et a des prix d'Etat... Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE V SOPOT. LES ARTS, LES LETTIRES ET LA JEUNESSE Le fonds des loisirs. ILyaa Sopot des villas, des hotels et il y a le Grand Hotel. Dans ses villas, ses hetels et son Grand Hotel, Sopot recoit cette armee 50.000 estivants, et qui ne sont que des ouvriers, des employes, des travailleurs in'tellectuels, des journalistes, des ecrivains, des inge- nieurs, des techniciens. Pourquoi faire la description d'une grande station balneaire !Id, la l3altique est belle et le temps est clair, la plage est de sable fin et d'un harmonieux dessin. Le tour on se dore au soleil et la nuit on danse. On jouit de ses conges payes. Ces cones pay& sont pour tous et a. la port& de tous. C' est pourquoi 11 y a beaucoup de joie same a Sopot, n'en deplaise auX calOmniateurs pa.tentes de chez nous qui voudraient nous faire croire que la Pologne populaire est le pays de la misere et du rnalheur. Non, ca va fort bien dans ce pays que dirigent les representants authentiques des ouvriers et des paysans. Cest le Fonds des loisirs dependant du Conseil cen- tral des syndicats qui a la charge d'assurer le repos des travailleurs et d'organiser leurs loisirs. Ce fonds dispose d'un ensemble de maisons de repos tres bien amenagees, situees en montagne, au bord de la mer, dans les regions Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 216 LA POLOGNE lvisees des plaines, dans les stations thennales.Les repas sont bons et copieux et foumissent guatre a cing mille calories par jou'', Chaque maison de repos a son pro- gramme propre de distractions artistiques, sportives, touristigues. Le travailleur qui s'y rend a ses frais de voyage pay& pour Faller et le retour II n'aura a payer gue les 30 pour cent de sa pension. Si la, sante du travailleur est menacee, il se rend dans une station therrnale oil, pendant trois semaines. ii rece- vra gratuitement tons les soins necessites par son etat, apres (poi ii pourra se reposer tine quatrieme semaine chez lui. Des loisits (fits prophylactiques sont aussi orga- nises pour les travailleurs menaces de silicose, suscep- tibles de faire des eoliques de plomb, ou d'?e atteints de rhumatismes. Pour les meres de famlile, il existe des maisons appe- lees ? Maisons de la mere et de l'enfant ii Dans ces 'liaisons. des infirrnieres gualifiees prennent soin des enfants (de deux ans et demi a huit ans) et cela permet aux ma.man.s de se reposer et de se distraire. Le sejour des enfants dans ces maisons est gratuit. Les mamans, chefs de famille ou travailleuses emerites, ne paient que les 30 pour cent de la pension : le reste est convert par le Fonds des loisirs et los Assurances sociales. II existe aus,si des ? vacances de famille n les families ouvrieres sont instailhs dans les villas du centre de Pobierowo, sur les bonds de la Baltigue. Le voyage alter et retour est gratuit. Les frais d'entretien des enfants sont converts par l'Action sociale. La jeunes.se dispose de maisons de repos pourvues d'eguipements sportifs et au.xquelles sont affectes des moniteurs d'education physique et des instructeurs culture's. 11 est necessaire de preciser gue les travailleurs agri- coles beneficient des memes avantages gue les travail- leurs de la vine. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 SOPOT 217 Ainsi, en Pologne, les loisirs procurent le repos et la sante. us permettent aux Polonais, a tous les Polonais, de connaltre leur pays, de relever leur niveau culturel et de renforcer leur sens social. Les syndicats polonais invitent tous les ans des tra- vailleurs des autres pays a venir se reposer en Pologne. C' est ainsi qu'a Zakopane, j'ai passe une soiree dans une tnaison de repos oil sejournaient des mineurs sue- dois, norvegiens, anglais et francais. On dansa, on chanta en cinq ou six langues. Qu' on y reflechisse : des milieus de cinq pays prenant un repos d'un mois dans une grande villa de la belle Zakopane, cela ne signi- fierait-il pas qu'il y a quelque chose de change dans le monde ? Et cela est possible, dirait le jeune capitaine de port de Gdansk, mon ami Georges Sierocinski, parce que nous sommes nos propres armateurs, nos propres industriels, les maitres de notre terre, parce que la Polo- gne et toutes ses richesses appartiennent enfin a tous les travailleurs. Les expositions de Sopot. C OPOT a une grande place qui s'ouvre sur la Baltique et que continue au milieu des, flots le grand mole aux appontements noirs. Autour de cette place et sur l'eten- due d'une demi-lune, se trouve une galerie couverte, en ciment. Cette galerie est faite pour abriter les expo- sitions en plein air, ces expositions qu'on voit dans toutes les villes de Pologne et qui sont un aspect de la nouvelle democratic. Gdansk a ete detruit. Gdansk se reconstruit. II faut que la population connaisse les projets et qu'elle puisse donner ses avis. On kale done les projets sous forme de cartes, de plans tres lisibles, de maquettes. Ainsi on initie les masses aux affaires de Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 218 LA POLOGNE la cite ; on leur permet d'exercer leur influence sur les organismes administratifs et bureaucratiques ; on les familiarise avec les problemes de la politique qui est l'art d'administrer la cite ; on developpe leer initiative creatrice ; du rneme coup, on fortifie la conseleace qu'elles ont d'?e les maltres de leur Etat. Cette exposition quo je visite presente done cc qui a ete realise et cc qui se re.alisera. Elk indique oil sera pris l'argent : un imp& sur l'alcool fournira le meilleur des remources. Cet impOt a perrnis de construire uric ecole 0 de la Pologne populaire ?, tine kale technique, un lycee. On ne s'arretera pas en Si bon chemin. L'annee 1951 verra s'elever line academie medicale, un hopital, tin thatre, unel4faison de la culture, tine Ecole technique superieure, des magasins a ble, un grand nombre de maison d'habitations, des eglises, des hopitau.x. Une grande raaquette represente Gdansk d'avant- guerre. Une autre represente la vile nouvelle y aura plus d'air, plus de verdure. Des maquettes a grande echelle permettent d'etablir la comparaison entre le centre tasse de la ville d'hier et celui beaucoup plus degage de la vile de demain. Maquettes d'immeubles, maquettes de la cite, maquettes du quartier : tout est Ia. avec panels les projets de deux ou de trois architectes ; c'est l'usager qui est fait juge. Sous la galerie en demi-lune, ii y a joule. Que l'on se souvienne que Sopot, oa se trouve cette exposition. accueille des dimities de tnilliers d'estivants. Ainsi, dans touk la Pologne, on connaltra les details de la recons- truction de Gdansk ; on en parlera. La democratie popu- laire developpe au cceur des Polonais le sentiment de la proptiete sociale, de la solidarite nationale ; la patrie devient eine realite. Ce que j'admire aussi pour ma part, c'est Fart qui preside a, ces sortes de presentations publiques de pro- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 219: blemes qui passent chez nous pour abstraits ou a tout le moms ardus. C'est concret d'abord et puis c'est lisible; c'est simple et rien ne manque ; et ca provoque de la joie et meme de l'enthousiasme ; ii y a comme une force dialectique dans la presentation ; ca va de l'avant et ca pousse a aIler de l'avant. 13n ecrivain, un poete, un musicien, pourraient trouver la le theme et le mouve- merit. On sent aussi que toute liberte a ete laissee aux presentateurs ; toutes les initiatives se sont manifestees maladroites parfois, heureuses souvent : ii n'est pas si simple que cola de parler au peuple. Jo sone a cette exposition des Terres recouvrees que nous admirames h Wroclaw en aoAt 1948 l'occasion du Congres mon- dial des intellcctuels pour la paix. II y avait la, sous une forme concrete et toujours diverse, rimmense effort que Ia democratic populaire naissante a su faire en quatre ans pour repoloniser les terres de l'Ouest. et pour tout y remettre en route. L' exposition atteignait le but, touchait tout le monde, la trieuse de Katowice, la pay- sanne de Kujawie, l'artiste ou le poete ou le savant. L? encore, la bride avait ete lachee aux presentateurs et chaque stand, chaque vitrine, chaque salle, reservait au visiteur sa propre surprise et son enseignement. Sopot, en aofit 1950; offrait a ses foules en vacances deux autres expositions :? une exposition de peinture et une retrospective de l'art de la photographie en Polo- gne. La masse des visii:eurs no tarissait pas au long des journees. Je precise hien que ces visiteurs, c'etaient surtout des ouvriers et des ouvrieres, des paysans et des paysannes. En rrance, nous n'avons pas encore connu cela, non que notre peuple soit insensible aux choses de Part, mais bien parce que les classes dirigeantes estiment que le peuple n'a rien a voir aux choses de l'art. En Pologne, un immense effort est fait pour donner a tous, dans cc domaine aussi, cc qui etait bier le le privilege de quelques-uns. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 220 .11.11.?=.11.1111,04?11W LA POLOGNE La reforms scolaire. L est rninurt. Nous sornmes sur la terrasse du Grand Hotel. Le bruit Acme de la mer nous arrive. Le mole brill? de toutes ses lurnieres. Un feu vert Sc distingue au Sud c'est Gdansk. Vers le Nord-Est, le feu inter- mittent de la presqu'lle de Mel. Au Nord, les lumieres do Gdynia. Nuit bleu sombre. Et dans le cid, c'est stir, une lune et une etoile. Mais je no suis pas venu ici pour fever. Jo veux etre prosaique. Dans la splendour des montagnes de Zakopane, je vous ai entretenu des activites de la section culturelle des syndicats polonais. La nuit de Sopot, je l'ernploie a me documenter sur la reforme scolaire en Pologne. Car j'ai eu le bonheur de rencontrer ici Stanislas Kowalski qui, en temps ordinaire, travaille au mirtistere de l'Education nationale. y a une bistoire de l'aeole polonaise qui est encore a ecrire, m'a dit Kowalski. Savez-vous que la Pologne a ete le premier pays du monde a posseder on ministere de l'Instruction publique ? cela se fit en 1773... Savez-vous aussi que la Pologne est cc pays oa l'ecole pendant 123 ans a gie obligee de se faire clandestine? Tant qu'ont due les partages et, jusqu'en 1919. ii s'est agi de sauvegarder noire caractere polonais et notre volonte cl'independance ; ii s'est agi de resister... Savez- vous encore que, dans notre pays, les enfants et la jeunesse des ecoles oat spontanement joue un role poli- tique ? A l'ecole de Wrzesnia, en Posnanie, au temps de la prussification, les enfants refuserent, malgre les sevices des maltres, de reciter leurs prieres en allemand... En 1919, ii n'y avait pas encore cu en Pologne d'ecole une; les Polonais avaient cu a subir trois systemes differents, le prussien, le tsariste et l'autrichien --- Dans la Pologne de 1919, ii fut beaucoup question de reforme scolaire. II cut fallu parer au plus 'nesse : Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 SOPOT 221 former des maitres, construire des ecoles, lutter contre l'analphabetisme, eliminer les residus de germanisation. Mais les preoccupations des gouvernants d'alors etaient RilieUrS ; elks etaient plutot d'ordre militaire. Les Pildsuski et les Beck se contenterent, en bons fascistes qu'ils etaient, d'instituer une ecole au seul benefice des classes possedantes. Une loi scolaire votee en 1932 et qui 6tait loin d'?e democratique n'entra definitivement en vigueur qu'en 1938. Ainsi, a la veille de la guerre, la Pologne n'avait pas encore eu un regime scolaire digne de ce nom. Jugez-en (je cite mes chiffres de memoire). Un pour cent des etudiants d'enseignement superieur etait d'origine paysanne dans un pays oi la population rurale cornptait pour 72 pour cent. Un million d'enfants n'avaient pas acces a l'ecole. Pour une population de 35 millions d'habitants et pour 5 millions d'eleves d'ecole 'pnmaire, 200.000 enfants recevaient un enseignement secondaire, 50 000 avaierrt acces a l'enseignement sup& rieur. L'epseignement prescolaire etait pratiquement inexistant. Le jeune rural ne pouvait frequenter l'ecole qiie pendant quatre annees. Apres, il avait le temps de tout oublier. L'enseignement n'etait pas gratuit. Ii n'y avait presque pas d'enseignement professionnel. Dans la Pologne de 1939, II y avait quatre millions d'illettres totaux. Pour ce qui est des demi-illettres !... ? Pendant l'occupation, ii n'y eut officiellement plus d'ecole. En Silesie, en Porneranie, en Posnanie, les Polo- nais ne furent plus consideres que comme des esclaves ; Us furent prives de toute vie intellectuelle ; us n'eurent merne plus le droit de parler leur langue matemelle. Dans la partie de la Pologne qui s'appela le Gouveme- ment general, seules demeurerent les ecoles primaires avec des programmes fort reduits. Les matieres ensei- gnees etaient la langue polonaise et le calcul. L'histoire, Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 222 LA POLOGNE la geographic, la litterature etaient interdites. Comme s'organisa tout de suite la lutte armee contre l'occupant, sur le plan cultural se moats tout de suite tin enseigne- ment clandestin. Chaque canton avait sa commission d'enseignement. Les ecalts primaires compterent 1.600.000 'Neves, les ecoles secondaires 6o.000, l'Uni- versite 6.000. On faisait classc dans les caves, dans les granges. Si l'on etait pris, maitre ou eleve, c'etait la deportation ou la fusillade. Ainsi perirent 40 pour cent des professeurs de l'enseignement superieur, 30 pour cent des professeurs de l'enscignement secondaire. 25 pour cent d'instituteurs. Le 22 juillet 1944, le manifeste de Chelm proclarnait que dans la Pologne nouvelle la culture serait la chose de tous. Aujourd'hui, dans la Pologne de 1950, la culture est la chose de tous. Excusez cc rappel historique. 11 n'a ete fait que pour vous faire entendre que, dans cc domaine de recole coname dans le domaihe de l'agriculture ou le domaine industriel, notre Etat de democratic populaire est parti de zero. Et ajoutez a cc triste heritage les destructions 8.000 bittirnents d'ecole completement detruits, 6.000 exigeant des reparations a. 50 pour cent, aucun equipe- ment scolaire, aucun materiel. Et cette angoissante ques- tion des manuels : ii n'y en avait plus un soul. ?.La reforme s'est faite sur les principes suivants : obligation, gratuite, ecole unique, laicite, democrati- sation. je precise que l'enseignement religieux est devenu facultatif et que le clerge possede toujours ses ecoles... Nos methodes ? Nous preferons d'abord construire des &Wes, des laboratoires, des bibliotheques. Il est des pays oh l'on est tres fort sur les methodes pedagogiques mais oh les &Gies tombent en ruines... Sachez que depuis la liberation, nous avow edite 73 millions de manuels scolaires. Sachez que le budget de notre ministere de l'Education nationale intervient pour 31 pour cent dans Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 SOPOT 223 le budget general. Nous formons des maitres, nous cons- truisons des ecoles, nous editons toujours plus de livres. .L'enseignement professionnel a tous les degres et de tout type se developpe largement. Dans les &cies secon- daires et dans l'enseignement superieur, on constate une amelioration constante dans la composition sociale des &eves. Ainsi, a la rentree prochaine, nos universites compteront pres de 6o pour cent d'eleves d'origine ouvriere ou paysanne. Je demande a Kowalski : -- Tout va done tres bien du cote de l'Education na,tionale ? Ne plaisantez pas, m'est-il repondu. Comment tout bien apres ce que je vous ai dit de notre heritage? II faut ameliorer les programmes et les manUels scolaires, en extirper les deviations nationa- Estes, Nos programmes d'histoire, par exemple, ne tont pa ? assez ressortir les traditions de lutte commune au cows des si?e du courant democratique polonais et du courant russe contre l'oppression tsariste. Nous devons balayer les survivances de l'eclectisme et de l'opportu- nistne et en finir, dans nos ecoles normales, avec la peda- gogie idealiste et une psychologie surannee. Nous devons ? impregner tout notre enseignement de la conception du rilarxisme-leninisme. Nous devons introduire dans tout notre enseignement ces disciplines techniques necessitees par notre revolution industrielle et le rajeunissement de notre agriculture. Il y a necessite, entre autres choses, do developper tres vite le reseau de nos &cies a la cam- pagne. Ii faut introduire dans le personnel enseignant le maximum d'elements ouvriers et paysans, nous debar- rasser des elements hostiles et nuisibles. Toute noire Consideration va aux vieux specialistes experimentes qui rernplissent loyalement et consciencieusement leur fiche. Et, comme disait Lenine, nous voulons ? faire a. l'ins- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 224 LA POLOGNE lituteur de chez nous uric situation comme n'en a . . jamas cue, n'en a pas et no pout en avoir dans la soeitte bourgeoise ?. Rien ne se fait en un jour. Mats nous avons fait beaucoup en cinq ans. 14.os realisations inalgre bien des imperfections temoignent de notre volonte de donner aux masses laborieuses toute la cul- ture a laquelle des ont droit. Le sort dos e'crivains et des artistes. L y a, au Grand Hotel de Sopot, un certain nombre d'ec.rivains polonais et de journalistes. Je trouve l? motif a constatis uric lois de plus combien est peu fondee la calomnie qui voudrait faire croire que dans les democraties populair' es, s'il y a reconstruction mate- rielle, l'homrne no serait quo le dernier des soucis de ces democraties. Et si, en France, nous nous regardions dAns une glace? Chez nous, vraiment, a-t-on le souci de l'homme puisque voici des etres humains loges dans des caves, des enfants sans &ales, des etudiants sans ressources et un budget de l'Education nationale qui s'amenuise de plus en plus chaque armee? Dans la Pologne d'aujourd'hui, les intellectuels peu- vent vivre Wen. Les ecrivains, les artistes, les journa- listes, semblent etre les enfants gates du regime. Eux aussi ont leurs chateaux comme celui de Nieborow. Eux aussi vont clans les villes d'eaux, a la mer, a la mon- tagne. Tout souci materiel est ecarte de leur vie. ils gagnent meme beaucoup d'argent. Chaque armee sont distribues des prix tres importants quant a leur signi- fication et it leur nombre de zlotys. Si dans notre athe- nienne democratic francaise, on parle beaucoup des ? valeurs spirituelles on s'offre encore le ridicule odieux de decerner des prix litaraires de 50.000, de 5.000 ou memo de z.c000 francs. Dans la ? barbare ? Polo- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 SOPOT 225 gne populaire, le premier prix en 1950 etait de l'ordre de un million de zlotys. Qui dira mieux ? Et oil l'esprit est-il mieux defendu qu'en Pologne, mieux defendu que tans les democraties populaires et qu'en U.R.S.S. ? Pre- mier prix de litterature, premier prix des arts plastiques, premier prix de musique. premier prix d'art dramatique, premier prix du cinema, premier prix d'architecture : tinrptllion partout ! Et ii y a des seconds et des troisiemes prix. Les ecrivains vivent bien en Pologne et ils jouis- sent de la consideration de toute la nation. On a fort peu dit en France cc que la democratic populaire polonaise a fait pour la celebration de Chopin. .Du rnardi 22 fevrier, date de l'ouverture de Patin& Cho- pin, a la fin de decembre 1949, des manifestations se sont succedees sur l'ensemble du territoire, a la ville et a la, campagne. Il a ete presente une ? edition vivante, des ceuvres de Chopin ?. Les meilleurs artistes ont apporte aux travailleurs et jusque dans les usines cette musique de Chopin que la bourgeoisie decadente a Stilthistiquee et qui est une musique pattiotique, toute faite de relan des masses vers leur independance. Les ceuvres completes du grand compositeur oat ete publiees par les soins de l'Institut Frederic Chopin de Varsovie. La preparation de _cette publication avait ete l'un des derniers travaux du maitre Paderewski. L'edition comprend vingt-six grands cahiers. Les commentaires sont en quatre langues (polonais, francais, russe et atglais). Par ailleurs, auront ete publies des analyses et des commentaires des ceuvres en quatre volumes et tine nouvelle edition des lettres. Des concours de compo- Sition de recits, d'affiches, furent institues sur le plan national Ii y cut sur le plan international un concours d'interpretation qui se deroula en octobre 1949 a Var- Sovie et dont le jury etait compose des artistes les plus erninents du monde. La France etait represent& par Mar- guerite Long et Lazare-Levy. J'entends encore Margue- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 226 LA POLOGNE rite Long declarer dans une conference de presse donnee a Paris a son retour de Vaxsovie : 1.1n prix de on million, je dis bien un million L.. J'ai Ate recue la-bas comme une souveraine... Et il faudrait pent-etre parler ici de ce gull est con- venu d'appeler la production litteraire et artistique. Je dirai seulement gull est regrettable que de plus nota- bles traductions et plus reguliexes ne nous permettent pas en France de suivre de plus pres les choses de la litter-attire et de. Fart en Pologne. Dans ces domaines oil les choses vont moms vite il est inte- ressant d'assister a certaines evolutions, a certaines ruptures meme, et de voir comment se forme le nouveau. Du peu que je sais, ii ne me sernble pas que de grandes ceuvres se soient degagees a. cc jour. J'ai eu d'autre part l'impression, a causer avec les tins et les autres, qu'ecri- vains et artistes ont leur pensee toumee vers les annees noires de l'occupation : ii y aurait chez eux comme one obsession, et qui empecherait qu'eclate en eux et dans leurs ceuvres l'enthousiasme que provoque en chacun de nous le reconstruction, Alors que tout autour d'eux est effort, exaltation, victoire? comment se fait-il que cela ne se retrouve pas encore dans leurs ceuvres ? Les grands sujets ne manquent pas. 11 n'est phis necessaire de for- mer des mythes, de repeter les iliades et les odyssees et les chansons de Roland. Il ne s'agit guere &Imaginer quelque Saint-Graal et de jeter les hornmes chevaliers vers une quete derisoire. La matiere est la : l'histoire de la rue, on de l'eglise, on de l'usine reconstruites, l'his- toire de Nowa-Huta, l'histoire du paysan hier charretier et aujourd'hui directeur d'une ferme d'Etat, l'histoire des hommes qui changent. En Pologne, les choses sont aussi concretes que dans one exposition. Tout se fait sous les yeux des hommes et les yeux voient le neuf sortir triomphant de l'ancien. Je sais que d? il est des ecrivains et des artistes qui s'essaient a. saisir cette Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 227 nouvelle realite. On leur reprochera un certain sim- plisme et l'on aura tort ; ii s'agit la d'une simplification necessaire et qui est toujours avant-couriere des emou- vantes et des puissantes syntheses. (En France aussi, nous devrions reflechir a cela). Je suis tranquille : la Pologne aura la litterature de sa reconstruction. Je suis stir, pour ma part, et c' est une sensation physique que j'en aL que dej?ans l'intime tissu des batisseurs s'elaborent les exaltantes creations de l'esprit. Ii y aura eu d'abord la arise en oeuvre de la brique, de l'acier et du ciment. Mais l'homme chante d? dans la maison faite pour lui et pour sa. joie. Les ecrivains et les artistes surgiront. Pour ceux qui sont deja ii n'est qu'une verite faut prendre part active a la lutte des peuples pour la paix et la democratic populaire ; il faut montrer l'?n de redification socialiste, l'homme nouveau dont les difficult& et les victoires sont des victoires de la classe ouvriere, du Parti ouvrier unifie, du peuple tout entier ;11 faut mener la lutte contre le formalisme contre le cosmopolitisme ; ii faut s'appuyer sur les traditions progressistes du passe ; ii faut aller chercher ses lecons panni les ecrivains et les artistes de l'Union sovietique. Si l'on se refuse a cela ou a une partie de cela, on pourra peut-etre demeurer un honnete homme ; on sera sere- ment un ecrivairi ou un artiste &passe. L'Union de la Jeunesse polonaise Nous allons essayer de descendre au plus profond de la campagne polonaise, oil les choses sont les plus difficiles, o?es forces du passe sont diablement vivaces, oil les transformations qualitatives plus tenues se voient cependant plus facilemen1 que dans la mine et a l'usine. Mais je voudrais parler d'abord de ceux qu'on voit par- tout en Pologne, des jeunes. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 228 LA POLOGNE je les ai vus partout : a. Nowa-Huta et dans les champs, dans les mines et les ports et anssi dans leurs maisons de repos, on se livrant aux plaisirs du camping. je me contenterai de dormer ici, sans faire de pittores- que, l'essentiel de ce quo m'a appris sur l'organisa.tion de la jeunesse polonaise un garcon blond. plein de sante, qui assume les fonctions de redacteur en chef de l'Eten- dard des jeunes, le jeune LudItievdcz. 11 y a en Pologne une Union de la jeunesse polonaise. En 1948, ii existait encore quatre organisations : le Z.W.M., de la tendance de l'ancien P.P.R. (Parti ouvrier polonais), l'O.M.T.U.R., de la tendance de l'ancien P.P.S. (Parti socialiste polonais), le Z.14f.W.I.C.I., de la tendance paysanne et radicale, et enfin le Z.M.D., de tendance bourgeoise et petite-bourgeoise et legere- runt ouvriere. Le 22 juillet 1948, A Wroclaw, cut lieu le congres d'unification. Des representants des quatre associations furent places a. la direction de l'Union. Aujourd'hui, en Pologne, la jeunesse a trouve le chemin du socialisme. L'Etendard des jeunes, un quotidien, tirait en aoflt agso a 500.000 exemplaires. 11 possedait alms quarante- deux redacteurs. 11 a un reseau de correspondants dans toute la Pologne. Les abonnements couvrcnt 8o pour cent du tirage. On est optimiste en Pologne : Ludkiewicz me disait en aottt agso : ? En decembre, l'Etendard des jeunes tirera a un million d'exemplaires. Et cola est tine realite en 1951. Est-ce a dire que pour la jeunesse de Pologne tout soit devenu facile? Non. L'ennemi est l?ui la guette et qui essaie de la circonvenir. Certains pretres reaction- flakes Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 229 a,busent de l'habit ecclesiastique et mettent a profit les cours religieux ou la predication pour saper le pouvoir du peuple. D'autres se livrent un travail d'antipropagande plus marque ? l'occasion d'exercices religieux tels que les retraites et les pardons, les repetitions des cho- rales et les reunions des Enfants de Marie ou du Rosaire. ? Des jeunes qui ont aid6 au partage des terres ont ete sauvagement assassines, tel Jeannot Stachowiak, jeune homme de 17 ans, dont le cadavre a ete trouve en 1947 clans la crypte d'une eglise de Poznan : Jeannot Sta- chowiak avait eu la tote fracassee et les bras casses ; tels sept jeunes de Rozkopczyc (voievodie de Lublin) kssassines alors qu'ils reniraient chez eux apres la mani- festation du ier mai -1947. Tout cela veut dire quo tous les efforts doivent Ore faits et avec tous pour assurer la paix, pour reconstruke la Pologne, mais ne faut pas cesser de lutter contre l'ennemi de classe. La jeunesse polonaise se bat pour son bonheur. Ses responsahilites sont grandes. Ii lui faut construire et ? preserver l'acquis. II lui faut porter a bout de bras le pays vers le socialisme. Elle a des ennemis, avoues ou , caches. Elle le sait. Elle saura, en debarrasser sa route. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 QUATRIEME PARTIE CAMPAGNES NOUVELLES Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 (HAPITR.E PREMIER LA TERRE A CEUX QUI LA CULTIVENT La terre avant la reforme. LE probleme de la terre a joue un grand role dans I'his- toire de la Pologne au cours de ces deux derniers siecIes. La solution heureuse n'est intervenue qu'avec l'avenement de la, democratic populaire. Avant les partages, c'est-?ire jusqu', la fin du xviir si?e, l'esclavage o?taient tenus les paysans etait la cause majeure de la faiblesse du pays. Durant les partages, les Etats spoliateurs eurent l'habi- lete de dresser contre les soulevements successifs des patriotes les masses paysannes. C'est ainsi qu'en 1846, l'Aurtiche eut raison du soulevement patriotique de Gall- de en faisant appel aux paysans et en leur faisant croire que la renaissance de la Pologne signifierait pour eux un esclava.ge plus rigoureux et une misere accrue. Il est de fait que memo tout au long du xix? slecle et, peut-on dire, jusqu'a, 1920, la noblesse et la grande bourgeoisie bancaire no renoncerent jamais a l'exploi- tation des paysans. Elle, ne comprirent pas, aveuglees par leurs prejuges et tout h. leur esprit de lucre, que la liberation du pays no pourrait se faire qu'avec radhesion et la participation de la paysannerie. Ii eut fallu com- mencer par liberer celle ci, par l'interesser directement Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 234 LA POLOGNE aux questions d'independance nationale; it et fallu commencer par lui faire u ressentir la patrie ?. La verite d'evidence etait la suivante ii n'y attrait de resurrection de la Pologne et d'independance polo- naise quo si une solution etait apportee a la question paysanne. De solution, il n'y en avait qu'une : donner la terre aux paysans qui la caltivent et leur donner en memo temps les moyens de la bien cultiver. Les dirigeants polonais de 1919 a 1939 .ne mirent quo mauvaise volonte a. resoudre les grands problemes inte- rieurs dans le sens de la justice et de l'interet national. Ces dirigeants etaient surtout les representants des gros proprietaires fanciers. De memo gulls livrerent l'indus- trie polonaise aux capitaux etrangers, us ne voulurent pas donner au probleme de la terre la seule solution qui s'imposat. Si sous pretexte de reforme agraire us prirent quelques decisions. cc no fut ou'au profit des gros possedants. C'est ainsi qu'en 1939 tout etait encore a faire sur le plan agricole. Qu'on en juge : 15.000 proprietaires detenaient 43 pour cent des terres ambles et 50 pour cent des forests Tel prince Radziwill possedait jusqu'a 170.000 hectares a Jul tout seul. Beaucoup de ces terres restaient en friche. En face de ces grog possedants, ii y avait la grande masse des paysans vivant difficilement sur des proprietes de 2 a 5 hectares. Et 1 y avait ceux qui ne possedaient rien : ouvriers agricoles, joumaliers, domestiques, petits artisans : un proletariat rural de 6 millions de personnes, soit 23 pour cent de la population agricole. Le sutpeuplement rural etait l'un des traits les plus ca.racteristiques de l'agriculture polonaise, 'Industria- lisation insuffisante du pays no permettant pas aux villes de resorber l'excedent de population agricolc. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA TERRE A cEqx QUI LA CULTIVENT 235 II se trouvait que les campagnes, pauvres, ne pouvaient se procurer les produits industriels indispensables a la vie et a la culture. Il se trouvait que les eampagnes ne disposaient que d'un appareillage derisoire. On n'usait que de tres peu d engrais chimiques ; la base des fumures etait eons- tituee par les engrais natureIs. Les rendements a l'hectare ne pouvaient etre que tres bibles ; ainsi, par exemple, alors qu'en Pologne on ne produisait que 114 quintaux de pommes de terre a l'hectare, l'Allemagne en produi- salt 155 et la Belgique 218. E se trouvait que l'industrie agricole etait embryon- iiaire qu il s'agit de l'industrie de la viande ou de l'in- dustrie laitiere. Le mouvement cooperatif aurait Pu aider la paysan- nesie polonaise a mieux vivre, mais il etait vite devenu en Pologne l'instrument de l'exploitation de la campagne par le capital financier. Il n'etait plus qu'un moyen nouveau d'exploiter le paysan pauvre, de le chasser du marche et, souvent meme, de l'acculer a la ruine. Les petits cultivateurs etaient toils endettes ; leur travail ne les aidait en rien a. se debarrasser de leurs dettes ; us 9 agaient vers la ruine avec une certitude mathematique. Tel qui possedait 30 arpents de terre en 1918 n'en posse- dait plus que 18 huit ans apres. La ca.mpagne polonaise vegetait, mourait. La rnisere etait donc souveraine en Pologne. 11 se consommait, par tete ci habitant ii kilos de sucre par an, contre 26 kilos en France; 200 grammes' de caf? contre 4 kilos en France; 1/4 de litre de yin contre 152 litres en France ; 19 kilos de viande contre 52 en Allemagne et 48 en Suisse ; 230 litres de produits laitiers contre 370 en Allemagne et 510 en Suisse. Par contre, il se consornmait en Pologne 156 kilos de seigle par tete d'habitant contre 74 kilos en Alle- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 236 LA POLOGNE magne et /35 en Suisse; 325 kilos de pommes de terre en Pologne, contre Igo en Allemagne et go en Suisse Un Francais usait annuellernent de 2.133 kilos de chatbon, un Polonais de 866 kilos. Un Francais usait annuel- lement de 7 kilos soo de coton, un Polonais de 2 kilos. je me reporte a ce roman de Reymont, les Paysans, vers lequei ii faut alter pour juger sainement des choses de la terre polonaise. je us: , On etouffe a l'etroit comme dans une senne; le ch?au est partout ; de taus cbtes, il press? Ic village et l'etouffe comme avec des mum. Veux-tu faire paitre ta vache derriere le village? AussitOt tu to trouvcs sur le pre du chateau. Veux-tu lacher ton cheval ? L'avoine du cha- teau est droit derriere la borne. Tu n'es seule- ment pas fichu de lancer une pierre sans qu'elle tombe sur la terre du ch?au et, tout de suite, La main au collet, tout de suite en justice, tout de suite a l'arnende. A la fin de l'hiver chez plus d'im le fourrage etait epuise et c'etait in famine a l'etable ; ailleurs, c'etaient les pommes de terre qui etaient gelees, on hien les maladies faisaient lent nid dans les chaumieres et beaucoup allaient souffrir de la disette avant la recolte prochaine. Dans plus d'unc chaumiere, dep., on no pre- parait de repas chaud qu'une fots par jour et le sel etait le seul assalsonnetnent ; alors, les gens allaient de plus en plus souvent chez le meunier prendre un boisseau, a charge de le payer en sanglantes journees de travail, ("sr il etait un fameux ecorcheur Personne n'avait un gross vaillant, ni quoi quo cc soit a mener vendre a, la. vine. Chez Florka, la misere montre ses crocs, c'est plein de marmaille ; Florka est malade, pas un Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA TERRE A CEUX QUI LA CULTIVENT 237 grosz en reserve et personne pour alder. On ne peut pourtant pas manger de la terre ; elle a accouche d'un gamin sain comme un caillou, si seulement elle peut l'elever... car Florka est maigre comme un copeau et elle n'a pas une goutte de lait dans les seins, sans compter que la vache vient de veer. Reymont nous dit aussi quel etait l'habitat du paysan pativre : Ca une maison I On aurait mieux vecu dans l'etable ; ca n'etait qu'un toit a cochons, torn- bant en mines, mais pas une maison I Un tas de solives pourries, de fumier et d'ordures puantes. Pas merrie une planche par terre, juste l'argile battue et encore, pleine de trous, de boue gel& et de balayures pietinees. Que la cheminee &gage un peu de chaleur et, aussitOt, ca tapait pis qu'un tas de fumier et, autour de co marecage, se dressaient des murs tout dejetes et moisis, le long desquels l'humidite suintait et dont les angles se revetaient de bathes de gel& ; des murs perces de trous bou- ches avec de l'argile ou meme, par endroits, d'un melange de paille et de fumier et, par la-dessus, un plafond bas comme un vieux tamis dechire ou ii y avait plus de paille tendue de toiles d'araignees que de charpente. Les paysans polonais essayaient de fuir cette misere. La vine ne pouvait les recevoir. Es s'exilaient en masse. Ceux qui restaient n'en vivaient pas mieux. La misere continuait a les ronger jusqu'a la moelle des os. Et puis, ii y a en la guerre de 1939-1945. Ont ete detruites entre autres : 353.000 fermes, 968.000 loge- merits campagnards, 12 millions de tetes de cheptel, savoir : I.900.0oo chevaux, 3.900.000 bovins, 755.000 ovins, 5 millions de porcins. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 238 LA POLOGNE L'heritage etait lourd pour la democratic popuiaire polonaise et le probleme difficile a resoudre. Aujourd'hui, la paysannerie polonaise connalt l'ai- sa.nce et volt poindre lc bonheur. La refonne agraire. LA voiture filait bon train sur tine route large, macada- misee, bordee d'arbres. Nous anions a Miedzeszyn, oil se trouve un centre de perfectionnement pour les responsables de l'tJnion des Cooperatives. Chemin faisant, mon ami Alexandre Baler me disait gros traits les avatars de l'agriculture polonaise et les malheurs de la condition paysanne de son pays, chose quo j'ai essaye de resumer ci-dessus. Bien des questions me venaicnt a l'esprit. je finis par les poser. En fin de compte, que hut-il entendre par reforme agraire ? La terre a ceux qui la cultivent ? Bien. Mais ce n'est la qu'une formule. J'imagine que cola suppose des d4tai1s, des nuances, et que cette reforme s'est faite en Pologne avec ses caracteres particuliers, qu'elle a tenu compte de certaines conditions de caractere local, national, et qu'elle a des aspects qui la differencient dans son application de cc qui a Pu se passer dans d'autres demecraties populaires. ? C'est juste 11 &Tait fou de vouloir appliquer tous les pays la meme reforme, selon les memos regles ou les memos rnodalites, et cependant le but a. atteindre est partout le meme : l'emancipation economique et sociale des masses paysannes et l'etablissement de rap- ports fratemels entre la campagne et la 'ale. ? Chez nous, la promesse est contenue dans le mani- feste de Chelm, et qui est, tu le sais, du 22 juillet 1944. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA TERRE A CEUX QUI LA CULT? VENT 239 ? Le 6 septembre 1944 et le 17 janvier 1945, deux decrets decidaient : 10 de la creation de nouvelles exploitations agricoles autonomes pour les paysans sans terre, les ouvriers, les travailleurs agricoles, ou les petits preneurs de tetres bail ; 2? de l'amenagement de 1' exploitation de tres petites, petites et moyennes cultures dej?xistantes, et enfin ?de les rendre viables ; 3? de l'amenagement des exploitations moyennes occupees par les fa.milles nombreuses. Un loi d'avril 1946 complete les deux clarets de 1944 et de 1945 et etablit une procedure plus rapide et plus simple pour le partage en meme temps qu'elle apporte de tres humaines precisions sur les dedomma- gements. Quelles terres ont ete reparties ? ? D'abord des proprietes appartenant a des parti- cullers ayant subi une condamnation definitive pour trahison, desertion, insoumission, collaboration avec 1' occupant, et autres delfts ou crimes relevant de la loi sur la protection de l'Etat. ? En deuxieme lieu, des proprietes ayant appartenu aux ressortissants du Reich allemand non polonais. et aux citoyens polonais de nationalite allemande. ? En troisi4me lieu, des proprietes ou co-proprietes de personnes morales ou physiques lorsque leur surface globale depassait soit Ioo hectares de superficie pour l'ensemble, soit 50 hectares en terre cultivable. si ces proprietes se trouvaient sur des territoires des voievodies de Poznan, de Pomeranie et de Silesie. Ont ? reparties aussi les proprietes depassant Ioo hectares pour l'en- s,enable, sans qu'il soit tenu compte de l'etendue des tares cultivables. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE n Ainsi les traitres, les collabora.teurs les hobereaux et les princes, oat fait les frais de la reforme. - Mais, quel sort a ete reserve aux anciens proprie- taires ? ? Les traitres et les collaborateurs ne pouvaient pre- tendre a aucune inclemnisation. Les autres proprietaires oat eu a choisir entre une attribution de terres dans Los limites prevues pour tous par la loi, et une compen- sation sous forme de relate viagere equivalant au trai- tomcat d'un fonctionnaire moyen. Si les anciens pro- prietaires se sont bien comportes dans noire lutte contre renvahisseur hillerien, its recoivent une indemnite plus elevee. ? Daus les territoires de l'ancienne Pologne, fin 1949, pres de 1.500.000 hectares avaient ete distribues a plus de 300.000 families. Ii resterait a repartir les exploi- tations abandonnecs par les paysans ukrainiens et blanes-russiens rapatries en U.R.S.S., et les 95.000 exploitations ex-allemandes situees sur l'ancien terri- toire de l'Etat polonais. n Le gros morceau ?est trouve dans les territoires recouvres, repris a l'Allemagne en vertu des accords de Potsdam : ii y a cu l?uelque 9 millions d'hec- tares, dont I.7oo.000 de forets. LA, les anciennes pro- phet& de plus de roo hectares comptaient dans la pro- portion de 46 pour cent du total, cellos de 2o a ion hec- tares dans la proportion de 26 pour cent, cellos de moms de 5 hectares dans la proportion de 5 pour cent. C'etait hien le pays des hobereaux prussiens. Toutes ces terres, en effet, appartenaient a des ressortissants allemands. Le partage a permis, entre autres, de faire eciater la base meme du prussianisme, on ne pensera jamais assez cela. ? Ont beneficie dc la reforme pies de 5.000.000 de personnes qui, bier encore ouvriers agricoles, petits pay- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA TERRE A CEUX QUI LA CULTIVENT 241 sans endettes et peu sars de l'avenir, sont maintenant independants et libres. ? La moyenne des nouvelles proprietes ? mais ii n'y a eu la rien de systematique atteint cinq hec- tares de terrains de qualite convenable, et deux hec- tares quand ii s'agit d'exploitations maraicheres. n La surface accordee a chacun depend naturellement de la qualite des sols : les anciens combattants, soldats reguliers ou sans uniforme, les families des victim& de la guerre, jouissent d'un droit de priorite a regard des autres beneficiaires. A signaler que les citoyens polonais se trouvant a l'etranger pour des raisons ne dependant pas de leur volonte conservent leurs droits ; ils pourront beneficier de la distribution des qu'ils rentreront en Pologne. -- Les beneficiaires de la reforme out-us eu quelque chose a payer? proprietes, outillage agricole, betail, sont evalues a la valeur de la recolte moyenne annuelle du terrain donne. La recolte moyenne annuelle d'une terre de troisieme dasse est evaluee a 15 quintaux metriques de seigle sur le marche libre. Il est fait des facilites de paiement. Des versements peuvent s'echelonner sur dix ans et merne sur vingt ans lorsqu'il s'agit de paysans qui ne possedaient pas de terre auparavant. Le premier ver- sement, de l'ordre de io pour cent du prix d'achat, pent, dans certains cas, etre ajourne a trois ans Les paiements sont faits a une espece d'office que nous appelons le Fonds national agricole. Qu'est-ce que c'est au juste ? C' est l'organisine qui a eu a prendre en charge toutes les terres confisquees et expropriees, avec leur outillage, leurs machines agricoles, leur cheptel, leurs animaux de basse-cour. Ii redistribue tout cela, ii equipe les fermes nouvellement creees et il administre les entre- prises a gricoles, sucreries, fromageries, minoteries, lai- 16 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE teries..., que l'Etat a pris sous son controle en vertu memo de la refornae agraire. ? C'est ce meme fonds qui encaisse et ere les somrnes versees-par les beneficiaires de la distribution. C'est lui qui sert leur indemnite aux anciens proprietaires II pout accorder des prets et realiser des investissements. A preciser cependant que la repartition des terres se fait avec la participation des paysans eux-memes ras- sembles dans des commissions communales dites de la *forme agraire et du partage des terres. "? Ce sont les paysans qui ont eu a dresser et qui dressent encore la liste des ayants droit et qui sont intervenus ou interviennent dans le partage du cheptel vu f ou mart. ? Mai% de quel genre de proprietes s'agit-il pour le paysan qui participe au partage? Est-il vraiment pro- prietaire au sens ou nous entendons ce mot en France? S'il no s'agissait que du sens que le mot a en France n'y aurait eu qu'une reforme agraire illusoire, formelle, situ preferes. Chez nous maintenant le paysan prend possession de ses terres des qu'elles sont deli- mitees, et il touche en meme temps un titre de proprieto en bonne et due forme. II recoit des terres libres de toute dette et de toute hypotheque. 11 est proprietaire titre individuel, mais sa propriete n'est pas absolue, elle est lirnitee : son exploitation, en effet, tie peut etre en principe ni rnorcelee, ni vendue, ni affermee, ni hypo- thequee. Le paysan raisonne et il misonne juste: ii salt qu'avec le regime de la propriete absolue, ii suffisait de quelques mauvaises r?ltes, d'accident de personne ou de sinistre, de la paresse ou de la legerete d'un membre de la famine, pour que celle-ci per& tout et retombat au metaya.ge et au salariat. Le paysan salt que les families vraitnent teanquilles et aisees sant cellos qui possedent, libre de toute hypotheque, la terre qu'elles peuvent travailler sans faire appel a la main-d'oeuvre Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA TERRE A CEUX QUI LA CULTIVENT 243 salariee. Ce nouveau genre de propriete fait les exploi- tations saines et solides. II procure aux paysans polo- nais tous les avantages de la propriete absolue et en suppnmp tous les inconvenient's. ' ? Voila. Mais dis-toi bien que distribuer la terre suffit pas. Si tu a.vais abandonne le nouveau proprie- taire sur ses cinq hectares et dans ses tatiments souvent en mines, sans gros outillage, sans chevaux, sans engrais, sans aide et sans conseils, ii aurait continue a croupir dans sa misere seculaire. Distribuer, c'est facile. Etre proprietaire ne suffit pas : encore faut ii que la terre puisse etre cultivee et qu'elle rapporte. C'est cette condition que le paysan verra son sort ameliore et que le pays tout entier s'en portera mieux. ? Et alors, comment avez-vous fait ? -- Voila : l'Etat, d'abord, a accorde des credits en argent, en nature, bois, ciment, verre, etc... Il a fait parvenir des produits industriels, charrues, engrais, briques, charbon, lainages, cotonnades, bonneteries ; la campagne regoit 70 pour cent des textiles destines a la vente libre, 8o pour cent des spiritueux, 50 pour cent du tabac, 8o pour cent des allumettes. C'est l'organi- sation syndicale agricole, appelee l'Entr'aide paysanne, qui etablit la liste des ayants droit aux credits. ? Un gros effort a ete fait pour la reconstitution du cheptel. Je t'indique que, des 1945, la Pologne a regu 150.000 fetes de beta de l'annee sovietique. ? Autre chose: il nous faut beaucoup de machines agricoles. Nous en achetons. Nous commengons a en fabriquer nous-mernes. JI nous faut aussi electrifier les campa.gnes : a l'heure actuelle, nous electrifions plus de I.Q00 villages par an. Avant la guerre, la moyerine annuelle &aft, tiens-toi Hen, de vingt-deux. En 1955, a. la fin du plan de six ans, 8.900 villages nouveaux auront ete electrifies. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 244 LA POLOGNE Et puis, ii faudrait te parlor de la lutte contre l'analphabetisme et aussi de l'education agricole en general qui se fait surtout par le moyen des corps specialises, c'est sr, mais dans le concret et par l'exem- pie; par le moyen des fennes dites d'Etat car l'Eta.t, lorsqu'il a partage les tortes, s'est reserve un certain nombre de grands domaines exploite lui-meme : to Visiteras des ferules d'Etat. ? Enfin, ii faudrait te signaler rexistence de l'Union centrale des cooperatives qui se double d'une Banque &economic cooperative. A quoi sort pratiquement l'Union centrale des coo- peratives? Elle fournit aux paysans les machines agri- coles, cue livre les engrais chimiques, les materiaux de construction. Elle apporte a la campagne tous les pro- duits industriels, articles de menage, vetements, mate- riels divers. Elle organise la production (dans les fermes d'Etat, dans les cooperatives dites de production, chez les proprietaires individuels eux-memes). Elle dingo les produits vers la vile : elle supprime ainsi les interme- diaires qui sont la peste des paysans abandonnes a eux- m6mes. Chez nous, il n'y a plus de commanditaires aux Halles ; tout le monde s'en porte bien, a commencer par les paysans qui disposent integralement du produit de lour travail. Mais nous arrivons. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ? CH4PIT RE Ii UNE AUTRE GLEBE, UN AUTRE HOMIVIE (MIEDZESZYN) Dirigeants saboteurs et nouveaux responsables. CsT un village qu'on decouvre 'tout a coup dans la plaine de Mazovie, non loin des bords de la Vis- tule. Nous passons le village, nous quittons la gra.nd'route. Nous voici dans une sorte de dairiere sa- bleuse. Tout autour, la foret de pins. Sur un cote, un / batiment neuf a quatre &ages, blanc, agremente a la hauteur du premier &age et sur deux cotes d'une gale- ne converte. Cela fait une belle demeure. -.J.-. Avant la guerre, me dit Bader, tu ne sais pas ce que c'etait ? Figure-toi une maison de caractere assez special. o?es richards de Varsovie venaient en toute discretion et tranquillite passer du bon temps. Aujour- d'hui, e est un centre d'etude, de* perfectionnement, si tu preferes, pour les responsables d' arrondissement du mouvement cooperatif agricole. Il a fallu nous Maim des anciens cadres issus des grosses families paysannes, tous pourris, prevaricateurs, hostiles a la reforme, ne l'acceptant que du bout des levres, ne demeurant dans les cadres du mouvement cooperatif que pour tout saboter, le mouvement et la reforme. ? Comment ils saboiaient ? Lorsqu'ils avaient par exemple, a distribuer des engrais, ils se servaient d'abord ; ils servaient leurs amis politiques, les anciens ?proprietaires, ceux qui ont conserve jusqu'a 5o hectares Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 246 LA POLOGNE de terre. Les nouveaux pos.sedants, qu'il s'agissait de &gaiter d'etre proprietaires, ne recevaient rien on presque. Es faisaient cela pour les engrais et pour le reste, les machines, les ustensiles necessaires a la vie. II y a deux ans cela allait assez mal. Les paysans ont reagi eux-memes : Us ont chasse par le moyen legal les vieux cadres et us s'en sont dorm& d'autres, sortis. ceux-la, du peuple et qui etaient, bier encore, de simples travailleurs. Ceux-ci sont honntes us ont "'esprit de classe II leur manque quelque instruction ? Nous y pensons, la preuve, tu Ta vois. Dans des centres comme il est dispense a nos nouveaux cadres l'ensei- gnement theorique et pratique dont ils ont besoin pour bien accomplir tears irnportantes fonctions. ? fl y a a Miedzeszyn 120 eleves, 120 pensionnaires hommes et fernrnes. E y a d'ailleurs trop peu de femmes encore. ? L'age des eleves ? De 25 a 45 et nitrite so ans. Es sont loges, nourris, blanchis ; Us conservent leur salaire augrnente d'une prime. ? Le president d'arrondissement s'occupe de toute la vie agricole de son ressort : de la production, de la distribution des produits de la vale, des moulins. des stations de machines. ? Le president s'occupe aussi du ramassage des pro- . duits des exploitations et il les dirige vers les cooperatives de eonsommateurs de la ville 11 contr61e radministra- tion interieure des cooperatives de production et leur comptabilite. Le centre Mietizeszyn. Nous sommes devant la porte du Centre. Elle s'euvre. Les i( Cleves ? sortent sur le perron, les uns sou- riants, les autres graves. TI y en a en effet de tous les ages. Unc jeune femme m'offre un bouquet aux fleurs Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 _ IlitEDZESZYN 247 bleu-blanc-rouge serrees par un ruban aux couleurs polo- naises. Elle me souhaite la bienvenue. Des qu'elle a ter- mine, du groupe des &eves part le cri : ? Vive la France! Vive le peuple francais 1 ? Emotion bien comprehensible du visiteur. Bekier me dit, apres que j'ai eu renaercie et crie : Vive la Pologne I Vive la de'mocratie populaire polo- naise ! ? : ? Tiens, leve les yeux. En effet, au-dessus de la porte d' entr? une banderole rouge est a, qui porte cette inscription en lettres de carton blanches : ? Vive l'amitie franco-polonaise ?. Nous visitons la maison. J'enumere au hasard des notes prises. Grande salle de reunions. Salle de jeu. Fleurs aux fenkres, sur les tables. Parquet eke. Dortoirs : couvre- lits a fleurs, rideaux roses avec des fleurs rouges et des feuilles vertes. Lavabos, eau chaude, eau froide. Quatre grandes salles d'etude. Corbeilles a papier. Murs points l'huile, couleur vert d'eau ou jaune clair. Chauffage central, radiateurs a dix tubulures d'un metre de haut. Journal mural (consacre a la guerre de Coree). Cham- bres des professeurs :ii y a des professeurs attaches au Centre et d'autres qui viennent de Varsovie pour faire leurs cours et partir apres. La maison est radiophonisee. Les cours sont enregistres, ainsi les &eves peuvent cons- tamment se reporter aux lecons de leurs maitres. Les chambres du personnel sont belles et confortables tout autant quo les autres; le personnel pout assister aux cours, me dit-on. Sur les murs des salles de classe, un rglement d'emulation. On pratique id le travail col- lectif : groupes d'eleves, diriges chacun par le meilleur d'entre eux qui fait ainsi fonction de repetiteur. Je pose la question : ? Combien y a-t-il d'eleves en tout dans des centres de co genre? ?En 1949, ii y en a eu 47.000. En 1950, nous avons les 90.000 I Tons nos employes, quelque Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 248 LA POLOCNE responsabilite ou specialite gulls aient, passent dans as centres. uelles sont les matieres d'enseignement ? --- La comptabilite, l'administration interieure des cooperatives de production, le commerce, les chan- gements de structure de la campagne, toutes les ques- tions males. Nous descendons au rez-de-chaussee. La cuisine est dot& de tout l'appareillage mociernc quo l'on petit ima- giner. La cuisiniere a toque blanche et tablier blanc, les aides aussi. Les serveuses, jeunes, grandes, blondes, ont robe noire et tablier blanc. La refectoire, tress grand, tres clair ; murs points a l'huile ; du feuillage partout ; partout des fleurs, des banderoles, des inscriptions, entre autres cellos qui celebrent l'arnitie polono-sovietique, et celle-ci : ? Les cadres decident de tout ?. Autour des tables dressees en fer a cheval, its sent tous la, les pensionnaires de Mieel- zeszyn. hornrnes et femmes de tous les ages, de tous visaget, visages de paysannes et de paysans, toujours pareils, laves par les memes pluies, tannes par les memos vents,,brunis par les memos soleils, toujours ces mems rides autour des yeux, toujours les yeux Si clairs. IN me regardent avec un interet non dissimule. Biographies parties. 'WRIER se leve. II park de la France, de la dasse on- 11.) vriere francaise, du peuple francais, de nos luttes pour la Ebert& de la resistance, de nos rumours de nos dockers, de Frederic et d'Irene joliot-Curie.Ii termine en invitant 'es grands eleves a prendre la parole. Un silence. Fuis un jeune se 'eve, de basso taille, trapu, robuste, cheveux blonds et dont les meches indociles taut elks Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 IWIEDZESZYN 249 sont epaisses, tirees en arriere, font penser a des gerbes de ble. line tete aureolee d'epis. Pres de moi, Bachner, qui est des notres avec l'arni Korngold, de sa bouche Mon oreille, traduit au fur et a mesure que le paysan qui s'est leve pane. Je peux ainsi prendre quelques notes ; je les transcris sans arrangements ni fioritures : -- Mon pere etait ouvrier saisonnier. Ii avait six enfants et pas beaucoup de travail : c'etait la misere toujours. Aujourd'hui, le peuple est le maitre, nous con- naissons tous l'aisance. ? Gkace au gouvernernent populaire, nos relies de jeunesse sont devenus des realites. Hier je voulais &hither et je no le pouvais pas. Aujourd'hui, je peux apprendre. Je vis comme un homme. Je voudrais que tous les jeunes du monde soient mis dans les memos conditions que nous. Je souhaite que la jeunesse frau- caise, que les jeunes paysans francais, puissent etre aussi Ars de leur avenir que nous. La jeunesse polonaise no se sentira pleinement libre que lorsque toutes les jeu- nesses de la terre seront libres comme nous le sommes nous-memes. C'est le tour d'un autre ? &eve ? : trente ans, sec et mince ; dans le visage grave, on devine qu'il y a eu beaucoup de souffrance dans cette vie d'homme : Je suis de la campagne de Czestochowa. Nous connaissons la France, nous en avons beaucoup entendu parler ; avant, nos aines partaient chez vous. Aujour- d'hui, cc n'est plus la meme chose, us reviennent chez nous : en Pologne, il y a du pain pour tout le monde. Notre amitie pour les Francais est grande. Aujourd'hui chez nous, c'est la liberte et le travail ; la politique de nos gouvernants est juste. Nous, nous avons mene avant, pendant et apres notre liberation, notre lutte revolutionnaiiT, chasse les nazis et detruit la vieille forme de gouvernement qui opprimait notre patrie. Nous youlons que la paix dure. L'un des resul- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 250 LA POLOGIVE tats de notre lutte se volt ici ouvriers at les paysans out des ecoles coname celle-ci, et souvent plus belles que celle-ci, La lutte nest pas terminee en Pologne ; les proprietaires depossedes, nos exploiteurs d'hier, ne s'estiment pas encore vaincus et us s'occupent a nous tendre tons les piegcs possibles et a nous goner dans noire travail de construction. e suis his d'ouvricr ; nous etions quatre freres, nous etions souvent chocueurs, nous avions faim ; chez nous le pain etait ferule au cadenas; ii etait soigneu- sement coupe en tranches minces; la mere faisait les choses au mieux pour que chacun ait so part et que le pain cure le plus longtemps possible. La part de chacun etait toujours petite, insuffisante. Nous n'allions pas a l'ecole, nous ne pouvions pas y aller ; notre pere et notre mere auraient bien voulu nous y envoyer, c'est Or, mats les conditions de notre vie ne le permettaient pas. Nous ne pouvions pas apprendre. Deux de mes freres ? nous nous sorarnes togs battus ? out ete assassines dans les camps de concentration. Mon pere a ite tue chez lui. Moi, j ai eta envoye en travail force en Allemagne. La, j'ai appris beaucoup, mes yeux se sont ouverts. L'Armee rouge nous a delivres. Au retour, malgre les deuils, 13 y avait d? dans mon pays beau- coup d'enthousiasme. Nous avons compris tout de suite que les choses allaient changer, que chacun aurait droit au travail, que chacun trouverait du pain, que nous n'aurions plus faim. ? Le peuple est au pouvorr. Nos gouvemants out tenu la promesse de la terre que d'autres avaient faite depths des siecles ; ils nous out donne le pain et aussi rinstruction. Chaque homme a acces a la technique modeme, A la culture. Un troisieme prend la parole. Rien de rude dans respect, impression de finesse at de timidite, voix posee Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 MIEDZESZYN 251 ? Je suis fils d'ouvrier. J'ai Re a l'ecole avant la guerre. mais je n'ai pu terminer MOS etudes ; cela arri- vait beaucoup alors ; j'etais doue cependant. J'ai cu un metier : boulanger. Je continuais a apprendre tout seul. J'aimais beaucoup les arts plastiques, l'archi- tecture, mais je ne pouvais qu'en rever. Je gagnais miserablement mon pain. Jusqu'en 1944, travail force en Allemagne. A la liberation, on m'a confie des taches difficiles dans le travail social a la campagne. J'ai quatre enfants, us vont a Fecole ; ils sont bien nourris, bien habilles ;II y en a un qui a les goats que j'avais lorsque j'etais jeune ; il est a l'Ecole des Beaux-Arts ; j'en suis tres content.; cc que le pere n'a Pu faire, le ills le fera. ? Je vous demande de saluer de notre part nos camarades ouvriers et paysans de France. Line femme, grand visage oa la rudesse des traits est aclovie par beaucoup de grace, une belle charpente de paysanne, la cinquantaine, prend la parole: Mon pere etait d'origine inconnue ; nous avions un lopin de terre. Je n'ai pas Pu terminer mon ecole primaire ; j'ai essaye de suivre les cours du soir, c'etait difficile. Il fallait tra.vailler beaucoup pour gagner juste de quoi vivre. Je me suis mariee en 1930. Mon marl etait membre du Parti communiste ; ii etait souvent parti. Nous allames a Varsovie. La, j'ai connu des ouvriers, des intellectuels democrates ; a les entendre parlor lorsqu'ils venaient chez nous, je m'instruisais ; c'etait comme si fetais a l'ecole, mais une ecole oa l'on ne se contentait pas seulement d'apprendre des reOes de grammaire, des dates d'histoire et la liste des rois de Pologne. Je decouvrais ainsi beaucoup de choses, et je donnais mon avis et Von me disait que c'etait juste. L'occupation est venue ; mon man i a voulu que je rentre chez mes parents a la campagne ; j'ai fait de la couture. Je conservais la liaison avec le Parti corn- muniste. Faiciais comme je pouvais. Je n'ai pas fait Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 252 LA POLOGNE d'action d'eclat. En octobre 1944, on a organise le Parti ouvrier dans ma commune ; je me suis fait ins- crire. Mon man avait elk fusille U y avait une coope- rative de consommation ; je m'en suis occupe. J'ai adhere a l'Entr'aide paysanne. ? En 1948, on a reorganise en Pologne tout Ic systeme cexperatif, cola nous a donne bien du tracas et beaucoup de travail, mais la reorganisation etait neces- saire. J'ai fait mon possible pour comprendre et pour appliquer dans notre coin les nouvelles decisions. Cellos- ci souhaitees par beaucoup, cela a facilite la tache. En 1948 toujours, mai qui quatre ans auparavant savais juste tirer mon aiguille, me voici presidente de l'organisation de chez mei. Jai eu alors a in'initier aux questions commerciales ; cola a ete dur, mais cela aussi c'etait necessaire. 11 y avait a la direction de nos cooperatives locales une clique d'hommes, restes de l'ancien regime, qui n'avaient qu'un souci : ramasser de "'argent et pounir le mouvement cooperatif ou lc Ozer de maniere A degoftter les paysans d'?e proprie- tainN. Es servaient d'abord les proprietaires d'hier, ceux qui ant Pu conserver jusqu'A. 5o hectares de terns. C'est de ces gens-l?uo j'etais entouree Us ne reculerent devant aucun moyen pour me decoumger ; us allerent jusqu'a cotnmettre un vol avec effraction ; ii fallait me prendre l'argent de la caisse, m'empecher de faire mes comptes, in'empecher d'etablir le bilan de leur gestion malhonnete. Nous avions des dettes en effet, et comment en a,uralt-il etc' autrement, avec les bandits qui nous avaient precedes ? ? En 1948, nous etions 32 membres dans notre cooperative ; apres un an de travail, nous avons kte quarante. J'ai suivi des emirs. J'ai fusionne dans la notre d'autres organisations agricales ou commerciales. En 1949. nous avons amine onze personnes, des socia- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 MIEDZESZYN 253 listes de droite, ceux-la qui nous avaient cree tant d'ennuis et qui continuaient a se conduire mal. ,i) Aujourd'hui, je suis a la tete du mouvement coope-, ratif de notre arrondissement ; nous sommes 7oo coope- rateurs ; j'ai sous mes ordres 103 employes repartis dans onze cooperatives communales et 90 succursales ; j'ai la responsabilite de quatre moulins, d'un certain nombre d'a.teliers individuels et de deux ateliers collec- tifs, de quatre boulangeries, de onze centres de machines agricoles, de quatre stations de tracteurs. En 1949, mon chiffres d'affaires a atteint un milliard quarante trois Millions de zlotys. Aujourd'hui nous avons depasse les rnoyennes prevues. Nous marchons depuis janvier sur un chiffre d'affaires mensuel de 200 millions de zlotys. Nos benefices sont de I.300.000 zlotys. La comptabilite nous donne quelque souci ; elle avait toujours ete mal tenue ; nous avons a reparer des erreurs et des fautes anciennes, et il faut que je fasse des efforts pour hien comprendre la tenue des livres. Le ble a leve. C UR les tables du refectoire de Miedzeszyn, 11 y avait des drapeaux en papier rouge et blanc et des dra- peaux bleu-blanc-rouge. Ii y avait aussi des glaieuls blancs et rouges et des bouquets de fleurs des champs a nos trois couleurs. Apres que j'ai eu dit quelques mots de remerciement et pane de la lutte de la classe ouvriere francaise pour le pain et la paix, paysans et paysannes, professeurs et membres du. personnel, se leverent. La Marseillaise fut entonnee sur un rythme lent, mais c'etait la Marseil- laise, En mon esprit, j'evoquais tous ceux qui, dans mon pays, travaillent et peinent ; je vis nos plaines, nos rnontagnes, nos fleuves, nos ports, nos- mines et nos Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-06926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 254 LA POLOGNE usines. Le chant national polonais suivit, qui est Si beau clans sa fiere solennite et qui rend si beaux les visages des Polonaises et des Polonais qui le chantent. Elle est profondement enracinee ramitie de nos deux peuples ; bien fous ceux qui ne veulent pas en tenir compte, ceux qui vont se figurant qu'il sera possible peut-etre d'opposer un peuple a l'autre, de les faire se battre run contre l'autre. Toujours chantees en chceurs, des chansons succe- derent aux deux hymnes. Entre autres, la chanson de guerre intitulee l'OCA, du nom de la riviere russe sur les bords de laquelle elle a ete composee au sein de cette armee polonaise qui, par la suite, marcha glorieu- sement jusqu'a. Berlin : ? Nous avons passe beaucoup de rivieres mais la plus belle est la Vistule. ? je venais d'etre ternoin a Miedzeszyn de cette chose extraordinaire : la creation d'un monde nouveau. Ainsi, la Pologne est ernue jusqu'au plus profond de sa paysannerie. Ces hornmes et ces femmes conscients, obstines, simples cornme le bon pain, ces constructeurs, us oat la grande chance, la supreme joie, de preparer de leurs mains rudes une autre glebe et qui sera enfin donee tous ses enfants. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE 111 UNE AUTRE GLEBE, UN AUTRE HOMME (SEROKI ET TERESIN) La terre, c'est stir? mais ii faut aussi changer l'homme. LI AUTO filait sur Seroki. Journee de dair sold. Sur la large route noire et lisse passaient les voitures en triangle des paysans se rendant a quelque marche voisin, l'un de ces marches oa se trouvent en abondance toutes les richesses de la campagne : beurre, ,ceufs, fruits, graines de toumesol, volailles, poissons. Ii devait se tenir aussi une foire aux chevaux, car nombreuses etaient les betes qui suivaient derriere les ? wozy n'. La remarque s'impose : on voit peu de camions et de camionnettes sur les routes polonaises ; cela viendra comme sont venues les bicyclettes et les motos ; ii reste que la cavalerie et le cheptel en general se reconstituent vue d'ceil. Dans la voiture, ii y avait Alfred Uhlig, chef du service de la methodologie du bureau d'education des cooperatives paysannes ; il y avait aussi mon ami Thadee Wisniewski que j'avais connu a Paris et qui voulait bien m'accompagner dans mes visites pour me servir de guide et d'interprete. Alfred Uhlig park assez bien le francais bien n'ait jamais mis les pieds en France. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 256 LA POLOGNE Ici, la carnpagne est plate, mais avec de tres legeres ondulations, avec dei morc(aux de forts et des ver- gers. Le del est trZs hard, bleu, rnoutona? de nuages blancs. De-d, de-la, au milieu d'un bouquet de pins, un u dwor ?, uric rnaison seigneuriale avec ses tourelles de cote et son architecture du ? bon ? vieux temps. On reve de vivre la. Campagne eultivee aussi ; la democratie populaire a reduit considt,rablement l'etendue des tones abandonnees. Uhlig me renseigne sur ce chapitre. En 1945 etaient en friche, prt's de 8 millions d'hectares ; en 1948. il no restait plus que 1.500.000 hectares a mettre en culture. La superficie des terres emblavees a consi- derablement augmente. II y a en une audacieuse poli- tique d'investissement En 1947, rb milliards; en 1948, 24 milliards; en 1949, 40 milliards. 'En 1938, la terre polonaise recevait 95.000 tonnes d'engrais artificieLs ; en 1949 elle en a recu 870.000 tonnes. Le plan de six ans va considerablement multiplier cot effort. II n'y avait que 4.00o tracteurs en 1949 ; en 1955 ii y en aura 6o.000. Cela va reduire la main-d'ceuvre agricole dont le surplus sera absorb6 par l'industrie. Cela va faire monter les rendements. Mais cela no serait pas possible si l'on ne c.han- geait pas l'homme, le paysan et la paysanne ; la Melte la plus irnportante et a.ussi la plus difficile est la. Malawi nouvelle, village nouveau. ous anions done vers Seroki. Uhlig et moi nous causions, demandant de temps a autre a Wisniewski de nous aider a nous faire corn- prendre run de l'autre. Le Bureau d'enseignement des cooperatives paysannes o travaille Ublig s'ocupe d'etablir des programmes el'etudes, d'elaborer des methodes, de rediger des ma- nuels, de les editer, de monter les bibliotheques ; ii Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 :, CIA-RDP80-00926A005000030014-0 SEROKI nr TERESliV 257 controle des ecoles techniques, ecoles de meuniers de boulangers, de mecaniciens, de comptables. L'instruc- tion generale qui est dorm& dans les Centres 'de l'Union des cooperatives touche aux problemes politiques de la Pologne actuelle, a l'ideologie marxiste, a l'histoire du; mouvement ouvrier et paysan, aux problemes profes- sionnels, a l'organisation des entreprises, a la plani- fication, aux sta.tistiques, aux methodes commerciales, a la connaissance des marchandises. L'instruction pra- tique porte sur la comptabilite courante, sur la structure - des machines; ii y a des stages uniquement conga cres l'enseignement pratique ; ils durent deux semaines : les stages oit sont dispenses l'enseignement pratique et l'enseignement general durent six' mois. Nous traversons village apres village. Uhlig m'ex- plique : Dans ces villages, il y a des maisons }Ades sur terre battue, en bois, au toit de chaume; c'etait la mai- son habituelle du paysan et du villageois. Vous voyez aussi de nombreuses maisons en briques. an rez-de- chaussee sureleve, ce qui vent dire gull y a un plancher, et qui ont meme un &age ou un vaste grenier. Les bri- ques, fi y en a qui sont neuves ; nous en fabriquons -beaucoup a present. II y en a d' autres qui sont vieilles et pourtant les maisons, elks, cela se voit au bois des portes et des fenetres, aux tuiles du toit, elks ne datent que d'hier. Briques vieilles et maisons neuves, vous comprenez ? Ii y a la quelque chose qu'il faut expliquer. ? D'abord, cette region a l'ouest de Varsovie a connu en 1944-45 de grandes batailles ; tout a ete detruit. Tenez, les arbres, le long de la route, is sont bien jeunes, is ont a peine cinq ans. Alors, beaucoup de chaumieres et de granges ont bthle Quand ii s'est 'a.gi de se reinstaller, de construire la maison, l'ecurie, la grange, la ferme on n'avait pas de materiaux, pas de bois, pas de paille. On a pense que pres d'ici se trou- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 258 LA POLOGNE vait, maiheureusenust, tine immense carriere de briques : Varsovie en mines. On a pris les ? wozy ? qui restaient sur lears roues, on en a fabrique avec des poutres ou des lambourdes, avec des roues de camions kisses l?ar la bataille. On a attele un cheval ou une vache et on est parti. Dix ou vingt ou trente kilometres a autant an retour ; on revenait avec un char- gement de briques, briqucs du ghetto, briquts du Palais soya], briques de Nowy-Swiat ou de Stare-Miasto. Les paysans les payarent cinq zlotys piece et les somrnes recupeiees allaient au fonds de reconstruction de la capi- tale. Vous voyez, me dit 1..Thlig en souriant, comme pour completer sa demonstri.ttion, vous voyez les jolies mai sons, les jolis villages quo cela a fait. On a aide Var- sovie, Varsovie a aide les paysans. La maison campa- gnarde change d'aspect. Ulrlig?tlefirtoutefois a ajouter ; C'etaient la des moyens de reconstruction tin peu artisanaux. Le plan de trois ans a systematise la construction de la maison a la vile et a la campagne. Le plan de six ans va faire mieux puisqu'il se propose de construire, d'ici T955, 723.000 pieces d'habitation dont la campagne aura sa large part. Sett& i et Teresin. E centre de Seroki, on y arrive par un chernin borde de grands arbres, puis c'est l'ouverture, l'elargissement de la clairiere. Un beau pavilion du si?e demier est comme appuye sur no epais bouquet de pins rinterieur possede de vastes pieces bien parquetees, bien lam- briss' ees, au-dessus des portes tous les macarons d'epo- que, toutes les enjolivures peintes ou stuquees, directe- meat prises au xvirr si?e francai.s. Toujours ma pen- see va aux anciens hotes. Its devaient avoir la vie belle. Chaque saison devait Tanager aux habitants favorises Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 SEROKI ET TERESIN 259 de la demeure des joies ties belles; joies de Vete resplen- dissant dans les toilettes claires et sous les larges cha- peaux de paille fleuris ; joies de l'automne d'or de Mazovie avec ses miels et ses fruits et son gibier et ses premieres flambees dans les immenses cheminees, le soir ; joies longues de l'hiver enneige, le traineau, le patinage, la chasse encore, les visites aux ? dwory ? des alentours, et, dans la demeure chaude, musique de Chopin, jeux anciens, glands recits de la guerre contre les Soviets, reverie sur les albums de photographies : le Vesuve, Monte-Carlo, Baden, Evian, et, aussi, cet hydromel chaud qui va au plus profond des tissus et fait l'hornme genereux. Tu parks ! Quant aux paysans, eux, nous le savons, us s'entassaient presque parmi leurs b?s, dans buns immondes chaumines, pas tres loin d'ailleurs du ? dwor ? seigneurial, la, derriere le pudique rideau de pins. Ainsi en etait-il encore en 1939 ; ainsi en etait-il encore au temps du Gouvernement general de l'hitlerisme et de ceux qui s'y rallierent ; ainsi en etait-il encore dans les debuts de 1945. Aujourd'hui, II n'en est plus ainsi, et cola est bien. La maison compte 45 &eves dont 16 femmes. Age: de 19 a 48 ans. Parmi eux, quelques onvriers et deux ? intellectuels. Il en est qui parlent francais, entre autres Theophile Boczkowski, un expulse de France (encore un) et qui n'a pas encore compris, lui aussi, pourquoi il a ete expulse. Resistant, bon travailleur. Il a une sceur a Potigny (Calvados), Jeannine Vemault. Le centre de Seroki est du degre dementaire Le niveau des (Heves n'est pas egal ; que l'on ima- gine ce que cela suppose d'efforts chez les maitres et de bonne volonte chez les Cleves. Vials id, a Seroki, il n'y a plus d ages Ii y a une seule volonte. II y a de l'experience et du savoir mis en commun. Chacun a quelque chose a apporter a tous. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 260 LA POLOGNE Crest bien cela qui explique l'aiqance que je decouvre dans les gestes et les paroles de chacun, jrinterroge une jeune file; elle est comptable. ifavez-vous fait pour la paix? Elle sourit. ? La question m'etonne. En Pologne, tout ce que nous faisons, c'est pour la paix. C'est en pensant a la paix et pour mieux l'assurer que nous sommes dans ce centre. Lorsque nous travaillons dans nos empiois res- pectifs, c'est parce quo nous pensons a la paix que nous essayons de travailler mieux, de depasser les normes comme on dit. Et puis les femmes et la paix, cela ne fait qu'un. Mais je comprends, vous voulez savoir ce que j'ai fait de particulier, de special ? Jo n'avais jamais pense a cela. Eh bien ! je sus membre de la Ligue des femmes polonaises, jry travaille assidti- ment, et naturellement, avec deux de mes camarades, je me suis employee a faire signer l'appel de Stockholm. - Est-ce qu'on a signe facilement ? - Chez les tins oui, les autres non. It a fallu expli- quer, discuter, jamais trop longtemps, il est vrai ; ici on sait ce que c'est que la guerre, dans c.haque famille, ii y,a en plusieurs tues ou massacres: on se souvient. 11 y en a qui me disaient ? Vous croyez que ma signature, cela suffira pour empecher ? - Que repondiez-vous ? - Lorsque votre signature s'ajoutera a des dizaines, a des centaines de millions de signatures, oui, cela empechera ?. Votre signature. cela compte beaucoup. Apres Seroki, j'ai visite Teresin o4 se tient un centre du degre superieur. j'ai en l'impression d'arriver dans un chateau de tires corifortables proportions: ii n'y avait Ia qu'un ancien pavilion de chasse. Si tel keit le pavilion de chasse, que devait etre le chateau, l'un des trente chateaux du comte Ducki-Lubecki Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 SEROKI ET TERESIN 261, Ainsi se nommait le proprietaire d'hier: le proprie- , taire d'aujourehui &ant l'Union des cooperatives pay- sannes. rLa vaste et luxueuse demeure abrite aujour- d'hui une cinquantaine de pensionnaires dont les ages vont de 20 a 50 ans et qui tons trouvent facilement place aux heures des repas clans la salle a manger bordee sur l'un de ses longs cotes d'un immense bahut en chene sombre sculpt& II y a aussi la salle d'etude, la salle de jeux, la bibliotheque, la salle de musique avec son poste de T.S.F., son toume-disques, son piano A queue. Il y a la cuisine et les chambres a coucher. Ii devait y avoir du monde aux chasses du comte Ducki-Lubecki. LA. encore, l'imagination part. Ce qu'on imagine, les chasses, les grands repas interminables, c'etait encore hier. Aujourd'hui, on forme ici les dirigeants de la pay- sannerie polonaise et qui sont les fils et les filles de la paysannetie polonaise. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAP1TRE IV UNE COOPERATIVE DE PRODUCTION : KULICE Albert Wojtas un ? Francais e. Ci EST un matin d'aottt, ti-es beau temps, la Baltique bouge a peine. La plage de Sopot est encore de- serte. Personne non plus stir le long mole en bois goudronne dont on m'a dit hier quail est le plus grand du monde. Les estivants dorment; us ont dame tine grande partie de la nuit sur la piste de la plage, clans des salons du Grand Hotel. II n'y a pas tine voile sur la mer. La lumdere blanche donne aux lointains marins les tons laiteux qu'ont certaines chairs de femmes. J'avais ima- gine la 13altique toujours grise, et sa mer, et son ciel. Voila quo je retrouve ici les enchantements de lumR,re de mon golfe corse du Valinco. De Sopot au centre de Gdansk, u.ne avenue bordee d'arbres et de massifs et de villas toutes fralches, uric glee d'enchantement longue de douze kilometres. A tou- tes les fenetres, des geraniums rouges. Pass?dansk. nous nous en allons vers le Sud. Nous allons visitor des coopeativ(s de production et des fermes d'Etat installeei sur le territoire de l'ancienne Prusse orientale. Men compagnons do voyage : Wisniewslci, qui va m'etre aujourd'hui de grande utilite, et Albert Wojtas, Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 UNE COOPERATIVE DE PRODUCTION 263 ? un responsable des questions paysannes a la Federa- tion du Parti ouvrier unifie de la voievodie de Gdansk. Wojtas avait quitte la terre polonaise en 1926. Emi- gration de la faim. Il a travaille aux mines de fer de Hornecourt, puis aux hauts-fourneaux de Jceuf. Ii sait qui est M. de Wendel et ce n'est guere avec attendris- sement prononce son nom. On comprend qu'entre lui et le maitre de forge il y a un vieux compte qui n'a as encore ete completement regle. De Jceuf Wojtas est revenu ensuite a Homecourt. En 1936, il est a Oboue- Pont-h-Mousson, comrne mineur. Engage en 1939 dans l'armee fra.ncaise, verse dans l'armee Sikorski, il se bat. Il est dans la Resista.nce. En 1946, il rallie la Pologne oi ii sait qu'il y a du travail et que Pon manque de bras. Un grand sec, tirant plutot sur le roux, visage fait h imups de serpe. II connait sa campagne polonaise cornme sa poche fl l'aime, et cela se voit rien qu'a sa facon de regarder les champs cultives ou de s'attrister lorsque nous passons devant des terrains en friches. 11 pane un francais approximatif ot les mots de ses anciens metiers et de 1' argot ouvrier sont l'essentiel du voca- bulaire. La syntaxe est plus que chancelante ; ii vau- drait mieux dire qu'elle brille par son absence; elle est remplacee par les gestes dont Wojtas accompagne ses Mots. Un nom, un geste : le geste remplace le verbe. Sur la route de Kulice. S UR notre droite, sur note gauche, un paysage plat que les couleurs de l'ete rendent supportable. La route est animee. Voici un camion de jeunes filles du Service h la Polo- gne, grosses joues, bras muscles, solide gabarit de fem- me. Des chants. Ici plus qu'ailleurs regnaient les grands proprietaires, les hobereaux, et qui pos3eclaient les meilleures terres. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 264 LA POLOGNE ? Terre grasse, dit Wojtas en me montrant la terre de la main. Lorsqu'elle est seche, difficile a travailler. Dans deux ou trois ans, apres culture reguliere et engrais, elle sera plus facile. Beaucoup de bouquets d'arbres epars On a l'impres- sion d'un bocage, mais as.sez clair et sans chemins encaisses. Les Pants et chaussees ont fait de nouvelles routes qu'on empierre avec des paves de granit de Suede On goudronne ensuite. On redresse les anciens chemins qui prenaient leur temps a alter d'une ferme a l'autre. Cultures: ble, betteraves a sucre, orge, avoine, seigle. Cette terre depasse a peine le niveau de la user; il y a toujours trop d'eau. 'Xs plantations d'arbres vont etre entreprises sur la cote. Nous traversons village apr?village. La route est vraiment sympathique avec sa bordure de tilleuls ou de marronniers. Voici un moulin a vent. ? Abandonne, me dit Wojtas, maintenant moulin electrique. Void des champs de chanvre. ? Konopia ?, Wojtas qui a oublie le nom francais. Le chanvre est tine plante triste avec sa tige presque noire le long de laquelle les feuilles courtes et allongees tombent vers la terre. ? Du lin C'est vraiment plus gal le vert d'eau du lin. Un nouveau chantier des Ponts et chaussees. Ici, on no coupe pas un tournant inutile. C'est plus simple encore. Dans ce paysage a montagnes russes, il y a des cotes assez serieuses, dangereuses parce que cela monte deux lois et aussi parce que quand on approche du sommet la visibilit6 est nulle de jour (la nuit, il y a les phares des automobiles). Alors on detruit la cote, Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 UNE COOPERATIVE DE PRODUCTION 265 on rase, on aplanit. Les automobilistes pourront voir loin devant eux. Ce n'est rien cela, dit Wojtas, bientot une auto- strade Varsovie-Gdansk. Avec le plan de six ans 6.000 kilometres de routes nouvelles en Pologne. Le geste de Wotjas va d'une vitre a l'autre de la voitire. Maintenant, nous entrons dans la petite ville de Tczew. 30.000 habitants. La route, la, rejoint la Vistule, cette matrone opulente et lente. Nous laissons le fleuve sur notre gauche sans l'avoir traverse et nous continuons vers le Sud. Nous sommes sur la bordure oriental? de la Suisse polonaise. Ce n'est vraiment plus un pays de plaine. Tout un emmelement de croupes allongees, de cones arrondis, avec des angles de chute tres aigus. A certains moments, un grand nombre de maisons et de bouquets d'arbres ; dans peu de temps, ii y aura la une impor- tante region d'elevage. Et, plus que jamais, des tilleuls Ie long de notre che- min, mals des tilleuls enormes ; je n'en ai jamais vu de pareils. je comprends maintenant que les statues gean- tes du fameux retable de Cracovie aient Pu etre taillees dans le tilleul. L'artiste de Cracovie a trouve l'arbre qu'il fallait et un arbre qui pourrait etre considere mieux que le pin comme l'arbre de la Pologne. Qui me disait que les enfants et les femmes de Pologne ont la couleur des flours de tilleul ? Et qu'est-ce que ca dolt sentir bon ces routes-la au moment de la floraison 1 Sous me,s yeux, le paysage est d'abord vert et jaune, par earres, par triangles, par rectangles Les ondulations l'horizon sont bleues ; maisons eparses, neuves, tOit rouge vif, facade a fronton triangulaire blanc aveuglant. Un paysage a caresser avec la main. Wojtas est sensible cette chose physique: ? Tout a fait plat, pas joli. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE C'est sflr, mais merne au-dessus de cc qui est tout A fait plat, il y a le del, et qui bouge. et qui change. et qui abaisse ses tentures fres bas ou les fait disparaltre, qui fait router ses nuages en eclatantes cavalcades blan- ches ou en sinistres cscadrons, le ciel toujours vivant, aussi, avec sa lune et scs ?iIes toujours vane et don- nant vie a la terre la plus morne. ((La plaine immense et nue oil le nuage passe ?, disait tin Verhaeren un peu trop oublie. Aujourd'hui, dans le ciel de Pomeranie, ii n'y a que du bleu pur, et c'est tant mieux. Wojtas redevient pratique : ? Encore beaucoup de petits champs, cstime-t-il. Tout 4 l'heure, et presque 4 ras de toit, ont passe des cigognes. Cola m'a jete dans l'emerveillement je n'avais jamais vu voler des cigogncs quo sur des livres d'enfants ou chez Erckrnann-Chatrian et Selma Lager- la A present, a l'entree d'un village, en voici un veri- table troupeau en train de paitre. j'ai presque envie de dire au chauffeur d'arreter. Mon amour-propre est le plus fort. je no dis non. Nous allons entrer dans Pelplin. Sous tine voilte de tillculs centenaires, on elargit la route. Line sucreries un chemin de campagne, mi-em- pierre, mi-non-empierre. Pourquoi ? Wojtas me fait comprendre quo la partie non empierree est reservee aux attelages, aux chevaux. Il passe des attelages. Pous- si? 2... Vivement des camionnettes, dit Wojtas, beaucoup de camionnettes, de camions. En 1955, nous aurons fa- brique 13.000 camions de 3 tonnes et demie, 12.000 de 2 tonnes et demie. Nous void maintenant dans tine grande cour do ferme animee du bruit d'une batteuse. C'est la coope- rative de production de Kulice. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 UNE COOPERATIVE DE PRODUCTION 267 Cooperative de production? Pourquoi ? ulm?ai s qu'est-ce qu'une cooperative de produc- tion?. 11 reste entendu que la terre, en Pologne, appartient, soft a l'Etat, soit a des particuliers, ces particuliers dis- posant de proprietes allant de 5 a 50 hectares. Ce sont la des proprietes privees, on l'a vu, qui ne peuvent etre Ai morcelees, ni vendues, ni affermees, ni hypothequees ni en totalite, ni en partie. Elles doivent etre cultivees. Personne en Pologne n'a le droit, au nom du droit de propriete, de laisser son bien a l'abandon. L'Etat, l'Entr'aide paysanne, l'Union des cooperatives. aident les paysans a tirer le meilleur parti de leur lot, qu'il s'agisse de la production, de la transformation des pro- duits ou des echanges (campagne-ville ou ville-cam- pagne). Ii ne s'agit nullement de laisser le paysan seul et en butte aux manceuvres des anciens proprietaires ou de ces proprietaires qui ont conserve quelque cinquante hectares ainsi qu'une certaine influence sur leurs anciens domestiques ou valets de ferme. 11 est evident que Von ne saurait construire victorieusement le socialisme a la ville et a la campagne sans une action systematique ten- dant a affaiblir et finalement a detruire cette position forte quo detiennent encore les capita- Estes paysans. L'existence des paysans capi- talistes qui representent un element &ranger et ennerm dans notre systerne economique, et 1' exploitation pratiquee par eux, constituent un frein economique et social, et politique, aussi bien pour le developpement de l'economie agricole que pour celui de l'economie nationale tout entiere (Hilary Mine). 11 faut rendre independant le paysan pauvre miller les paysans rnoyens, les persuader que certaines Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 268 LA POLOGNE methocles de culture valent mieux que d'autres, les persuader entre autres que les moyens dune grande cul- ture mecanisee ne peuvent s'appliquer sur les petites proprietes. En d'autres mots, il faut convaincre les paysans de la superiorite de l'economie paysanne collective de pro- duction sur l'econornie paysanne individuelle. Convain- cre et non imposer. Des qu'une volonte de cooperation se fait jour, la faire beneficier de toute l'aide desirable. Des voyages d'etude sont organises en direction des kolkhoz de la fraternelle Union sovietique. Kulice. A Kulice, la cooperative est installee sus une an? cienne propriete allemande. La cooperative de production a ete constituee en mai 1949. Elle se compose de 37 mernbres group& dans 22 families qui out mis en commun toute la terre, tout le materiel, tout le cheptel vif, l'exception des fermes individuelles. Chaque famine dispose pour son usage propre d'un jardin de 50 ares, de poules, de vaches, de veaux, de cochons. Le directeur de la cooperative, Francis7eck lvluracki, me precise que l'association dispose de 347 hectares dont 317 sont cultives, le reste atant destine aux patures. Nous visitons les lieux. Dans une porcherie envahie d'hirondelles et tres propre (on me demande d'essuyer mes pieds avant d'entrer) outre les meres laies, s'agi- tent, infatigables, 65 petits cochons. L'etable aux vaches : 56 hollandaises. Muracki me fait dire que, dans peu de temps, il disposera de 8o lai- tieres et de 50 b?s pour l'elevage. L'ecurie no compte que 16 chevaux. C'est peu dit notre guide, mais nous avons des tracteurs. i6 chevaux suffisent. L'annee derniere, nous Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 UNE COOPERATIVE DE PRODUCTION 269 Wavions pas de cochons, pas de vaches, et settlement six chevaux. Nous avons beneficie d'un credit de l'Etat remboursable en ciaq ans, c'est-h-dire en 1954. En 1951, nous aurons tout rembourse. Le sol de l'ecurie est meuble. Jo le fais constater. Il sera pave cot hiver. Void la charronnerie-menuiserie. Puis, nous nous dirigeons vers la batteuse autour de laquelle s'activent une dizaine de garcons et de filles couverts de sueur et de poussiere. Queues sont vos cultures principales ? Ble, betterave, pomme de terre, et certaines herbes. Certaines herbes? -- OW, nous cultivons vingt hectares d'herbes. Nous ba.ttons, nous trions, nous gardons les herbes de bonne qualite que nous semons ensuite. Queues sont vos perspectives? Accroissement de la production animale, produire plus de froment et d'orqe que de seigle, augmenter la production de betterave "a sucre, accroitre la production de plantes fourrageres. Je demande a parler a l'un des paysans qui s'occupent battre. J'ai en face de moi Roman Debek. Petit, la figure effilee, quelque pen inquiet. Yebek a 37 ans. Il est mane. Il a cinq enfants. Avant la guerre, II etait ouvrier agricole dans cette meme exploitation qui est aujourd'hui en partie la sienne. Ii y gagnait 75 grosz par jour : la valeur de deux kilos de pain ; et aussi un peu de grain : 40 kilos de seigle par 111018. Dans sa famine, us etaient huit ; a huit, us disposaient d'une piece d'habitation. Lorsque quelqu'un avait besoin d'une paire de pantalons, toute la famille devait se mettre a economiser. On s'habillait ainsi tour de role. On mangeait du pain noir; on mangeait de la via.nde quand on tuait un pore, c'est-h-dire une lois par an. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 270 LA POLOGNE Vu sa faible constitution, il n'a pas ete soldat. Il est rest e 4u domaine jusqu'en 1943. A cette date, il a ete enrelle dans l'arrnee allemande et expedie en Norvege. II est rentre en 1945. Il a recu alors six hectares ; pas de chevaux, pas de vaches ; il a pu acheter une vache l'annee derniere. Aujourd'hui, ii estirne le travail plus facile et de meilleur rapport. II mange de la viancle tons les jours. II tue deux cochons par an. Il gagnc pas mal d'argent. Ses enfants vont tons It l'ecole. Avant la guerre n'avait jamais mis les pieds A la vile. Aujourd'hui, ii connalt Varsovie, Gdansk, Gdynia, Poznan. Il a ete en T.I.R.S.S. o6 il a visite des kolkhoz. 11 s'estirne un hommc libre. II n'y a phis de proprie- taire ??oujouxs regarder la montre ? et a toujours crier apres les ouvriers. Enfm. Debek estime que la conversation a assez dure et qu'il perd du temps II retoume A sa batteuse. Salle de jeu, graphiques et aerates. LE directeur, Muracki, nous conduit vers un grand corps de batiment. Il nous rnontre le magasin cooperatif. Ce magasin est ouvert de 6 a 9 heurcs, de midi A 15 heu- res, de 19 a 21 heures. II est vendu ici tout ce qui est necessaire a la vie courante des gens et A des prix que ne peuvent faire les ma.gasins prives. Voici la salle de jeu, avec ses journaux, ses livres, une scene et ses decors. Aux murs, les portraits de Sta- line, de Bierut, de Rokossowski. Cette piece, c'etait justement la salle a. manger du hobereau allemand. La scene est instanee, elle, dans la piece contigue dont on a abattu la cloison, piece oir le hobermu rendait sa jus- tice, distribuant chaque semaine blames, engueulades, amendes, coups de baton. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 UNE COOPERATIVE DE PRODUCTION 271 Mais cette salle de jeu a un autre interet. Une partie de ses murs sont couverts de tableaux, de graphiques tits simples, tres lisibles. - Void d'abord la direction de la cooperative, tous mernbres elus : un directeur assiste de quatre asses- seurs, une commission financiere de quatre membres. un tribunal de trois membres charge de regler les dill& rends-travail pouvant intervenir au sein de la coope- rative. Au-clessus de cot appareil ii y a l'assemblee generale qui se reunit selon les besoins, une on deux fois par mois. Voici le graphique qui montre la montee de la coope- rative : en mai 1949, 14 membres, 30 en juin 1949, apres un voyage en U.R.S.S., de deux des quatorze rnembres. En aoilt 1950 : 37 membres Voici les graphiques des chevaux, des cochons, de la production du lait, avec le pourcentage de matieres grasses. Ainsi, en decembre 1949, 20 vaches ont donne 821 kilos de lait ; en mai 1950, 30 vaches ont donne 8.367 kilos de lait ; en juin 1950, 30 vaches ont donne 7.852 kilos de lait. L'augmentation provient surtout, m'explique-t-on, d'une meilleure nourriture et d'une meilleure hygiene. Le tableau qui m'interesse le plus est celui des jour- n6es, 11 y a en effet trois types de cooperatives de pro- duction, ou plutot trois types de cooperation. Dans le premier type, les terres ne sont pas mis-es en commun ; les moyens de production necessaires a la fawn des terres, aux sernailles et aux moissons. demeu- rent la propriete du pays;an qui les possede. Les instru- ments ne sont mis en cornmun qu'a des periodes deter- minees, labour, semailles Les r?ltes sont parfois effec- tuees en comrnun, le partage &ant effectue au prorata de la superficie des terres appartenant a chacun. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 2,2 LA POLOGNE Dans le second type, toute la terre, le materiel et le cheptel vif des membres, sont inis en commun. A l'ex- ception de chaque ferme individuelle. Les benefices de l'exploitation en coalman sont repartis a raison de 6o 7o pour cent, scion le travail effectue, et de 20 a. 25 pour cent, proportionnellernent a la terre fournie. Pour le troisieme type, tout est mis en commun ainsi qu'on le volt A Kulice, A l'exception, cela a ete dit, de chaque ferme individuelle, de son jardin de 50 ares, de sa basse cour et de son propre betail : vaches, cochons, etc., etc. Comment sont done payes les membres de la co rative de Kulice ? Le directeur hluracki me l'explique - U n'est nullement tenu cornpte, dans le partage des benefices, de la superficie de terre apportee par cha- can. Le soul principe qui intervienne est celui-ci : A chacun scion son travail. ? Sur ce tableau, il y a le nom de tous les membres. Deux divisions: les enfants de moms de dix-huit ans et les femmes dont le travail est forcemeat irregulier, les hommes au-dessus de dix-huit ans. La liste des noms est suivie d'autant de colonnes y a de jours dans le mois, Lorsqu'un rnembre de la cooperative a execute tine journee normale, cc que nous appelons la norme de travail et qui est payee mule zlotys, cette norme lui est marquee. S'il arrive que la norme a ete depassee ou qu'elle n'a pas ete atteinte, ii en est tenu compte. Roman Debek, que nous voyions tout a l'heure, est un coura- jeux. Au mois de juin, il a realise quarante journees. Sa femme et l'aine de ses enfants ayant donne un coup de main, leur travail a ite calcule en journees. Pour le mois de juin, voyez, douze et huit oda fera vingt journees de plus. Au total soixante joumees. Valour: 6o.000 zlotys. p? Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 UNE COOPERATIVE DE PRODUCTION 273 ,Cela ferait, dans un menage de cultivateurs francais, environ 55.000 francs. -- Et vous, comment etes-vous paye, en taut que directeur ? ? Pour une journee et demie. Le charron pour une journee et quart, celui ou celle qui trait les vaches pour une journee trois quarts. Si les uns et les autres font plus, ils touchent plus. No croyez pas que tout se fasse tout seul, ajoute le directeur, et qu'il n'y ait pas de discussions. Nous partons a peine. Revenez nous voir dans on an ou deux, ca ira mieux. Est-ce que vous part agez l'integralite de vos bene- fices? 1VIais non, nous somraes tenus d'affecter aux inves- tissements, et c'est notre inter& (renouvellemtat du materiel. btitiments a construire, etc.), de 20 a 30 pour cent de nos benefices. Dans notre programme immediat (realisations du plan de six ans), nous avons prevu une boulangerie, des bains-douches, la construction de nouvelles maisons d'habitation qui seront toutes pour- vues d'eau courante. - Qu'est-ce que vous payez comme impots ? TJn paysan, individuel paie 8 pour cent de ce qu'il gagne; en cooperative, il ne paie plus que 3,5 pour cent. - Qu'est-ce qui vous fait le plus besoin ? Des camions, des camionnettes, des machines trieuses, des machines A secher le grain, car ici l'air est hu,mide, et des tracteurs. - Quelle est l'attitude des paysans individuels a. votre egard ? us viennent nous voir, Ils consultent l'instructeur agrotechnique detache par le ministere aupres de cha- que cooperative de production ; ils regardent ils dis- cutent et, l'un apres l'autre, ils demandent leur admission. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 274 LA POLOGNE Nous sommes arrives dans le bureau de la cooperative. 11 y a le telephone, une machine a ecrire. De l?nous passons, sur ma demande, dans les appartements du directeur : une grande cuisine claire, d'abord, ot je trouve Mme Muracki vaquant aux soins de son m?ge, deux fillettes, une gmnde jeune file. Tout ce petit monde est correctement habille. bien chane, propre. Une salle a manger, un poste de T.S.F., deux chambres. Le romancier Reymont tie s'y reconnaftrait plus Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE V NEBR9WO-MALE, GNOJEWO, PSZENNO Lievre ?... Non, Koulak. ILy a deux cooperatives de production dont je veux par- ler ici parte qu'elles m'ont fait grosse impression et pour des raisons assez particulieres. Elks se trouvent toutes les deux dans l'ancienne Prusse orientale. Celle de Nebrowo-Male, qui comprend 34 membres, a eu beaucoup de peine a se constituer ; ii y avait l? un groupe de paysans decides a s'unir, mais, a cOte d'eux, se trouvaient deux gros paysans qui ont tout mis en ceuvre d'abord pour empecher la regularisation des terres, c'est-?ire leur juste repartition. Ensuite, en usant de tous moyens pour que la cooperative fond& malgre eux cessat d'exister. J'etais arrive a la cooperative de Nebrowo-Male A la fin de l'apres-midi. J'avais trouve d'abord le direc- teur de la cooperative, Czeslaw Jaworowicz, un jeune a la figure decidee. Puis, est venu autour de nous, au bord des champs oA nous parlions, le conseiller agro- nome Waclaw Czanercki, deux -vieux paysans et un plus jeune, un grand escogriffe fort sympathique, deux jeunes files, Janina Smagalska et Henryka Kaminska, un gamin d'une quinzaine d'annees. L'aspect exterieur de tout ce monde n'etait pas brillant : vetements usages, Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 76 LA POLOGNE dechires, vieilles bottes eculees, casquettes crasseuses et qui sernblaient ne faire qu'un avec ceux qui les por- talent. Des gens sortis de l'ancien temps. Mais ii n'y avait chez eux aucune humilite ; beaucoup d'assurance mime, an contraire. C'est la que se voyaient les choses ce moment emouvant de lour transformation, le pas- sage du vieux au nouveau ? je sentais comme une atmosphere de bataille. Je voulus me servir de l'ami Wisniewski pour commencer la conversation. Quelqu'un me repondit tout de suite en francais et dont la mine et le costume etaient tout de meme moths primitifs que ceux de l'ensernble de rues hates. ? Jo m'appelle Marian Kucharski. J'ai vecu 26 ans en France. J'ai ete mineur pendant 21 an.s dans le Nord et le Pas-de-Calais. J'ai ete expulsk le 2 juin 1948 ; je m'occupais tout norrnalement de syndicalisme ainsi que la loi ftancaise et la Constitution m'y autorisaient. Arrive en Pologne, j'ai travaille dans les mines de Wal- brzich o?i y a taut de mineurs polonais retour de France que l'on park francais au fond des fosses, dans les tramways, les cafes, les salles de jeux et en farnille. J'ai fait l'ecole du Parti et, a la sortie, j'ai et?nvoye Gdansk oa j'ai travaille au comite mann des transports. Depuis un mois. je m'occupe de l'organisation dans tons les secteurs de la voievodie. ? Jo suis venu ici pour quelques joins, les gars out grand rnerite ; il faut les conseiller, les aider. Le Parti ouvrier unifie a son devoir a faire et il le fait. La conversation diVient tout de suite tits cordiale. C'est Jaworowicz qui park ? Avec nos six hectares a travailler pour neus- memos, nous no nous en tirions qu'assez difficilement. NOUS manquions de materiel, nous finissions par em- prunter aux deux gros paysa.ns qui avaient des reserves. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 NEBROWO-MALE, GNOJEWO, PSZENNO Nou5 aurions , fini par etre couverts de dettes. Nous aurions fini par tout abandonner. Nous avons compris que pour notts sauver, et nous tenions a notre terre, ii fallait nous unir. En mai 1949, nous avons fait l'af- faire. Nous en sommes donc au commencement. Nous n'avorts pas encore pu etablir notre bilan annuel. Nous ,avons Settlement disiribue des acomptes. Rien qu'avec ces acomptes, ca va rnieux que Vann& derniere. Nous faisons de l'elevage. Nous cultivons surtout le ble et la betterave. Nous avons seine cinquante hectares. Au depart, nous disposions a nous tous, 34 membres, de douze vaches, de quatre cochons, de huit chevaux. Ce n'etait pas beaucoup. Nous n'avions pas de machines, pas d'engrais, peu de sem ences. Les deux proprietaires s'arrangeaient pour que nous soyions prives de tout et que nous dependions d'eux. L'Etat nous a accorde des credits. Nous avons maintenant notre materiel, nos machine, nos semences, nous possedons 54 vaches, 64 cochons et, encore, nous en avons vendu 18. Nous avons Instal-1e une creche pour les jeunes enfants afin de liberer les meres au temps des gros travaux, un jardin d'enfants, une salle de jeu pour les adultes avec bibliotheque et radio. Nous allons visiter les ecuries je pose des questions aux jeunes tes? jeunes flues sont contentes, elles ont recu des acomptes, elks n'ont jamais cu tant d'argent en 'eur possegsion. Elles ont voyage cette annee pour la premiere fois de leur vie. Elles sont alIees a Gdansk. Elks revent der grandes excursions a Varsovie, a Poz- nan, ati 'moment de la foire rntemationale a Craco- vie pour voir le Wawel. Elles veulent surtout connaltre les montagnes. Tout cela sera possible, c'est sfir. Le jeune homme souriant, avec ses bottes qui baillent sur les pointes, va a l'ecole encore. Il est en vacances, ii aide a la mol son, il gagne de l'argent, ii achetera des livres. 11 reve de devenir mecanicien. 11 a cette idee 277 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 278 LA POLOGNE en tete depuis que la cooperative a recu une voiture de l'armee, Void les ecuries. Its sont taus l? me montrer leur bien, a me faire essuyer les pieds avant d'entrer, a me montrer que c'est propre. Its sont taus l?les grands garcons et les jeunes filles, its vieux, its adultes, its femmes qui sont venues aussi. us sant fiers de rnontrer leur bieh et qui est leur muvre comme cela a toujours ete leur ceuvre, lame Iorsque cc n'etait pas leur bien. us sont fiers et resalus. Leur conscience de classe s'est eveillee. its n'en sont qu'aux balbutiements de leur Organisation mais its out deja Pu voir avec leur bon sens d'exploites d'hier gull est des choses possibles auxquelies ils n'auraient jamais voulu croire ii y a encore quelques mois. rls sont maltres chez eux, its veulerit le rester. je demande : ? Queues sont vos difficultes ? jaworowicz repond : ? Au depart, trots families qui n'avaient avant la reforme jamais possede de terres se trouvaient demunies de materiel et d'argent. U a fallu leur venir en aide, leur dormer des acomptes avant meme que la coope- rative ait porte ses premiers fruits. Cefte difficulte est aujourd'hui surmontee. Ensuite, il y a eu les deux koulaks qui se soot intro- dtiits dans la cooperative pour essayer de la faire eclater. us n'y out pas reussi. us se sont Byres ensuite a des actes de sabotage, tels que l'incendie de r?ltes. Its out agi sur its paysans individuels pour Its dissuader d'entrer dans la cooperative. S'apercevant gulls allaient etre dernasques, its out quitte le pays ; leurs terres reviendront a la communaute. n 11 nous rcste a attribuer 8o hectares a raison de sept hectares la part, et nous avons sur notre commune douse paysans qui ne sont pas encore avec noui. Nous les con- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 NEBROWO-MALE, GNOJEWO, PSZENNO 279 vaincrons par l'exemple; il en est &j?ui manifestent l'intention d' adherer. Enfan, il y a une difficulte contra laquelle nous ne pouvons rien : le temps qu'il pent faire. Une cooperative qui part a besoin de beau temps. Jusqu'ici, il faut le dire, nous avons ? pint& bien servis. La ;mit va venir. On me montre encore des loge- merits : deux ou trois pieces avec cuisine au lieu d'une settle piece ii y a encore quatre ans. Et puis quelqu'un se frappe le front, comme fait celui qui allait oublier quelque chose d'important. On me prend par la main, on m'entraine. Nous void a nouveau dans recurie ou piaffent interminablement les lourds chevaux tout en muscles arrondis. Nous arrivons, suivis par dix autres paysans et paysannes, devant la derniere stalle. Ii y a l?n boulonnais, belle bete blanche qui hennit sous les tapes: ? Toume I toume Le cheval, pas de cote apres pas de cote et tirant sur sa longe, nous fait face. Son nom ? BouiLqgne. Cheval venu de France en X946. Et moi aussi, j'ai caresse l'encolure de la bete en disant (c Tourne, tourne, Boulogne! ?Ii fallait voir briller les yeux des braves gens qui m'entouraient I Sur le chemin e campagne, nous nous disons au revoir. C'est a ce moment que je vois arriver vers nous deux paysans dont le sympathique escogriffe de tout a l'heure, casquettes sur le front, cigarette aux levres, pantalons rapieces, bottes eculees, l'air tre,s digne tous les deux, redresses, et... le mousqueton a la bretelle. Otestion du na?que je suis, et sur le mode plaisan- tin : ? Bs vont titer le lievre ? Reponse, sur le ton serieux : Non, koulairs I fl organisent la garde autour de leurs r?ltes, de lours granges, de lems mettles, autour de leur bien. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE Sabot a la Croix-en-Brie. Mous sommes arrives a Gnojevo vers 9 heures du soir. La nuit etait tombee. Nous voici dans tine grande sate a manger, aux meu- bles simples. Dans un coin, un lit-divan oil dort un enfant. Le directeur de la cooperative est un jeune. Ds sont 24 families qui groupent 46 travailleurs. Bs exploitent 473 hectares ainsi repartis : 406 hectares de culture, ble, colza, betteraves ; 6o de paturages, 7 hec- tares de lacs poissonneux. La peche 'fest pas encore systernatique, mais ca viendra. Cheptel : 32 vaches a lait, 13 genisses de deux axis, 2 taureaux, 2 taurillons, 9 veaux, 23 vaches indivi- duates, 70 codions individuels. La cooperative possecle quatre tracteurs. vingt-deux chevaux, quatre poulains. Elle a ete montee en avril 1949. Id, il y a dos ? Francais ?, cinq families de ? Francais ? et qu'on a ete revolter cornme nous avons reveille nous-memes le clirecteur tout a l'heure Es arrivent l'un apres l'autre : honunes, femmes, enfants, jeunes gens et jeunes Mies. Voici les Labuda, man et femme et dont la fille, Janine, est nee et ? a Ate baptisee ?I la Croix-en-Brie (Seine-et-Marne); quant Joseph, le garcon, il est inspecteur-contr61eur dans tine forme d'Etat I Olsztyn. Voici les Jamrozik, les Jagla, qui me chargeront tout I l'heure de saluer pour eux les deux freres qu'ils ont Plessis, pres de la Croix-en-Brie. Voici les Sgodrienski et les Lorenski. Et cc sont des ? bonsoir ?, des ? salt! ?, des ? com- ment allez-vous ? ? des ? comment ca va ? ?. je n'ai plus besoin d'interprete : on parte id le meilleur langage d'Ile-de-France, sans atom accent polonais. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 NEBROWO-MALE, GNOJEWO, PSZENNO 281 Es etaient en France, en Seine-et-Marne, tous depuis pres de 25 ans. Es sont rentres en Pologne en 1947. ? Comment ca va la has? Combien vend on les ceufs ? le beurre ? le pain ? le cafe ? le sucre ? Quel est le prix du vin ? le prix des gauloises ? Combien cofite une paire de souliers de travail, une chemise ? un cos- tume ? un pardessus ? Combien gagne un ouvrier ? Les salaires ont-ils augmente en proportion de la vie ? Et les transports ? Combien h prix du billet de Meaux a Paris ? On va jusqu'a me demEinder le prix d'une paire de boeufs, le prix d'un porcelet, le prix de l'oie au kilo, le prix d'tin cheval de trait, le prix d'une camionnette, prix d'une moto. Ii y a des moments o? je m'avoue tres embarrasse. A mon prochain voyage, je sais quelles precautions j'aurai prises avant de quitter mon pays, car c' est de ces prix-la quo la vie des braves gens est faite. One fois franchie la mitraille des questions, je peux m'y retrouver quelque peu et je park de la situation en France, du budget de g-uei-re, des impots, des difficult& 6fi se trouvent notre industrie, nos mines, notre agri- culture. Je pane du chomage et des greves, de la lutte pour un meilleur-etre et pour la paix. Je pane aussi de l'immigration polonaise, des expulsions. Et puis, j'interroge. Ma is, ai-je besoin d'interroger ? Je les ai la devant moi, proprement mis, crevant de sante, satisfaits. J'ai d? entendu le vieux Labuda, sec et vif, dire sa femme, une grosse f utee qui n'arrete pas de faire aller sa langue : Hein ! et toi qui no voulais pas partir ? Tu en frou- vais des raisons pour rester Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ? 282 LA POLOGNE La femme de Labuda ne veut pas abonder tout de suite dans le sens de son marl: -- Oh I pour du travail, il y a du travail. ca, on pourrait travailler le jour et la nuit Si on votilait, si on pouvait 1 Pensez I 473 hectares 1 Vous vous rendez compte I On n'a pas idee de Sc mettre a posseder 473 hectares alms qu'on n'a toujours ete que de petits fermiers en metayage. Et toutes ces betes a soigner. a. traire I Et puis ii y a cc que nous possedons nous- memes : un travail qui s'ajoute a. l'autre car, monsieur, j'ai un grand jardin a. moi pour les legumes et les Ileurs et quelques arbres fruitiers. J'ai 15o ponies, mais je ne serai Iranquille que longue Yen aural 300, tu entends, Labuda? J'ai quatre cochons, j'ai deux vaches. Les ponies, an mauvais moment, me font 20 a, 25 oeufs par jour. ? Et vos normes de travail? ? Ah oui y a aussi des journees de travail que nous gagnons. On pent memo les doubler. gam, nous avons une belle situation (sic). (On n'a pas impunement halite 25 ans la France, le pays des petites situations, des belles situations, des importantes situations, des situations en vue). Vous pouvez dire le-bas que nous sommes bien. Maxie:no Labuda tire sa pipe de la bouche, un cligne- ment d'yeux a. mon adresse : ? Tu pourrais dire que tu n'aurais jamais reve de posseder tout ce que tu possedes 1 Avoue-le que tu es heureuse ? Tout le monde eclate de lire et la femme de Labuda la premiere. Vest Wladyslaw Jagla, il a un pen l'accent de Paris dr il a cu a. vivre quelque temps, qui conclut gravernent : ? Vous pouvez leur dire que nous sommes beureux I Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 NEBROWO-MALE, GNOJEWO, PSZENNO 283 Je leur dis brusquement : ? Vous n'allez tout de meme pas me raconter que tout va comme sur des roulettes, gull n'y a pas d'accro- chages entre vous, par exemple, que tout est facile? us demeurent interloques, mais ils &latent encore de rire : C'est sfir, disent-ils, c'est silt% ? Oui, voila, dit Jamrozik, ii y a les copains polo- nais et il y a nous, les ? Francais ? ; nous n'avons pas les mercies habitudes, alors parfois ca grince - Queues habitudes? Hesitation, et puis, Jamrosik : ? Eh bien, nous autres, nous serious tent& un peu de laisser-aller, de flemmarder, de tirer au cul. Oui, dit le vieux Labuda, et il y en aurait qui voudraient d'abord soigner leur betail ou leur basse-cour avant de s'occuper du travail de tous, a commencer par ma femme, avec ses 150 ponies, ses quatre cochons et ses deux vaches. ca n'est pas juste 1 Et nous tenons a. faire,,des discours, nous, les ? Francais ?, pendant le travail. Mais, ca se rode. Ce qui nous manque surtout ce sont deux ou trois cam ionnettes et quelques tracteurs. Il nous faudrait aussi recevoir plus d'engrais. Nous savons que tout cela va venir ; le journal annonce 61.000 tracteurs de plus pour 1955 et plus d'engrais chimiques. Nous y croyons Nous, nous sommes l? depuis 1947 et nous avons Pu voir que ce qui est annonce se realise. On avance toujours. Quant a Julia Lorenska, une jolie blonde, petite et bien en chair, aux joues rouges de sante, 21 ans, elle apporte une autre conclusion : ? En France j'ai ete recue premiere a mon certi- fica.t d'etudes ; j'aurais a continuer mes etudes, mais on ru'a dit qu'etant flue d'etranger, cela ne m'etait pas possible. Si j'avais &to dans b Polone d'aujourd'hui, aAlrait 60. aIltrenient, Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 284 LA POLOGNE Tout cola, je l'ai vu et entendu dans les voievodies du Nord. En Pologne, ii y avail, en 1950, mule coope- ratives de production du type de celles quo j'ai visitees. Francis Cremieux vans park. FRANCIS CRPAIEUX en a vu d'autres en Mazovie et dans I les territoires recouvres. Il a ainsi rendu c,ompte de l'une de ses visites 'dans la revue de l'Arnitie franco- polonaise, Peutles Arnis A Pszenno, 1.5oo habitants, a quatre kilo- metres de Swidrnica (28.000 habitants), voie- vodie de Wroclaw. Ii y a a Pszenno une coope- rative paysanne de production agricole. Cette cooperative a tine histoire. , Le rer janvier 1948, 56 Polonais de France, venant de la region de Laon (Aisne) arrivent en Pologne. Bagages : une valise. 16 families, 35 travailleurs dont 33 ouvriers agricoles, un arpentier et un artisan. C'est en France qu'ils ont decide de partir en groupe et d'exploiter une cooperative. Enonnes difficultes a larri- vCo les organisations locales (syndicats agn- toles, Entr'aide paysanne, mairie, etc.) etaient dominees par les paysans riches et leur clien- tele. Le groupe est disperse dans piusieurs loca- 'Res eloignies les unes des autres. Pas question de creer une cooperative. Ii faudra amener ces bonshommes a la. raison! Mais les bonshommes no se decouragent pas. Bs maintiennent be con- tact entre eux ; certains sont employes chez des paysans riches; en trois mois, its reunissent 130.000 zlotys, achetent deux vieux chevaux l'armee, puts us s'adressent an Parti ouvrier. L'Etat lour donne un dornaine de 120 hectares. Chaque famine est proprietaire de quatre hec- tares. La cooperative est formee. Chaque pro- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 NEBROWO-MALE, GNOJEWO, PSZENNO 285 prietaire peut, a chaque instant, quitter la cooperative et garder ses quatre hectares. Nous sommes en mars 1948. Les terres &talent soi- disant labourees par les anciens exploitants ? (paysans moyens). En fait, les labours avaient 6te sabotes. Un contrat est passe avec la sucre- rie voisine qui fournit argent et engrais d'avance. La cooperative se debrouille. Les en- g,rais destines a la betterave seront mis sur le ble (l'Etat a avance la semence). A la moisson, 40 hectares sont moissonnes, plus 30 hectares de seigle. La cooperative a achete a credit un tracteur, la station de machine a prete une fau- cheuse. A la fin de l'annee 1948, chaque membre de la cooperative a touch?00, 500 zlotys par jour ; le benefice de la cooperative s'eleve 3 millions de zlotys. Les benefices sont investis dans la construc- tion de maisons individuelles, la reparation de canalisations, l'achat de betail. LrEtat ouvre des credits a long terme, donne du betail, pro- cure des contrats avantageux. Fin 1949, la cooperative a realise dix millions de benefices, 20 pour cent vont au renouvellement du mate- riel, 5 pour cent an fond vieillesse, 5 pour cent sont attribues au fond de voyage. Il reste sept millions. Pour la periode du Icr mars au r?1' d? cembre 1949, chaque menage a touch?91.000 zlotys. La part de chacun est calculee selon le nombre de journees de travail effectuees. tine norme a ete etablie. La norme de chaque jour- n?de travail represente 'moo zlotys. Si, en trois journees, un membre de la cooperative execute la norrne de quatre journees, il sera paye pour quatre journees, ce qui explique quo certains aient travaille 50 jours dans le mois. En decembre 1949, chaque famine avait ses cochons, sa basse-cour, son potager, son ver- ger en toute propriete. Onze familles avaient Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 286 LA POLOGNE leur maison ; cinq families etaieUt encore !ogees dans l'imnaense Senile de l'ancien proprietaire. Le chmpentier Arthur Polansky qui, jusqu'en 1947, habitait a Verneuil-sur-Serre, par Baron- ton-Bugny (Aisne), a touch?u Ier mars au 31 decemore 1949, 212.000 zlotys, 6.0o0 kilos de pommes de terre, 400 kilos e ble. Mais les comptes ne sont pas finis; a la fin de 1949, II devait toucher 30o.000 zlotys de salaires, plus 180.000 zlotys de postage de benefices, plus les pommes de terre et le ble. Charles Denis, le Beni Francais de requipe, de Liesse (Aisne), est dans le merne cas. Dans les etables, impecca- blement propres, j'ai vu 40 hetes a comes, 13 chevaux et 40 pores, propriete de la coopera- tive. Comme le dit Denis en me qpittant - jomats, en France, je n'avais eu quatre cochons moi. Bientot, j'aurai ma maison ? Mais vous allez tous devenir des capi- talistes ? ? Des cagitalistes, je no dis pas, mais on va pouvoir vivre en ravaillant ! Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CHAPITRE VI LISEWO, OU UN COMPLEXE DE NEUF FERMES D'ETAT Lisewo. Nous sommes revenus sur Tczew. Pour nous rendre a Nebrowo-Male, il nous a fallu franchir la Vistule. A ceux qui voudraient laisser entendre qu'on ne re- construit et qu'on ne construit qu'a Varsovie, l'immense double pont, route et chemin de fer, qui est sur le point d'?e termin6 a Tczew, apportera un dementi de poids ! Triple pont, devrais-je dire: un peu plus en aval, on construit le troisierne, celui de l'autostracle. Puis nous avons suivi une route fort pittoresque, longuernent bor- dee de tilleuls et qui traverse par moments de charmants bois de pins. C'est dans cette partie du voyage que j'ai vu des champs de mais et un nombre invraisernblable de champs ? de tabac, aux plants luxuriants et mordant haut, avec toutes leurs feuilles. Nous avons pass? Malbork oa un Muse de l'Armee sera install e dans l'ancien chateau reconstruit. Puis, nous avons atteint Lisewo. Un type de grande ferme ; batiments au plein soleil, demeure du ? maitre ? cachee dans un bouquet d'arbres. Au bas du perron nous attendait un homme jeune, de haute et large stature, cheveux blond-roux : Mieczyslas Tomczyk, le directeur giSneral d'un ensemble de neuf Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 288 LA POLOGNE fermes d'Etat ; au total, 560 hectares, dont 33 en patu- rages et 527 en culture betteraves sucrieres. colza, seigle, orge d'automne, pavot. Nous voici dans le bureau du directeur general ; meu- bles clairs, cartons verts, des cartes, des graphiques ; aucun exces de paperasses. A la tete du complexe des neuf fermes, se trouvent le directeur general, le techni- cien agricole, le technicien zoo-technique tin comptable, un aide-comptable, un secretaire, une dactyl?, un cais- sier, des brigadiers ou chefs d'equipe qui conduisent le travail de 130 ouvriers, dont 63 permanents; le reste vien.t tri renforr pour les gros travaux. Toute la main- d'ceuvre est fournie par l'Office du travail. L'ouvrier agricole. Q 'ELLE est la situatoin de l'ouvrier agricole dans la Lige ferme d'Etat ? L'ouvrier agricole prive recoit 6.000 zlotys par mois et la nourriture ; l'ouvrier de la ferrite d'Etat, pour zoo pour cent de norrne, touche 14.000 a 16.000 zlotys et la. nourriture. 11 va de soi que s'il depasse la norme, sa situation s'ameliore, II beneficie de la cantine qui existe obligatoirement. Il est loge dans tine inaison a part ; on lui foumit les draps, le coussin. la vaisselle, etc. Si le travail qu'il fait d'habitude est salissant, l'ouvrier toddle des vetements de travail, du savon. ? Tous nos ouvriers ont droit a deux sernaines de conge par an, me dit Ie directeur ; us se rendent avec 'curs families dans les maisons de repos de l'Entr'aide paysanne. Le voyage aller et retour, la pension, sont /Ayes par nous. Nous vendons a tons nos travailleurs les produits de la ferme au prix oU ces produits sont livres aux cooperatives.. c'est-a-dire a un prix inferieur au prix de vente chs Cooperatives. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LISEWO 289 ? L'ouvrier est automat iquement inscrit a la Securite sociaie, alors que ce n'est pas toujours le cas pour l'ou- vrier Agricole prive. Le medecin passe une fois par semaine dans chaque ferme et ses soins sont gratuits. Si l'ouvrier va a l'hOpital, les frais sont regles a 'coo pour cent pendant trois mois par nous, le salaire est regle Ivo pour cent par la ferme, toujours durant les trois premiers mois. Apres, c'est l'Action sociale qui inter- vient pour le reglement a :coo pour cent toujours, jus- qu'?omplete guerison. Le technicien agricole du ? complexe ?, Victor Modze- lewski, un jeune, et qui pane francais, me dit : Supposons un ouvrier menace de tuberculose; nous avons eu comme cel a un brigadier, un chef d'equipe Si vous voulez. Le medecin lui conseillait un changement d'air ; nous avons Pu le changer de poste et le diriger dans la region dont le climat allait aider a sa guerison. - I.'ouvrier est-il libre de partir, de quitter le tra- vail de la ferme? - Oui, ii suffit qu 'ii donne un preavis de trois mois ; s'il y a urgence a son depart, ii peut partir avant. Sur 800 personnes que nous avons employees dans nos fumes depuis janvier, ane douzaine seulement ont demande a partir. Au contraire, nous avons beaucoup de demandes de travail et_ que nous ne pouvons pas toujours satisfaire. Avez-vous assez de logements pour tous vos ouvriers ? Non, mais nous construisons, l'Etat nous a alloue un credit de dix millions pour nos maisons d'habitation. Fonction de la ferme d'Etat QUELLES sont vos cultures importantes ? ? Le colza, le ble, le seigle, l'orge que nous semons en automne, le pavot dont les graines donnent de l'huile 19 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ? 290 LA POLOGNE et entrent dans la confection de nos gateaux; l'huile de pavot (tit meilleure que cello de colza. Nous devons forcer sur le froment et l'orge, accroltre la production de 58 pour cent pour le froment et de 90 pour cent pour Forge. et cola par le rnoyen de Faccroissement du ren- dement a l'hectare. Nous augmentons la production du seigle de 2 pour cent et celle de l'avoine de 21 pour cent. On attend beaucoup anqsi du cOte des plantes dites industrielles. i.e plan de six ans prevoit Faccroissement de 63 pour cent de la production des bettera.ves a sucre, 134 pour cent de la production des plantes ?Magi- neuses, de 72 pour cent pour les plantes textiles. Nous devons toutefois faire plus au cours de ces cinq annees venir pour la production animale que pour la pro- duction vegetale. II nous faut un plus fort cheptel, plus de lait, plus de beurre, c'est pourquoi it s'agira d'eten- dre la culture des plantes fourrageres. Vous comprenez, nos regions industrielles oat besoin de nos produits. n Nos terres sont grasses. Il faut savoir qu'elles se trouvent a i m. 50 au-dessous du niveau de la mer. En 1945, les Allemands, dans leur retraite oat fait sauter les digues ; le domaine s'est trouve inonde ; la terre otait, tout de suite apres, incultivable. Ajoutez a cela que tout le materiel ancien avait disparu. Nous avons asseche, nous avons fume, un materiel important a ete constitue; nous avons d aussi reconstituer toute la cavalerie. Nos rendernents actuels sant satisfaisants : le ble est passe de 19 quintaux a l'hectare avant la guerre a 28 et meme 32 quintaux, le colza, de 12 a 18, Forge, de 18 a 29, l'avoine de 16 a 26, la betterave, de 130 a 280. - oa va votre production ? ? A la cooperative d'achat qui nous regle toutes les fins de mois par le canal de notre compte en banque. ? Payez-vous des imp6ts ? Un seul, sur la surface cultiWT. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Listwo 291 - Quels sont vos rapports avec les cooperatives de production ? ? Nous louons nos machines aux cooperatives ; nos ,techniciens visitent celles-ci ; nous foumissons nos &ta- lons, les graines de semence. Notre section culturelle : ballet, orchestre, troupe theatrale, chants, donne des representations regulieres dans toutes les cooperatives. Lorsqn'une nouvelle cooperative se constitue, c'est la fermer d'Etat qui fait le plan de travail. Vous occupez-vous du pa.ysan inclividuel ? C est surtout pour lui que nous sommes faits. Il suit nos travaux avec interet, ii vient demander des conseils et souvent memo un coup de main, une aide que nous n'hesitons jamaic a lui donner. ? Avez-vous des ceuvres sociales ? - Oui, entre autres un centre medical pour l'ensem- ble des families des neuf fermes. Une infirmiere s'y tient en permanence ; le medecin est a la disposition des 'naiades une fois par semaine, de 8 a 9 heures. Si besoin est, le medecin visite les malades toutes les fois qu'il le faut. Tous les soins sont gratuits. Dans un autre ordre d'idee, nous avons monte un cours de couture et un autre d'agriculture elemcntaire. N'importe qui peut frequenter ces cours. Cheptel. Nous sortons dans la grande cour. J'allume une ciga- rette. On me demande de l'eteindre : il est defendu de fumer dans la cour de la ferme. Nous visitons les ecuries : 63 hollandaises, pour le lait seulement. On me montre un 'Atelier a meme le sol qui, avec un systeme mecanique de va-et-vient perrnet de servir le fourrage sans deranger aucune bete. La nour- Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 292 LA POLOGNE riture West d'ailleurs pas uniforme, ni en quantite ni en (plait& On tient compte, dans l'etahlissement des rations, de la race et de la quantite de lait donnee par chaque vache. Void les chevaux, des danois, des suedois. je park avec le technicien zootechnique. 11 me dit vient de visiter une cooperative de production oa il a dresse un plan de travail pour un an. n s'agit de multiplier le chep- tel et de penser & sa nourriture. Lisewo possede un hams. Les italons sont importes de Hollande ou de Norvege; ils l'etaient auparavant d'Angle- terre. Le materiel fetninin est d'ici; cela fait des individus adaptes au climat. Des chevaux ont ? naguere importes de Norvege, du Danernark, a present on n'irnporte plus. ? Nous vivons dans cc secteur en autarcie ?. Des b?, selectionnees sont vendues aux cooperatives de production aussi hien qu'aux paysans individuels. Les neat fermes d'Etat possedent a present tine cava- lerie de 600 tetes. L'ambition dii technicien-zootech- nique ? ? Que toutes les jt2ments soient couvertes ?. (11 faut se rappeler que la Pologne a perdu dans la 'guerre 1.900.000 chevaux). A ce jour, cot ideal est pret d'etre atteint : sur 93 juments, 86 ont ete couvertes par des etalons norvegrens. je demand? a mon interlocuteur : ? Les tracteurs, les camions, les camionnettes tie vont-ils pas permettre d'avoir moms de chevaux? - Une bonne mvalerie fera toujours besoin a ragri- culture la plus modernisee. ? Que faisiez-vous avant la guerre? - Veterinaire, naturellement, mais bien qu'aimant ma profession, je vivais assez difficilement. ? Etes-vous content de votre situation actuelle ? Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LISEWO 293 J'ai vingt-cinq ans de m?er; aujourd'hui j'eprouve les plus grandes satisfactions de mon exis- tence et je vis dignement. Biala-Gora. Nous nous rendons vers rune des neuf fermes. rad- mire les champs de pavots, gris mauve, moires sous la brise. Les betteraves ont bien pousse. Dej?e ble est haut et dru, ? propre ?. Ii n'en a pas ete toujours ainsi au cours de notre ranclonnee. Ii y a encore des champs de ble avec des taches comme une pelade qui aurait detruit par places une chevelure maigre. On s'afflige devant un spectacle pareil, Wojtas sur- tout, qui me dit presque avec colere : Ble pas propre. Nous pensons cependant que, rannee prochaine, II y aura mains de taches de mauvaises herbes sur les champs de ble de rologne et que, dans un avenir prochain n'y aura plus de mauvaises herbes du tout. Les paysans individuels ne mettront pas longtemps a comprendre la necessite de la cooperation. Les tristes conseils des kou- laks et des pretres reactionnaires n'empecheront pas le bons sons des gens et leur patriotisme de remporter. Nous voici a la ferme de Biala-Gora, ? la blanche montagne ?. Ii n'y a pas de montagne, mais ii y a dans Ia, cour un train de chariots imposants. ca a du pittoresque. Tous ces chariots triangulaires revenant de la moisson, charges de foin ou de gerbes ca doit etre tres beau. Mais cette beaut6-la se pale tres cher. Elle se pale en temps precieux, en sueur multipliee, en eros efforts de muscles. Et ca demande beaucoup de b?s de trait. Alors, que cette beaute virgilienne s'en aille. Qu'arrivent les lourds et puissants camions ! Une beaute Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 294 LA POLOGNE remplacera l'autre et qui cotttera moms de peine. Je salue dans la cour de la ferme de Biala-Gora les trains de chariots qui n'en ont plus pour longtemps t servir. Et nous visitons le dornaine. Mais tous les champs bien cultives se ressemblent, toutes les &tries bien tenues, tons les hangars. toutes les reserves a graines de semence. Je m'interesse surtout au directeur de la ferrne d'Etat, Nikolay Pypka. 28 ans, originaire de la partie de l'Ulcraine qui est revenue A l'U.R.S.S. en vertu des accords de Postdam. Le pere etait petit paysan. Deporte A Dachau, il y est reste Quo faisiez-vous avant la guerre? retais charretier. - Apres la guerre? - Charretier d'abord, puis brigadier. II y a sept mois, j'ai ete norrune directeur. J'ai la responsabilite de pres d'une centaine &hectares, et de tout cc que cola suppose. ? Vous n'etes pas seul ? - Oui, ii y a la direction du complexe qui nous aide, qui nous conseille, qui nous envoie ses specialistes, et puis II y a pour notre ferme proprement dite, autour de moi, un comptable, un specialiste des questions de norme pour le calcul des salaires, un magasinier, des brigadiers ou chefs d'equipe. Ce n'est pas un m?er de faineant et de sans-souci, ajoute Pypka .en souriant, d'autant qu'avec tout cela ii faut encore s'occuper des paysans individuels qui n'en finissent pas de venir vous demander des conseils. Derniere question A Mieczyslaw Tomczyk Avez- vous des difficult& ? Sourire. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LISEWO 295 Nous sommes ferme d'Etat. Nous avons tout a notre disposition pour hien travailler. Demain nous aurons plus encore. Ii ne nous manque qu'une chose, c'est qu'une journee ne dure que 24 heures ; malgre cela, nous comptons realiser ici le plan de six ans avec quelques mois d'avance. ? Quelques mois ? - Oui, douze, car en a ffaire d'agriculture, on compte pour l'instant par armee. Essor de l'industrie, essor de ragriculture. D ms son rapport du 16 juillet 1950 au Comite central du Parti ouvrier unifie de Pologne, Hilary Minc commence ainsi son expos?u plan de six ans pour ce qui touche a l'agriculture : Le plan de six ans prevoit un developpement general de l'agriculture polonaise. L'essor de l'industrie des machines et de l'industrie chi- mique, le developpement des sources d'ener- gie creent une base pour la reconstruction de l'agriculture, pour son equipement toujours plus abondant en tracteurs et machines agri- coles, en camions et carburant, en engrais syn- thetiques et en electricite. L'e,ssor general de l'agriculture est a son tour indispensable pour assurer un niveau de vie plus eleve aux populations urbaines. A ces populations qui deviendront de plus en plus importantes, ii faudra fournir des quan- tites suffisantes d'articles de consommation, ainsi que des quantites croissantes de matieres ? premieres pour l'industrie : le cuir pour la fabri- cation des chaussures, la viande pour l'industrie des conserves, le grain pour l'industrie meu- niere, le En pour les filatures, la betterave pour Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 LA POLOGNE la production du sucre, la pornme de terre pour les fkuleries, etc. La periede de six ans verra la production agricole s'accroltre de 50 pour cent par rapport celle de 1949, qui cependant a ete une armee de grandes rdcoltes. La valeur globale de la ? production agricole depassera ainsi de 29 pour cent celle de la production agricole de la Polo- gne d'avant-guerre, dans ses anciennes Unites tenitoriales. La valeur de la production agri- cole calculee par habitant sera, en 1955, plus elev6e de 61 pour cent que exile de 1937 cal- culee de la m.dme facon. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CONCLUSION Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Ar? ETTE rapide presentation de la Pologne s'acheve. Combien n'y aurait-il pas a dire encore! J'ai Si peu pane,, par exemple, des terres recouvrees, et si peu dit ce que devient la condition du travailleur dans ce pays oa les prix baissent et oa les salaires augmen- tent I Combien de details suggestifs n'ai-je pas dl. sacri- fier ! ? J'aurais pu" faire le classement raisonne des diverses calomnies deversees a longueur d'ondes et de journees sur la Pologne populaire. En bloc, on peut affirmer que tout ce que disent sur la Pologne, sur les autres demo- craties populaires et sur l'U.R.S.S., la presse, la radio et les lilaellistes patentes de notre monde ? occidental ?, n'est que mensonge. Ce mensonge devrait servir empecher les braves gens de se rendre compte que ce qui se fait ? la-bas ? prepare le bonheur des hommes, maintenir chez nous l'infame exploitation de l'homme par l'homme, a preparer les esprits a la guerre d'agres- sion dont revent les imperialistes americains et leurs hommes a tout faire. Le rideau de fer n'a 6t6 invente ni par ni par les democraties populaires : l'U.R.S.S. et les democraties populaires veulent des Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 300 LA POLOGNE &lunges culturels et economiques. Le rideau de fer est une invention de Gcebbels. Le capitaine de vaisseau Louis de Villefosse. 4( un chrefien au sens de l'Eva.ngile, un honnete homme dou- ble d'un technicien ?, ecrivait justeraent dans le numero de la revue Esprit de mai 1950: Chaque jour la tentation devient plus pres- sante, dans certains milieux americains, de met- tre un temie par la guerre a une experience dont les incontestables succes economiques et les realisations sociales eveillent des echos deplo- rabies parmi les masses proletaires du monde entier. Les gouvenaants occidentaux oat peur de l'exemple qui nous arrive de l'U.R.S.S. et des democraties popu- laires. Us oat pour des grandioses reformes qui embellis- sent la vie de ces peuples oa l'homme n'est plus exploite par l'hornme. us ne veulent pas critter dans cette com- petition pacifique qui leur est proposee et qui consis- terait a demontrer quel est, de l'un ou de l'autre regime, celui qui accorde le plus de sante, le plus de bien-etre, le plus de culture, le plus de bonheur, celui qui exploite le mieux, et pour des fins de bien-etre general, les richesses de la nature, qui donne a l'intelligence toutes sea chances. Mon ambition n'etait que de dormer de la Pologne une impression d'ensemble, l'impression d'un pays qui est sorti enfin du malheur seculaire, l'impression d'ime democratic qui va de l'avant avec sur les levres de tous les sien.s des chants de travail et de paiX. essaye anssi de montrer d'une maniere concrete cc qu'est une democratic populaire. A travers les faits et les textes cites, je souhaite que Von comprenne quelle grande experience s'est d? accomplie en Pologne en particulier. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CONCLUSION 301 Le regime de democratic populaire cela veut dire le pouvoir de la classe ouvriere conduite par le Parti corn- muniste et alliee aux masses laborieuses des villes et des campagnes. Ii y a la un Etat de periode transitoire appele a assurer le developpement du pays dans la vole du socialisme. Cet Etat s'edifie dans la collabo- ration et l'a.mitie avec l'Union sovietique. Il fait partie du camp democratique a.ntiimperialiste. La democratie populaire et l'Etat democratique populaire ont ete ren- dus possibles par la victoire de l'U.R.S.S. sur les forces fascistes allemandes et aussi par la lutte des masses populaires, sous la direction de la classe ouvriere, pour la liberte et rindependance nationale. Le regime de democratic populaire assure les fonctions de la dictature du proletariat pour liquider les elements capitalistes et organiser l'economie socialiste. II peut briser la resistance des capitalistes et des gros pioprietaires fonciers renverses, etouffer et liquider leurs tentatives pour res- taurer le pouvoir du capital. Il peut organiser la construction d'une industrie sur la base de la propriete collective et de Feconomie plani- nec. Le regime de democratie populaire sera egalement en ?t de triompher des elements capitalistes dans les campagnes et d'unir les masses fondamentales des travailleurs autour de la classe ouvriere dans la lutte decisive pour passer au socialism 1, 11 s'agit pour l'Etat democratique populaire de (-( poser les fondements economiques et culturels de la future societe socialiste ?. ajouter que la democratie populaire est pour l'intemationalisme proletarien et que pour elle le natio- 1. Georges DimirRov, Rapport politigue du Comite cen- tral cm u Parti ouvrier (c.) bulgare, 18 decembre 1948. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 302 LA POLOGNE nalisme, quel que soit le masque sous lequel il se cache, est l'ennerni a denoncer et cornbattre avec vigueur. Tito est !Instrument des fauteurs de guerre. Tito est un ennemi des peuples et d'abord du sien propre. Mais ii ne pent y avoir de marche au socialisme ? car, insistons bien : la democratic populaire n'est pas une fin mais un passage -- si le peuple n'intervient pas directement dans le gouveniernent et l'administTation de la chose publique. D'oa l'institution dans les demo- craties populaires de conseils populaires. Sans conseils concus comme base politique de la classe ouvriere, on pcut en democratie populaire exercer la dictature du proletariat, on peut entreprendre la construction des bases du socialisme. Neatunoins, il est impossible d'ache- ver la construction du regime socialiste sans les conseils qui sont la forme d'Etat de la dictature du proletariat (Waclaw Morawski). Alois qu'en France la democratic bourgeoise se vide vue d'mil de tout contenu positif, qu'elle viole sa propre legalite et qu'elle tend au fascisme et a. la guerre, en Pologne sont toujours plus renforces les liens entre le pouvoir et les masses. La democratic, en Pologne, tend uric participation reelle, toujours plus large et plus pous.see, des millions de travailleurs a la direction de l'Etat. Cette democratic ne pent que vouloir la paix. La Pologne dont l'histoire aura connu tant de malheurs devient un pays heureux et use giande nation. Elle est trs normalement, tres sainement. jalouse de son independance. Elle saura, s'il le taut, la defendre contre toute agrtsion imperialiste. Elle veut cependant entretenir de bonnes relations avec tous les autres peu- ples. Elle reste fidele a son amitie pour le peuple de France, quoi que fassent les gouvernants provisoires de notre pays pour opposer un peuple a l'autre. Tout le Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CONCLUION 303 monde sait aujourd'hui chez nous que ces gouvemants ne font pas l'interet de notre pays, mais qu'ils sont au service de l'imperialisme americain. Tout le monde 'salt que le peuple francais ne fait pas la moindre confiance a ces marchands de patrie. Ii veut rester et restera l'ami du peuple polonais et de la democratie populaire polonaise. II existe chez nous une association, l'Amitie franco- ipolonaise. Elle est presidee par 'Frederic JoHot-Curie et, pourrait-on dire afissi, par Irene Joliot-Curie, la fille de Marie Sklodowska, Si cette association veut raffermir toujours plus l'ami- tie seculaire qui a uni a travers toutes sortes de vicissi- tudes historiques les peupl es de France et de Pologne, c'est certeis parce qu'elle estime et qu'elle aime le peuple polonais. mais c'est parce que, d'abord, elle vent l'inte- . ret de notre pays. Si elle veut que soient observes les accords culturels signes en fevrier 1947 entre les deux pays et interrompus de par la volonte de notre gouvemement, c'est parce que les Francais tiennent a connaitre la culture polo- naise qui, comme toutes les cultures nationales, possede d'inestimables tresors ; mais c'est aussi et surtout parce que la France d'abord a a gagner a ces echanges pacifiques. Si elle demande que les echanges economiques s'ac- centuent entre notre pays et la Pologne. c'est parce que, grace a ces echanges', nos usines disposeront d'un carnet de commandes bien rempli et que cela fera l'interet de nos ouvriers et de nos industriels. Si elle proclame depuis sa fondation, qui date de juin 1944, que l'Allemagne ne doit pas etre rearmee, mais qu'elle doit etre denazifiee et unifiee, democratisee, c'est que les Francais savent par l'experience de trois guerres ce que signifie une Allemagne animee par 1' esprit Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 304 LA POLOGNE de conquete du prussianisme, dirigee par ces industriels et ces banquiers qui finandffrent Hitler et furent en fin de compte les premiers responsables de ses crimes. Id encore, c'est l'interet de la France qui inspire et dirige Faction de 1' Amitid franca-polonaise. C'est ce memo interet qui fait dire a l'Arnitie franca- polonaise qu'une entente entre la France et la Pologne, entente reelle, c'est-i-dire se verifiant dans les faits, qu'une alliance entre la France et la Pologne, est pour le monde une certitude de paix. S'etonnera-t-on que des Francaises et des Francais de toutes conditions sociales, de toutes ideologies, de toutes confessions viennent a 1' Arnitie franca-polonaise? et quo le Comite directeur de cette association rassemble le mineur et racademicien, le metallurgiste et le profes- sour au College de France, le cure et le pasteur, l'artisan et l'ingenieur, la simple menagere et cette grande mili- tante de la paix qu'est Eugenie Cotton? Si cc livre, lecteur francais, lectrice francaise, vous amene faire partie de franca-polonaise pour y mener le combat de la vetite, de l'interet national et de la paix, il aura atteint son but. Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 TABLE DES MATIERES PREMItRE PARTIE L'EPOPEE VARSOVIENNE CHAPITRE PREMIER. -- La vale assassinde Pologne d'hier et d'aujourd'hui Pologne colonisee .......... .......... . II ii 13 Arrive a Varsovie (avril 1946) 16 La ville assassinee . 17 Le livre de tqutes les pertes 19 Les txagiques moments de Varsovie 21 CHAPITRE Il. ? 1946, la vine renait de ses cendres 25 Le retour dans la, ville 25 Transports 1946 26 14rchandises et marches 29 Colonies d'enfants, ecoles 32 Diplomates 33 Hommes nouveaux 35 CHAPITRE La Wile reconstruite 37 Warszawa 1. 37 Varsovie la nuit 39 LOS c restes du caf?ajewski 42 Une institutrice francaise, un gars du bati- ment de Paris 45 Arcnitectes polonais 47 20 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 306 LA POLOGNE CHAPITRE IV. ? Insmeubks, cites, quartiers, des mots qui wit change de sens Le sens des mots Le caf?e lecture fl reste beaucoup a faire fl y a plan et plan La gaiete ? C'est pour aujourd'hui 49 49 52 56 57 59 CHAPITRE V. ? Gornoskiska 45 ou le Bureau d'Ur- banisme de Varsovie 62 L'atelier du Pere Noel 62 Vue cavaliere de la Varsovie d'avant-guerre 64 Dedie a M. Claudius Petit 66 Une capitale socialiste 68 Les beaux quartiers ? Pour tous 70 Ville industrielle, propre, silencieuse 71 Transports 74 Et voici le Parti ouvrier unifie 76 CHAPITRE VI. ? Le manifeste de juillet 8o Ptte nationale 8o II y a de la joie 82 La Maison de la Parole 85 Le manifesto de juillet 92 CHAPITRE VII. ? Sur le chemin du socialisme ou le laxgage des plans 97 DEITICItME PART'S DE KATOWICE A ZAKOPANE CHAPITRE PREMIER. ? Minans de Katowice.... 105 Katovice, vile noire Le syndicat des mineurs et le mouvement d'imulation 1o6 La chaste du mineur ............ Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 TABLE DES MATIERES 307 Modernisation du bassin minier 112 Les mineurs, joliot-Curie et la litterature 114 CHAPITRE. II. ? Frontieres 117 CHAPITRE III. ? Le pre'ventorium de Paczkow 127 A la table de la Mere Superieure 127 Le preventorium de Paczkow 130 La sur cuisiniere et son enfer bourre de provisions 132 CHAPITRE IV. -- La Maison de la Culture de Kato- wice Tout cela est fait pour l'homme Une bibliotheque vivante Variations sur le genie, la musique et le peuple CHAPITRE V. ? Zakopane; le souvenir de Lenine et les syndicats polonais De Cracovie a Zakopane ou le souvenir de Lenine 144 Les chevaliers sont venus L'Union des syndicats polonais La section culturelle de l'Union des syndicats 134 134 137 140 144 TROISIEME PARTIE DE ZAKOPANE A LA BALTIQUE 148 149 154 CHAPITRE PREMIER. ? La vale aux 76 Oases et la Nouvelle Forge 161 La ville des rois de Pologne 161 Eglises et fideles 165 L'Etat et l'Eglise 168 Le Wawel et... la salle de bain du bourreau 170 CHAPITRE II. ? Cracovie revolutionnaire 173 La Revolution dans le palais 173 Presence de Lenine 178 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 308 LA POLOGNE La victoire de Staline /80 La place publique educatrice 182 A l'Armee rouge liberatrice 184 Les bfitisseurs de Nowa-Huta 185 CRAPITRE III. ? Les hornmes, la.geographie et le travail force 190 Formation des cadres et de la main-d'ceuvre specialisee 190 La geographie elle-mtme /97 Le travail force, le rideau de fer et l'eglise de Mogila /99 CLIAPITRE IV. ? Gdansk, Gdynia, ports polonais 203 Gdansk, vieille vile polonaise 203 Dans les ports de Gdansk et de Gdynia, un seul cargo francais 205 La Maison du mann 212 CRAPITRE V. ? Sopot. Les arts, les lettres et Ia jeunesse 2/5 Le fonds des loisirs 215 Les expositions de Sopot 217 La reform scolair' e 220 Le sort des ec.rivains et des artistes 224 L'Union de la jeunesse polonaise 227 QUATRIk.ME PARTIE CAMPAGNES NOUVELLES CRAPITRE PREMIER. ? La terre d ceux qui la cul- tivent La terre avant la reforme La reforme agraire 233 233 238 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 TABLE' DES MATIERES 309 CHAPITRE II. -- Une autre glebe, un autre homme (Miedzeszyn) Dirigeants, saboteurs et nouveaux respon- sables Le centre de Miedzeszyn Biographies parlees Le ble a leve 245 245 246 248 253 CHAPITRE III. -- Une autre glebe, un autre homme , (Seroki et Teresin) 255 La terre, c'est sr.. . rnais il faut aussi changer l'homme 255 Maison nouvelle, village nouveau 256 Seroki et Teresin 258 CHAPITRE IV. ? Une cooperative de production: Kulice 262 Albert Wojtas, un ? Francais ? 262 Sur la route de Kulice 263 Cooperative de production, pourquoi ? 267 Kulice 268 Salle de jeu, graphiques et normes 270 CHAPITRE V. ? Nebrowo-Male, Gnojewo, Pszenno. 275 Lievre ?... non, Koulak 275 Salut a la Croix-en-Brie l 280 Francis Cremieux vous park 284 CHAPITRE VI. ? Lisewo, ou un complexe de neuf fermes d'Etat 287 Lisewo 287 L'ouvrier a.gricole 288 Fonction de la ferme d'Etat 289 ChepteI 291 Biala-Gora 293 Essor de l'industrie, essor de l'agriculture 295 CoNcLusroN 297 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26 : CIA-RDP80-00926A005000030014-0 Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ACHEVE D'IMPRIMER LE 20 SEPTEMBRE 1951 PAR L'IMPRIMERIE RICHARD 24, RUE STEPHENSON PARIS - xvIIIe DelaOtlegal. 3? trimestre i95t, Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 CTAT Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0 ..,?, , 40 Next 151 Page(s) In Document Denied Declassified in Part - Sanitized Copy Approved for Release 2012/10/26: CIA-RDP80-00926A005000030014-0